Peter Biesheuvel et son fils Brian sont venus visiter le Musée tôt un samedi matin. Avant de partir ce matin-là, j’ai dit à mon mari que j’allais les rencontrer à 9h30, leur montrer l’exposition et repartir pendant qu’ils visionneraient la projection du film multimédia de 10 h afin de lui rendre la voiture pour 10h30. Peter, Brian et moi avons commencé à discuter à 9h30… pour n’arrêter qu’à l’heure du dîner! De toutes les merveilleuses histoires racontées par Peter au sujet de ses premières années au Canada, ma préférée est ce récit qui nous montre l’importance de faire les bonnes choses.
En 1952, Peter travaillait sur la ferme d’un dénommé Gear à Orten, en Ontario. Sa petite amie des Pays-Bas, Wilhelmina (Willy), l’avait suivi au Canada, mais vivait à Orangeville, également en Ontario. Ils arrivaient à se voir uniquement parce que Peter disposait d’une voiture, une vieille Ford A. Un jour, sa Ford tomba en panne et Peter ne pouvait plus se rendre à Orangeville. L’employeur de Peter l’invita alors à aller chercher une autre voiture chez le concessionnaire. On lui proposa un modèle Plymouth 1939 pour 400 $, mais Peter, n’ayant pas les moyens, dut refuser. Or, à sa grande surprise, son employeur rédigea un chèque pour lui payer la voiture, et il n’était pas question que Peter le rembourse.
Peter décida quand même de rembourser peu à peu ce qu’il considérait comme une dette envers son employeur. Lorsqu’il quitta la ferme de Gear pour marier Willy et vivre avec elle, il lui devait encore 200 $. Ce dernier ne fit aucun commentaire à ce sujet, mais encore une fois, Peter ne voulait pas profiter de sa gentillesse. Le couple prit donc le temps d’accumuler le montant dû, puis monta à bord de la Plymouth pour se rendre à la ferme de son ancien employeur afin de le rembourser.
Près de 12 ans plus tard, Peter décida de poser sa candidature à un poste de directeur régional de la division agricole de la Quaker Oats Company. Il s’agissait d’un poste des plus intéressant, mais Peter n’était qu’un des nombreux candidats qualifiés à postuler. Or, par un heureux hasard, le directeur chargé de l’embauche était le beau-frère de M. Gear. Un simple coup de fil du directeur à l’ancien employeur de Peter suffit à savoir tout ce qu’il devait savoir sur la personnalité et l’honnêteté de Peter, et ce dernier fut embauché. Peter passera le reste de sa carrière au service de Quaker Oats.
Quaker aura grandement bénéficié de la présence de Peter, tout comme le Canada. Après avoir passé ces quelques heures à discuter avec Peter et Brian, je me suis dit que Willy s’est elle aussi considérée comme chanceuse d’avoir eu Peter dans sa vie.