par Daniel Meister, PhD
Introduction
La première partie de cet article retraçait les origines de la colonie de Barr et de ses dirigeants. Elle a démontré que la colonie s’inscrivait dans le cadre du processus plus large du colonialisme britannique et qu’elle était inspirée du désir que les colonies soient composées principalement de colons britanniques. Le groupe de près de 2 000 immigrants qui avait été inspiré par la campagne d’Isaac Barr et George Lloyd a quitté l’Angleterre pour se rendre au Canada, arrivant sur la côte est et traversant ensuite le pays en train. Lorsque nous les avons quittés, les colons sortaient de la gare de Regina, en Saskatchewan, alors que la foule se joignait à eux pour chanter le « Ô Canada ».
De Saskatoon à la terre réservée
Lorsque les trains sont enfin arrivés à Saskatoon, le 17 avril 1903, les colons ont été accueillis par C. W. Speers, l’agent de colonisation du gouvernement, qui a prononcé un bref discours. S’appuyant sur des notions de supériorité raciale britannique, il les a encouragés en leur disant « qu’il y aurait des difficultés à affronter, mais qu’ils appartenaient à une race dont les fils n’ont jamais reculé face aux problèmes ».[1]
Comme il n’y aurait pas assez de logements dans ce qui n’était alors qu’un petit village, un village de tentes appelé « village de toile » avait été installé sur les rives de la rivière Saskatchewan avec les tentes qu’Isaac Barr avait commandées. Ici, les distinctions sociales de leur patrie avaient été reproduites, l’hôpital, la tente d’Isaac Barr et les tentes des colons les plus riches regroupées à une extrémité.
Certains colons trouvaient encore que les logements laissaient à désirer; les plaintes les plus fréquentes concernaient le traitement des bagages, le manque d’eau potable et le prix des fournitures. Les plans de transport étant tombés à l’eau, les colons devaient se procurer des chevaux, des bœufs, ou au moins un moyen de transport vers la colonie. Le frère d’Isaac, Jack, était également sur place pour vendre des chevaux, mais avait acquis la réputation d’être un personnage plutôt louche. « Ils n’étaient pas censés avoir plus de neuf ans, mais je suis convaincu que certains de ces animaux étaient débarqués avec Noé de son arche », évoque un colon.[2]
Lorsque les fonctionnaires ont découvert que près de 200 personnes, dont des familles, ne disposaient pas de fonds suffisants, ils se sont arrangés pour leur faire passer des entrevues et leur trouver un emploi. Quarante hommes ont été envoyés à Prince Albert et 110 à Moose Jaw pour travailler sur le chemin de fer, tandis que les autres ont trouvé du travail à Saskatoon. Une poignée de familles ont décidé que ce mode de vie ne leur convenait pas, puis ont entamé leur voyage de retour vers l’Angleterre.[3]
Les colons restants ont pris la route vers Battleford, un voyage de cinq jours. Quelques-uns ont bénéficié d’une aide professionnelle : entre trente et quarante cargos autochtones ont amené des chevaux et des chariots à Saskatoon et ont été engagés par les colons pour les transporter, eux et leurs biens, jusqu’au site.[4] Certains ont fait le voyage sans problème, les personnes moins expérimentées ont eu plus de difficultés, et une poignée de gens ont alors décidé d’abandonner et de retourner en Grande-Bretagne. Une fois arrivés à Battleford, les colons restants se sont reposés dans des tentes fournies par le ministère de l’Intérieur ou dans la salle d’immigration. Une vingtaine de colons y ont trouvé un travail temporaire pour financer le reste de leur voyage. Le reste du groupe a acheté des provisions supplémentaires et a entamé la dernière partie du trajet menant à leur terre réservée, une distance de 80 à 96 kilomètres. Au milieu de ce voyage, un bébé est né dans une tente alors que la mère n’avait pour tout confort que des couvertures jetées sur le sol gelé.[5]
Établissement d’une colonie
On ne sait pas exactement combien de colons étaient alors toujours présents, car certains se sont rendus dans des colonies voisines pour y trouver du travail. Isaac Barr a plus tard rapporté que 600 propriétés familiales ont été revendiquées; un nombre de 1 200 à 1 600 colons semble donc raisonnable.[6] Les premiers jours ont cependant été marqués par des conflits. Le ressentiment des colons à l’égard d’Isaac Barr a rapidement explosé et, peu après leur arrivée, ils l’ont évincé du poste de chef. Bien que d’autres parties aient mérité une part de responsabilité, comme la compagnie de navigation et le chemin de fer (qui ont égaré une grande partie de leurs bagages), de nombreux colons ont rejeté toutes leurs frustrations sur Isaac Barr.
Comme le remarque son biographe : « Barr avait un tempérament colérique et peu diplomate... et comme ses arrangements se sont progressivement effondrés et que ses promesses se sont évanouies, les colons sont devenus amers de désillusion. » Chez les colons, les tensions étaient si fortes que la Police montée du Nord-Ouest (l’ancêtre de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) aujourd’hui) s’est sentie obligée d’envoyer un gendarme dans la colonie pour y maintenir la paix. Cependant, la Police montée a constaté qu’en raison du manque d’expérience des colons, leur rôle « avait peu à voir avec la criminalité et beaucoup à voir avec le bien-être des gens ».[7]
L’interprétation la plus charitable veut que le projet d’Isaac Barr ait pris tant d’ampleur qu’il est devenu incapable de le gérer. Son incapacité à déléguer a cependant scellé son échec en tant que chef. Les colons ont alors demandé à George Lloyd de prendre les choses en main puisqu’ils s’adressaient à lui pour leurs problèmes depuis le voyage en mer, mais ce dernier refusait d’être le seul chef. S’inspirant du modèle biblique de Jésus et des douze disciples, George Lloyd et un comité de douze personnes ont finalement été désignés comme nouveaux dirigeants du groupe.
Suite à une réunion publique houleuse, Isaac Barr a accepté de démissionner et de remettre tous ses livres au nouveau comité. Il avait lui aussi pris une propriété familiale sur place, mais, à la demande du comité, a également accepté d’y renoncer. Bien qu’il existe de nombreux récits apocryphes selon lesquels Isaac Barr aurait fui la colonie et aurait été poursuivi par des colons armés et en colère, il semble qu’il s’y soit attardé un peu plus longtemps, essayant de régler ses comptes en souffrance avant de partir. Cependant, le ressentiment du public à son égard était tel qu’il fut bombardé d’œufs pourris lorsqu’il est monté à bord du train à Regina. Comble d’insulte, les colons ont plus tard voté pour que leurs cantons s’appellent Britannia et que la première ville s’appelle Lloydminster, du nom de leur nouveau chef.[8]
Lloydminster sous la gouverne de son éponyme
La gouvernance de George Lloyd a également suscité des critiques mitigées. Comme l’a dit un colon, « nous aimions beaucoup, beaucoup Lloyd, mais c’était un dictateur aux idées très fortes ». Il était arrogant, franc et tenait à créer une communauté aux normes morales des plus élevées, ce qui, pour lui, signifiait qu’elle devait rester entièrement britannique et sans alcool. Un groupe de colons qui croyait pouvoir bénéficier de l’inclusion de quelques fermiers expérimentés, quelle que soit leur nationalité, a fini par quitter la colonie et s’est installé dans la ville voisine de Jackfish.
La question de la sobriété s’est avérée tout aussi conflictuelle et a fini par diviser Lloydminster en deux factions.[9] George Lloyd n’a cependant pas connu la même fin qu’Isaac Barr, car en 1905, l’évêque de la Saskatchewan, Jervois A. Newnham, lui a demandé de servir d’archidiacre et de surintendant général de toutes les « missions blanches » du diocèse. Lloyd a accepté et a quitté Lloydminster pour se rendre à Prince Albert, où il est devenu un administrateur d’église apprécié et, plus tard, un nativiste controversé.[10]
Malgré les difficultés et les conflits internes, la colonie s’est rapidement enracinée. Le groupe est arrivé sur sa terre réservée au début du mois de mai et s’est affairé à « labourer ou à entamer la tourbe vierge, à transporter des rondins de peuplier pour construire des cabanes ou des cabanes en rondins », bien que les maisons en tourbe dont la chaume était fabriquée à partir des longues herbes des marécages aient été tout aussi courantes.[11] Bien sûr, au départ, les gens qui ont eu le plus de succès en tant qu’agriculteurs étaient invariablement ceux ayant de l’expérience agricole et des fonds abondants, bien que quelques amateurs soient devenus des agriculteurs prospères malgré les nombreuses embûches.[12]
En octobre 1903, la ville de Lloydminster comptait deux grands magasins, un bureau de poste, un bureau de télégraphe, une pharmacie, une sellerie, une boutique de harnais, deux boucheries, une forge, une menuiserie, trois restaurants, une écurie et soixante-quinze maisons.[13] Ce même mois, la colonie a cependant cessé d’être entièrement britannique, car Clifford Sifton (alors ministre de l’Intérieur, et donc responsable de l’immigration) fractura la réserve et ouvrit les terres aux colons canadiens et américains. Les colons britanniques qui sont arrivés par la suite ont donc dû chercher des propriétés familiales plus loin de Lloydminster.[14]
Les jours d’isolement de la colonie ont pris fin le 27 juillet 1905, lorsque les voies du Chemin de fer Canadien du Nord l’ont finalement atteinte. Selon un colon, « la plus belle musique qu’il ait jamais entendue est le sifflement de ce premier train approchant. Lorsque la grande locomotive est apparue, les colons d’Isaac Barr ont chanté et pleuré de joie. »[15]
S’imaginer des voisins autochtones
Bien que cet aspect ait souvent été négligé, une partie du succès initial des colons était également due à l’aide des peuples autochtones. Bien sûr, leur présence fut une préoccupation précoce pour les colons potentiels, puisqu’Isaac Barr a consacré une partie de son pamphlet à les rassurer, indiquant que les peuples autochtones ne constituaient pas une menace à leur endroit. Leurs voisins seraient principalement des Européens, des Américains et « des serviteurs écossais de la Compagnie de la Baie d’Hudson et leurs descendants, ayant un léger mélange de sang indien, ne les rendant que plus intéressants », a écrit Isaac Barr.
Pratiquement tous les Indiens du nord-ouest du Canada sont maintenant civilisés. Ils vivent dans des réserves, dans des maisons qu’ils ont construites eux-mêmes, et cultivent le sol sous la direction d’instructeurs du gouvernement, possédant dans de nombreux cas de beaux troupeaux de bovins et de chevaux. Il y a quelques réserves à environ 30 ou 40 milles [48–64 kilomètres] de notre établissement, et j’ai rencontré nombre de leurs habitants et conversé avec eux. Ces gens sont maintenant des citoyens tranquilles et respectueux des lois. Ils ne sont qu’environ 20 000, dispersés dans la vaste région du nord-ouest. Il n’y a rien à craindre de nos amis les Indiens, pas plus que des gitans d’Angleterre.[16]
Comme beaucoup d’autres écrits d’Isaac Barr, ce passage présente une version simpliste et erronée d’une réalité beaucoup plus complexe, bien qu’ici, il révèle également un état d’esprit colonial de supériorité.
Comme l’ont noté des chercheurs comme Daniel Francis, dès leurs premières interactions, les Européens ont vu les peuples autochtones à travers « un filtre de préjugés et d’idées préconçues ». Un stéréotype populaire de l’époque voulait que les peuples autochtones soient « effrayants et assoiffés de sang », ce qui explique peut-être pourquoi Isaac Barr a rapidement tenté de rassurer les colons, leur indiquant qu’ils n’avaient rien à craindre.[17] Ces efforts n’ont pas été entièrement couronnés de succès. De nombreux colons sont arrivés au Canada lourdement armés. En fait, une fois installés dans le village de tentes, les colons les plus riches ont passé le temps en comparant leurs armes à feu, au point où la presse a commenté l’activité et supposé qu’ils se préparaient à combattre les peuples autochtones.[18]
George Lloyd, de par sa participation à la Résistance/Rébellion du Nord-Ouest quelque vingt ans auparavant, connaissait l’une des stratégies autochtones de résistance face à l’empiétement des colons : le conflit armé. Cependant, depuis lors, les Cris de ce territoire avaient adopté une stratégie de négociation de traités, de coexistence et d’échanges économiques, bien que le gouvernement fédéral ait poursuivi ses tentatives d’assimilation coercitive de tous les peuples autochtones.
Relations entre les Cris et les colons
Il n’y a pas eu de confrontations violentes de la sorte entre les Cris et les colons d’Isaac Barr, du moins aucune qui ait été enregistrée. Les résidents de la Nation crie d'Onion Lake ont plutôt tissé des liens religieux, économiques et personnels avec les colons. Près de 80 000 pieds de bois ont été coupés dans la scierie de la réserve contrôlée par le gouvernement, puis vendus aux colons d’Isaac Barr. De même, la première église de la colonie a été construite à l’aide de rondins fournis par leurs voisins cris, qui les ont transportés jusqu’à Lloydminster et ont participé à la construction du bâtiment.[19]
Dans les jours précédant son départ, Isaac Barr a envoyé un homme dans la réserve afin d’y acheter des fournitures comme du bois, de la viande et des provisions pour les magasins. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les cargos autochtones étaient engagés pour transporter les colons et leurs biens vers les terres. D’autres ont ensuite été embauchés par les colons pour fabriquer des toits de chaume pour leurs maisons de tourbe.[20]
Après s’être occupé de deux animaux apportés par Isaac Barr, le premier boucher de la colonie, un certain M. Johnson, ne savait pas où il trouverait plus de viande. Un Autochtone l’a conduit à un troupeau de bovins, où il a acheté un bouvillon qu’il a ramené à son magasin. Une fois cette viande écoulée, la paire est retournée en acheter un autre. « L’approvisionnement s’est donc poursuivi, se souvient M. Johnson, et j’ai rapidement fait construire une petite cabane, notre première boucherie. »
Comme les colons l’ont sans doute vite appris, les Cris d’Onion Lake ne vivaient pas de l’agriculture, mais plutôt de l’élevage de chevaux et de bétail, bien qu’ils aient complété ces revenus par ceux tirés du transport de marchandises pour le compte du gouvernement, des missionnaires et de la CBH. Bien qu’Onion Lake fut un lieu de rencontre traditionnel des peuples autochtones pendant des siècles, et que les oignons sauvages ayant donné son nom à l’endroit étaient un ajout bienvenu à leur régime alimentaire du printemps, la terre elle-même n’était pas bonne pour l’agriculture. Comme l’indiquent des rapports gouvernementaux, le sol de la réserve d’Onion Lake était « trop léger pour une culture rentable » et nombre de leurs champs étaient « infestés de mauvaises herbes nuisibles » ayant été introduites par inadvertance avec les grains de semence.[21]
Certains hommes cris guidaient les chasseurs britanniques nouvellement arrivés qui ne connaissaient pas le territoire, d’autres peuples autochtones enseignaient à des colons comment piéger ou vendaient des mocassins aux gens réalisant que leurs minces bottes anglaises ne les gardaient pas assez au chaud. Les colons pouvaient parfois aussi offrir de l’aide aux peuples autochtones, comme lorsque la famille d’Ethel Sanderson a abrité un homme nommé Damas Laundry par une froide nuit d’hiver (il les a remerciés deux jours plus tard en leur offrant un cerf).[22]
Il est clair que les premières évaluations selon lesquelles les colons n’avaient « que peu ou pas de contacts avec les populations autochtones » sont erronées. Cependant, le manque de sources empêche les historiens de dresser un portrait plus précis de la relation qui existait entre ces deux groupes, car les colons, en particulier, n’ont pas consacré beaucoup de temps à réfléchir à ces liens religieux, commerciaux et personnels. Une analyse des journaux personnels des femmes de la colonie d’Isaac Barr, par exemple, suggère qu’elles étaient curieuses face aux peuples autochtones, mais lorsqu’elles décrivaient leurs interactions, elles se présentaient comme des « civilisatrices ». Ces récits sont en outre marqués par « une absence manifeste de considération quant à l’impact négatif lié aux Européens ».[23]
Pensionnats de la région
Au sens plus large, il est important de noter les approches divergentes du gouvernement fédéral à l’égard de ces groupes culturels. Au moment même où le gouvernement soutenait activement la colonie d’Isaac Barr, qui tentait de construire une colonie fondée sur l’ethnicité anglaise, il déployait des efforts durs et soutenus pour assimiler les peuples autochtones aux cultures anglaise ou française. À Onion Lake, non loin de là, deux pensionnats se disputaient les élèves, l’un anglican et l’autre catholique. L’ecclésiastique anglican responsable de l’école, John Matheson, parlait couramment l’anglais, le français, le gaélique et le cri, et sa présence garantissait que les enfants apprenaient « à lire et à écrire à la fois le cri et l’anglais ».[24]
Le pensionnat n’est bien entendu pas demeuré bilingue après la mort de John Matheson, en 1916, et l’école catholique n’a alors enseigné qu’en anglais. Dès 1897, le directeur catholique avait constaté que tous les élèves parlaient anglais, même « à leurs parents, qui ne comprenaient pas ce qu’ils disaient ». Cette politique linguistique « a non seulement perturbé la transmission à long terme de la culture autochtone, mais [a] eu un impact immédiat et destructeur sur les liens familiaux ».
L’artiste cri Allen Sapp, un élève qui a fréquenté l’un des pensionnats à une époque ultérieure, se souvient : « Personne n’a abusé de moi physiquement ou sexuellement », comme c’était le cas dans d’autres pensionnats, « mais la discipline était différente de celle à la maison. Il nous était interdit de parler le cri, les enseignants et toutes les personnes liées au pensionnat parlaient anglais. Or, le cri était la seule langue que je connaissais. Si on nous surprenait à parler cri entre nous, nous étions punis. » Les parents se sont plaints de ces pratiques, qui consistaient notamment à tordre les oreilles des élèves, et l’agent des Indiens a reçu pour instruction de mettre fin à cette punition en particulier.[25] De plus, un historien a mis au jour deux cas d’abus sexuels, dont l’un s’est produit dans les années 1940. Dans le premier cas, l’auteur a été licencié, et dans l’autre, l’élève a été renvoyé chez lui.[26]
Les parents ont refusé d’envoyer leurs enfants dans ces pensionnats à plusieurs reprises en raison du traitement des élèves. Pourtant, dans au moins un cas, une famille a vu ses rations retenues en raison d’un tel refus. La faim et la pauvreté forçaient souvent certains parents à envoyer leurs enfants dans un pensionnat, malgré leurs inquiétudes.[27] Dans une situation exacerbée par la malnutrition (dans les années 1920, un élève a rapporté qu’il avait toujours faim et que sept élèves s’étaient enfuis parce qu’ils avaient eux aussi toujours faim), certains élèves des pensionnats ont contracté des maladies et leurs parents n’ont pas été suffisamment informés de leur état de santé.[28]
En 1901, le pensionnat catholique a connu une épidémie de rougeole, et en 1918, douze élèves sont morts de la grippe, onze au pensionnat catholique et un au pensionnat anglican. Au printemps suivant, le chef et le conseil « ont demandé d’organiser une Danse du soleil pour commémorer la fin de la Première Guerre mondiale et de la pandémie de grippe. La demande a été refusée, mais les membres du groupe ont tout de même tenté de l’organiser. La police est venue et a dispersé les personnes qui s’étaient rassemblées pour l’occasion. »[29]
La situation était loin d’être la même à Lloydminster, où les policiers assistaient et participaient aux événements communautaires. À l’occasion de la première fête de Noël que les colons britanniques ont célébrée, un cortège d’officiers de la Police montée a apporté un « énorme gâteau aux prunes ». De même, les officiers ont chaperonné les festivités du Nouvel An alors que les colons dansaient, « les mocassins aux pieds ».[30]
Colonies de groupes semblables
L’établissement de la colonie d’Isaac Barr s’inscrit fermement dans le contexte du projet plus vaste du colonialisme britannique au Canada. L’installation n’a été possible que grâce à la dépossession des Autochtones, officialisée par le Traité n06. En ce qui concerne les colonies d’autres groupes, Eric Holmgren affirme qu’il est « pratiquement impossible de comparer les plans d’Isaac Barr à d’autres, car ils étaient tous différents ».[31] Bien que l’on parle souvent de la colonisation par îlots comme d’un phénomène précis, ce type de colonisation a en fait pris de nombreuses formes. Il s’agissait, entre autres, des colonies créées par les programmes de colonisation du gouvernement fédéral, de celles formées par les colons eux-mêmes et de celles créées par des changements sociologiques ou politiques plus larges.[32]
La colonie d’Isaac Barr ne ressemble pas aux autres grandes colonies de l’époque. Les Doukhobors, par exemple, étaient un groupe religieux persécuté en Russie pour ses croyances. Plus de 8 000 membres de cette secte sont arrivés au Canada entre 1899 et 1902, et cette immigration a été soutenue financièrement par le gouvernement canadien, qui a également aidé leur installation en offrant des logements pour leurs traditions communautaires et pacifistes.[33] Les colons d’Isaac Barr, cependant, n’étaient pas une colonie parrainée par une religion (bien qu’ils aient été dirigés par des membres du clergé), et le mouvement n’était pas officiellement parrainé par le gouvernement (bien qu’il ait été essentiellement sauvé par le gouvernement).[34]
La colonie d’Isaac Barr n’était cependant pas sans précédent en tant que tentative de colonisation entièrement britannique, et peut être placée dans le contexte d’autres projets de ce type, comme celui de Cannington Manor. Ce village, fondé en 1881 dans la Saskatchewan d’aujourd’hui, a été parrainé par un groupe d’hommes d’affaires anglais qui souhaitaient en faire un centre commercial. Il est plutôt devenu célèbre en raison d’un groupe de Britanniques de classe moyenne supérieure qui y ont émigré et tenté de complètement reproduire la culture de leur pays d’origine. Les personnes les plus connues de ce groupe étant les trois frères Beckton, qui ont construit une écurie de course et une grande résidence en pierre selon le modèle d’une maison de campagne anglaise traditionnelle. Ils ont ensuite organisé des journées de course, des parties de tennis, des chasses au renard, des danses et des soirées musicales. Tout comme la colonie d’Isaac Barr, qui n’est pas demeurée britannique longtemps et à laquelle se sont joints des fermiers canadiens et américains, les chercheurs ont depuis souligné que ce groupe d’Anglais flamboyants ne formait qu’une partie de la colonie de Cannington. D’autres colons venaient de l’Ontario, du Manitoba et des provinces maritimes, étaient souvent issus de la classe moyenne inférieure et de la classe ouvrière, et y ont en fait construit de nombreux bâtiments « anglais ». Bien que le village ait connu une certaine croissance au cours des neuf premières années, les bas prix du blé, les conditions de culture difficiles et l’absence de liaison ferroviaire ont entraîné des fermetures régulières d’entreprises et l’exode des résidents. Le destin des personnes qui sont restées a toutefois fait volte-face en raison de l’essor économique du début du vingtième siècle.[35]
À l’inverse, la colonie d’Isaac Barr a connu un départ difficile, principalement en raison du nombre élevé et non planifié de colons, de leur manque général d’expérience en matière d’agriculture, des échéanciers irréalistes, de l’incapacité de déléguer d’Isaac Barr, de son manque de soutien financier, de son incapacité à mettre ses plans en œuvre et de l’éloignement géographique de la colonie. Malgré ces inconvénients substantiels, la colonie a survécu et est rapidement devenue assez prospère, sans doute grâce au capital relativement élevé que le groupe possédait, à l’aide fournie par le gouvernement fédéral, à l’aide des voisins (autochtones et colons), à l’approche coopérative des colons, au travail acharné et à la persévérance des colons qui sont restés, et au raccordement relativement rapide du chemin de fer.[36]
Conclusion : L’héritage du colonialisme
Après avoir quitté la colonie, George Lloyd est devenu l’un des nativistes les plus francs et les plus notoires du Canada. Au cours de l’été 1928 seulement, il a envoyé environ 27 000 lettres dénonçant la politique d’immigration canadienne, dont un grand nombre ont été imprimées dans des journaux de partout au pays et dans des périodiques publiés par des organisations comme le Ku Klux Klan, l’Empire Club, l’Orange Order, les United Farmers of Canada et l’Ordre impérial des filles de l’Empire. Comme le dit son biographe : « Bien qu’il n’existe aucune méthode quantitative permettant d’évaluer le degré d’impact de George Lloyd, il est clair qu’il a influencé l’attitude du public en matière d’immigration "étrangère". Ses lettres ... ont contribué à alimenter un sentiment anti-immigration en 1928 et au début de 1929, et ont favorisé une atmosphère générale de peur plus tard exploitée par des groupes comme le Ku Klux Klan et l’Orange Order. » Il ajoute que George Lloyd a influencé des changements aux niveaux provincial et national.[37]
Le langage insultant qu’il utilise, parlant de « continentaux sales, ignorants et qui sentent l’ail » et de « bâtardisation » du Canada, reflète les attitudes de nombreux Canadiens à l’époque. Pourtant, certains habitants du Canada s’opposaient à sa campagne de discrimination, ce qui a contribué à les rallier à la défense des immigrants non britanniques. La frénésie épistolaire de George Lloyd a par exemple incité le traducteur Watson Kirkconnell à rédiger un article en faveur des immigrants d’Europe continentale, et a également incité Robert England, fonctionnaire des Chemins de fer nationaux du Canada, à publier son propre livre sur le sujet.[38]
En 1931, suivant les conseils de son médecin, George Lloyd a pris sa retraite et s’est installé à Victoria, en Colombie-Britannique. Cependant, même à la retraite, il a continué à écrire des lettres aux responsables gouvernementaux, y compris au premier ministre, pour demander que l’immigration soit limitée aux personnes originaires d’Angleterre, d’Écosse, d’Irlande, du Pays de Galles, de Norvège, d’Islande, du Danemark et de la Suède. Nativiste jusqu’au bout, il est décédé le 8 décembre 1940.[39]
Isaac Barr, en revanche, s’est impliqué dans une dernière combine colonisatrice avant son décès. En janvier 1910, il a reçu une brochure annonçant une colonie rapprochée (« Closer Settlement ») en Australie, où une zone avait été divisée en fermes de soixante-quinze acres offertes aux immigrants. Bien qu’il ait peut-être souhaité voyager avec un groupe et qu’il ait fondé le « American-Australia Settlement and Tourist Club » à cette fin, lorsqu’il s’est embarqué pour l’Australie en décembre, il ne l’a pas fait en tant que dirigeant, mais en tant que colon, avec pour seule compagnie sa femme et ses enfants (il avait épousé Christina Helberg en 1903, une jeune femme de trente-cinq ans sa cadette qui avait été secrétaire à son bureau de Londres et qui avait voyagé avec lui jusqu’au Canada).
Après son arrivée, tout comme les colons qu’il avait conduits au Canada, Isaac Barr a eu le sentiment d’avoir été trompé et que la colonie ne tenait pas ses promesses. Endetté et en mauvaise santé, il est décédé dans une ferme infructueuse le 18 janvier 1937.[40] Malgré ses débuts difficiles, la colonie que les deux hommes ont fondée a mieux réussi qu’eux : la population de Lloydminster a connu une croissance constante jusqu’à aujourd’hui.
- « Arrival of Barr Colonists », Saskatoon Phenix [sic] (24 avril 1903), 1, cité dans Oliver, « Coming of the Barr Colonists », 69. Une autre partie du discours est citée dans McCormick, Lloydminster, 41.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 72-80; et Bowen, Muddling Through, 101-2, citant tous deux F. Ivan Crossley, My Life and Experiences with the Barr Colony (Winnipeg : Western Producer, 1968). Il raconte également l’histoire de Jack qui aurait vendu une paire de chevaux aveugles à au moins un colon. Jack aurait également échangé des chevaux avec un autre homme alors que ce dernier était ivre, puis aurait refusé d’annuler l’échange, ce qui aurait conduit l’homme à lui tirer dessus.↩
- Bowen, Muddling Through, 104–6.↩
- Les sources font référence à des cargos « indiens » et « métis », mais selon toute vraisemblance, la majorité du groupe était constituée de cargos cris de la réserve d’Onion Lake.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 83–4; Clive Tallant, « The Break With Barr: An Episode in the History of the Barr Colony », Saskatchewan History 7, no 2 (1954), 42; Rasmussen, « Empire, Identity, and the Britannia Colony », 28 et 41; et Bowen, Muddling Through, 134-135. On peut trouver un récit saisissant du voyage dans McCormick, Lloydminster, 42–52.↩
- McCormick a rapporté par écrit en 1934 qu’un peu plus de 1 200 personnes ont quitté Saskatoon pour se rendre jusqu’à la colonie. Kathryn Ivany, « The History of the Barr Colonists as an Ethnic Experience: 1903-1928 » (thèse de maîtrise, Université de l’Alberta, 1964), 50-51, suggère qu’environ 200 des colons originaux ont rebroussé chemin. Bowen, Muddling Through, 182, cite le rapport de C. W. Speers d’octobre 1903 dans lequel il affirme avoir recensé 1 600 des colons. Oliver, « Coming of the Barr Colonist », 74, rapporte que 320 d’entre eux ont trouvé du travail au Manitoba, et que d’autres sont restés à Regina, Moose Jaw, Dundurn et Saskatoon. Concernant ceux qui sont plus tard allés chercher du travail, voir Bowen, Muddling Through, 176–178.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 68; Bowen, Muddling Through, 188; et Clive Tallant, « The North-West Mounted Police and the Barr Colony », Saskatchewan History 7, no 2 (1954): 41–6.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 129; et Bowen, Muddling Through, 68. Bien que les historiens n’aient pas remarqué les connotations messianiques de cet arrangement administratif, celles-ci n’ont pas échappé aux colons et la douzaine de personnes est devenue « irrévérencieusement connue comme étant les apôtres de Lloyd ». Citation dans A. N. Wetton, « On Lloyd Trail With Barr, Canon English Reminisces », Saskatoon Star-Phoenix (22 septembre 1949), 5.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 19; voir également Reid, All Silent, All Damned, 106–107. Concernant les deux factions, qui en sont venues à englober d’autres questions commerciales, voir Bowen, Muddling Through, 192–193. Bien que George Lloyd ait adopté une position quelque peu puritaine concernant l’alcool, ses effets néfastes en contexte, comme l’exacerbation de la violence domestique, ne doivent pas être négligés; voir par exemple Rasmussen, « Empire, Identity, and the Britannia Colony », 52–55.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 21. Un nativiste est défini comme une personne qui privilégie les citoyens existants par rapport aux immigrants et qui s’oppose généralement à toute nouvelle immigration. Dans le cas présent, bien sûr, cela ne signifie pas que George Lloyd ait favorisé les habitants autochtones, mais plutôt les colons britanniques déjà sur place.↩
- McCormick, Lloydminster, 79.↩
- Les Rendell sont l’exemple le plus frappant du premier groupe; leur correspondance est reproduite dans Oliver, « Coming of the Barr Colonists », 75–87 (les documents originaux n’existent plus). L’histoire d’un agriculteur inexpérimenté qui a réussi se trouve dans Arthur E. Copping, Golden Land: The True Story and Experiences of British Settlers in Canada (Toronto: Musson, 1911), 78–83; voir aussi J.C. Hill, « How I Raised My $1,500 Oats », MacLean’s (13 septembre 1913).↩
- Reid, All Silent, All Damned, 106.↩
- Ivany, « An Ethnic Experience », 50–1.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 160; et Copping, Golden Land, 77. Pour lire quelques souvenirs des premières années de la colonie, voir Guy Lyle, Beyond My Expectation: A Personal Chronicle (Metuchen, NJ: Scarecrow Press, 1981).↩
- Citation d’Isaac Barr dans Reid, All Silent, All Damned, 52.↩
- Daniel Francis, The Imaginary Indian: The Image of the Indian in Canadian Culture (Vancouver : Arsenal Pulp Press, 1992), 7-8. Voir également J. R. Miller, Skyscrapers Hide the Heavens: A History of Native-Newcomer Relations in Canada, 4e éd. (Toronto : Presses de l’Université de Toronto, 2018), en particulier le chapitre quatre.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 62, 68–9, 73, et 82; et Foster, « The Barr Colonists », 89.↩
- Le bois devait être expédié sur le site de la colonie à temps pour l’arrivée des colons, mais le débit de la rivière Saskatchewan était trop rapide pour en permettre le transport, ce qui a ajouté aux difficultés des colons. Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 131 et 148–9; Reid, All Silent, All Damned, 107; Annual Report of the Department of Indian Affairs (1903), 237; et T.C.B. Boon, The Anglican Church from the Bay to the Rockies: A History of the Ecclesiastical Province of Rupert’s Land and its Dioceses from 1820 to 1950 (Toronto: Ryerson Press, 1962), 292–3.↩
- À propos des toits, voir Bowen, Muddling Through, 171; et pour l’approvisionnement, voir Reid, All Silent, All Damned, 94 et 105. McCormick note que les peuples autochtones étaient présents lors des premières célébrations de la fête du Dominion à Lloydminster, mais offre peu de détails. McCormick était également présent à la Danse du soleil, une cérémonie autochtone qui se déroulait à Frog Lake, non loin de là. On ne sait cependant pas s’il a été invité ou s’il était le bienvenu, et son récit est nettement désobligeant. Voir McCormick, Lloydminster, 79 et 179–91.↩
- Voir Annual Report of the Department of Indian Affairs (1903), 202; et Marceau-Kozicki, « Onion Lake Indian Residential Schools », 20–1.↩
- Voir Arthur E. Copping, Golden Land: The True Story and Experiences of British Settlers in Canada (1911), 74–75 (le boucher) et 123 (les guides). L’histoire de Damas Laundry se trouve dans Rasmussen, « Empire, Identity, and the Britannia Colony », 113–114; et les autres renseignements proviennent de Bowen, Muddling Through, 183.↩
- Franklin Foster, « Settlement », Lloydminster.net (n.d.); et Rasmussen, « Empire, Identity, and the Britannia Colony », 114. Des mesures positives ont toutefois été prises ces dernières années; voir par exemple Ezzah Bashir, « Lloydminster Comes Together to Sign Hearty of Treaty Six Reconciliation », My Lloydminster Now (18 avril 2018).↩
- Commission de vérité et de réconciliation (CVR), Canada’s Residential Schools: The History, Part 1, Origins to 1939, vol. 1 du Rapport final de la Commision de vérité et réconciliation du Canada (Montréal et Kingston : Presses de l’Université McGill-Queen pour la CVR), 622, 715.↩
- Les récits des survivants de ces pensionnats se trouvent ici et ici; les citations sont tirées de CVR, Canada’s Residential Schools, 1:622, 624; le récit concernant les châtiments corporels se trouve à 524.↩
- Marceau-Kozicki, « Onion Lake Indian Residential Schools », 189–9.↩
- TRC, Canada’s Residential Schools, 1:264, 267, 281.↩
- TRC, Canada’s Residential Schools, 1:507–8. Des décennies plus tard, au milieu des années 1960, les élèves de l’un de ces pensionnats ont été soumis à une expérience médicale sur l’efficacité d’un amoebicide (un médicament qui tue les amibes). See CVR, Canada’s Residential Schools, 1:229. Sur la malnutrition dans les pensionnats, voir Ian Mosby et Tracey Galloway, « The Abiding Condition was Hunger’: Assessing the Long-Term Biological and Health Effects of Malnutrition and Hunger in Canada’s Residential Schools », British Journal of Canadian Studies 30, no 2 (2017) : 147-162; Mosby et Galloway, « ‘Hunger Was Never Absent’: How Residential School Diets Shaped Current Patterns of Diabetes Among Indigenous Peoples in Canada », CMAJ 189, no 32 (14 août 2017); et, sur l’expérimentation, Mosby, « Administering Colonial Science: Nutrition Research and Human Biomedical Experimentation in Aboriginal Communities and Residential Schools, 1942-52 », Histoire sociale/Social History 46, no 1 (2013) : 145-172.↩
- CVR, Canada’s Residential Schools, 1:440, 442. Un cas de variole a par la suite été traité de manière inadéquate, et un autre élève est mort de la tuberculose. Sa mère a ensuite refusé d’envoyer sa fille au pensionnat (443, 444). Fait peut-être révélateur de leur sentiment à l’égard de l’institution, un ou deux élèves ont délibérément mis le feu au pensionnat anglican en 1928 (483, 486).↩
- Bowen, Muddling Through, 189–90.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 12.↩
- Anderson, « Ethnic Bloc Settlements ».↩
- Voir Julie Rak et George Woodcock, « Doukhobors », L’Encyclopédie canadienne (26 février 2019).↩
- Malgré cela, d’autres chercheurs ont, peut-être à tort, situé la colonie d’Isaac Barr dans le contexte du mouvement missionnaire colonial; voir par exemple Carey, God’s Empire, en particulier les pages 366–370.↩
- Ce sommaire est basé sur Kristin M. Enns-Kavanagh, « Cannington Manor, an Early Settlement Community in Southeastern Saskatchewan » (thèse de maîtrise, Université de Saskatchewan, 2002).↩
- À propos des failles du plan, voir Reid, All Silent, All Damned, 126–143. La participation du gouvernement est décrite en détail dans Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », tandis que celle de la P.C.N.-O. est abordée dans Tallant, « Mounted Police and the Barr Colony ». À propos du capital que possédaient les colons, voir Ivany, « An Ethnic Experience », 59; et Reid, All Silent, All Damned, 70 et 79; et, au sujet des divers accords de coopération, voir Ivany, « An Ethnic Experience », 5.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 80, 103–104, et 134.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 160–162. Voir aussi Watson Kirkconnell, « Western Immigration », Canadian Forum (juillet 1928), 706-707; et Robert England, The Central European Immigrant in Canada (Toronto : Macmillan, 1929). Ces deux ouvrages font l’objet d’une discussion dans Daniel R. Meister, The Racial Mosaic: A Pre-history of Canadian Multiculturalism (Montréal et Kingston : Presses de l’Université McGill-Queen, 2021), chapitres 1-2.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 82 et 86.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 114–23↩