Raymond Ngarbouie ne pouvait pas savoir que son désir d’obtenir des produits abordables et familiers se transformerait en un projet qui produit 50 000 livres de nourriture par an, qui nourrit des centaines de familles et qui a revitalisé un parc du centre-ville en difficulté. Ce qu’il savait, c’est que les aliments qu’il aimait chez lui étaient difficiles à trouver, trop chers et ne goûtaient pas bon.
Raymond est l’un des invités de la sixième saison du balado du Musée, D’innombrables voyages. Le thème de la saison, « C’est quoi, la nourriture “canadienne”? » examine comment l’immigration a façonné et façonne encore la cuisine canadienne, et comment l’alimentation relie les nouveaux arrivants à leur patrimoine, s’adapte à de nouveaux goûts et crée de nouvelles communautés.
La nostalgie au ventre
Né au Tchad et élevé pendant les guerres civiles de ce pays, Raymond est arrivé au Canada en passant par le Cameroun. Il vit aujourd’hui à Winnipeg.
« Lorsque je suis arrivé au Canada, raconte-t-il, c’était difficile de trouver des aliments que j’avais l’habitude de manger dans mon pays d’origine. »
Les magasins d’alimentation internationaux proposaient certains des aliments qui lui manquaient, mais les légumes doivent être congelés pour survivre à un voyage transatlantique.
« Et aussi, outre la qualité et le goût, il y avait le coût d’un seul repas, dit-il. Et ayant un faible revenu, je ne pouvais pas me le permettre. »
Mettre les idées en action
Avec une formation en agriculture et un intérêt pour le développement économique et communautaire, Raymond a eu l’idée de créer un jardin communautaire pour permettre aux nouveaux arrivants de cultiver des aliments familiers de leurs pays d’origine, de réduire leurs coûts alimentaires, de manger plus sainement, de sortir et de rencontrer de nouvelles personnes.
« Je me suis rendu à l’église Knox pour parler au révérend Bill Miller, qui était alors accompagné de Janet Hirose, qui présidait le conseil d’administration [de l’église], raconte Raymond. Et j’ai dit que tout ce dont j’ai besoin pour l’instant, c’est d’un terrain. »
Cette conversation a donné le coup d’envoi au projet, qui a débouché en 2008 sur un partenariat avec l’Université du Manitoba, qui a mis à disposition un terrain d’un demi-hectare pour l’usage, dans un premier temps, de 16 familles de 16 nationalités différentes.
Depuis, le projet a connu une croissance extraordinaire. Il inclut maintenant 389 familles de plus de 50 nationalités. 99 % des familles sont nouvellement arrivées ou réfugiées, explique Raymond. Et bien sûr, le projet a dû s’étendre bien au-delà du demi-acre initial. « Nos jardins se trouvent dans la ville de Winnipeg, dans au moins cinq endroits différents, dit Raymond, mais aussi à la périphérie de la ville et en dehors, dans les zones rurales de Niverville et de Landmark. »
Le renouveau d’un parc
Les efforts de Raymond ont également stimulé la revitalisation du Central Park, au centre-ville de Winnipeg. « C’était un endroit difficile, plein de seringues, et tout ça, se souvient-il. L’idée, et comme le parc est situé juste en face de l’église Knox, l’idée avec l’église Knox était de se réapproprier le parc pour voir comment les activités qui s’y déroulent peuvent apporter des changements positifs. »
Les familles de jardiniers vendent leur surplus de production, mais on y trouve aussi des gens qui vendent leur artisanat, tressent les cheveux et jouent de la musique.
La revitalisation du parc a incité le philanthrope Gerald Gray à promettre un million de dollars pour le réaménagement du parc.
Puis cet investissement a pris de l’ampleur. « Nous avons reçu un message de la ville de Winnipeg et du maire, de l’ancien maire, du premier ministre et de toutes ces personnes de la Winnipeg Foundation. Ils sont venus au parc pour nous rencontrer et annoncer un investissement de 5,6 millions pour réaménager le parc. »
Montre-moi ton jardin et je te dirai qui tu es
En 2023, Raymond a reçu le prix RBC Top 25 Canadian Immigrant Award.
Il y a une centaine d’années, le poète officiel du Royaume-Uni, Alfred Austin, a déclaré : « Montre-moi ton jardin et je te dirai ce que tu es. » Raymond Ngarbouie se définit comme un soldat du développement économique et communautaire; le Jardin communautaire Arc-en-ciel est une bonne démonstration de cette identité.
La suite de l’histoire de Raymond et d’autres personnes fascinantes qui enrichissent le Canada par la nourriture se trouve dans la saison 6 D’innombrables voyages. Le premier épisode sortira le 13 mai, et de nouveaux épisodes seront publiés toutes les deux semaines.