Nives Zuttioni

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Nives Zuttioni

Les parents de Nives Zuttioni tenaient un bar dans la ville de Fagagna, située dans la région Frioul-Vénétie-Giulia, au nord-est de l'Italie. À l’été 1956, alors que la jeune femme y travaillait, un jeune homme portant un pantalon bleu clair a attiré son attention. Elle était loin de se douter que cette rencontre était sur le point de changer sa vie.

Cet homme était Mario Chiarvesio. Il avait immigré au Canada en 1951 et était de retour dans sa ville natale afin de rendre visite à sa mère qui était gravement malade. Lorsque le moment est venu pour Mario de rentrer au Canada, ils ont décidé de rester en contact. Ils se sont écrit des lettres pendant quatre ans.

Nives disait souvent qu’elle était destinée à immigrer au Canada, parce que sa date d’anniversaire est le 1er juillet, le jour de la fête du Canada. De plus, son père, Luigi Zuttioni, avait été soldat italien pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre, Luigi a été capturé par des soldats américains, puis amené au New Jersey où il a travaillé comme boulanger. Luigi a vu de ses propres yeux les possibilités qu’offrait l’Amérique du Nord, et n'avait donc pas peur de laisser sa fille immigrer au Canada.

Le père de Nives a toujours dit que la meilleure farine à pain était la « farina manitoba ». Nives était loin de se douter que cette farine provenait d'une province canadienne appelée le Manitoba, la province voisine de l’endroit où elle allait vivre pour le reste de sa vie.

Au mois de mai 1960, Nives a rendu visite au ministère canadien de la Santé nationale et du Bien-être social à Rome, où elle a obtenu un visa pour venir au Canada. C’est à Milan, avec le billet d'avion que Mario lui avait acheté en main, que Nives est montée à bord du vol qui l’amènerait jusqu’au Canada. Elle est arrivée à l'aéroport Dorval de Montréal le 3 juin 1960.

Une fois à Montréal, elle a pris un autre avion et a atterri d’avance à Toronto. Mario n'était pas là pour l’accueillir. Heureusement pour elle, un autre passager de l'avion parlait l’italien et lui a donné 10 cents pour qu'elle utilise une cabine téléphonique et prévenir Mario de son arrivée.

Le lendemain de son 21e anniversaire, le 2 juillet 1960, Nives a épousé l'amour de sa vie à Toronto. Ils ont emménagé dans un appartement de l'avenue McRoberts, dans la Petite Italie de Toronto. En 1962, l'année suivant la naissance de leur fils Paul, ils ont acheté un bungalow dans l'ouest de la ville pour la somme de 16 000 $. Leur fille Linda est née en 1966.

Nives, qui était mère au foyer, a appris l'anglais en regardant l'émission télévisée I Love Lucy. Chaque samedi soir était consacré à regarder La soirée du hockey à la télé, puis à jouer au bingo avec des amis.

Bien que la mère de Nives, Nella Fabrizio, ait été terrifiée à l’idée de prendre l'avion, elle a trouvé le courage de faire son premier et unique vol en 1968 afin de venir rendre visite à sa fille et à son gendre à Toronto. Elle venait aussi rencontrer ses petits-enfants pour la première fois. Nella a dit à Nives et à Mario qu'elle était restée assise sur le bord de son siège pendant tout le vol afin de ne pas être trop lourde, pour que l'avion puisse rester en vol.

Au fil des ans, Mario et Nives ont amené leurs enfants en Italie pour qu’ils rendent visite à leurs grands-parents, à leurs tantes, à leurs oncles et à leurs cousins et cousines. En 2020, Nives fêtera son 81e anniversaire et Mario son 92e. Ils fêteront leur 60e anniversaire de mariage au mois de juillet 2020.

Aujourd'hui, en tant que fière citoyenne canadienne, Nives cuisine toujours ses plats traditionnels du nord de l’Italie, comme la polenta Mario s’occupe toujours de son jardin, et leur gendre, un officier de la GRC à la retraite, est devenu leur chauffeur, ou comme Mario aime l'appeler, Uber.

Quand elle est arrivée au Canada, il y a 60 ans, Nives avait peu d'argent, mais beaucoup d'espoir. Son bien-aimé Mario et elle, en travaillant très fort, en faisant des sacrifices et en persévérant, ont réussi à améliorer leur vie, celle de leurs enfants et celle de leurs petits-enfants. Ils sont un modèle à suivre pour les générations futures.

Nous remercions le Musée canadien de l'immigration du Quai 21 de nous avoir offert un endroit où nous pouvons préserver l'histoire de ma mère.

Écrit par Linda Chiarvesio, Toronto, Ontario, avril 2020

Une femme assise avec des fleurs.
Nives lors de sa fête d'adieu, au bar de ses parents, Fagagna, Italie, mai 1960.
Un homme se tient devant un bar en train de fumer une cigarette, tandis que deux femmes sont derrière le bar.
La mère de Nives, Nella (à gauche), sa sœur Giorgia (au centre) et son père Luigi dans leur bar de Fagagna, en Italie, décembre 1960.
Un jeune homme et une jeune femme s’assoient sur le bras d’herbe.
Nives et Mario visitant les chutes du Niagara, juin 1960.
Un jeune garçon est assis sur l’herbe avec deux femmes assises à côté de lui,
Nives (à droite) avec son fils Paul et son amie Ariella Pecile à Toronto, été 1963.
Une femme plus âgée tient les mains d’un petit garçon et d’une petite fille, tandis une autre femme se tient à côté d’elle.
Nives (à droite) en compagnie de sa mère Nella (au centre), qui tient les mains de ses petits-enfants Paul et Linda, aux chutes du Niagara, été 1968.
Deux petites filles s’assoient sur les marches d’une maison avec leurs grands-parents à côté d’elles.
Mario et Nives en compagnie de leurs petites-filles (au centre, de gauche à droite) Emily et Laura à Lincoln, en Ontario, été 2002.
Un homme et une femme plus âgés sourient à la caméra.
Nives et Mario fêtant son 91e anniversaire à Toronto, en avril 2019.