La taverne Woodside de Dartmouth est un simple bâtiment situé dans le stationnement d’un centre commercial — un petit îlot de briques dans une mer d’asphalte et de voitures garées. Avec ses jeux de fléchettes, ses tables de billard et ses longues tables bordées de rangées de chaises en bois, cette taverne se targue d’être « le plus ancien bar de Dartmouth ».
Acheté en 2017 par Hari et Junu Joshi Barakoti, un couple népalais qui vivait et travaillait à Terre-Neuve, le bar a connu de grands changements tout en restant pratiquement le même.
« Les couleurs étaient différentes. Il n’y avait pas de thermopompe... et c’était plutôt sombre », dit Hari, expliquant les quelques changements esthétiques qui ont été apportés depuis qu’il est devenu propriétaire. Les tables de billard et les appareils de loterie vidéo ont été déplacés à l’arrière pour faire de la place aux événements et à la musique. Le décor du Woodside n’est toujours pas le genre à vous donner l’impression d’être mal habillé. Mais l’atmosphère et sa clientèle sont tout à fait différentes.
Aujourd’hui, la taverne sert le dîner et le souper, offre une atmosphère familiale et attire les clients en faisant venir des groupes de musique tous les vendredis et samedis soirs.
Un espace musique important
Les styles musicaux vont du folk à l’électronique en passant par le rock et divers types de heavy métal. « Jouer au Woodside, c’est un peu comme jouer à une fête qui se déroulerait chez un ami. C’est amical et sûr, et l’ambiance est décontractée et sans souci », explique Graeme Hopkins, guitariste du groupe de doom métal Skullocybin, basé à Dartmouth. L’entrée principale est tapissée d’affiches de concerts passés, ce qui témoigne du nombre et de la variété des artistes que le bar a accueillis, ainsi que de l’importance du lieu pour la scène musicale locale.
Un menu élargi
Le menu a également changé. « Lorsque nous avons acheté cet endroit, il y avait de la nourriture très locale — morue salée, pain de viande, fish and chips et burgers au fromage. » Bien que la plupart des plats traditionnels du bar soient toujours offerts, l’établissement a récemment introduit un menu spécial comprenant des momos (dumplings) népalais et quelques plats fusion au cari.
Au départ, proposer de la nourriture népalaise n’a pas été évident. Hari note qu’au début, la ville ne comptait pas autant d’immigrants asiatiques. Lorsqu’il se rendait au centre commercial, Hari explique que les gens le regardaient avec un air qui disait : D’où venez-vous? « Vous savez? Ce genre d’attitude, ce genre de regard. » Mais les années qui ont suivi ont vu venir un plus grand nombre d’immigrants asiatiques, ce qui l’a encouragé à proposer des plats de son pays d’origine.
Pourtant, lorsqu’on lui demande qui a tendance à commander les plats népalais au menu, Hari répond : « La plupart d’entre eux sont des habitants de la région. » En goûtant les momos, on comprend pourquoi il n’a pas été difficile de trouver des gens qui en raffolent.
Risque, ambition et travail acharné
Hari et Junu ont quitté Terre-Neuve pour s’installer à Halifax, à la recherche d’une ville un peu plus grande. Dans les semaines précédant leur arrivée, ils avaient commencé à parler de l’idée d’acheter le Woodside. Ils ont signé le chèque pour acheter l’entreprise le jour même de leur arrivée. Pendant la journée, Junu effectue la gestion de l’entreprise, qui emploie cinq personnes. Hari, qui travaille pour le gouvernement fédéral, tient le bar le soir et la fin de semaine, et est également vice-président de la Nepalese Society of Nova Scotia. Comme si cela ne suffisait pas, le couple souhaite ouvrir un restaurant de cuisine népalaise.
Si vous souhaitez explorer l’effet de l’immigration sur l’alimentation canadienne, ne manquez pas notre exposition spéciale à la table : le goût de l’immigration, présentée au Musée pour une durée limitée.