par Daniel Meister, PhD
Introduction : Le contexte du colonialisme
« Prenons possession du Canada. Que notre cri soit "LE CANADA POUR LES BRITANNIQUES". »
- Isaac Barr[1]
Au début du vingtième siècle, les deux plus grands groupes d’immigrants du Canada étaient les Américains et les Britanniques. De nombreux Canadiens et Canadiennes considéraient les agriculteurs britanniques comme étant les colons les plus désirables. Ces chiffres étaient donc rassurants pour eux.[2] De nombreux Britanniques partageaient ce sentiment, souhaitant que leurs colonies soient peuplées d’immigrants britanniques afin de les maintenir fermement au sein de l’Empire.
Bien sûr, des Britanniques de tout l’Empire souhaitent encore que les colons britanniques constituent un pourcentage encore plus important par rapport au reste des immigrants des colonies. La ville de Lloydminster, qui chevauche la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan, a été créée en raison de ce sentiment. Connue à l’origine sous le nom de « colonie Barr » (puis de « colonie Britannia »), elle a été fondée en 1903 en tant que colonie entièrement britannique.[3].
Les colons de Barr ne connaissaient probablement pas l’histoire détaillée des terres qu’ils venaient coloniser. Ils étaient cependant tous impliqués dans le projet plus large du colonialisme britannique et ont tous participé activement à son avancement. Avant de retracer l’histoire de la colonie, il est important de comprendre ce contexte colonial.
Pendant des milliers d’années, avant l’arrivée des Européens, les terres sur lesquelles la colonie s’est finalement établie étaient habitées par des peuples autochtones, notamment les Nehiyawak, ou Cris des Plaines.[4] En 1670, le roi Charles II d’Angleterre a revendiqué la propriété de cette terre, que les Anglais ont baptisée Terre de Rupert. Cette vaste région, qui représentait un tiers du territoire que l’on connaîtrait un jour sous le nom de Canada, s’étendait de ce qui est aujourd’hui le Québec à l’Alberta et jusqu’aux Territoires du Nord-Ouest au nord. Au cours de la même année, Charles II a accordé une charte royale à la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), la déclarant « seigneur et propriétaire véritable et absolu » du territoire. Près de deux siècles plus tard, en 1868, la CBH a vendu ces terres au Canada nouvellement confédéré, bien que le transfert ne soit pas entré en vigueur avant 1870.
Mais ni Charles II, ni la CBH, ni le gouvernement fédéral canadien n’avaient acquis le titre de propriété des terres auprès des Nehiyawak. En fait, le territoire où la colonie de Barr a été établie n’a même pas été couvert par un traité avant 1876, à la signature du Traité no 6. Les signataires autochtones souhaitaient signer un traité de partage des terres et des ressources afin de protéger les terres de la colonisation, mais étaient aussi motivés plus directement par « l’effondrement imminent de l’économie de la chasse au bison et l’évolution de leur relation avec la CBH ». Le gouvernement fédéral a eu recours à la famine pour contraindre les récalcitrants, par exemple en refusant délibérément de fournir des rations au clan Nehiyawak dirigé par Mistahimaskwa (Big Bear) jusqu’à ce qu’il signe le Traité no 6 en 1882.
Le texte du Traité no 6 déclare que les terres sont cédées au Dominion du Canada. Il n’est cependant pas clair dans quelle mesure le texte a été communiqué verbalement aux signataires autochtones. En conséquence, et depuis la signature, des désaccords ont eu lieu en ce qui concerne la signification et les intentions des termes du traité.[5] Le traité attribuait également diverses réserves de terres à différentes bandes, dont deux ont été forcées de fusionner pour former la bande d’Onion Lake en 1914; leur réserve est située à environ cinquante kilomètres au nord de ce qui est maintenant Lloydminster.[6]
Cette histoire n’était probablement pas connue de la plupart des colons ou de leurs dirigeants, le Canadien Isaac M. Barr et plus tard le Britannique George E. Lloyd. Tous deux étaient des ecclésiastiques anglicans et les idées qu’ils entretenaient au sujet de l’empire, du genre et de la religion ont contribué à façonner leurs entreprises coloniales. Ces idées étaient également partagées par certaines autorités canadiennes, ce qui contribue à expliquer pourquoi les colons de Barr ont reçu un traitement différent de celui de leurs voisins cris.
Un rêveur devenu leader : Isaac Barr
Isaac Montgomery Barr est né en 1847 dans un endroit qui est maintenant la ville ontarienne de Halton Hills. Ses parents étaient des immigrants irlandais. Son père était un ministre presbytérien et sa mère une femme au foyer. On sait peu de choses sur ses premières années. Bien que son père ait acheté une parcelle de terre agricole pour lui et son frère Jack, afin qu’ils puissent s’y installer, tous deux ont vendu leurs parcelles et sont partis. Isaac s’est rendu en l’Irlande tandis que Jack s’est dirigé vers l’ouest du Canada, où les deux hommes se sont plus tard retrouvés. En Irlande, Isaac est parti à la recherche de ses racines familiales et a passé beaucoup de temps en compagnie de son grand-oncle, le capitaine John Baird, qui avait assisté à la célèbre Bataille de Trafalgar. John Baird a dû apprécier sa compagnie, car, à sa mort, il lui a laissé un héritage. Il lui a également inculqué « la conviction qu’il avait lui aussi un rôle à jouer dans la grande vague d’expansion britannique, qu’il serait lui aussi un bâtisseur d’empire ».[7]
Isaac Barr est ensuite revenu au Canada, a étudié la théologie, s’est marié et est entré dans le ministère chrétien (au sein de la dénomination anglicane). Sa carrière religieuse a d’abord été très variée. Selon Helen Evans Reid, sa biographe sympathisante, les problèmes qu’il a rencontrés à ses débuts dans de nombreuses paroisses étaient dus à son manque d’humour, à son refus d’accepter des salaires inférieurs et à ses opinions théologiques controversées, notamment sa croyance en l’évolution. Il a brièvement perdu la faveur de ses supérieurs, puis a fait ses excuses et s’est engagé à croire aux enseignements de l’Église. Isaac Barr et sa famille en pleine expansion ont ensuite déménagé aux États-Unis, où il a poursuivi sa carrière religieuse pendant douze ans. Cette période fut manifestement tout aussi mouvementée, puisqu’il s’est divorcé, s’est remarié, puis s’est remarié une troisième fois, tout en continuant à servir comme prêtre.[8]
En 1901, Isaac Barr s’est laissé inspirer par la grande couverture médiatique portant sur les projets de colonisation africaine de Cecil Rhodes.[9] Il a donc annoncé son intention de quitter son ministère pour se rendre en Afrique du Sud afin de poursuivre un projet de colonisation avec Cecil Rhodes, la première étape de son plan étant de se rendre en Angleterre pour y recruter des colons. Cette idée ne fut probablement qu’un rêve dans l’esprit d’Isaac Barr, car aucune preuve de correspondance entre les deux hommes n’a été trouvée.
Bien que la mort de Cecil Rhodes en 1902 ait probablement mis un terme définitif aux plans d’Isaac Barr en ce qui concerne l’Afrique du Sud, il est possible qu’il avait alors déjà envisagé d’autres lieux, puisqu’il avait déjà correspondu avec le commissaire canadien à l’immigration à Londres afin de trouver un emploi d’agent d’immigration. Après avoir été informé qu’il n’y avait pas de poste vacant, il s’est trouvé un emploi de pasteur à Londres. Parallèlement, il a lancé une campagne de promotion de la colonisation canadienne en écrivant des dizaines de lettres, en donnant des entrevues et en prononçant des discours publics. Ce faisant, il a toujours insisté sur le fait que le Canada permettait d’échapper à la pauvreté et qu’il offrait une chance de bâtir l’empire en « plantant une colonie de pure culture britannique ».[10]
Le plan initial d’Isaac Barr, c’est-à-dire celui qu’il a présenté aux responsables de l’immigration canadienne à Londres, consistait à prendre 25 familles possédant des compétences agricoles et à les aider à immigrer au Canada, où elles formeraient le cœur d’une nouvelle colonie entièrement britannique dans les prairies canadiennes, une colonie qui attirerait à son tour d’autres immigrants britanniques. En août 1902, Isaac Barr a préparé un pamphlet pour aider à faire connaître l’idée, et le commissaire à l’immigration, W.T.R. Preston, a accepté de payer pour sa publication. Il s’en est ensuite servi pour faire valoir que le gouvernement fédéral avait officiellement approuvé son plan, alors que ce n’était pas le cas.[11]
Le nombre modeste de colons n’a pas tardé à croître. Le 6 septembre, cinquante personnes avaient accepté de partir; en date du 8 septembre, Isaac Barr avait reçu plus de deux cents demandes de renseignements; en date du 22 septembre, l’intérêt était tel qu’il envisageait de se rendre au Canada pour prendre des dispositions préliminaires. Le même jour, une lettre signée par un certain George E. Lloyd est parue dans un journal londonien. Elle encourageait l’immigration britannique au Canada. Voulant obtenir de l’aide, Isaac Barr a écrit à George Lloyd, lui indiquant qu’il travaillait également sur un plan de colonisation et lui a demandé de le rencontrer. George Lloyd a manifestement accepté et les deux hommes se sont rencontrés avant la fin du mois. [12] Mais qui était le révérend George Lloyd ?
« L’évêque combattant » : G. E. Lloyd
George Exton Lloyd est né en Grande-Bretagne, mais, tout comme pour Isaac Barr, on sait peu de choses sur ses premières années. Sa famille a déménagé à plusieurs reprises en raison du travail de son père, un enseignant, et George Lloyd a fini par s’inscrire dans une université de Londres avec l’intention d’utiliser cette éducation pour postuler à la formation d’officier de l’armée. À cette époque, il présentait déjà les signes d’une carrière militaire réussie : il s’était enrôlé dans un régiment de volontaires et avait atteint le grade de sergent à l’âge de dix-neuf ans. Le discours d’un évêque canadien en visite a cependant changé le cours de sa vie.
En juin 1865, le révérend Robert Machray a prononcé le sermon Ramsden à l’Université de Cambridge. Le sermon Ramsden était un discours annuel consacré à « l’expansion de l’Église dans les colonies et dépendances de l’Empire britannique ». Machray était sur le point d’être nommé évêque de la Terre de Rupert et, dans son sermon, il a parlé du territoire où il était sur le point de se rendre et de ses besoins particuliers, son intention étant de promouvoir l’intérêt pour le travail missionnaire. Il a au moins trouvé une recrue passionnée : après avoir entendu ce message, George Lloyd a abandonné ses projets de carrière militaire et a décidé de naviguer vers le Canada et de poursuivre une vie dans le ministère chrétien. Cependant, comme le note son biographe Chris Kitzan, « les échos d’un sergent de l’armée britannique sont demeurés dans nombre des approches qu’il a adoptées dans le cadre de son nouveau poste ».[13]
George Lloyd est arrivé au Canada en 1881 et n’est resté que brièvement dans sa première mission avant de se rendre à Toronto, où il s’est inscrit au Wycliffe College et a rejoint une unité de milice, les Queen’s Own Rifles of Canada. Quand la Résistance/Rébellion du Nord-Ouest a éclaté, en 1885, il s’est porté volontaire pour être mobilisé. Son unité a été affectée à Battleford et dirigée par le général Otter. George Lloyd fut gravement blessé lors d’une attaque ultérieure non autorisée et réussie contre un groupe de Cris et d’Assiniboines (la bataille de Cut Knife), alors qu’il tentait d’extraire d’autres soldats coincés. Il a plus tard été décoré pour ses efforts. En partie grâce à sa nouvelle notoriété, il a été ordonné diacre par l’évêque même qui l’avait incité à venir au Canada.[14] Il a passé deux ans à se rétablir, période au cours de laquelle il a épousé Marion Tuppen, une Anglaise qu’il avait rencontrée avant de venir au Canada. En 1886, il a accepté un poste d’aumônier dans une maison de redressement pour garçons de l’Ontario. Il s’est querellé avec ses supérieurs, puis a déménagé et est devenu recteur de la paroisse St. Paul de Rothesay, au Nouveau-Brunswick. Pendant ce séjour, il a transformé une minuscule école privée en un pensionnat anglican pour garçons (aujourd’hui la Rothesay Netherwood School). L’école fut un succès et, pour récompenser ses efforts, il a reçu un doctorat honorifique de l’UNB en 1894, une distinction rare à cette époque. L’hiver suivant, il a fait une dépression qu’il a attribuée à ses blessures de guerre et à l’ampleur de ses tâches administratives, mais il est probable qu’elle soit également due à des conflits liés à des personnalités de la région.[15]
Pendant les deux années suivantes, il a voyagé vers le sud et prêché dans le sud des États-Unis et en Jamaïque. Il est ensuite revenu au Canada en 1898 et est devenu rédacteur en chef du journal de l’Église anglicane, le Evangelical Churchman. Cette expérience fut de courte durée. Il est retourné Angleterre en 1900 pour travailler pour la Colonial and Continental Church Society (CCCS), où son travail consistait simplement à promouvoir l’émigration vers le Canada.
George Lloyd s’est attelé à la tâche avec son zèle typique et, selon ses propres dires, au cours des deux années suivantes, il a prononcé 147 sermons et pris la parole dans plus de 700 réunions, toujours sur le thème de « l’expansion du Canada ». Ces efforts ont attiré beaucoup d’attention, surtout de la part des anciens combattants désabusés de la Guerre des Boers. Il a ensuite fait publier une lettre dans le Times de Londres, qui a ensuite été réimprimée dans un certain nombre d’autres journaux et a reçu des milliers de réponses, bien plus que ce qu’il avait prévu, y compris une lettre d’un membre du clergé aux vues similaires, Isaac Barr.[16]
Reconnaissance en Saskatchewan et recrutement à Londres
La réunion entre les ministres anglicans fut apparemment un succès. Les deux hommes ont accepté de travailler ensemble et George Lloyd a fourni à Isaac Barr sa liste de colons potentiels (c’est-à-dire tous ceux ayant répondu à sa publication).[17] Isaac Barr, qui s’était établi dans un bureau situé près de George Lloyd, a ensuite publié son pamphlet intitulé British Settlements for North-Western Canada on Free Grant Lands: Canada for the British. Les historiens ont depuis noté qu’il n’est pas clair où Isaac Barr a obtenu ses renseignements concernant l’Ouest, mais qu’une grande partie de ce qu’il a imprimé était « excessivement optimiste et même dangereusement trompeur ».[18]
À la fin du mois, Isaac Barr s’est embarqué pour le Canada pour choisir un site et faire les préparatifs. George Lloyd est resté au bureau avec leur secrétaire et leur dactylo, répondant aux questions et menant des entrevues personnelles avec des colons potentiels, les exhortant : « Si vous êtes en bonne santé, allez, allez, allez vers l’ouest. Si vous êtes forts, allez vers l’ouest. Si vous avez cent livres, allez vers l’ouest! »[19]
Jusqu’à présent, les actions d’Isaac Barr n’avaient guère contribué à le rendre sympathique aux yeux des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur (alors en charge de l’immigration) qu’il devait rencontrer au Canada. En plus de prétendre faussement que son plan était officiellement approuvé par le ministère, il avait commencé à dire aux colons potentiels qu’ils pouvaient envoyer tous les frais requis au bureau du ministère à Londres, où ils seraient conservés en fiducie. Cela a conduit le commissaire intérimaire de l’immigration à Londres à mettre Isaac Barr en garde : « Je présume que vous avez le consentement [du commissaire] pour agir de cette manière, car sinon, cela le lie, lui et le gouvernement, à vous-même et à votre projet de colonisation de manière trompeuse », ajoutant que le commissaire devrait au moins avoir « l’occasion d’examiner la question avant que vous ne l’engagiez dans la presse »[20].
Malgré ses tactiques, Isaac Barr a réussi à convaincre le gouvernement de réserver seize cantons aux colons britanniques, bien que le ministère ait précisé qu’ils ne seraient pas retenus indéfiniment.[21] Alors que la nouvelle de ce projet se répandait dans les Prairies, l’attitude des colons reflétait un « curieux optimisme, tempéré par de nombreux souvenirs liés aux difficultés rencontrées par les colons passés ». Certains fonctionnaires craignaient qu’Isaac Barr n’ait eu les yeux plus gros que le ventre. Selon certains, ses projets ne mèneraient pas à grand-chose. D’autres ont souligné les problèmes pratiques de son plan, comme la date d’arrivée précoce, alors que le temps serait froid et humide. On a fini par convaincre Isaac Barr de retarder son départ, mais l’emplacement éloigné de la colonie proposée, à environ 240 kilomètres de Saskatoon, sans accès ferroviaire, est demeuré inchangé.[22]
Retour d’Isaac Barr en Angleterre; les responsables canadiens commencent à planifier
Une fois de retour en Angleterre, Isaac Barr a publié un aperçu de son voyage dans un deuxième pamphlet, intitulé Établissements britanniques dans le nord-ouest du Canada sur des terres concédées gratuitement: Le Canada pour les Britanniques. Rapport de mon voyage dans la vallée de la Saskatchewan, nord-ouest du Canada, pour choisir des terres pour la première colonie britannique. Comme le dit l’historien Eric Holmgren, « ce document intéressant et plutôt curieux de quelque vingt-huit pages se présente sous la forme d’une longue lettre plutôt décousue. Barr avait peut-être l’intention de l’exposer sous forme logique, mais le résultat indique qu’il a simplement consigné ses idées comme elles lui venaient et qu’il n’a pas ou peu tenté de procéder à une révision ordonnée. » Il ajoute qu’un lecteur avisé en aurait conclu qu’Isaac Barr n’était ni systématique ni professionnel.[23]
Le pamphlet d’Isaac Barr se termine par un appel dramatique à l’action : « Les Britanniques ont toujours été de grands colonisateurs. Qu’on ne dise pas que nous sommes les fils dégénérés de pères braves et remarquables. » Apparemment, cet appel a fait écho chez certains colons; lorsqu’on a plus tard demandé à un colon pourquoi il était venu au Canada, il aurait répondu : « Mais, pour revendiquer le Canada au nom du bordel d’empire. »[24]
Les fonctionnaires du ministère et une partie de la presse des Prairies, plus sceptiques, ont alors commencé à s’inquiéter du fait qu’Isaac Barr ne s’était pas suffisamment préparé.. Les responsables de l’immigration étaient déterminés à ce que les colons n’échouent pas, car cela découragerait l’immigration britannique future. Ils ont donc commencé à élaborer des plans d’urgence.[25] Isaac Barr, de son côté, faisait tardivement d’autres plans. Comme il n’avait jamais obtenu de financement adéquat pour son projet, il inventait constamment de nouvelles façons d’obtenir de l’argent de la part de colons potentiels.
Plus précisément, quelques mois seulement avant le départ du groupe, il a publié des circulaires annonçant la création d’un certain nombre de coopératives (ou « syndicats », comme il les appelait), l’une pour le ravitaillement et l’autre pour le transport en provenance de l’extrémité du chemin de fer jusqu’au terrain réservé, ainsi qu’un plan pour un hôpital et un autre pour préparer le terrain aux arrivées tardives. La plupart de ces plans ne se sont pas concrétisés ou n’ont pas duré.[26] Certains membres de son groupe étaient sceptiques dès le départ. En s’interrogeant sur son processus de décision, l’un de ces colons a fait la remarque suivante :
J’aimais bien Lloyd. Il ne prenait pas à la légère l’entreprise qui nous attendait. Mais Barr semblait vouloir conseiller à tout le monde d’investir dans ses nombreux projets... J’ai conclu que, plutôt que de payer Barr pour l’équipement nécessaire au voyage, je fournirais le mien.[27]
Prévoyant que les préparatifs d’Isaac Barr seraient inadéquats et que les colons n’auraient pas tous suffisamment de provisions ou d’expérience, le gouvernement a pris certaines dispositions. Il ont loué un bâtiment dans une communauté voisine pour qu’il serve de salle d’immigration; ils ont nommé un agent secondaire des terres pour aider à l’établissement; ils ont embauché deux fermiers pour instruire le nombre considérable de colons inexpérimentés qui arriveraient bientôt. Pour ce qui est du trajet entre la fin des pistes et la colonie, le gouvernement a engagé des guides et un arpenteur. Ils ont également aménagé des aires de repos à intervalles réguliers où se trouvaient des tentes, des poêles et du bois de chauffage. Il y avait aussi du foin pour les animaux tous les 24 kilomètres, à proximité d’un point d’eau.[28]
Le scepticisme du gouvernement était justifié. Bien qu’Isaac Barr ait promis à plusieurs reprises que presque tous les colons étaient des agriculteurs expérimentés, seulement 22 % des quelque 2 000 colons qui se sont embarqués pour le Canada à bord du SS Lake Manitoba ont indiqué des professions liées à l’agriculture. Il s’agissait non seulement des agriculteurs, mais aussi des « éleveurs de vaches laitières et de volailles, ainsi que des ouvriers agricoles, des pépiniéristes, des maraîchers, des éleveurs et des marchands de bétail. D’autres avaient des compétences professionnelles pertinentes, comme les bouchers, les forgerons, les charpentiers et les ouvriers comme les employés de chemins de fer. » Le colon le plus âgé avait 69 ans, tandis que l’âge moyen était dans la mi-vingtaine.
Comme un historien l’a dit, la « grande majorité » des colons étaient originaires des villes de la Grande-Bretagne et n’avaient aucune expérience en agriculture. Pendant les premiers temps, les médecins se sont retrouvés à panser les blessures que les colons s’infligeaient à la hache, car la plupart d’entre eux ne connaissaient pas cet outil. Les deux instructeurs agricoles engagés par le gouvernement avaient certainement du pain sur la planche.[29]
Le groupe met les voiles vers la « terre promise »
Les colons devaient initialement prendre le large le 25 mars 1903, mais la compagnie maritime a reporté ce départ au 31 mars. À minuit, le 30 mars, un train rempli de colons a quitté Londres pour se rendre jusqu’à Liverpool, où les 1 962 colons sont montés à bord du SS Lake Manitoba pour se diriger vers le Canada. Le SS Lake Simcoe, qui a levé l’ancre plus tard, a vu son nombre de passagers augmenter en cours de voyage, une vingtaine de passagers clandestins ayant été trouvés à bord et un bébé ayant vu le jour en mer.
Le SS Lake Manitoba était un nouveau navire, construit seulement deux ans avant ce voyage, mais il n’était pas équipé pour le nombre de passagers qu’il transportait (il était initialement préparé pour accueillir environ 750 personnes). Le navire manquait aussi de personnel, alors la compagnie a engagé certains des passagers pour aider l’équipage. Tout au long du voyage, des plaintes ont été formulées au sujet de la nourriture, de l’eau potable, de la mauvaise ventilation et, sans surprise, du trop grand nombre de passagers. Il y aurait eu des « bagarres entre les hommes » ainsi que quelques accidents. Par exemple, un homme serait tombé dans un escalier, se cassant la jambe.[30]
La cale avant avait été transformée en logement d’entrepont. On y avait ajouté des lits superposés en bois équipés de matelas de paille, mais sans literie. Tous les passagers, à l’exception de 300, se trouvaient dans l’entrepont; l’un d’entre eux se souvient d’avoir découvert que « la peinture blanche comme neige des boiseries n’était en fait que du lait de chaux et que, lorsque le navire a reçu un gros choc provenant d’une vague, de larges écailles de cette peinture sont tombées, tout comme la couche de fumier séché qui se trouvait derrière ». Le mal de mer était courant. Un autre colon se souvient s’être allongé sur sa couchette et d’avoir souffert, tandis que
ceux qui avaient récupéré se penchaient hors de leur couchette pour lire à la faible lumière. Cependant, les gens ont vite appris à rentrer leur tête à la hâte lorsqu’un camarade souffrant du mal de mer et situé dans une couchette supérieure criait GARE À VOUS!
Bien que les passagers ne pouvaient pas faire grand-chose pour calmer leur estomac, George Lloyd a travaillé dur afin de calmer leur esprit. Chaque matin et chaque après-midi, il donnait une série de conférences sur ce à quoi il fallait s’attendre au Canada, suivies d’une période de questions et réponses. Et chaque soir, il organisait des services religieux dans l’entrepont. Les passagers ont également organisé quelques divertissements pour leur propre compte, comme un concert, une compétition de boxe et un concours de beauté pour bébés.[31]
Le navire est arrivé à Saint John, au Nouveau-Brunswick, le Vendredi saint, date à laquelle George Lloyd avait visité le pays pour la première fois en 1881, quelque 22 ans auparavant. Malheureusement, en raison de la fête sainte, aucune équipe de déchargement n’était disponible. Le navire est resté ancré au large de la côte, attendant une place de mouillage, tandis que ses passagers mécontents râlaient. Dans tous les cas, il y avait beaucoup à faire. Pendant le retard, les passagers ont échangé des devises et terminé leurs inspections sanitaires. Cette inspection comprenait une vérification pour s’assurer que les immigrants avaient été vaccinés contre la variole, vaccin qui laissait une petite cicatrice. Cette vérification n’était cependant pas très rigoureuse. Un colon a observé que les passagers qui n’avaient pas le vaccin requis faisaient une marque en appuyant une pièce de monnaie sur leur bras nu avec force avant que le médecin ne les examine. L’un d’entre eux s’est souvenu qu’il ne trouvait pas sa marque et a simplement montré d’un geste la zone de son bras où elle aurait dû apparaître. Il a reçu le feu vert, réalisant seulement plus tard qu’il avait montré le mauvais bras.[32]
Début du voyage par voie terrestre
Le navire a finalement accosté tôt le dimanche matin, puis les colons ont embarqué dans les quatre trains qui les attendaient, leurs bagages devant les suivre plus tard, dans un autre train. Beaucoup de colons ont trouvé le voyage en train insatisfaisant. Les trains étaient lents, faisaient des arrêts fréquents pour laisser passer les autres trains et, pour la plupart des passagers, les logements étaient spartiates et inconfortables. Les trains étaient équipés de deux types de wagons, pour touristes et pour colons. Les wagons pour touristes avaient des oreillers, de la literie et des rideaux. Les wagons de colons, eux, n’offraient rien. Un colon a enregistré ses impressions à leur sujet :
Le wagon pouvait accueillir quatre-vingt-quatre passagers. La nuit, les sièges pouvaient être rapprochés pour former une couchette pour deux personnes et la partie du plafond au-dessus s’abaissait pour former une autre couchette pour deux personnes... Au bout de chaque wagon se trouvait un petit appartement équipé d’un poêle pour chauffer l’eau et réchauffer les aliments. Il y avait également des salles d’eau et des toilettes pour les hommes et les femmes. Les couchettes n’avaient pas de matelas et il n’y avait aucune intimité si vous souhaitiez vous déshabiller pour aller au lit. C’était plutôt gênant la première nuit, mais après cela, les femmes ont soit érigé une couverture, soit épinglé des feuilles de papier. Cette façon de voyager était plutôt nouvelle pour la plupart d’entre nous, mais nous nous y sommes vite habitués.[33]
Le fait qu’il s’agisse ou non d’un fait nouveau dépendait des pamphlets d’Isaac Barr que les colons avaient lus et dont ils se souvenaient. Dans le premier, il avait promis que les deux types de wagons offriraient des couchages confortables et une « intimité absolue ». Cependant, dans le deuxième, il admettait que les wagons pour colons n’étaient pas très confortables et conseillait aux colons d’apporter « des oreillers, des couvertures (en quantité suffisante), des rideaux avec des épingles de sûreté pour les suspendre devant les couchettes, du savon et des serviettes », ajoutant que les matelas de paille devaient être loués auprès du chemin de fer. Les gens qui ne s’étaient pas procuré de matelas l’ont vite regretté, mais certaines personnes ont trouvé des solutions originales.
Le roulement et les secousses du wagon étaient toujours plus éprouvants la nuit, et plus particulièrement [pour moi] dans la couchette supérieure. J’ai trouvé un moyen de rembourrer au niveau de mes hanches afin d’éviter qu’elles ne deviennent trop endolories. Avant de quitter le bateau, j’ai changé l’argent que j’avais sur moi en monnaie canadienne et, ayant tardé à le faire, je n’ai pu obtenir que des billets de un dollar. Je les ai fourrés dans les poches d’une ceinture à billets placée autour de ma taille. Je me suis senti plutôt gêné par mon apparence rondelette pendant la journée, mais la nuit, en abaissant la ceinture, les billets formaient un bon coussin entre mes hanches et le dur bois canadien en dessous.
En rétrospective, hormis le fait que ces gens étaient entassés, les colons d’Isaac Barr « n’ont probablement pas souffert beaucoup plus que le passager moyen des chemins de fer canadiens de l’époque ».[34]
Les personnes voyageant à bord du « chenil », comme on appelait le train équipé d’un ou deux wagons de marchandise couverts abritant 150 chiens, ont été soumises au bruit des animaux, qui ont aboyé, hurlé et se sont battus pendant toute la durée du voyage.[35] Du côté des humains, le voyage fut marqué par quelques autres combats, une autre naissance et un décès, un colon étant tombé entre le train encore en mouvement et un quai de gare, succombant plus tard à ses blessures.[36]
Quatre cents personnes, principalement des jeunes hommes qui n’avaient pas suffisamment de capital et de connaissances en agriculture pour commencer à s’établir dans la colonie, ont arrêté leur voyage à Winnipeg. Ils y sont débarqués et sont allés travailler pour d’autres agriculteurs, espérant acquérir suffisamment d’expérience et d’argent pour se mettre à leur compte. Les quelques femmes de ce groupe cherchaient principalement des emplois de domestique, espérant également économiser suffisamment d’argent pour commencer une nouvelle vie.[37]
Le reste du groupe a poursuivi son voyage en train. Lorsqu’ils se sont arrêtés à Regina, une foule s’était rassemblée pour les accueillir et chanter la chanson patriotique « The Maple Leaf Forever ». Les colons ont répondu en chantant quelques chansons anglaises populaires. Et, quand le train s’est remis en route, les deux groupes ont chanté le Ô Canada ensemble.[38]
Conclusion
Au début du vingtième siècle, deux ministres anglicans, désireux de jouer un rôle actif dans la colonisation britannique du Canada, ont convaincu près de 2 000 Anglais et Anglaises de délaisser leur ancienne vie pour en commencer une nouvelle au Canada. Parmi ces gens, peu étaient des fermiers, beaucoup étaient des vétérans de la guerre des Boers désillusionnés par la vie en Angleterre, mais tous ont choisi d’avoir foi en Isaac Barr et ses plans. Isaac Barr était un rêveur qui n’a pas fixé de limite au nombre de participants. Il a rapidement été dépassé par leur nombre, ce qui a conduit le gouvernement canadien à établir ses propres plans pour assurer le bien-être des colons et pour éviter toute publicité négative.
Malgré des préparatifs chaotiques, les colons sont arrivés au Canada en avril 1903. Ils étaient sains et saufs, mais déjà découragés par l’inconfort du voyage. Ces sentiments ont été renforcés au cours du voyage en train qu’ils ont fait à travers le pays. La question, maintenant, est de savoir si ce groupe, possédant si peu d’expérience agricole, a réussi à planter des cultures et à établir des propriétés familiales une fois arrivé sur sa terre réservée. Découvrez-le dans la deuxième partie de ce document.
- Isaac Barr, lettre aux colons, citée dans Lynne Bowen, Muddling Through: The Remarkable Story of the Barr Colonists (Vancouver et Toronto: Greystone Books [Douglas & McIntyre], 1992), 53.↩
- Il convient toutefois de noter que les Britanniques plus riches, provenant de milieux urbains, étaient considérés avec scepticisme. Pour un survol utile, voir l’article de synthèse de Joy Parr, « The Significance of Gender Among Emigrant Gentlefolk », Dalhousie Review 62, no 4 (hiver 1982-83): 693–9.↩
- Au sujet de la colonisation par îlots (block settlements), voir Alan Anderson, « Ethnic Bloc Settlements », Encyclopedia of Saskatchewan (2007).↩
- À propos de ce territoire avant le XXe siècle, voir Wade Leslie Dargin, « The 18th and 19th Century Cree Landscape of West Central Saskatchewan: Implications for Archaeology » (thèse de maîtrise, Université de la Saskatchewan, 2004).↩
- Au sujet du Traité no 6, voir J.R. Miller Compact, Contract, Covenant: Aboriginal Treaty-Making in Canada (Toronto : Presses de l’Université de Toronto, 2009), chapitre six; Arthur J. Ray, Jim Miller, et Frank Tough, Bounty and Benevolence: A History of Saskatchewan Treaties (Montréal et Kingston : Presses de l’Université McGill-Queen, 2000), chapitre neuf (citation à la p. 146); et James Daschuk, Clearing the Plains: Disease, Politics of Starvation, and the Loss of Aboriginal Life (Regina : Presses de l’Université de Regina, 2013), surtout 96-98 et 123 (refus de rations).↩
- Voir Honour Bound: Onion Lake and the Spirit of Treaty Six: The International Validity of Treaties with Indigenous Peoples, International Work Group for Indigenous Affairs, Document No 84 (Copenhague, Denmark: IWGIA, 1997); Christian Thompson, « Onion Lake First Nation », Indigenous Saskatchewan Encyclopedia; et Sylvie Marceau-Kozicki, « Onion Lake Indian Residential Schools, 1892-1943 » (thèse de maîtrise, Université de Saskatchewan, 1993), chapitre deux.↩
- Helen Evans Reid, All Silent, All Damned: The Search for Isaac Barr (Toronto: Ryerson, 1969), 19.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 27–35.↩
- Cecil Rhodes était un « archi-impérialiste » dont l’insensibilité le rendait controversé même de son vivant. Sa compagnie, la « British South Africa Company », a envahi et occupé ce qui est devenu la Rhodésie (ou une grande partie de la Zambie et du Zimbabwe actuels). Des milliers de soldats africains ont péri dans ces batailles, puis « des gens ont été opprimés de façon brutale sur leur propre terre ». Voir William Beinart, « Rhodes Must Fall: The Uses of Historical Evidence in the Statue Debate in Oxford, 2015–6 », Oxford and Empire Network (octobre 2019).↩
- Reid, All Silent, All Damned, 39–45; et Eric Holmgren, « Isaac M. Barr and the Britannia Colony » (thèse de maîtrise, Université de l’Alberta, 1964), 24.↩
- Bowen, Muddling Through, 11.↩
- Bowen, Muddling Through, 9-13.↩
- Chris Kitzan, « The Fighting Bishop: George Exton Lloyd and the Immigration Debate » (thèse de maîtrise, Université de Saskatchewan, 1996), 9.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 9–12. George Lloyd a reçu une médaille de la North-West Field Force avec agrafe et, selon Reid, All Silent, All Damned, 113, il a également été recommandé pour la Croix de Victoria. Les détails du conflit, également connu sous le nom de bataille de Cut Knife, font encore aujourd’hui l’objet de débats. Dans l’esprit de George Lloyd, cependant, ce soulèvement représentait une attaque directe contre l’autorité, la loi et l’ordre britanniques, son résultat final étant que « l’Indien a appris qu’il ne pouvait pas s’opposer à l’homme blanc et s’est donc adapté aux nouvelles conditions » (Kitzan, « Fighting Bishop », 10). Les actions de Lloyd peuvent être considérées comme s’inscrivant dans une tradition plus longue de violence d’autodéfense coloniale, discutée dans des ouvrages tels que Tyler Shipley, Canada in the World: Settler Capitalism and the Colonial Imagination (Halifax : Fernwood Publishing, 2020). Au sujet de la résistance/rébellion du Nord-Ouest, voir également Miller, Skyscrapers Hide the Heavens, chapitre dix.↩
- La nature exacte de la controverse n’est pas claire, mais sa lettre de démission admettait qu’il s’était aliéné au moins trois personnes, toutes rendant son travail difficile; voir Kitzan, « Fighting Bishop », 13–15 et 15–35.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 13–16. Au sujet de la CCCS, voir Hilary M. Carey, God’s Empire: Religion and Colonialism in the British World, c.1801-1908 (Cambridge : Presses de l’Université Cambridge, 2011), chapitre cinq et, au sujet de la colonie de Barr, 366-368.↩
- Kitzan, « Fighting Bishop », 16–17; et Bowen, Muddling Through, 13–14.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 28; et Bowen, Muddling Through, 12 (« misleading »). Le pamphlet est reproduit dans J[ames] Hanna McCormick, Lloydminster, or, 5000 Miles with the Barr Colonists (Londres Dranes, 1924), 21–35.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 52–3. Bowen, Muddling Through, 24, le bureau de George Lloyd recevait jusqu’à 50 lettres par jour.↩
- Commissaire par intérim [C.F. Just], lettre au révérend J.N. Barr [sic], 30 août 1902, RG76B, dossiers sur les sujets, politiques et cas dans la série Premier registre central du Programme d’immigration, 1892–1950, bobine C–7403, Bibliothèque et Archives Canada (ci-après BAC). Comme le dit Eric Holmgren dans « Barr and the Britannia Colony » : « Dans son empressement à mener ses plans à bien, Barr a trouvé une façon de capitaliser sur les promesses verbales du [Commissaire à l’immigration] et d’autres personnes (même si elles n’étaient pas très fermes), d’engager ces hommes dans la presse et de les mettre dans une position où ils ont dû se ranger de son côté. Cette façon de faire, la conduite de Barr, a frôlé l’indiscrétion et... a pu contrarier certaines personnes. »↩
- Voir par exemple James A. Smart, lettre à Barr, 26 février 1903, RG76B, dossiers sur les sujets, politiques et cas dans la série Premier registre central du Programme d’immigration, 1892–1950, bobine C–7403, BAC. Malgré la similitude de la terminologie, il ne faut pas confondre les terres réservées aux colons européens et les réserves des Premières Nations, qui étaient administrées de manière totalement différente.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 44 et 47; et E.H. Oliver, « Coming of the Barr Colonists: The "All British" Colony that Became Lloydminster », Annual Report de la Société historique du Canada (1926), 74. Les sources donnent des indications divergentes quant à la distance, mais toutes les données se situent entre 241 et 321 kilomètres, soit environ 270 kilomètres par les autoroutes modernes.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 48 et 53.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 52–53; Reid, All Silent, All Damned, 47 (« sires »); et McCormick, Lloydminster, 37 (« Hempire [sic] »).↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 58–63 et 76–7.↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 67–70. Il suggère également que l’échec des syndicats était peut-être dû à un manque de ventes d’abonnements, ce qui n’aurait pas laissé à Isaac Barr suffisamment de fonds pour acheter des fournitures adéquates (71–76, voir également 80).↩
- « Transcription of M. F. Hembrow-Smith’s Diaries », 6. Ce dernier est conservé par le Museum of Western Development (Saskatoon), et je tiens à les remercier d’en avoir mis une copie à ma disposition↩
- Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 77, 79, 80 et 90; Lucina Rasmussen, « Empire, Identity, and the Britannia Colony: Female Settlers’ Perspectives on Life in Western Canada » (thèse de maîtrise, Université de l’Alberta, 2006), 105; et Bowen, Muddling Through, 64.↩
- Ivany, « An Ethnic Experience », 39 et 58 (âges et occupations des colons); Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 132 (« great majority »); et, pour le récit du médecin, Oliver, « Coming of the Barr Colonists », 69; et Bowen, Muddling Through, 94.↩
- Au sujet du navire, voir « Lake Manitoba », Tyne Built Ships, qui indique qu’il a été construit à l’origine pour accueillir 122 personnes en première classe, 130 en deuxième classe et 500 en troisième classe; quelque temps après ce voyage, le navire a été réaménagé afin de transporter 150 passagers en cabine et 1 000 autres en entrepont. Au sujet du voyage, voir Bowen, Muddling Through, 51-68 et 111; Keith Foster, « The Barr Colonists: Their Arrival and Impact on the Canadian North-West », Saskatchewan History 35, no 3 (1982), 84-85; Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 85-87; et Reid, All Silent, All Damned, 5 et 59-68. L’anecdote concernant la naissance et les passagers clandestins provient d’Alice Rendell, citée dans Oliver, « Coming of the Barr Colonists », 76.↩
- Foster, « The Barr Colonists », 85 (les deux citations); Bowen, Muddling Through, 54 (« all but 300 »); Reid, All Silent, All Damned, 62 (sur les conférences de George Lloyd); et « Transcript of Mr. F. Hembrow-Smith’s Diaries », 13-14 (sur les divertissements). Pour le programme de navigation, voir cet hyperlien.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 64; et « Transcript of Mr. F. Hembrow-Smith’s Diaries », 14.↩
- « Transcript of Mr. F. Hembrow-Smith’s Diaries », 14.↩
- Le premier pamphlet est reproduit dans McCormick, Lloydminster, 27; le second est cité dans Reid, All Silent, All Damned, 51; et Foster, « The Barr Colonists », 87.↩
- Reid, dans « Clerical Con Man », 40, affirme que les chiens ont été jetés par-dessus bord pendant le voyage en mer, mais cette affirmation erronée a disparu de son livre ultérieur, All Silent, All Damned, 61 (pas avant d’avoir été reprise dans Foster, « The Barr Colonists », 85). Bowen, dans Muddling Through, 69–70, rapporte que chacun des trains avait un wagon pour les chiens, tandis que le rapport selon lequel il y avait deux wagons remplis de chiens et que ce train était surnommé « le chenil » n’apparaît que dans « Transcript of Mr. F. Hembrow-Smith’s Diaries », 14.↩
- Reid, All Silent, All Damned, 68–69; Rendell dans Oliver, « Coming of the Barr Colonists », 76–77; et Holmgren, « Barr and the Britannia Colony », 88.↩
- Bowen, Muddling Through, 81; et « Transcript of Mr. F. Hembrow-Smith’s Diaries ».↩
- « Transcript of Mr. F. Hembrow-Smith’s Diaries », 18.↩