Recrutement de travailleurs domestiques et d’aides familiaux au Canada

Résumé

Au cours des dernières décennies, le Canada est devenu de plus en plus dépendant des travailleurs étrangers pour faire face à sa pénurie croissante de main-d’œuvre. Les autorités canadiennes ont mis en œuvre des programmes visant à répondre aux besoins économiques et à soutenir les intérêts diplomatiques, faisant souvent appel à une main-d’œuvre étrangère ne correspondant pas à la notion officielle d’immigrant « désirable ». Dans certains des mouvements mentionnés ci-dessous, des travailleuses domestiques ou aides domestiques ont été admises au Canada, mais n’ont pas eu accès à la résidence permanente, tandis que d’autres ont pu obtenir la citoyenneté canadienne.

par Jan Raska, PhD, Historian

Introduction

Au cours des dernières décennies, le Canada est devenu de plus en plus dépendant des travailleurs étrangers pour faire face à sa pénurie croissante de main-d’œuvre. Ce phénomène est particulièrement évident dans les secteurs de l’agriculture, des services et des soins à domicile.[1] Le gouvernement canadien réglemente tous les programmes de travailleurs étrangers temporaires. Le Canada offre actuellement deux grands programmes de travail temporaire aux travailleurs étrangers. Le premier est le Programme de mobilité internationale (PMI), qui couvre un large éventail d’activités, notamment les transferts au sein d’entreprises, les programmes d’échange de jeunes travailleurs, les permis de travail liés à la recherche et aux études, les employés de compagnies aériennes et le personnel du gouvernement des États-Unis. L’autre est le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Introduit en 1973 sous le nom de Programme d’autorisation d’emploi des non-immigrants (PAENI), il a ensuite été rebaptisé PTET.

Le présent document se concentre sur l’histoire du recrutement de la main-d’œuvre étrangère au Canada, mettant l’accent sur les aides domestiques. Les premières migrations d’aides domestiques venant au Canada étaient fondées sur l’exclusion de la résidence permanente. Cela s’expliquer principalement par les notions bureaucratiques et sociétales du caractère « désirable » des migrants, qui privilégiaient les Européens blancs par rapport aux autres groupes racisés. Les aides domestiques d’origine non européenne ont cependant été de plus en plus accueillies au Canada après la Seconde Guerre mondiale, la demande de main-d’œuvre n’ayant cessé d’augmenter. Malgré la persistance de préjugés bureaucratiques et sociétaux, nombre de ces travailleuses ont fini par obtenir leur résidence permanente. Aujourd’hui, le PTET et l’un de ses volets, le Programme des aides familiaux résidants (PAFR), anciennement connu sous le nom de Programme des travailleurs domestiques, sont responsables de la supervision des permis de travail et des changements d’emploi. Les aides domestiques peuvent demander le statut de résident permanent au Canada après avoir exercé un emploi rémunéré pendant 24 mois au cours d’une période de quatre ans.

Brève histoire de la migration de main-d’œuvre au Canada

Au début de la Nouvelle-France, les femmes et les hommes utilisaient le travail domestique comme moyen d’émigrer dans la colonie. L’historienne Marilyn Barber note qu’au dix-neuvième siècle, cette activité est devenue une profession nettement féminine.[2] Il existait cependant des exceptions notables. L’historienne Lorraine C. Brown affirme qu’en Colombie-Britannique, les travailleurs chinois masculins étaient embauchés pour faire du service domestique. Les colons européens ont rapidement stéréotypé les travailleurs domestiques chinois masculins comme étant « féminins », « enfantins » et « soumis ». Ces mêmes colons ont également tenté de contraindre les travailleurs domestiques chinois à fournir leur travail à des salaires inférieurs à ceux du marché.[3]

Bien qu’il s’agissait traditionnellement d’une tâche ménagère non rémunérée, le travail domestique a plus tard été confié à une femme de ménage rémunérée pour ses services.[4] Comme le souligne l’historien Eric Sager, de nombreuses immigrantes se seraient opposées au service domestique, si ce n’était du fait « qu’une voie d’entrée évidente au Canada et sur ses marchés du travail passait par le fait d’être “employée” ». En 1891, les travailleuses domestiques représentaient 41 % de toutes les femmes exerçant une activité professionnelle. Ce taux était de 18 % en 1921.[5] Les femmes sont de plus en plus passées à d’autres secteurs d’activité, mais la demande de travailleuses domestiques s’est maintenue. Les employeurs ont donc été contraints de se tourner vers l’étranger pour pourvoir ces postes.

Répondre à la demande de services domestiques au début du XXe siècle : Recrutement de main-d’œuvre étrangère

Au tournant du XXe siècle, les autorités canadiennes chargées de l’immigration recrutaient trois catégories d’immigrants : les agriculteurs, les ouvriers agricoles et les travailleuses domestiques. Les fonctionnaires de l’immigration considéraient les femmes célibataires, originaires des îles britanniques et âgées de 17 à 35 ans comme des immigrantes désirables, aptes à travailler comme domestiques au Canada. Avant la Première Guerre mondiale, 75 % des travailleuses domestiques immigrées venaient des îles britanniques.[6]

En dépit des notions bureaucratiques établies du caractère souhaitable lié au recrutement de travailleuses immigrantes des îles britanniques, des programmes de travail ont successivement été mis en place pour apporter à l’économie du pays, temporairement, la main-d’œuvre étrangère dont il avait tant besoin. Parmi les projets notables visant à faire venir des travailleuses migrantes au Canada, on peut citer l’admission de 100 femmes guadeloupéennes au Québec dans le cadre d’un projet de travailleuses domestiques caribéennes en 1910-1911.[7] Un an plus tard, deux sidérurgistes barbadiens ont été renvoyés à la Barbade afin de recruter des sidérurgistes pour la Dominion Iron and Steel Company de Nouvelle-Écosse.

Vingt-deux femmes en robes et un homme en complet regardent la caméra.
Un groupe de travailleuses domestiques de la Guadeloupe (Antilles françaises) en route vers le Québec à bord du SS Korona. Elles ont été retenues pour la nuit au centre d’immigration d’Ellis Island, à New York, avant de reprendre leur voyage vers le Canada, 6 avril 1911.
Crédit : National Parks Service, monument national d’Ellis Island, « Women from Guadalupe At Ellis Island on April 6th, 1911 » (Femmes de Guadalupe à Ellis Island, le 6 avril 1911).

Ces migrations de travailleurs temporaires noirs ont été éclipsées par le gouvernement canadien, qui a adopté le Décret du Conseil C.P. 1911-1324 interdisant « tout immigrant appartenant à la race noire, jugée inadaptée au climat et aux exigences du Canada ». Le règlement a été officiellement adopté en août 1911, mais a été abrogé peu de temps après. Les attitudes et pratiques d’exclusion ont cependant perduré jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. L’historien Steve Schwinghamer affirme que ce décret constitue « un signe manifeste de la volonté du gouvernement d’empêcher l’installation des Noirs au Canada ».[8]

Cette façon d’exclure les travailleurs non blancs de la résidence permanente ou même d’entrée au Canada s’est poursuivie pendant toute la période de l’entre-deux-guerres. La Loi sur l’immigration chinoise de 1923 est un exemple bien connu de cette interdiction. Cette loi interdisait pratiquement toute immigration chinoise au Canada en limitant les catégories d’immigrants chinois acceptables. On estime que seuls 15 immigrants chinois sont entrés au Canada avant l’abrogation de la loi, en 1947.[9]

L’expérience de l’après-guerre : Les anciens combattants alliés en tant que travailleurs temporaires au Canada

En 1946 et en 1947, les autorités fédérales chargées de l’immigration ont admis quelque 4 500 vétérans polonais craignant d’être rapatriés en Pologne, tombée sous le contrôle des communistes. Ces anciens membres des services alliés ont été obligés de travailler comme ouvriers agricoles pendant une période d’un an en signant des contrats de travail manuel. À l’issue de leur contrat de travail, ces anciens combattants polonais ont pu quitter leur statut vulnérable de travailleurs temporaires et demander leur résidence permanente au Canada. La majorité de ces anciens combattants sont par la suite devenus des résidents permanents et des citoyens canadiens. Le succès du mouvement des anciens combattants polonais a incité le gouvernement canadien à élargir son programme de réinstallation de travailleurs étrangers dans le but de combler les pénuries de main-d’œuvre de divers secteurs de l’économie canadienne, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sylviculture, de l’exploitation minière, de la construction et des services domestiques.

Répondre à la demande de services domestiques d’après-guerre : Recrutement de main-d’œuvre étrangère

Entre 1947 et 1952, le gouvernement canadien a accueilli plus de 186 000 personnes déplacées et réfugiés politiques dans le cadre de son programme de personnes déplacées (PD). Ces personnes déplacées ont été obligées de signer des contrats de travail manuel d’une durée d’un an visant divers secteurs cherchant à combler des pénuries de main-d’œuvre, comme ceux énumérés ci-dessus.[10] Contrairement aux anciens combattants polonais, les personnes qui sont arrivées au Canada dans le cadre du mouvement des PD l’ont fait en tant qu’immigrants reçus (c’est-à-dire en tant que résidents permanents). C’est le cas d’Anna Marcin (née Flat), une réfugiée qui a fui la Yougoslavie en janvier 1946 pour des raisons politiques. Elle a résidé au camp de PD de Reid, en Autriche, puis est arrivée au Quai 21 en août 1948 à bord du MS Saturnia. Elle a été admise au Canada dans le cadre du mouvement des PD, et la documentation de l’Organisation internationale pour les réfugiés (OIR) d’Anna indique qu’elle a travaillé comme « travailleuse domestique ». Réfléchissant à son immigration au Canada et à son premier emploi en tant que travailleuse domestique, Anna affirme que...

Je suis arrivée comme réfugiée au Quai 21 après la Seconde Guerre mondiale. Je suis venue travailler comme travailleuse domestique et on m’a promis que j’aurais ma propre chambre et mon propre lit. Ce n’est jamais arrivé. J’ai travaillé pour une famille juive de Montréal. Je suis restée avec eux pendant dix mois, mais comme le travail était très dur, le gouvernement m’a laissé partir avant la fin de mon engagement d’un an. J’ai travaillé très dur dans des usines et j’ai économisé chaque sou, jusqu’à ce que je puisse parrainer ma famille.[11]

L’histoire d’immigration d’Anna Marcin témoigne de la vulnérabilité et de la précarité que certains nouveaux arrivants, employés dans les services domestiques, ont vécues peu après leur arrivée au Canada. Prenant l’exemple des services domestiques, la politologue Abigail Bakan et le sociologue Daiva Stasiulis notent que les autorités canadiennes ont tenté de tirer parti du potentiel de main-d’œuvre et de la vulnérabilité des réfugiés d’Europe de l’Est, considérés comme moins désirables d’un point de vue ethnique que les domestiques britanniques. Au sein du mouvement des PD, la préférence officielle (ethnique et religieuse) était accordée aux candidats d’origine protestante et à ceux d’origine balte.[12]

Morceau de papier sur lequel se trouvent des renseignements d’identification dactylographiés et la photo d’une femme.
Certificat d’identité délivré par l’Organisation internationale pour les réfugiés (OIR) à Anna Marcin, réfugiée yougoslave résidant au camp de personnes déplacées de Reid, en Autriche. Le document a été délivré afin qu’elle puisse immigrer au Canada en tant que travailleuse domestique, 1er juin 1948.
Crédit : Collection du Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (DI2015.504.1)

Recrutement de travailleuses domestiques méditerranéennes au Canada

Préférences bureaucratiques mises à part, dans le cadre du programme des PD, les fonctionnaires canadiens ont également fourni une aide de passage à 500 travailleuses domestiques italiennes, ainsi qu’un emploi garanti. Le programme a échoué en grande partie en raison des différences culturelles, religieuses et linguistiques entre les travailleuses domestiques et leurs employeurs canadiens. Plus tard au cours de la décennie, les fonctionnaires de la Direction de l’immigration ont réussi à recruter quelque 7 000 travailleuses domestiques grecques, qui représentaient 25 % du nombre total d’immigrants grecs au Canada dans les années 1950.[13]

La guerre civile grecque (1946-1949) a laissé la Grèce en ruines et a provoqué une détresse économique et des tensions politiques généralisées, forçant de nombreux travailleurs grecs à quitter leur pays pour trouver des opportunités ailleurs. Constantina Kambouris se souvient que la société grecque était divisée entre gauchistes et nationalistes, ce qui a souvent eu des conséquences sur la vie des gens. Son père a été tué par des compatriotes grecs ou, comme elle le dit, par « les voisins », ce qui laisse entendre que les responsables étaient des habitants d’un village voisin.[14] Constantina se penche sur cette période difficile et sur la décision de rechercher la sécurité et des opportunités économiques ailleurs...

C’est pourquoi, à l’époque, j’ai dû quitter le pays. Peu importe que j’atteignais Athènes, peu importe. À l’époque, je devais quitter le pays. Je ne voulais pas voir, si je me rendais dans mon village― je ne voulais pas voir mes gens, les gens de mon village, ou les gens du village voisin, vous savez. Je ne pouvais même pas les voir. Lorsque je suis partie pour me rendre au Canada, je n’ai dit au revoir à personne. Je suis allée le soir même pour voir les miens, et je suis partie.[15]

Les candidates à l’immigration grecque cherchant à être admises au Canada en tant que travailleuses domestiques apportaient souvent des documents justificatifs décrivant leur formation et leurs compétences linguistiques afin d’obtenir l’autorisation d’émigrer à l’étranger de la part des autorités grecques. Ces documents servaient également à prouver que ces gens possédaient les qualifications nécessaires pour travailler comme domestiques au Canada. Par exemple, en mars 1958, le bureau d’Athènes du Comité intergouvernemental pour les migrations européennes (CIM) a fourni à Konstandina [sic.] Kambouri [sic] une lettre indiquant qu’elle avait « suivi un cours élémentaire de formation en service domestique ». Il s’agissait d’un cours de 30 heures de formation sur une période de deux mois enseignant les éléments de l’entretien ménager, y compris comment entretenir les équipements ménagers modernes. Ce cours n’offrait toutefois pas d’enseignement culinaire.

Papier dactylographié attestant d’une formation en service domestique.
Lettre envoyée par le Comité intergouvernemental pour les migrations européennes (CIM) d’Athènes certifiant que l’immigrante grecque Constantina Kambouris a suivi un cours élémentaire de formation en service domestique, 20 mars 1958.
Crédit : Collection du Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (DI2016.9.1)

Pendant cette même période de deux mois, Constantina a également suivi un cours d’anglais élémentaire. Bien que la lettre du CIM soulignait que les deux cours étaient « de nature élémentaire », on espérait que l’enseignement dispensé aiderait Mme Kambouris dans son futur emploi au Canada.[16] Constantina Kambouris, en repensant à son immigration au Canada, se souvient de ce qui suit...

Ils nous ont emmenés à l’assurance-emploi et – les gens de l’assurance-emploi, ils ont dû faire une demande pour nous obtenir, alors, la dame juive est venue avec la Buick noire, une grosse voiture. Elle est venue et la dame de l’assurance-emploi a dit : « Vous avez beaucoup de chance. » Et, « Vous avec la meilleure fille, la plus brillante. » Puis elle m’a dit que j’avais aussi beaucoup de chance, que Mme Silver était une personne avec qui il est très agréable de travailler... Elle m’a dit : « Pas de mensonges, pas de vol, pas de mots agressifs. » Puis je lui ai répondu, parce que, bon, je comprenais bien l’anglais. Je lui ai dit : « On m’a appris à ne pas voler, à ne pas mentir. » Et elle en fut très heureuse.[17]

À leur arrivée au Canada, on s’attendait à ce que certaines travailleuses domestiques répondent à certaines « normes » socioculturelles. Comme dans le cas de Constantina Kambouris, ci-dessus, son employeuse, une certaine Mme Silver, s’attendait à ce qu’elle se conforme aux normes de sa famille en matière de conduite personnelle.

Au milieu des années 1950, la pénurie persistante de main-d’œuvre dans le secteur des services domestiques, à laquelle tout le pays faisait face, a poussé les autorités fédérales à créer un mouvement spécial de travailleuses migrantes en provenance des Caraïbes.[18] Ces travailleuses ont dû composer avec les « normes » socioculturelles susmentionnées auxquelles elles devaient répondre et leur travail, mais aussi avec les préjugés ethnocentriques des fonctionnaires fédéraux.

Mise en œuvre du Programme de recrutement de domestiques antillaises

Lors d’une réunion du cabinet fédéral tenue en juin 1955, le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Jack Pickersgill, a informé ses collègues, qui discutaient de la mise en œuvre d’un programme de travailleuses domestiques antillaises, que les réglementations existantes en matière d’immigration limitaient l’immigration en provenance des Caraïbes. Toutefois, les travailleuses domestiques antillaises pouvaient être autorisées à entrer au pays moyennant une demande de candidature faite en leur nom par des résidents canadiens, à condition que ces derniers « les accueillent et s’occupent d’elles, si elles font partie de la catégorie des parents proches ou des fiancés ». M. Pickersgill a indiqué qu’une attention particulière devrait être accordée aux personnes possédant des « qualifications exceptionnelles » ou dont l’admission au Canada est justifiée par des « raisons humanitaires ». Le cabinet fédéral a envisagé l’admission d’un premier groupe de 100 travailleuses domestiques jamaïcaines à titre d’essai, pour une période d’un an. Le programme devait être réévalué l’année suivante. M. Pickersgill a noté que cette proposition « présentait de nombreuses difficultés », en partie parce que les fonctionnaires barbadiens s’étaient déjà renseignés sur la possibilité de partager un tel programme de travail avec le Canada.

Le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration a alors recommandé au gouvernement canadien de mettre en œuvre un programme expérimental impliquant 75 travailleuses domestiques jamaïcaines et 25 de la Barbade pour une période d’un an. La responsabilité de placer ces travailleuses incomberait au ministère du Travail. Entre temps, les travailleuses domestiques se sont vues accorder le statut de résidentes permanentes à leur arrivée au Canada.[19]

Le Programme de recrutement de domestiques antillaises mis en place par le gouvernement canadien en 1955 a permis aux fonctionnaires de l’immigration d’admettre 100 domestiques dans le cadre de la politique d’immigration d’exclusion qui était en place; les candidates au travail domestique devant être célibataires, âgées de 18 à 35 ans et en bonne santé. Les fonctionnaires barbadiens et jamaïcains étaient chargés de la sélection professionnelle et de l’examen personnel de chaque candidate. D’autre part, le contrôle médical était laissé aux autorités canadiennes. Ce programme limité et exclusif fut considéré comme un succès par les autorités canadiennes, car la majorité des domestiques sont demeurées à leur poste, même si, comme le souligne l’historien Donald Avery, cela est probablement dû au racisme les excluant de toute autre occupation.[20]

Préférences ethnocentriques et intérêts diplomatiques : le cabinet fédéral évalue le Programme de recrutement de domestiques antillaises

Lors d’une réunion du cabinet tenue en mars 1956, M. Pickersgill a déclaré que le programme expérimental de travailleuses domestiques antillaises « avait été couronné de succès ». Le programme avait entraîné une augmentation de la demande de travailleuses domestiques de cette région. Le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration a alors recommandé d’élargir le programme, avec l’approbation du ministre du Travail, pour y inclure l’admission de 200 travailleuses domestiques de la Jamaïque, de la Barbade, de Trinité-et-Tobago et de la Guyane britannique. Malgré la recommandation de M. Pickersgill d’augmenter le niveau d’immigration des travailleuses domestiques provenant des Caraïbes, il a ensuite fait part de ses craintes « quant à la création d’un futur problème de couleur »[21]

L’année précédente, les membres du cabinet fédéral s’étaient inquiétés de l’entrée temporaire de domestiques jamaïcaines et de la difficulté d’établir « des contrôles pleinement efficaces concernant les déplacements de ces personnes »[22] Lors de la réunion de mars 1956 susmentionnée, les membres du cabinet ont noté que si une travailleuse domestique retournait aux Antilles pour se marier, « de bonnes raisons devraient être mises de l’avant pour empêcher leur retour ». Le cabinet a aussi noté que bien que les travailleuses domestiques fournies étaient « très bonnes », il estimait qu’il était « improbable que les Antilles britanniques puissent continuer à maintenir un niveau aussi élevé parmi les candidates à l’emploi. Une diminution de la qualité serait raison suffisante d’exclure les candidates et le programme prendrait fin. » Cependant, compte tenu de l’intérêt visant à améliorer davantage les relations avec les Antilles, et en particulier le commerce, M. Pickersgill a jugé bon de poursuivre l’expansion du programme.[23] La popularité du programme auprès des travailleuses domestiques et des gouvernements des Antilles a rapidement suscité l’intérêt des fonctionnaires de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent, qui souhaitaient que les travailleuses de leurs juridictions soient incluses dans le programme.[24]

Au printemps 1959, le cabinet fédéral a approuvé l’admission annuelle de 250 travailleuses domestiques des Antilles et de 30 de la Guyane britannique. Lors d’une réunion du cabinet tenue en octobre 1959, la ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Ellen Fairclough, a considéré ce mouvement de main-d’œuvre comme « souhaitable » pour le Canada et a présenté à ses collègues une proposition visant à admettre ces travailleuses domestiques au printemps plutôt qu’à l’automne ou à l’hiver, car selon elle, ces femmes n’auraient alors pas la chance d’acquérir des vêtements adéquats pour les mois d’hiver. La ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration s’est ensuite inquiétée du calendrier d’admission d’automne et d’hiver, étant donné que les femmes devaient également suivre un cours de formation de trois mois avant de s’installer au Canada.[25]

Les préjugés bureaucratiques à l’avant-scène : Annulation du Programme de recrutement de domestiques antillaises

L’année suivante, les responsables de l’immigration, qui avaient auparavant vanté le succès du Programme de recrutement de domestiques antillaises, envisageaient d’annuler le programme, malgré les bonnes performances des travailleuses domestiques. Dans un mémorandum de mai 1960, le directeur de l’immigration note avec une certaine inquiétude que « ces jeunes filles, dès qu’elles sont établies, sont libres de demander l’admission de leurs parents et de leurs fiancés... [qui] ont de bonnes chances d’être des travailleurs non qualifiés ». Sans preuve à l’appui, le directeur de l’immigration a affirmé que la plupart des fiancés provenant des Caraïbes étaient des fraudeurs, car l’illégitimité était « une réalité de la vie... [et] qu’il n’était pas rare qu’une fille célibataire ait des enfants provenant de 2, 3 ou 4 hommes différents ». L’historien Donald Avery note que les opinions ethnocentriques et partiales, associées à l’accent mis par le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration sur le recrutement de travailleurs hautement qualifiés, ont finalement conduit à l’arrêt du Programme de recrutement de domestiques antillaises en 1966.[26]

La sociologue Simone A. Brown note que cette vision biaisée des travailleuses caribéennes est restée ancrée dans la bureaucratie de l’immigration des décennies après la conclusion du Programme de recrutement de domestiques antillaises. Dans l’affaire Mavis Baker c. ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, la Cour suprême du Canada a conclu que les notes de l’agent d’immigration décrivaient Mavis Baker comme une personne immorale, illégitime et indésirable « ...et la manière dont elles sont rédigées ne révèlent pas un esprit ouvert ou une évaluation des circonstances particulières de l’affaire exempte de stéréotypes... ». Mavis Baker, originaire de la Jamaïque, est arrivée au Canada en 1981 avec un visa de visiteur. Elle a ensuite travaillé comme travailleuse domestique et a donné naissance à quatre enfants. Incapable de travailler en raison d’un diagnostic de schizophrénie, elle a demandé l’aide sociale en 1992. La demande de Mme Baker a alerté les autorités canadiennes de l’immigration quant à son statut «illégal» au pays, puis on a ordonné son expulsion. Aucune raison n’a été donnée en ce qui concerne l’ordre d’expulsion. Mme Baker a ensuite demandé une révision judiciaire de son cas, qui a abouti à une décision de la Cour suprême du Canada en juillet 1999 selon laquelle sa demande de résidence permanente devait être prise en considération.[27]

Malgré les préjugés et les préférences ethnoculturelles de certains fonctionnaires de l’immigration, le Programme de recrutement de domestiques antillaises a permis à quelque 3 000 femmes de travailler au Canada au cours de ses années d’existence.[28] En 1967, le cabinet fédéral a mis en œuvre le décret C.P. 1967-1616, communément appelé le système de points d’appréciation, qui a davantage libéralisé la politique d’immigration canadienne et a conduit à d’importantes admissions d’immigrants sans restrictions ethnoculturelles ou géographiques.

Le Programme de recrutement de domestiques antillaises a été réintroduit en 1973, mais sous des conditions différentes. Les travailleuses domestiques de la région des Caraïbes ont été admises au Canada dans le cadre d’un nouveau programme d’autorisation d’emploi temporaire (c’est-à-dire le Programme d’autorisation d’emploi des non-immigrants (PAENI)). Ces mêmes travailleuses domestiques ne pouvaient rester au pays que si elles conservaient leur poste. Changer d’emploi ou d’employeur pouvait entraîner leur expulsion.[29] Moins d’une décennie plus tard, le gouvernement canadien a élargi son programme de travailleuses domestiques temporaires pour répondre à la demande croissante.

De domestiques étrangères à aides familiaux résidants

Le Programme concernant les aides familiaux résidants a été mis en place en 1981 pour aider à pourvoir certains postes temporaires, notamment pour la garde d’enfants ou les soins aux membres âgés de la famille ou aux membres de la famille souffrant d’un handicap. En 1992, le programme a été réintroduit sous le nom de Programme des aides familiaux résidants (PAFR) afin de remédier au manque d’aides familiaux résidants au Canada. Aujourd’hui, ce programme est dominé par des soignantes originaires des Philippines. Liza R. Bautista en est un exemple. Afin de subvenir aux besoins de ses frères et sœurs, et de ses parents tombés malades, Mme Bautista a trouvé un emploi à Hong Kong en tant que travailleuse domestique, puis est venue au Canada en novembre 1991. Elle évoque ci-dessous son voyage au Canada en tant que travailleuse domestique et soignante originaire des Philippines...

Alors j’ai trouvé un employeur. Je m’occupais de deux enfants. Ils avaient deux et quatre ans à l’époque. Et j’étais leur― j’étais leur nounou. Et c’était― vous savez, être dans le programme des aides familiaux résidants a des avantages, en raison de la promesse de résidence permanente. Mais tant que vous participez à ce programme, vous êtes considérée comme une travailleuse temporaire. Il s’agit encore d’un programme de travailleurs étrangers temporaires. Il y a donc beaucoup de restrictions. C’est donc d’un problème systémique qui se traduit par de nombreuses restrictions au sein du programme d’immigration. Vous ne pouvez pas aller à l’école, vous n’avez pas accès à de nombreux services sociaux.

Et il y a aussi la question de... c’est considéré comme une profession de bas étage au Canada. Il y a donc cette oppression intériorisée en vous. Vous ne vous sentez pas appréciée à votre juste valeur. Il y a beaucoup de choses qui nuisent à l’estime de soi. Peut-être imaginées, mais très vraies dans de nombreux cas. J’ai – au moins, vous pouvez faire du bénévolat. Vous pouvez suivre des cours d’anglais langue seconde. Et rien ne vous empêche de rêver à atteindre une autre profession ou une autre carrière. Une fois que vous avez ce document, que vous êtes résidente permanente au Canada.[30]

L’expérience vécue par Liza Bautista met en évidence les restrictions auxquelles les travailleuses domestiques et soignantes sont confrontées en ce qui concerne leur statut d’immigrante et les questions liées à la précarité d’emploi et au statut socioéconomique, entre autres. Malgré ces obstacles initiaux, elle a réussi à obtenir un emploi rémunéré auprès d’une agence d’établissement, l’Immigrant Services Society of BC (ISSofBC).

Une femme sourit à l’appareil photo devant un arrière-plan noir.
Photo de Liza R. Bautista participant à son entrevue d’histoire orale avec le Musée canadien de l’immigration du Quai 21, à Burnaby, en Colombie-Britannique, le 2 novembre 2018.
Crédit : Histoire orale 18.11.02LRB avec Liza R. Bautista, 2 novembre 2018. Collection du Musée canadien de l’immigration du Quai 21

La sociologue Rina Cohen note que les travailleuses domestiques et soignantes sont souvent confrontées à des situations familiales stressantes, notamment parce qu’elles travaillent de longues heures, sept jours sur sept, et parce qu’elles ont le sentiment de ne pas avoir accordé assez d’attention à leurs familles ou de ne pas avoir envoyé assez d’argent à leurs proches. Si l’insuffisance des revenus constitue une tension courante chez les familles de ces soignantes, les années de solitude et de séparation pouvant s’écouler avant la réunification de leur famille peuvent également avoir un impact sur leurs relations, conduisant souvent à l’infidélité, à l’éloignement, voire au divorce.[31]

Les soignantes vivent au domicile de leur employeur et, en raison de leur isolement, sont souvent dans l’incapacité d’exercer les droits que leur confère le droit du travail provincial et territorial. De ce fait, de nombreuses soignantes ont de la difficulté à évaluer leurs heures supplémentaires dans un environnement déréglementé et invisible. Les aides familiales du PAFR peuvent demander le statut de résident permanent au Canada après avoir exercé un emploi rémunéré pendant 24 mois au cours d’une période de quatre ans.[32] En 2014, le gouvernement fédéral a levé l’obligation demandant aux soignantes immigrantes de vivre avec leur employeur pour obtenir la résidence permanente au Canada. Le programme des soignantes a également été divisé en deux volets : l’un pour les soins aux enfants et l’autre pour les soins aux personnes ayant des besoins médicaux importants.[33]

Conclusion

Dans le passé de l’immigration canadienne, les programmes temporaires visant à combler les pénuries de main-d’œuvre dépendaient du caractère souhaitable des futurs immigrants selon les autorités. Les programmes temporaires ont souvent été mis en place par les autorités canadiennes afin de répondre à des besoins économiques et à des intérêts diplomatiques, tout en utilisant une main-d’œuvre étrangère temporaire qui ne correspondait pas aux notions officielles d’un immigrant « désirable ». Dans certains des mouvements mentionnés ci-dessus, les travailleurs migrants ont été admis au Canada en tant que travailleurs étrangers temporaires, exclus d’une voie vers la résidence permanente et de la possibilité d’obtenir la citoyenneté canadienne.

Au début du vingtième siècle, les autorités canadiennes chargées de l’immigration ont exclu les migrants racisés de la résidence permanente, mais ont cherché à les admettre à titre temporaire dans le cadre de leur travail. Pour d’autres personnes, comme celles arrivées dans le cadre du programme des PD, l’admission et le statut d’immigrant reçu (c’est-à-dire de résidence permanente) étaient subordonnés au fait d’accepter un emploi dans un secteur ayant besoin de main-d’œuvre, comme le travail domestique, l’agriculture, la sylviculture et l’exploitation minière. D’autres migrants, comme les anciens combattants polonais, sont arrivés au Canada avec un statut de résident subordonné à l’exécution d’un contrat de travail manuel. Bien que considérés comme « désirables » dans le cadre d’une réinstallation au Canada, les travailleurs migrants d’origine européenne ont souvent été accueillis à des degrés divers. Comme le montre ce qui précède, certains ont obtenu le statut d’immigrant reçu à l’issue de leur contrat, tandis que d’autres, considérés comme très recherchés, se sont vu accorder le statut de résident permanent dès leur arrivée au Canada.

Avant la mise en œuvre du système de points en 1967, les programmes de travailleurs étrangers étaient souvent soumis aux préjugés ethnocentriques et aux intérêts bureaucratiques du cabinet fédéral et des fonctionnaires canadiens de l’immigration, qui restreignaient l’admission des travailleurs étrangers, comme les soignantes, en fonction de leur origine ethnoculturelle, de leur origine géographique et de leurs intérêts économiques et diplomatiques. La libéralisation de la politique d’immigration canadienne de la fin des années 1960 a éliminé les derniers vestiges de la discrimination raciale et géographique des réglementations et des pratiques en matière d’immigration, mettant davantage l’accent sur le niveau d’éducation, la profession et l’expérience des futurs travailleurs immigrants. Aujourd’hui, le Programme des aides familiaux résidents admet des travailleurs du monde entier et offre la possibilité d’obtenir la résidence permanente au Canada.


  1. Le Conference Board du Canada estime par exemple que la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur agricole atteindra quelque 113 000 personnes d’ici 2025. Voir Michael Burt et Robert Meyer-Robinson, « Sowing the Seeds of Growth : Temporary Foreign Workers in Agriculture », Conference Board of Canada, 1er décembre 2016, https://www.cfa-fca.ca/wp-content/uploads/2020/07/8363_SowingtheSeeds-BR.pdf. https://www.cfa-fca.ca/wp-content/uploads/2020/07/8363_SowingtheSeeds-BR.pdf.
  2. Marilyn Barber, « Travail domestique au Canada (aide familiale) », L’Encyclopédie canadienne, dernière modification le 17 juin 2021, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/travail-domestique-historique. Pour plus de détails, voir Marilyn Barber, Les domestiques immigrantes au Canada (Ottawa : Société historique du Canada, 1991).
  3. Lorraine Cecilia Brown, « Domestic Service in British Columbia, 1850-1914 », thèse de maîtrise, University of Victoria, 1995), 72.
  4. Barber, « Travail domestique au Canada (aide familiale) ».
  5. Eric W. Sager, « The Transformation of the Canadian Domestic Servant, 1871-1931 », Social Science History 31.4 (hiver 2007) : 509, 513.
  6. « Immigrants pour le Canada, Porteurs et Domestiques, 1899-1949 », Bibliothèque et Archives Canada, https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/immigration/documents-immigration/porteurs-domestiques-1899-1949/Pages/introduction.aspx.
  7. Pour plus de détails, voir « Guadeloupe women [1911] », dans Louis Takács, « LET ME GET YOU THERE: Visualizing Immigrants, Transnational Migrants & U.S. Citizens Abroad, 1904-1925 », Alliance for Networking Visual Culture, https://scalar.usc.edu/works/let-me-get-there/guadeloupe-women-1911.
  8. Steve Schwinghamer, « La couleur à la frontière canadienne : les fermiers noirs américains », Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (ci-après MCI), https://quai21.ca/recherche/histoire-immigration/fermiers-noirs-americains.
  9. Lindsay Van Dyk, « Loi de l’immigration chinoise, 1923 », MCI, https://quai21.ca/recherche/histoire-d-immigration/loi-de-l-immigration-chinoise-1923.
  10. Pour plus de détails, voir Conseil canadien pour les réfugiés, « Cent ans d’immigration au Canada 1900-1999 », mai 2000, https://ccrweb.ca/fr/100-ans-immigration-canada.
  11. L’histoire d’immigration d’Anna Marcin (née Flat), collection du MCI (S2012.1187.1).
  12. Abigail B. Bakan et Daiva Stasiulis, « Foreign Domestic Worker Policy in Canada », dans Not One of the Family: Foreign Domestic Workers in Canada, Abigail B. Bakan et Daiva Stasiulis, éd. (Toronto : University of Toronto Press, 1997), 33.
  13. Donald H. Avery, Reluctant Host: Canada’s Response to Immigrant Workers, 1896-1994 (Toronto : McClelland & Stewart, 1995), 208.
  14. Histoire orale de Constantina Kambouris, entrevue par Cassidy Bankson, Halifax, N.-É., 14 août 2008, collection du MCI (08.08.14CK), 01:15:06.
  15. Histoire orale de Constantina Kambouris, 01:15:22.
  16. Lettre envoyée au nom de Konstandina [sic] Kambouri [sic], 20 mars 1958, collection du MCI (DI2016.9.1).
  17. Histoire orale de Constantina Kambouris, 00:03:28; 00:13:20; 00:20:06; 00:21:49.
  18. Bakan et Stasiulis, « Foreign Domestic Worker Policy in Canada », 33.
  19. Bibliothèque et Archives Canada (ci-après BAC), fonds du Bureau du Conseil privé (ci-après BCP), RG 2, série A-5-a, vol. 2658, dossier « Cabinet Conclusions », article 14423, titre « Immigration; admission of British West Indians for domestic service », 8 juin 1955, bobine T-12184.
  20. Avery, Reluctant Host, 209.
  21. BAC, fonds du BCP, RG 2, série A-5-a, vol. 5775, dossier « Cabinet Conclusions », article 14995, titre « Immigration; admission of coloured domestics », 29 mars 1956, bobine T-12185.
  22. BAC, fonds du BCP, RG 2, série A-5-a, vol. 5775, dossier « Cabinet Conclusions », article 14344, titre « Immigration; admission of domestics from Jamaica », 6 mais 1955, bobine T-12184.
  23. BAC, fonds du BCP, RG 2, série A-5-a, vol. 5775, dossier « Cabinet Conclusions », article 14995, titre « Immigration; admission of coloured domestics », 29 mars 1956, bobine T-12185.
  24. BAC, fonds du BCP, RG 2, série A-5-a, vol. 1892, dossier « Cabinet Conclusions », article 15763, titre « Immigration; admission of coloured domestics from British West Indies », 14 mars 1957. En mars 1957, le cabinet fédéral a approuvé une recommandation du ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration et du ministre du Travail visant à porter le nombre de travailleuses domestiques à 230 personnes (au cours de l’année 1957) ; 100 de la Jamaïque, 40 de la Barbade, 30 de Trinité-et-Tobago, 30 de la Guyane britannique, 15 de Sainte-Lucie et 15 de Saint-Vincent.
  25. BAC, fonds du BCP, RG 2, série A-5-a, vol. 2745, dossier « Cabinet Conclusions », article 18906, titre « Admission of domestics from West Indies », 8 octobre 1959.
  26. Avery, Reluctant Host, 209.
  27. Simone A. Brown, « Of “Passport Babies” and “Border Control”: The Case of Mavis Baker v. Minister of Citizenship and Immigration », Atlantis 26.2 (printemps/été 2002) : 102-103.
  28. Parcs Canada, « Le programme de recrutement de domestiques antillaises (1955-1967), Événements historiques nationaux », https://parcs.canada.ca/culture/designation/evenement-event/domestiques-domestic.
  29. Avery, Reluctant Host, 209.
  30. Histoire orale avec Liza R. Bautista, interviewée par Emily Burton, Burnaby, C.-B., 2 novembre 2018, collection du Musée canadien de l’immigration (18.11.02LRB), 00:55:10.
  31. Rina Cohen, « “Mom is a Stranger”: The Negative Impact of Immigration Policies on the Family Life of Filipina Domestic Workers », Canadian Ethnic Studies/Études ethniques au Canada 32.3 (2000), 83-84.
  32. Kachulis et Perez-Leclerc, « Temporary Foreign Workers in Canada », 5-8; Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (ci-après IRCC), Facts and Figures 2016: Immigration Overview – Temporary Residents (Ottawa : Citizenship and Immigration Canada, 2016), 4-5. Molnar, « Canada’s Temporary Foreign Worker Programs ».
  33. Barber, « Travail domestique au Canada (aide familiale) »; Kachulis et Perez-Leclerc, « Temporary Foreign Workers in Canada ». Voir la page 7.