Mario Chiarvesio

Arrivant à titre de : Immigrant
Pays d'origine : Italie
Nom du navire : MS Vulcania
Port d'entrée : Halifax
Date d'arrivée : 21 octobre 1951
Âge à l'arrivée : 23 ans

L’histoire d’immigration de Mario Chiarvesio (immigrant italien)

Mario Chiarvesio est né le 3 avril 1928. Il est le plus jeune des trois enfants de Bonaventura Chiarvesio et de Giulia Lizzi, et est originaire de la ville de Fagagna, située dans la région Frioul-Vénétie-Giulia, au nord-est de l'Italie.

En 1951, l'Italie se remettait encore de la Seconde Guerre mondiale. Il était difficile de trouver du travail et la nourriture se faisait rare. Comme le père de Mario était malvoyant, on s’attendait à ce que ce soit Mario qui soutienne ses parents et sa famille élargie.

Mario n’avait aucune perspective d’emploi et a donc décidé de venir rejoindre son oncle Edoardo Chiarvesio à Timmins, en Ontario. Mario voulait travailler au Canada pendant quelques années afin de gagner un peu d'argent, puis retourner en Italie. Il n’avait jamais rencontré son oncle. Edoardo avait immigré au Canada au début des années 1900 et travaillait dans les mines.

Mario s’est rendu à Rome afin de visiter le ministère canadien de la Santé nationale et du Bien-être social au mois de septembre 1951, à l'âge de 23 ans. Il y a passé un examen médical, puis a obtenu un visa qu'il devait présenter à un point d'entrée canadien dans les quatre mois.

Mario a emprunté de l'argent à l'une de ses sœurs pour payer son voyage, puis s’est rendu par train jusqu'à Gênes, dans le nord de l'Italie. C’est à Gênes qu’il est monté à bord du MS Vulcania, le 10 octobre 1951. Mario a commencé sa traversée de l’Atlantique en solitaire, n’emportant avec lui qu’une valise contenant quelques-unes de ses affaires personnelles.

Mario est arrivé au Quai 21 d’Halifax onze jours plus tard. Il y est monté à bord d’un train se dirigeant vers Montréal, puis a pris un autre train pour poursuivre son long voyage jusqu'à Timmins. Une fois à Timmins, Mario s’est trouvé un emploi de pelleteur de neige à la gare locale. Il travaillait pour 60 cents de l'heure.

Pendant les premiers mois qu’il a passés au Canada, Mario a rencontré un autre immigrant, Mario Pecile, qui venait de la même ville italienne que lui. Ils allaient devenir amis pour la vie. Une famille du coin leur a offert le gîte et le couvert, et ils ont tous deux obtenu des emplois de mineurs dans les mines de Preston East Dome. Au milieu des années 1950, Mario et son ami ont décidé de déménager à St. Catharines, en Ontario, où ils ont trouvé du travail comme poseurs de carrelage, de marbre et de terrazzo.

Mario a finalement déménagé à Toronto, où il a travaillé pendant plus de 30 ans pour l’entreprise Brooks Marble and Tile Company. Pendant cette période, il a posé des revêtements de sol dans de nombreux grands projets de construction de Toronto, notamment dans des stations de métro, des bâtiments de Queen's Park, au centre commercial Yorkdale, les halls d'entrée de l'hôtel King Edward et dans les tours des sièges sociaux des principales banques canadiennes.

Le père de Mario est décédé en Italie en 1952, et en 1956, sa mère est tombée gravement malade. À cette époque, Mario avait économisé suffisamment d'argent pour rentrer en Italie. C'est au cours de cette visite dans sa ville natale qu'il a rencontré sa future épouse, Nives Zuttioni. Ils se sont rencontrés au bar de Fagagna qui appartenait aux parents de Nives.

Mario a écrit à Nives pendant quatre ans, puis elle a rendu visite au ministère canadien de la Santé nationale et du Bien-être social à Rome, où elle a obtenu un visa pour venir au Canada.

Mario disait souvent que Nives était destinée à immigrer au Canada, parce que sa date d’anniversaire est le 1er juillet, le jour de la fête du Canada. De plus, Luigi Zuttioni, le beau-père de Mario, était un soldat italien pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre, Luigi a été capturé par des soldats américains, puis amené au New Jersey où il a travaillé comme boulanger. Luigi a vu de ses propres yeux les possibilités qu’offrait l’Amérique du Nord, et n'avait donc pas peur de laisser sa fille immigrer au Canada.

Luigi a toujours dit que la meilleure farine à pain était la « farina manitoba ». Nives était loin de se douter que cette farine provenait d'une province canadienne appelée le Manitoba, la province voisine de l’endroit où elle allait vivre pour le reste de sa vie.

Nives est arrivée à l'aéroport de Dorval de Montréal le 3 juin 1960, à l'âge de 20 ans. Une fois à Montréal, elle a pris un autre avion et a atterri d’avance à Toronto. Mario n'était pas là pour l’accueillir. Heureusement pour elle, un autre passager de l'avion parlait l’italien et lui a donné 10 cents pour qu'elle utilise une cabine téléphonique et prévenir Mario de son arrivée.

Mario a épousé sa bien-aimée à Toronto le 2 juillet 1960, puis ils ont emménagé dans un appartement de l'avenue McRoberts, dans la Petite Italie de Toronto. Leur fils Paul est né en 1962. L'année suivante, afin de subvenir aux besoins de sa famille en pleine croissance, Mario a acheté un bungalow dans l'ouest de la ville pour la somme de 16 000 $. Leur fille Linda est née en 1966.

Nives, qui était mère au foyer, a appris l'anglais en regardant l'émission télévisée I Love Lucy. Chaque samedi soir était consacré à regarder La soirée du hockey, puis à jouer au bingo avec des amis, parmi lesquels se trouvaient Mario Pecile et sa famille.

Au fil des ans, Mario a amené ses enfants en Italie pour qu’ils rendent visite à leurs grands-parents, à leurs tantes, à leurs oncles et à leurs cousins et cousines. En 2019, Mario a fêté son 91^e anniversaire et Nives son 80^e. Ils fêteront leur 60^e anniversaire de mariage au mois de juillet 2020.

Aujourd'hui, comme tout fier citoyen canadien, Mario continue de pelleter la neige de son entrée et de s'occuper du potager de sa cour arrière. Nives cuisine toujours ses plats traditionnels du nord de l’Italie, comme la polenta, et leur gendre, un officier de la GRC à la retraite, est devenu leur chauffeur, ou comme Mario aime l'appeler, Uber.

Quand il est arrivé, Mario avait peu d'argent, mais beaucoup d'espoir. Sa bien-aimée Nives et lui, en travaillant très fort, en faisant des sacrifices et en persévérant, ont réussi à améliorer leur vie, celle de leurs enfants et celle de leurs petits-enfants. Ils sont un modèle à suivre pour les générations futures.

Nous remercions le Musée canadien de l’immigration de Puai 21 de nous avoir offert un endroit où nous pouvons préserver l'histoire de Mario.

Écrit par Linda Chiarvesio, Toronto, Ontario, septembre 2019