Pas d’œufs ou de beurre? La pâtisserie par temps difficiles n’a rien de nouveau.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale et la période de reconstruction, le gouvernement canadien souhaitait respecter ses engagements envers l’Angleterre en lui envoyant une grande quantité d’aliments pour les soldats et les civils. Par conséquent, de 1942 à 1947, un système complètement nouveau au Canada, le rationnement, a été mis sur pied. Le rationnement affectait principalement les femmes, puisque celles-ci étaient responsables d’acheter la nourriture pour leur famille. Leur entière participation au rationnement était leur devoir patriotique pour soutenir l’effort de guerre.

Une femme portant un tablier fait un salut, la cuillère à la main.
Crédit : Recettes économiques pour les « soldats domestiques » du Canada Toronto : Canada Starch Company Ltée 1943. De l’exposition interactive du Site historique national de la Maison Laurier, « Cuisine de la Deuxième Guerre mondiale ».

Mais comment le rationnement fonctionnait-il, au juste? Le gouvernement décidait quelles denrées alimentaires étaient vendues dans les magasins, combien par personne et quand. Les gens recevaient un livret de coupons pour leur ménage. Le nombre de coupons dépendait du nombre de membres habitant dans le foyer. Pour acheter des denrées rationnées, il fallait visiter un magasin, présenter un coupon de beurre, par exemple, et en payer le prix demandé.

Quelles denrées rationnait-on? En général, le sucre, le beurre, la viande, le thé, le café, par exemple. On rationnait aussi la nourriture en conserve, la mélasse, les confitures, etc. Pour cuisiner des repas qui ressemblaient à ceux auxquels elles étaient habituées avant la guerre, les femmes faisaient donc preuve de créativité et d’imagination. Elles adaptaient leurs recettes de tous les jours et leurs recettes spéciales selon la disponibilité des ingrédients. Par exemple, elles remplaçaient le sucre par du sirop d’érable, des raisins secs ou du sirop de maïs. Si elles n’avaient plus de beurre pour un gâteau de fête, elles utilisaient du gras de poulet! Et si elles n’avaient plus de gras de poulet pour leurs biscuits, le gras de bacon ou de porc faisait bien l’affaire! À cette époque, les femmes utilisaient régulièrement des recettes de gâteau qui n’utilisaient ni beurre, ni œufs, ni lait.

Aujourd’hui, nous sommes nombreux à vivre des pénuries à l’épicerie pour la première fois dans nos vies. Afin de célébrer l’esprit et l’invention des pâtissières en temps de guerre, voici un exemple de pâtisserie qu’elles pouvaient encore créer et déguster, malgré les restrictions. Le public les appelait souvent des « gâteaux de la victoire »; ils étaient conçus pour utiliser les ingrédients non rationnés par l’effort de guerre, ou pour en utiliser moins qu’auparavant.

Gâteau de guerre
2 tasses de cassonade
1 paquet de raisins
2 tasses d’eau chaude
2 c. à table de lard
1 c. à thé de sel
1 c. à thé de cannelle
1 c. à thé de clous de girofle

Faites bouillir le mélange pendant 5 minutes. Une fois le mélange refroidi, ajouter 3 tasses de farine, 1 c. à thé de bicarbonate de soude dissout dans 1 c. à thé d’eau chaude. Faire cuire 15 minutes au four à feu doux. Meilleur si réparti dans deux plats.

Source: Daily Standard- Freeholder.

Gâteaux aux épices sans œufs
Température : 350o Temps : Une heure
1 tasse de raisins secs sans pépins ou de raisins de Corinthe
½ tasse de cassonade
½ tasse de sirop de maïs Crown Brand
1 tasse d’eau bouillante
1/3 tasse de gras fondu
1 c. à thé de sel
½ c. à thé de noix de muscade
1 c. à thé de cannelle
2 tasses de farine tout-usage tamisée
1 c. à thé de bicarbonate de soude
½ c. à thé de poudre à pâte

Combiner les raisins, le sucre, le sirop de maïs, l’eau bouillante, le gras fondu, le sel et les épices dans une casserole. Chauffer à feu doux et laisser mijoter doucement pendant 5 minutes. Laisser refroidir. Incorporer la farine tamisée, le bicarbonate de soude et la poudre à pâte, puis verser dans un moule à pain graissé. Cuire au four à feu moyen (350o) pendant une heure. (Ce gâteau est délicieusement humide; il n’exige aucun glaçage.)

Substitutions suggérées pour les aliments :
Pour 1 tasse de beurre : Utiliser 7/8 tasse de lard, et doubler la quantité de sel. Ou utiliser ½ tasse de suif, doubler la quantité de sel et augmenter la quantité de liquide dans la recette par ¼ tasse ou plus. Ou utiliser ¾ tasse de gras de bacon éclairci et augmenter la quantité de liquide dans la recette par ¼ tasse ou plus.

Pour 1 c. à thé de poudre à pâte : ¼ c. à thé de bicarbonate de soude et ½ c. à thé de crème de tartre.

Pour 1 c. à table de fécule de maïs : 2 c. à table de farine (pour épaissir le mélange.)

Source : « Economy Recipes for Canada’s “Housoldiers” from the Home Service Department », Canada Starch Company Ltée

Merci au Lieu historique national de la Maison Laurier, situé au cœur d’Ottawa, qui a partagé ces recettes avec le Musée.

Aimeriez-vous replonger dans l’ambiance d’une cuisine typique des années 1939-1945? Souhaitez-vous ouvrir le vieux frigo et découvrir ce qu’il reste pour préparer le souper? Avez-vous encore du beurre pour faire un gâteau et célébrer le retour de la guerre de votre grand frère? Si oui, prévoyez une visite au Lieu historique national de la Maison Laurier, géré par Parcs Canada. Un guide en costume d’époque vous donnera une recette de gâteau qui n’utilise ni beurre, ni sucre, mais qui est néanmoins absolument délicieux ! https://www.pc.gc.ca/fr/lhn-nhs/on/laurier/activ/cuisine-kitchen

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Le lieu historique national de la Maison-Laurier

Le lieu historique national de la Maison-Laurier, administré par Parcs Canada, commémore deux des premiers ministres les plus notables du Canada, Sir Wilfrid Laurier et le très honorable William Lyon Mackenzie King, qui étaient tous deux d'anciens résidents. La Maison-Laurier se trouve dans le quartier de la Côte-de-Sable, un secteur résidentiel à peu de distance du centre commercial et politique d'Ottawa.