Voix d’immigrants : Diverses réactions à la traversée transatlantique de l’Europe aux rivages du Canada

par Jan Raska PhD, Historien
(Mise à jour le 5 novembre 2020)

Introduction

De 1928 à 1971, le Quai 21 était une installation d’immigration maritime canadienne active. Près d’un million de personnes, dont des immigrants, des réfugiés, des épouses de guerre et des enfants évacués, sont passées par ses couloirs avant de traverser le pays pour commencer leur nouvelle vie au Canada. Après leur arrivée à Halifax et dans les années qui ont suivi, de nombreuses personnes ont partagé avec nous leur histoire d’immigration. Ces histoires constituent un élément important des collections du Musée. Ici, au Musée, notre collection d’histoires écrites est l’un de nos meilleurs atouts. Cette collection comprend des récits personnels au sujet de l’arrivée au Canada, notamment le voyage en bateau, les premières impressions du Quai 21 et d’Halifax, et le voyage en train à travers le pays. Je partage ci-dessous quelques-uns de ces récits pour attirer l’attention sur notre collection en ligne.

Diverses réactions au voyage transatlantique vers le Canada

Cette expérience de quitter l’Europe et de traverser l’Atlantique vers l’Amérique du Nord a suscité une multitude de réactions diverses de la part de personnes et de familles désireuses de recommencer leur vie au Canada. Par exemple, le 14 février 1948, l’orpheline de guerre juive Celina Lieberman à bord du USAT General S.D. Sturgiss, débarquait au Quai 21. Fuyant la dévastation résultant de cinq années de guerre en Europe, Mme Lieberman se rappelait que « pour ceux d’entre nous qui avaient enduré tant de choses durant la guerre, traverser l’océan n’était pas une si grande aventure, notre plus grande aventure ayant été de survivre ». Selon elle, le voyage transocéanique n’était qu’une question de nécessité ou encore « quelque chose que nous devions faire ».[1] Réfugié letton, Ernests Kraulis notait que l’océan était demeuré calme et qu’il avait apprécié la compagnie des dauphins qui escortaient son navire, MV Capry, en août 1948. Mais plus tard durant la traversée, le temps changea, amenant des vagues « hautes comme des édifices de deux étages… ». Kraulis redoutait aussi que la tempête sur l’Atlantique puisse éventuellement « avaler notre navire et tout ce qui se trouvait à bord ».[2]

Bien que certaines personnes aient considéré leur traversée de l’Atlantique comme une expérience positive, d’autres voyaient les choses différemment. Emilio Poggi et sa famille entreprirent d’immigrer de Gênes, en Italie, où ils habitaient. Un mauvais coup du sort fit que le navire qui devait les amener au Canada, SS Andrea Doria, fit naufrage à l’été de 1956. Conséquemment, la famille fut obligée de partir de Naples à bord du MS Saturnia. Poggi raconte que « le départ s’avéra l’une des expériences les plus affreuses et les plus désorganisées que nous ayons jamais dû subir. On aurait vraiment dit qu’ils embarquaient des animaux et non des passagers qui avaient payé le plein prix pour le voyage. » La famille Poggi arriva enfin au Quai 21 le jour de Noël 1956.[3]

Durant sa dernière année d’activité comme hangar d’immigration maritime, le Quai 21 fut témoin d’une diminution du nombre de nouveaux venus arrivant au Canada par bateau. L’immigrant anglais Peter Matthews arriva au Canada à bord de la dernière traversée transatlantique du SS Nieuw Amsterdam, des lignes Holland America. Matthews remarqua que le navire offrait un bon service et son fils, en particulier, considérait la piscine du navire comme « l’expérience ultime en matière de bain ».[4]

Conclusion

Bien que la traversée de l’Atlantique pour bien des immigrants et réfugiés ait varié, plusieurs d’entre eux se souviennent de leur arrivée comme d’une rencontre positive avec les officiers des douanes et l'immigration canadiennes et les agences de service bénévole, y compris l’Armée du Salut et les Sœurs de service. Durant les prochains mois, je souhaite mettre davantage en lumière l’expérience des nouveaux venus au Canada alors qu’ils arrivaient au Quai 21 puis s’établissaient de façon permanente dans tout le Canada.

Une partie de notre collection d’histoires écrites est actuellement disponible sur notre site Web. Elle comprend des histoires d’immigrants, de réfugiés, d’employés et de bénévoles du Quai 21, d’anciens combattants et d’épouses de guerre.

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Restez en ligne !


  1. L'histoire d'immigration de Celina Leiberman, Collection du Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (ci-après MCI) (S2012.176.1).
  2. L'histoire d'immigration de Ernests Kraulis, Collection du MCI (S2012.160.1).
  3. L'histoire d'immigration de Emilio Poggi, Collection du MCI (S2012.247.1).
  4. L'histoire d'immigration de Peter Matthews, Collection du MCI (S2012.216.1).
Author(s)

Jan Raska, PhD

Un homme se tient devant des étagères de livres allant du sol au plafond.

Dr. Jan Raska est un historien au Musée canadien de l’immigration du Quai 21. Il est titulaire d’un doctorat en histoire canadienne de l’Université de Waterloo. Il est le conservateur d’anciennes expositions temporaires du Musée, dont Safe Haven : Le Canada et les réfugiés hongrois de 1956 et 1968 : le Canada et les réfugiés du printemps de Prague. Il est l’auteur de Czech Refugees in Cold War Canada: 1945-1989 (Presses de l’Université du Manitoba, 2018) et co-auteur de Quai 21 : Une histoire (Presses de l’Université d’Ottawa, 2020).