Parenté, inclusion et exclusion dans l’histoire de l’immigration canadienne

Résumé

Des Filles du roi à l’aide aux réfugiés syriens en 2015, les autorités coloniales et canadiennes ont utilisé la notion de famille pour contrôler et façonner l’immigration. Les politiques qui en ont découlé favorisaient les colons « désirables » et décourageaient ou bloquaient ceux que l’on percevait comme « indésirables », recoupant souvent d’autres préjugés, notamment ceux fondés sur la race, l’âge et l’identité sexuelle et de genre.

par Steve Schwinghamer, Historien
(Mise à jour le 13 janvier 2022)

« Je pense qu’un paysan robuste en manteau de peau de mouton, né sur la terre, dont les ancêtres sont agriculteurs depuis dix générations, dont la femme est robuste et qui a une demi-douzaine d’enfants, est de bonne qualité. »[1]

Cette citation de Sir Clifford Sifton, le ministre canadien chargé de l’immigration de 1896 à 1905, représente un tel cliché dans l’histoire de l’immigration canadienne qu’on hésite désormais à l’utiliser. Malgré sa surutilisation, cette citation, et plus particulièrement, une meilleure compréhension de son contexte, offre quelques leçons lorsque vient le temps d’aborder la politique et les pratiques d’immigration passées du Canada. La plupart du temps, cette déclaration de Clifford Sifton est citée comme étant emblématique de l’ouverture des responsables canadiens à l’idée d’accroître l’immigration dans le but de coloniser l’Ouest. Elle ne parle cependant absolument pas d’élargir l’idée des immigrants désirables.

Cette citation fait partie d’une argumentation réfléchie de Clifford Sifton en faveur d’une sélection et d’une exclusion méthodiques, d’une mise en conformité assez stricte de l’immigration selon les besoins de l’État. Son concept de sélectivité, du caractère désirable, comprenait le statut familial des immigrants. Ce n’est pas par hasard qu’il parle de l’immigration d’une famille d’agriculteurs, et non d’un ouvrier agricole célibataire. Utiliser les définitions du « statut familial » comme critère d’immigration inclut certains immigrants et en exclut d’autres. Au Canada, cette façon d’utiliser le statut familial pour contrôler l’accès a donné à certains moments ou à certains mouvements le statut de mythes. Ces instances sont devenues emblématiques du développement de nos politiques d’immigration, ouvertes et inclusives.

Pour en revenir à la citation de Clifford Sifton et à son contexte, il est important de la replacer dans son époque. Clifford Sifton avait été ministre libéral dans le cabinet de Sir Wilfrid Laurier, supervisant non seulement une expansion massive de l’immigration, mais aussi de sévères coupures des dépenses en tant que surintendant des Affaires indiennes, ainsi que la signature du Traité 8. L’intérêt que portait Clifford Sifton pour la colonisation agricole de l’Ouest canadien est bien connu, et le fait qu’il ait eu l’autorité directe de créer les circonstances propices à cette colonisation au détriment des peuples autochtones n’est pas souvent mentionné lorsque cette citation est utilisée joyeusement. Clifford Sifton a démissionné du cabinet de Wilfrid Laurier en 1905 à cause de la législation scolaire de l’Ouest, mais il est resté au Parlement jusqu’en 1911.[2] Il a prononcé la citation du « manteau en peau de mouton » en 1922, date à laquelle il s’était rapproché de la politique conservatrice, critiquant ainsi le gouvernement en place. Pour rapidement saisir l’orientation de l’article plus vaste qu’il a écrit pour le Maclean’s, « The Immigrants Canada Wants », nous pouvons nous pencher sur l’autre façon dont il a utilisé la description du « manteau en peau de mouton » :

Si l’on examine vingt personnes qui se présentent à Hambourg pour émigrer, on trouvera peut-être un meurtrier évadé, trois ou quatre gaspilleurs et bons à rien, quelques commerçants, artisans ou ouvriers très pauvres et peut-être un ou deux paysans robustes et résistants en manteau de peau de mouton. Il est évident que ces paysans sont les hommes que l’on recherche.[3]

Il ne s’agit pas d’une déclaration de grande ouverture ou d’accueil à l’endroit des gens qui ont cherché à venir au Canada. Alors pourquoi Clifford Sifton élargit-il plus tard cette description pour y inclure la femme et les enfants? Il croyait qu’une unité familiale étroitement liée à la terre resterait à la ferme, génération après génération, là où, selon lui, elle se devait de rester. Si cette citation ― qui à mon avis est présentée à juste titre (bien que souvent sans critique) comme un important point saillant dans le discours canadien sur l’immigration ― trouve ses racines dans les notions du statut familial, où d’autre peut-on retrouver cette façon de faire dans le but de discriminer les immigrants ?

Presque partout. L’immigration axée sur la famille, et notamment la réunification de la famille, « a toujours eu une signification particulière pour le Canada ».[4] La sénatrice Cairine Wilson, s’appuyant sur sa vaste histoire de militantisme et de bénévolat dans ce domaine, a souligné en 1947 que la Direction de l’immigration « a toujours favorisé les mouvements familiaux ».[5] Cette préférence pour l’établissement de familles a été officialisée en une catégorie d’immigration à part entière dans la Loi sur l’immigration de 1976.[6] Bien que la réglementation régissant cette catégorie ait changé avec l’arrivée d’une nouvelle loi (la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés de 2001) et d’une série de règlements connexes, faire entrer des familles au Canada demeure une priorité. Ces enchâssements législatifs sont conformes à un point de vue persistant au sein du ministère voulant que l’installation de familles représente un échelon supérieur au sein d’une hiérarchie « d’établissement », tant pour un individu qu’une communauté canadienne. En 1948, afin de soutenir le déplacement de familles néerlandaises, le ministre du Travail Humphrey Mitchell a exposé ce concept à son collègue J.A. MacKinnon, ministre des Mines et des Ressources (alors responsable de la Direction de l’immigration). Humphrey Mitchell lui a expliqué que « les familles néerlandaises venant au Canada pour s’installer sur leurs propres fermes est la deuxième étape de leur installation, entièrement distincte de la première étape, c’est-à-dire le placement auprès de fermiers canadiens. »[7]

En contrôlant cette deuxième étape de l’établissement grâce à une réglementation sélective et ciblée de la famille, les colons considérés souhaitables par les autorités d’immigration étaient choisis et retenus de préférence, alors que les personnes considérées comme des contributeurs de moindre importance ou même nuisibles à la société canadienne étaient rebutées. Il existe de nombreux exemples où le statut familial ou la parenté ont profité à certains groupes ou types d’immigrants. Au Canada, l’intérêt de l’État pour l’unité famille dans l’établissement remonte à longtemps. Cette unité joue même un rôle principal dans les récits patrimoniaux fondamentaux, comme c’est le cas des Filles du roi en Nouvelle-France.

Immigration d’épouses

Entre 1663 et 1673, environ 800 Françaises ont été envoyées en Nouvelle-France : elles étaient Filles du roi. On espérait qu’elles épousent des colons et qu’elles aient des enfants.[8] À l’époque, le mariage servait les intérêts de l’empire. Il renforçait la colonie en resserrant liens de celle-ci avec l’État impérial d’origine et en augmentant sa population (française). En revanche, les mariages entre femmes autochtones et hommes français faisaient sortir ces derniers de la colonie. La colonie le percevait comme un affaiblissement et comme un rejet implicite du projet colonial. Comme l’administration française n’était pas disposée à envoyer un grand nombre de colons dans ses colonies, les Filles du roi, en tant que mères des familles coloniales, étaient au cœur de la croissance et de la prospérité des projets de l’empire français pour ce « Nouveau Monde ».[9] La France a fait un investissement notable en offrant des dots généreuses, ainsi qu’en parrainant les coûts considérables du programme de recrutement et du transport.

L’histoire des Filles du roi, tout comme d’autres programmes d’immigration ultérieurs, a servi à réaliser les intérêts familiaux et de l’État. Elle comprend toutefois un important courant transversal dans lequel la capacité d’agir et les choix des individus ont aussi exploité le programme de l’État. Les administrateurs de la colonie et la France ont, par exemple, essayé de bâtir des familles coloniales en visant les femmes d’origines campagnardes, qui connaissaient vraisemblablement plus ce type de travail et le mode de vie d’une colonie. Malgré leurs efforts, le mouvement était principalement composé de jeunes filles urbaines, certaines issues des classes supérieures. Les Filles du roi ont utilisé le programme d’émigration pour leurs propres intérêts rompant parfois les liens de mariage[10] qu’elles avaient déjà en France. Elles avaient toutefois recours au soutien financier de l’État pour y parvenir. Sans cette subvention, bientôt abrogée, l’immigration des femmes en Nouvelle-France s’est rapidement évaporée.[11] Malgré la durée limitée, ce mouvement visant à favoriser la croissance de la colonie par les mariages et les naissances semble avoir eu un certain succès. Des études indiquent que des millions de descendants modernes peuvent être retracés à environ 80 % des Filles du roi.[12]

Un autre programme d’immigration beaucoup plus récent a pour sa part fait venir des épouses pour les hommes du Canada, épouses qui provenaient en grande partie d’un pays perçu comme un centre impérial. Encore une fois ce mouvement était animé par l’idée de renforcer une identité désirable au sein de la communauté, ainsi que les liens transnationaux fondés par l’empire colonisateur. Il s’agit des « épouses de guerre », c’est-à-dire des personnes à charge (principalement britanniques et néerlandaises) du personnel militaire canadien. Pendant et après les deux guerres mondiales, les militaires qui s’étaient mariés à l’étranger dans le cadre de leur service pouvaient faire venir leurs épouses au Canada.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’opinion publique et les plaintes ont poussé le gouvernement canadien à gérer la situation des personnes à la charge des militaires. En 1942, la direction du dossier concernant le soutien aux personnes à charge était passée de la Direction de l’immigration aux forces armées. La Direction du rapatriement des forces armées a créé des bureaux ainsi que des structures moins formelles afin de soutenir les femmes et les enfants, avant et pendant leur voyage, avec le soutien financier du gouvernement.[13] Les épouses de guerre à bord du H.M.T Queen Mary ont été décrites comme étant « les vraies représentantes de la remarquable féminité de la Grande-Bretagne et de la Hollande », et se sont fait dire par le premier ministre William Lyon Mackenzie King que « les nations sont issues des pouponnières; celles qui tiennent la ficelle des enfants peuvent en arriver à exercer un pouvoir plus grand que ceux qui tiennent les rênes du gouvernement ». Le commandant du H.M.T. Aquitania a répété cette citation de Mackenzie King et a proclamé que « les souches britanniques et néerlandaises comme celle-ci sont en effet un ajout souhaitable à notre pays », tout en soulignant leurs liens avec « les ancêtres et pionniers de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande qui... ont défriché leurs terres et jeté les fondations d’un grand Canada ».[14] Il s’agissait d’un mouvement de nouvelles personnes arrivant au pays aligné sur une vision établie de l’État canadien et de ses citoyens.

La nature précise de ce mouvement a eu quelques autres effets qui mettent en lumière l’utilité du mariage et de la famille dans le contexte de l’immigration canadienne. Les hypothèses conventionnelles liées au sexe dans le contexte de la citoyenneté et faire venir une partenaire romantique au Canada (que l’on pensait être l’apanage des hommes) ont fait en sorte que les hommes étrangers qui s’étaient fiancés à des Canadiennes pendant la Seconde Guerre mondiale étaient traités très différemment des « épouses de guerre » susmentionnées. Leur admission a pris beaucoup plus de temps, de façon beaucoup moins organisée que celle des fiancées et mariées étrangères, si bien aidées par le Bureau des épouses canadiennes et le reste de la Direction du rapatriement. En 1947, le Comité permanent du Sénat sur l’immigration et le travail a discuté de quelques cas, dont le suivant :

Une Canadienne a rencontré un Polonais au Canada. Elle s’est fiancée avec lui, il est parti, elle l’a suivi et l’a épousé en Angleterre. Maintenant, [la Direction de l’immigration] ne la laisse même pas rentrer, et lui encore moins, bien qu’elle soit née dans ce pays et que son père et sa mère vivent ici... au motif qu’ayant épousé un citoyen polonais, elle a acquis la nationalité polonaise et a perdu sa citoyenneté britannique et sa citoyenneté canadienne... Une de nos propres filles, née et élevée dans ce pays, qui a rencontré et épousé quelqu’un que nous avons amené ici au cours de nos activités de guerre... C’est brutal, déraisonnable et inutile.[15]

Le Comité considérait impératif de créer et de maintenir des unités familiales souhaitables au Canada. Cette conscience s’est étendue à l’examen des répercussions du mouvement des « épouses de guerre » après la Seconde Guerre mondiale d’une manière plutôt inattendue. Après cette guerre, le Canada a conclu un accord avec le Royaume-Uni afin de permettre l’entrée de plus de quatre mille anciens combattants libres polonais. Les membres du Comité, en évaluant leur potentiel d’établissement, ont noté qu’en raison du grand nombre de militaires canadiens se mariant à l’étranger, « 6 à 10 % des filles canadiennes en âge de se marier ne pourraient pas trouver de partenaire au Canada. Il s’agit d’une question importante qui mérite toute notre attention lorsque l’on discute des politiques d’immigration. »[16] Bien que le potentiel lié à la main-d’œuvre et le statut de vétéran allié du mouvement aient certainement été au premier plan dans l’esprit du public, il faut noter ici que le calcul du caractère adéquat de ces immigrants était fondé sur la perception que ces gens pourraient former des familles canadiennes.[17]

L’exclusion des familles « indésirables »

Ces mouvements étaient alignés sur la formation ou le regroupement familial « désirables ». Les autorités d’immigration préféraient généralement le déplacement de sujets britanniques (comme l’écrasante majorité des épouses de guerre) vers le Canada, mais les sujets britanniques racialisés, comme ceux des Antilles britanniques ou de l’Inde, étaient traités très différemment de leurs homologues blancs. L’historienne Adele Perry s’est penchée sur la race et le genre dans le contexte de la Colombie-Britannique, soutenant que...

...les femmes immigrant en Colombie-Britannique coloniale étaient hautement racialisées. On exigeait leur importation pour des raisons impériales et de mission raciale. Or, ne pas analyser leur histoire comme un chapitre de l’histoire de la race et du genre, c’est mal comprendre le mouvement d’immigration féminine et les femmes dont la vie a été façonnée.[18]

À l’époque, l’extraordinaire difficulté rencontrée par les sujets britanniques indiens du Canada qui voulaient inviter leurs épouses à les rejoindre était incompatible avec le privilège qui revenait supposément aux sujets britanniques. C’est ce qui ressort, en 1910, d’une lettre de plainte adressée à la Direction de l’immigration par la communauté sikhe de la Colombie-Britannique. Ses auteurs ont fait valoir qu’un sujet britannique indien, même propriétaire au Canada et résident permanent, subissait une pénalité financière importante lorsqu’il essayait de faire venir sa famille au Canada, dans la mesure où il devait présenter 200 $ pour chaque membre de sa famille.[19] Non seulement le montant était huit fois plus élevé que pour les autres immigrants, mais son application était beaucoup plus large, comparativement à l’exigence monétaire demandée pour les autres immigrants. L’exigence générale de 25 $ était décrite comme un montant s’appliquant aux immigrants masculins et féminins âgés de dix-huit ans ou plus « à moins qu’une preuve satisfaisante ne soit fournie que la personne immigrante aille occuper un emploi précis ou se rende chez des parents ou amis déjà installés au Canada qui prendront soin d’elle ». Ce réseau d’exemptions offert à la plupart des immigrants et à leurs familles n’était pas disponible pour les personnes originaires d’Asie. Ces dernières étaient couvertes par la formulation « dans le cas de tous les immigrants asiatiques », à l’exception de ceux couverts par d’autres règlements, qui à l’époque comprenaient la taxe d’entrée et l’accord Hayashi-Lemieux, qui fixait un quota pour l’immigration japonaise.[20]

Il existe de nombreux autres exemples d’obstacles à l’établissement de familles provenant de groupes considérés comme indésirables, ainsi que de concepts manipulés de la famille pour aider certains et exclure d’autres. Par exemple, en 1887, lorsqu’un amendement à la taxe d’entrée a été envisagé afin d’admettre les épouses chinoises d’hommes blancs sans que la taxe d’entrée n’ait à être payée, l’injustice a été reconnue et dénoncée au Sénat, notamment par des appels à « rayer le mot “homme blanc” et à prévoir que l’épouse de tout homme venant au pays soit admise sans payer cette effroyable taxe imposée par la loi ».[21] L’absence d’épouses a été liée à la prévalence perçue de vices au sein de la communauté sino-canadienne, et la structure de la taxe d’entrée dans son ensemble a été condamnée comme étant une soumission honteuse à un certain segment de la population de la Colombie-Britannique. En dépit de cet argument, l’amendement de 1887 a été maintenu tel que prévu, offrant de l’aide uniquement « à une femme d’origine chinoise qui est l’épouse d’une personne n’étant pas d’origine chinoise ».[22]

Cet égard pour un homme blanc ayant une famille issue d’une communauté « indésirable » ne s’étendait pas aux sujets britanniques des Caraïbes. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les services d’immigration canadiens ont maintenu des exclusions racistes à l’encontre des immigrants qui semblaient être « de couleur ». Leur confirmation interne de cette exclusion avait cependant tendance à être assez codifiée. Par exemple, en 1948, deux des plus hauts fonctionnaires de la Direction de l’immigration ont échangé une note de service confirmant « qu’il n’y aurait aucun changement de politique en ce qui concerne l’admission des personnes de couleur » et que « lorsque le chef de famille est blanc et que les autres membres sont de race mixte, l’admission ne devrait pas être autorisée à moins que les immigrants potentiels puissent se conformer aux exigences existantes de la loi ».[23]

La politique d’admission des personnes de « couleur », établie au cours de la première moitié du vingtième siècle, consistait à n’en admettre aucune, ou à en admettre aussi peu que possible, quelle que soit l’application des règles d’immigration. D’où la deuxième partie codée : « se conformer aux exigences existantes de la loi » servait à rappeler et à faire respecter la pratique de l’exclusion à l’aide de tout critère applicable. Cette pratique d’exclusion avait été exprimée en 1911, par le décret CP 1324, qui interdisait le débarquement de « tout immigrant de race noire ».[24] Cet ordre a été annulé assez rapidement, mais la mentalité est restée. L.M. Fortier, un inspecteur principal de la Direction de l’immigration, a conseillé au surintendant de l’immigration, en 1914, de « dire en privé aux agents et aux douaniers que tous les obstacles doivent être mis sur leur chemin, et que si tout le reste échoue, de les rejeter... comme étant susceptibles de devenir une charge publique ».[25]

Cette approche obstructive de l’immigration impliquant des couples interraciaux, y compris des sujets britanniques, a été appliquée contre une Jamaïcaine blanche qui cherchait un emploi au Canada en 1937. Les autorités auraient pu s’en tenir aux réglementations extrêmement restrictives en vigueur pendant la Grande Dépression. Celles-ci auraient probablement suffi à exclure cette femme. Or, les fonctionnaires d’immigration ont choisi de la juger en partie selon sa situation familiale. La formulation de la lettre, c’est-à-dire l’identification assidue de sa race perçue et l’absence d’une qualification similaire pour son mari, implique qu’elle était mariée à un homme noir. Ces insinuations, et leur absence, démontrent un autre aspect de la communication prudente et parfois codée qui circulait au sein de la Direction de l’immigration. En réponse à cette demande, le commissaire à l’immigration a écrit que « le Ministère ne serait pas prêt à encourager un déplacement menant à la séparation d’une famille ».[26] Cette prétention, c’est-à-dire de vouloir protéger l’intégrité familiale, n’était pas crédible venant d’un ministère qui avait pourtant autorisé des familles à être séparées pendant des années lorsque les hommes venaient travailler sous diverses formes de contrats de travail ou agricoles. Elle est peu crédible également venant d’un ministère qui a essentiellement interdit l’entrée des épouses d’hommes autorisés à venir au Canada. Cette utilisation hostile de son statut familial a renforcé les restrictions à l’immigration fondées sur la « race » et le lieu d’origine.

Utilisation du concept de la famille et du mariage

Transformer le langage et le concept de la famille en une massue que l’on pouvait brandir contre certaines communautés n’était pas un phénomène nouveau au sein de l’immigration canadienne. Henry H. Stevens, député et membre du cabinet conservateur dans les années 1920 et 1930, s’est appuyé sur les implications sociales du mariage lors d’un débat sur l’immigration en provenance de l’Inde. Dans l’une de ses nombreuses déclarations enflammées et parfois haineuses concernant l’immigration asiatique, Henry H. Stevens a argumenté contre toutes les entrées en provenance d’Inde en se fondant sur les différences en matière de mariage. Il regroupait tous les demandeurs, comme cela se faisait souvent à l’époque, sous le nom d’« Hindous », alors que cette immigration était réellement composée de nombreux sikhs. Il affirmait que « les institutions les plus sacrées de notre civilisation sont nos institutions nationales telles qu’elles existent aujourd’hui » et que « si nous permettons à ces gens de venir ici, nous devrons leur permettre de faire entrer leurs institutions ».[27] Mis à part les arguments de pente glissante, l’idée domestique du mariage comme argument contre l’immigration a également fait l’objet d’un débat au sein du Comité permanent de l’immigration et du travail du Sénat en 1914. Dans ce cas, l’argument contre ces mêmes travailleurs immigrants indiens, à qui l’on empêchait souvent de faire venir leur famille, était renforcé par l’idée qu’ils étaient en concurrence salariale avec les travailleurs canadiens qui « peuvent avoir une femme et une famille à faire vivre avec ce salaire ».[28]

Pour réussir dans le processus d’immigration canadien, il faut présenter une version acceptable de la famille. Les efforts visant à prouver la validité d’un mariage ou d’une relation romantique sont devenus un cliché culturel fondé en partie sur des histoires comme celle de Mohamud Ali Dahir, qui a fui l’Éthiopie en 1979 et la Somalie en 1983, pour d’abord se rendre aux États-Unis et finalement arriver au Canada en 1987. Dix ans après avoir quitté la Somalie, il se battait encore pour obtenir l’autorisation de faire venir sa famille au Canada, car il n’existait pas d’acte de mariage écrit dans l’État défaillant et déchiré par la guerre qu’était la Somalie.[29] Ce test pénible portant sur la sincérité d’une relation semble particulièrement étrange lorsqu’on le juxtapose aux histoires d’étrangers mariés par procuration ou d’épouses par correspondance immigrant au Canada.[30] De plus, jusqu’à très récemment, la politique d’immigration canadienne ne tenait pas compte des relations et des mariages entre personnes de même sexe, même si ces relations étaient légalement reconnues ailleurs. En 2004, la correspondance ministérielle indiquait que les demandes d’entrée au pays faites par des conjoints de même sexe seraient mises en attente le temps que la question du mariage soit définie formellement.[31]

Face à cette peur et au rejet de la différence, les familles du « bon type » qui immigraient étaient compatibles avec l’idéologie de la suprématie blanche, de préférence britannique, qui structurait les systèmes d’immigration canadiens de l’époque. Entre 1924 et 1930, grâce aux subventions des gouvernements britannique et canadien, ainsi que grâce à de la propagande positive, les autorités d’immigration ont mis au point le Programme des trois mille familles afin de favoriser l’établissement de sujets britanniques dans le secteur agricole du Canada. L’historienne Rebecca Mancuso explique que ce programme était motivé par une vision colonisatrice propre au Canada anglais et qu’il était lié à un sentiment de menace culturelle contre les fondements britanniques perçus au pays.[32] À la même époque, le gouvernement a élargi l’aide accordée aux épouses et aux enfants des immigrants britanniques arrivés sans leur famille, en concluant des accords formels avec les compagnies maritimes afin de réduire les coûts.

Les autorités canadiennes ont consacré beaucoup de temps et d’argent à promouvoir l’arrivée rapide et sécuritaire de ces familles britanniques en vue de leur installation : une aide de 16 $ par personne (contre 0,11 $ pour les Européens) et des instructions strictes selon lesquelles toute demande de regroupement familial « ne doit pas rester plus de vingt-quatre heures dans un bureau sans que des mesures ne soient prises »[33]. Dans le cadre de ces programmes d’installation, le caractère des nouveaux immigrants n’était pas seulement assuré par l’identité nationale, mais aussi par des documents promotionnels qui affirmaient un modèle de rôles sexuels chez les pionniers. Selon le directeur de l’immigration, J. Bruce Walker, cela comprenait l’argument selon lequel une femme capable et travaillante maintiendrait sa famille « sur les terres », tandis qu’une femme paresseuse serait un facteur critique en ce qui concerne l’abandon de la propriété familiale.[34]

La création et l’utilisation du concept de famille dans le but de sélectionner les immigrants souhaitables ont persisté jusque dans les années 1960. En 1962, le décret CP 86 a en partie été établi afin d’éliminer les dispositions racistes des politiques d’immigration canadiennes, bien que son langage reflétait et maintenait un certain ensemble de préférences de longue date. Dans la définition des membres de famille admissibles au parrainage, les termes les plus larges ne s’appliquaient qu’aux personnes immigrant à partir des Amériques, de l’Europe et de quelques pays désignés du Moyen-Orient. Les immigrants originaires d’Afrique et de la plupart des pays d’Asie continentale étaient été autorisés à parrainer un nombre plus limité de membres de leurs familles.[35]

Qu’un membre de famille soit considéré ou non comme admissible au parrainage a grandement varié en fonction de sa nationalité, de sa race perçue, de son identité ethnoculturelle, de son état civil, de sa relation avec la personne déjà au Canada et, bien souvent, de son âge. La Loi sur l’immigration de 1910 propose une définition ferme de la famille : « un père et une mère, avec des enfants de moins de dix-huit ans ».[36] Les limites d’âge imposées aux membres de famille variaient en fonction des intentions des autorités d’immigration, c’est-à-dire si elles voulaient restreindre ou augmenter l’immigration.[37] Il pouvait s’agir de répondre à des objectifs économiques ou politiques généraux, ou encore limiter ou accroître l’immigration en provenance de certaines communautés. Par exemple, des règlements qui ont persisté jusqu’en 1962 exigeaient que les membres de famille parrainés par des Canadiens d’origine asiatique et africaine aient plus de 60 ans (mère) ou 65 ans (père), alors qu’aucune contrainte d’âge n’existait pour les autres familles.[38]

La dernière façon d’utiliser les liens de parenté en matière de politique d’immigration est, malheureusement, pour créer un mécanisme d’expulsion des parents ou d’une famille complète. Cette façon de faire persiste de nos jours. Dans la première Loi canadienne sur l’immigration bien structurée (1906), si le père ou le chef de famille faisait l’objet d’un ordre d’expulsion, toutes les personnes à sa charge pouvaient également être expulsées avec lui. En 1910, cette disposition a été élargie de sorte que l’ordre d’expulsion d’une personne à charge, si elle était considérée comme une charge publique, pouvait entraîner l’expulsion de toute sa famille. Ces façons de faire ont été maintenues lorsque la Loi sur l’immigration a été mise à jour en 1952 et, bien que nuancées et affinées, elles sont demeurées en place même après l’importante refonte politique de la Loi sur l’immigration de 1976.[39] En vertu de la législation actuelle, bien que les circonstances aient été considérablement réduites, le fait d’accompagner un membre de famille inadmissible peut toujours entraîner une interdiction d’entrer au Canada. Le statut familial est demeuré un potentiel motif d’exclusion (bien que controversé) aussi récemment qu’en 2015, quand l’administration de la réinstallation des réfugiés syriens au Canada a d’abord exclu les hommes célibataires. Cette orientation, apparemment fondée sur des préoccupations de sécurité, a été changée après des protestations publiques.[40]

Conclusion

Les législateurs canadiens et les autorités d’immigration ont utilisé de nombreux moyens pour façonner l’entrée au pays, des moyens fondés sur les idées d’admissibilité. Les règlements et les politiques sélectifs et ciblés concernant l’immigration familiale ont joué un rôle important en ce qui concerne la promotion de ceux qui étaient perçus comme des colons recherchés et précieux pour le Canada, ainsi que pour ce qui est de décourager et d’exclure ceux qui étaient considérés comme moins utiles ou carrément indésirables.


  1. Clifford Sifton, « The Immigrants Canada Wants », Maclean’s Magazine, 1er avril 1922, 16-19, consulté en ligne à l’adresse https://archive.macleans.ca/article/1922/4/1/the-immigrants-canada-wants.
  2. David J. Hall, « Sifton, Sir Clifford », dans le Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, University of Toronto/Université Laval, 2003–, consulté en ligne à l’adresse http://www.biographi.ca/en/bio/sifton_clifford_15E.html.
  3. Sifton, 16. L’article de Clifford Sifton mérite d’être traité séparément pour le décortiquer et le distancier du récit réconfortant parlant de « portes ouvertes », entendu aujourd’hui dans le contexte anachronique du multiculturalisme approuvé par l’État. Il propose d’établir une discrimination entre les régions du Royaume-Uni selon la probabilité que leurs habitants soient réellement agriculteurs. Il passe outre, assez joliment, le fait d’être associé à un programme d’immigration suspect et peut-être corrompu, et il injecte un sentiment ouvertement anti-ouvrier tout en décrivant la majorité de l’immigration contemporaine comme « les rebuts et la lie de la société ».
  4. Dominique Daniel, « The Debate on Family Reunification and Canada’s Immigration Act of 1976 », American Review of Canadian Studies 35:4 (2005), 684.
  5. Canada, Sénat, Comités sénatoriaux, 20e législature, 3e séance, Comité permanent de l’immigration et du travail, 26 mars 1947, vol. 1 (Ottawa : Edmond Clouthier, 1947), 5, consulté en ligne à l’adresse https://parl.canadiana.ca/view/oop.com_SOC_2003_1_1/15?r=0&s=1. Compte tenu de l’histoire de Cairine Wilson, qui a plaidé pour faire venir des enfants réfugiés, et du succès limité de ces mouvements, ce commentaire peut être interprété de plusieurs façons.
  6. Lois du Canada, Loi concernant l’immigration au Canada, 1976, (Ottawa : NOTE), SC 25-26 Elizabeth II, chapitre 52, consulté en ligne à l’adresse suivante https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/loi-sur-l-immigration-de-1976.
  7. Bibliothèque et Archives Canada, RG 2, fonds du Conseil privé, volume 166, dossier I-50-7, Mitchell à MacKinnon, Ottawa ON, 17 août 1948.
  8. Marcia Zug, Buying a Bride: An Engaging History of Mail-order Matches (New York: New York University Press, 2016), 30.
  9. Zug, 34.
  10. Zug, 39.
  11. Leslie Choquette, « Ces Amazones du Grand Dieu »: Women and Mission in Seventeeth-Century Canada, French Historical Studies 17:3 (printemps 1992), 627.
  12. Sophie Desportes, “La contribution démographique et génétique des Filles du roi à la population québécoise contemporaine,” Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi, 2018.
  13. Bibliothèque et Archives Canada, fonds du ministère de la Défense nationale, RG 24, dossier HQS-8536-1 « Return to Families of Canadian Officers and Service Personnel to Canada, 1940–1951 », rapport non publié, « History of S.A.A.G. Office and Directorate of Repatriation, 1942–1947 », 19-24, sur microfilm, c-5220. (S.A.A.G. était l’acronyme de l’assistant spécial de l’Adjudant général « Special Assistant to the Adjutant General ».)
  14. Lcol W.E. Sutherland : Lettre à tous les soldats canadiens, personnes à charge et passagers civils se trouvant à bord du H.M.T. Aquitania, 12 octobre 1946, Musée canadien de l’immigration (DI2013.1046.1a-b et .2).
  15. Canada, Sénat, Comités sénatoriaux, 20e législature, 3e séance, Comité permanent de l’immigration et du travail, 26 mars 1947, vol. 1 (Ottawa : Edmond Clouthier, 1947), 6, consulté en ligne sur https://parl.canadiana.ca/view/oop.com_SOC_2003_1_1/16?r=0&s=1.
  16. Canada, Sénat, Comités sénatoriaux, 20e législature, 3e séance, Comité permanent de l’immigration et du travail, 18 juin 1947, vol. 1 (Ottawa : Edmond Clouthier, 1947), 345, consulté en ligne sur https://parl.canadiana.ca/view/oop.com_SOC_2003_1_1/431?r=0&s=1.
  17. Pour avoir une perspective personnelle sur le mouvement des anciens combattants polonais venant au Canada, voir Mary Oko, « Jan Oko - Son voyage de la Pologne au Canada », Musée canadien de l’immigration (S2017.831.1), consulté en ligne à l’adresse https://5104.sydneyplus.com/final/Portal/Francais.aspx?lang=fr-CA&g_AABF=jan+oko&d=d.
  18. Adele Perry, « White Women, Race, and Immigration to British Columbia », dans Epp, Iacovetta et Swyripa (éditions.),Sisters or Strangers: Immigrant, Ethnic, and Racialized Women in Canadian History (Toronto : University of Toronto Press, 2004), 62.
  19. Bibliothèque et Archives Canada, fonds de la Direction de l’immigration, RG 76, vol. 384, dossier 536999, partie 3, « Emigration of Hindus », transcription du compte rendu d’une réunion tenue au Swadesh Sevak Home, Vancouver (Colombie-Britannique), le 24 avril 1910.
  20. Gazette du Canada, 1867-1946 (Dominion du Canada), vol. 41, no. 51, numéro régulier, 20 juin 1908, 4 (3276), consulté en ligne à l’adresse http://central.bac-lac.gc.ca/.redirect?app=cangaz&id=8610&lang=eng.
  21. Canada, Sénat, débats du Sénat du Canada, 6e législature, 1re séance, vol. 1 (Ottawa : A.S. Woodburn, 1887) 297-300, 10 juin 1887, consulté en ligne à l’adresse https://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_SOC0601_06/300?r=0&s=1.
  22. Lois du Canada, « Acte modifiant l’Acte de l’immigration chinoise », 1887. Ottawa : SC 50-51 Victoria, chapitre 35, consulté en ligne à l’adresse https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/acte-de-l-immigration-chinoise-1885.
  23. Bibliothèque et Archives Canada, fonds de la Direction de l’immigration, RG 76, volume 567, dossier 810666, partie 3, « Immigration from the British West Indies », A.L. Jolliffe à C.E.S. Smith, Ottawa ON, 8 juin 1948.
  24. Bibliothèque et Archives Canada, fonds du Conseil privé, RG2-A-1-a, volume 1021, CP 1911-1324, 12 août 1911, consulté en ligne à l’adresse https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/decret-du-conseil-cp-1911-1324.
  25. Bibliothèque et Archives Canada, fonds de la Direction de l’immigration, RG 76, volume 567, dossier 810666, partie 1, « Immigration from British West Indies », L.M. Fortier à W.D. Scott, Saint John NB, 30 June 1914.
  26. Bibliothèque et Archives Canada, fonds de la Direction de l’immigration, RG 76, volume 567, dossier 810666, partie 3, « Immigration from British West Indies », commissaire de l’immigration à J.M. Cruikshank, M.D., médecin en chef (Nassau, Bahamas), Ottawa ON, 28 juillet 1937.
  27. Canada, Parlement, débats de la Chambre des communes, 12e législature, 3e séance, vol. 114 (Ottawa : J. De L. Taché, 1914), 1242, consulté en ligne à https://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_HOC1203_02/232?r=0&s=1. Henry H. Stevens a soutenu les soldats américains en tant qu’auxiliaire civil pendant la rébellion des Boxers et a conservé des attitudes dures et exclusives tout au long de sa carrière politique, y compris en tant que ministre sous Meighan et Bennett.
  28. Canada, Sénat, Comités sénatoriaux, 20e législature, 3e séance, Comité permanent de l’immigration et du travail, vol. 1 (Ottawa : Edmond Clouthier, 1947), 27, en ligne à l’adresse https://parl.canadiana.ca/view/oop.com_SOC_1203_1_1/29?r=0&s=1.
  29. Stephanie Nolen, « Red tape thwarts family’s reunion », Globe and Mail (Toronto), 9 juin 1993, A4.
  30. Voir, par exemple, l’histoire de l’immigration de Pompea Savarin, collection du Musée canadien de l’immigration (S2012.2265.1). L’histoire de Pompea Savarin est courte, mais une remarque sur son expérience personnelle et sur la préoccupation du ministère de l’Immigration face à l’authenticité d’une relation maritale est particulièrement frappante : « Comme nous nous étions mariées par procuration, j’ai vu mon mari pour la première fois lorsque j’ai débarqué du bateau à Halifax. » En ce qui concerne les épouses par correspondance, on peut par exemple mentionner Tomoko Makabe, Picture Brides: Japanese Women in Canada (North York : MHSO, 1995). Il convient de noter que le phénomène des mariages par correspondance persiste, et est tout particulièrement lié aujourd’hui à la migration de femmes chinoises et philippines vers l’Amérique du Nord.
  31. Nicole LaViolette, « Coming Out to Canada: The Immigration of Same-Sex Couples Under the Immigration and Refugee Protection Act », Revue de droit de McGill 49 (2004), 971, 993. Le travail de Marlene Epp dans Women Without Men (Toronto : University of Toronto Press, 2000) au sujet de la tension entourant le travail de femmes mennonites qui guidaient des familles de réfugiés au Canada pour que ces dernières présentent une structure familiale acceptable au gouvernement et à la communauté est également pertinent.
  32. Rebecca J. Mancuso, « Three Thousand Families: English Canada’s Colonizing Vision and British Family Settlement, 1919-1939 », Revue d’études canadiennes 45:3 (automne 2011), 7-8.
  33. Mancuso, 14; Bibliothèque et Archives Canada, RG 76, vol. 251, dossier 182689, « Family Settlement Scheme », A.L. Joliffe à Fraser, Ottawa ON, 12 septembre 1928.
  34. Mancuso, 15.
  35. Bibliothèque et Archives Canada, « Loi sur l’immigration, Règlement sur l’immigration, partie I, modifiée », RG2-A-1-a, volume 2269, CP 1962-86, 18 janvier 1962; et « Loi sur l’immigration, Règlement sur l’immigration, partie II, modifiée », RG2-A-1-a, volume 2269, CP 1962-86, 1er février 1962, et analyse de Lindsay van Dyk, « Règlement sur l’immigration, décret CP 1962-86, 1962 », blogue du Musée canadien de l’immigration. Source et contexte à l’adresse https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/reglement-sur-l-immigration-decret-du-conseil-cp-1962-86-1962.
  36. Bibliothèque et Archives Canada, Lois du Canada, Loi concernant l’immigration au Canada, 1910, Ottawa : SC 9-10 Edward VII, chapitre 27, consulté en ligne à l’adresse https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/l-acte-d-immigration-1910.
  37. Rell DeShaw, « The History of Family Reunification in Canada and Current Policy », Canadian Issues (printemps 2006), 10.
  38. « The Debate on Family Reunification and Canada’s Immigration Act of 1976 », American Review of Canadian Studies 35:4 (2005), 685.
  39. Grâce à une collaboration entre le Musée canadien de l’immigration et Bibliothèque et Archives Canada, les textes complets des lois sur l’immigration de 1906, 1910, 1952 et 1976 sont disponibles à l’adresse https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/les-lois-canadiennes-sur-l-immigration.
  40. Rosemary Barton, « Canada’s Syrian refugee plan limited to women, children, and families », publication Web pour CBC News, 22 novembre 2015, consulté en ligne à l’adresse https://www.cbc.ca/news/politics/canada-refugee-plan-women-children-families-1.3330185; Petra Molnar, « The Boy on the Beach: The fragility of Canada’s discourses on the Syrian refugee ‘crisis’ » Contention 4:1-2 (2016), 71.