L’exposition L’histoire du Quai 21, présente une section intitulée Trésors de chez nous, où l’on retrouve des objets et des accessoires que les immigrants ont apportés lorsqu’ils ont mis le cap vers le Canada. Ces objets, contenus dans une grande caisse en bois, comprennent : un vélo, une paire de sabots (chaussures traditionnelles en bois), une commode, un ensemble de vaisselle et, oui, un évier de cuisine.
Sur le côté gauche de la caisse de bois se trouvent de grandes lettres au pochoir indiquant « Van Dijk Farm », ainsi qu’une adresse de l’Ontario. Cette caisse est en fait une reconstitution d’un kist, une grande caisse de bois que les familles néerlandaises utilisaient pour transporter leurs biens des Pays-Bas au Canada.
L’exposition Trésors de chez nous resonates résonne chez de nombreux visiteurs du Musée, plusieurs ayant des racines néerlandaises. Les parents d’Annette Verschuren ont immigré au Canada en 1951 et se sont installés au Cap-Breton. En l’honneur de sa famille, Annette a fait un important don au Musée. En reconnaissance de son soutien, Trésors de chez nous sera dédiée à la famille Verschuren lors d’une cérémonie qui aura lieu le 6 avril 2023.
Tout était pour emporter.
Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement néerlandais a limité le montant d’argent avec lequel les émigrants pouvaient partir. Les gens qui déménageaient et vendaient leur maison ou leur ferme pouvaient se retrouver avec une bonne somme d’argent (en florins néerlandais), mais ne pouvaient pas convertir cet argent en dollars et le placer dans un compte bancaire canadien. Comment, donc, ces familles ont-elles essayé de transférer la richesse qu’elles avaient accumulée vers leur nouvelle demeure? L’une des façons de transférer cette richesse personnelle au Canada était d’apporter des choses.
Les familles néerlandaises apportaient donc beaucoup de choses. Des meubles, des vêtements, des appareils électroménagers, des ustensiles de cuisine et plus encore. Les kists étaient gros et pouvaient peser plusieurs tonnes. Certaines familles en ont rempli et expédié plus d’un. Certaines personnes ont même acheté des biens aux Pays-Bas avant de partir. Un agriculteur néerlandais a acheté une moissonneuse-batteuse (un énorme équipement agricole) et a payé son coût d’expédition au Canada.
Les objets transportés n’avaient cependant pas toujours une grande valeur monétaire. On raconte même qu’une femme a fait venir la pierre qu’elle utilisait pour tenir le couvercle de sa marmite afin d’éviter qu’elle ne déborde. Elle n’était pas certaine qu’elle en trouverait une similaire au Canada.
Aussi drôles ces histoires puissent être, commencer une nouvelle vie dans un pays inconnu peut être effrayant. Imaginez que vous déménagez dans un nouveau pays. Si vous aviez le choix entre apporter vos biens et acheter de nouvelles choses avec de l’argent,
Un contenant aussi important que son contenu.
Myno Van Dyke, dont la famille a immigré des Pays-Bas en 1951, commence son histoire d’immigration ainsi :
Lorsque j’ai pris ma retraite il y a quelques années, l’une des premières choses que je me suis jurées, c’était de nettoyer le garage. Pour mener à bien cette tâche, je devais disposer d’un endroit où déplacer les trucs, et je devais donc d’abord nettoyer la grange. Je suis monté à l’étage de la grange et j’ai commencé à déplacer des roues, des pneus, des armatures de chaises de jardin en aluminium et de vieux vélos que les enfants avaient autrefois utilisés. Sous les vélos, j’ai trouvé deux petites chaises en bois. Une boule s’est soudainement formée dans ma gorge. Il s’agissait des chaises que mon père avait fabriquées en 1951. Le bois utilisé provenait de notre « kist ».
– Collection du Musée canadien de l’immigration du Quai 21, (S2012.1567.1)
Ces chaises, issues de l’enfance de Myno, lui ont rappelé de nombreux souvenirs. Le bois qui avait transporté les meubles provenant de l’ancienne vie de la famille avait été transformé en nouveaux meubles, maintenant dépassés et presque oubliés. Ces chaises ont été redécouvertes en triant les détritus d’une vie, pour faire table rase pour la retraite ou du moins pour avoir un garage propre. Ces chaises, comme tant d’autres choses précieuses dans nos vies, sont plus importantes que ce que l’on pourrait croire en les regardant.