Ougandais d’origine asiatique, de 1972 à aujourd’hui

Introduction

L’année 2022 marque le 50e anniversaire de l’arrivée au Canada des Ougandais d’origine asiatique qui ont eu 90 jours pour quitter le pays à la suite de l’ordre d’expulsion dicté par le président ougandais de l’époque, Idi Amin. Dans cette galerie, vous rencontrerez six personnes associées à ce mouvement de réfugiés. Cinq de ces personnes ont quitté l’Ouganda en 1972. Le sixième est un agent d’immigration qui faisait partie de l’équipe médicale et d’immigration canadienne qui a rapidement ouvert un bureau dans la capitale de l’Ouganda, Kampala, en septembre 1972, pour traiter les demandes des personnes d’origine asiatique contraintes de fuir le pays.

Histoires de bouleversements

Les récits présentés dans cette galerie en ligne ont été enregistrés lors d’une série d’entretiens audio et vidéo pour le Musée canadien de l’immigration du Quai 21. Ils représentent certaines des expériences vécues par des gens qui faisaient partie d’un bouleversement plus vaste impliquant des dizaines de milliers de personnes. Au total, plus de 80 000 Ougandais d’origine asiatique ont quitté le pays. Environ 7 000 personnes sont arrivées au Canada en 1972 et 1973, la plupart en provenance de l’Ouganda.

Des expériences à la fois similaires et uniques

Les cinq Ougandais que vous rencontrerez dans cette galerie, Lella Umedaly, Umeeda Switlo, John Halani, Daxa Popat et Mario DeMello, ont en commun avec d’autres Ougandais d’origine asiatique l’expérience d’avoir été informés qu’ils devaient quitter leur pays. Ils ont aussi tous reçu l’aide du gouvernement canadien pour leur départ, leur arrivée et leur réinstallation au Canada.

Lella Umedaly, Umeeda Switlo et John Halani faisaient tous partie de la communauté ismaélienne en Ouganda, qui représentait environ 30 % des Asiatiques du pays à l’époque. John Halani, Mario DeMello et Daxa Popat ont partagé l’expérience de nombreux Ougandais d’origine asiatique qui sont arrivés à Montréal et qui ont été brièvement hébergés à la Base des Forces canadiennes de Longue-Pointe. Mario DeMello et Daxa Popat se sont ensuite rendus en Nouvelle-Écosse, tandis que John Halani a choisi la Colombie-Britannique, où vivaient également Lella Umedaly et Umeeda Switlo (mère et fille) au moment de l’entrevue.

Les entrevues d’histoire orale comprennent également des souvenirs individuels de la vie en Ouganda, du départ du pays et de la vie au Canada. L’expérience de chaque personne est unique.

Umeeda Switlo et Lella Umedaly

Umeeda Switlo et Lella Umedaly.

Lella Umedaly est née en Afrique du Sud mais a déménagé en Ouganda à l’âge de 17 ans, après son mariage. Lella et son mari Shamas ont eu cinq enfants. Au Canada, Lella a ouvert sa propre garderie et Umeeda a obtenu un diplôme de biologie marine à l’Université de Victoria après avoir terminé ses études secondaires. Umeeda a ensuite travaillé pour les ministères de l’Environnement et de Pêche et Océans, ainsi que pour diverses organisations non gouvernementales. Lella Umedaly a publié Mamajee’s Kitchen : Indian Cooking from Three Continents en 2005. Elle est décédée en 2020.

John Halani

John Halani.

John Halani est né à Masaka, en Ouganda, dans une famille musulmane ismaélienne. Il possédait une épicerie et participait à de nombreuses activités bénévoles à Masaka. John Halani et sa famille se sont installés à Vancouver après avoir fui l’Ouganda. Il s’est lancé dans l’hôtellerie. Il a également poursuivi son travail bénévole à Vancouver et a été nommé consul honoraire pour l’Ouganda en 1996. M. Halani est décédé au début de 2022.

Daxa Popat

Daxa Popat.

Daxa Popat est née à Kamuli, en Ouganda. Daxa et sa famille se sont installées à Bridgewater, en Nouvelle-Écosse, où le père de Daxa travaillait dans la nouvelle usine de pneus Michelin. Daxa a suivi des cours de tenue de livres et de secrétariat au Nova Scotia Community College, puis a travaillé pour le gouvernement municipal pendant six ans. Daxa a ensuite déménagé à Halifax pour travailler dans l’épicerie de son père. Le magasin a fermé en 1991 et Daxa a ensuite travaillé dans divers services gouvernementaux.

Mario DeMello

Mario DeMello.

Mario DeMello est né à Entebbe, en Ouganda, le cadet de neuf enfants. Ses parents étaient originaires de Goa, en Inde. À Halifax, Mario a travaillé comme programmeur informatique avant de créer sa propre entreprise de développement de logiciels en 1985. Depuis son arrivée au Canada, Mario s’est beaucoup investi dans le sport, notamment le hockey sur gazon et les fléchettes.

La réaction du Canada

Vous entendrez également les expériences personnelles de Michael J. Molloy, un agent d’immigration qui est arrivé à Kampala en 1972 pour aider à mettre en place le bureau temporaire et traiter les demandes. Les candidats ont d’abord été considérés en fonction du « système de points » du Canada de 1967, mais les considérations humanitaires ont rapidement pris le dessus. Le bureau de Kampala a fermé en novembre de la même année, certains Ougandais d’origine asiatique entrant alors au Canada par le l’entremise d’autres bureaux consulaires canadiens.

Michael J. Molloy

Michael J. Molloy.

Michael (Mike) Molloy est né à Vancouver, en Colombie-Britannique. Après deux années d’études supérieures à l’Université de la Saskatchewan, il a commencé à travailler au service des affaires étrangères du Canada, où il est entré en 1968. Il a participé à la mise en place du bureau de l’immigration canadienne à Kampala en 1972 et au traitement des demandes des Ougandais d’origine asiatique qui souhaitaient venir au Canada. Mike s’implique aussi auprès de la Société historique de l’immigration canadienne.

Pour plus d’information sur la réaction du Canada à cet important mouvement de réfugiés, voir : Jan Raska, Politique sur les minorités opprimées du Canada et relocalisation des Asiatiques de l’Ouganda, 1972-1973 | Musée canadien de l’immigration du Quai 21

Conclusion

Nous espérons que l’apprentissage de ce moment difficile de l’histoire de l’immigration canadienne à travers les souvenirs personnels des personnes qui l’ont vécu aidera à prendre conscience de l’impact de forces plus larges sur la vie des gens. Nous espérons également que la galerie aidera à mieux présenter comment les gens réagissent avec courage, détermination, résilience et espoir aux expériences de bouleversement, de déplacement et de réinstallation.

Nous remercions toutes les personnes présentées dans cette galerie. À la mémoire de Lella Umedaly et John Halani.

Trois hommes se tiennent sur un chemin de terre avec une petite ville en arrière-plan.
Trois hommes surplombant Kampala, Ouganda, 1972. [D2014.340.5]
Une jeune femme assise à un bureau sourit et regarde des documents. Le drapeau canadien est accroché au mur derrière elle.
Nancy De Gregorio travaillant au bureau de l’immigration de Kampala, en Ouganda, 1972. [D2018.90.1]
Une famille portant des vêtements chauds d’hiver se tient devant un grand drapeau canadien accroché au mur.
La famille Popat, BFC Longue-Pointe, Montréal, vers le 4 novembre 1972, [DI2013.658.24]
Une jeune femme s’appuie sur une voiture dans son allée, il y a beaucoup de neige sur le sol.
Daxa Popat, Halifax, dans les années 1970. [DI2013.658.33]
Quatre personnes soulèvent un revêtement d’une plaque, une pelle s’appuie contre la roche sur laquelle la plaque a été placée.
John Halani, qui dévoile des plaques, Vancouver, vers 2002.[DI2014.687.11]