Une quarantaine colorée et un garçon qui s’amuse

Keith Alan Freeman, un enfant évacué britannique, a su tirer le meilleur parti de son expérience de quarantaine en temps de guerre.

Son histoire commence avec des mots qui, je l’espère, résonneront chez les enfants d’aujourd’hui lorsqu’ils seront plus vieux et qu’ils repenseront aux jours difficiles que nous vivons en ce moment :

« Cette période a dû être difficile pour ma mère et ma tante, mais moi, ce dont je me souviens, c’est d’avoir passé un moment merveilleux, a écrit Alan. Nous avions des tricycles à roues fixes (les pédales entraînaient directement les roues, sans roue libre). Pour freiner, nous devions donc arrêter de pédaler.

« Nous avions des patins à roulettes. Ils étaient super sur les trottoirs, mais à cette époque, les roues étaient en acier ou en fer. Ils n’étaient donc pas aussi confortables que les patins à roulettes modernes. Nous avions des yo-yo, jeu auquel je suis devenu très compétent.

« Nous tombions souvent malades, bien sûr, et nous étions souvent en quarantaine. Par exemple, quand nous avons attrapé la fièvre scarlatine, nous avons dû coller une vignette rouge vif d’un pied carré sur la porte d’entrée. Nous n’étions pas autorisés à sortir et personne ne pouvait entrer. Pour la rougeole, c’était une vignette jaune, pour la rubéole, une vignette verte, je pense, et pour les oreillons, une autre couleur, peut-être bleu. »

Entre les accès de maladies infantiles et les quarantaines, Alan se souvient qu’il achetait des bâtons de réglisse au dépanneur. Il les mangeait sur le chemin de retour vers leur cabane en rondins, si bien qu’il se retrouvait avec les mains et les dents noires.

Parmi tous ces souvenirs, voici son préféré.

« Nous avons trouvé un vieux bateau à rames plein d’eau. Nous partions avec et nous pagayions jusqu’à ce qu’il coule, puis nous le traînions jusqu’à la berge pour le faire sécher de nouveau. »

Une quarantaine colorée et un garçon qui s’amuse. Jouer est quelque chose d’inestimable, surtout dans les moments difficiles, alors un gros bravo à Alan et à vous tous, bâtisseurs et bâtisseuses de châteaux et juges de concours de princesses. Continuez de vous amuser.

Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (S2012.2037.1)

Author(s)

Carrie-Ann Smith

Carrie-Ann Smith est la Vice-présidente, responsable de la mobilisation du public du Musée canadien de l’immigration du Quai 21. Elle a joint la Société du Quai 21 durant l’été 1998 et a vu l’organisation se développer à partir d’une idée pour devenir d’abord un centre d’interprétation puis, un musée national. Bien qu’elle ait occupé plusieurs postes au Musée, la collecte et le partage d’histoires ont toujours été ce qu’elle aime le plus. Et c’est toujours vrai !