Aviatrice-chef Elsie F. Mills

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LACW Elsie F. Mills
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WAAF and War Bride

Sujet : Elsie Mills
Auteur : Elsie Mills
Catégorie : épouse de guerre
Date d’arrivée : 25 mai 1945
Pays d’origine : Angleterre

Par Elsie Mills

Je me tenais à la fenêtre aujourd’hui, observant un champ de maïs sucré. Tellement d’années ont passé et tellement de choses sont arrivées. On est en août 1999… une belle journée. Le soleil brille et le ciel semble tellement vaste. Voilà la première impression que j’ai eue du Canada, le 25 mai 1945.

J’étais la sixième de dix enfants. Mon père était ingénieur des constructions navales à l’amirauté, en Angleterre. J’ai commencé à travailler dans un hôpital de Londres, en Angleterre, et ai choisi une carrière dans le domaine des soins, mais le travail psychiatrique était difficile. Mon père, ayant quitté le quartier général de l’Amirauté à Londres, en Angleterre, a été transféré à l’hôtel Pump Room, à Bath, temporairement transformé en bureaux pour la durée de la guerre. Mon père a déménagé ma mère et les plus jeunes membres de la famille à Bristol, alors j’ai changé d’hôpital et me suis retrouvée à celui de Fishponds, à Bristol, afin d’être près d’eux. Les bombes tombaient fréquemment, et les sirènes de raid aérien retentissaient tous les soirs. Les femmes étaient appelées à joindre les forces. J’avais un emploi protégé, mais j’ai décidé de joindre l’aviation en tant que W.A.A.F. (Women’s Auxiliary Air Force) et j’ai suivi une formation nécessaire de commis dentaire. J’ai été affectée à Paignton, une ville du Devon, et le destin a fait le reste. Celui qui allait devenir mon Canadien de mari était en convalescence dans un hôpital de Brixham, Devon, à environ 10 km de Paignton. J’étais en service la nuit où nous nous sommes rencontrés et je n’étais pas censée être à cette danse, mais j’y étais ! Ed (Jack Mills) était avec un groupe qui était venu pour cette danse. Il manquait d’argent pour retourner, je lui ai donc payé la course en taxi. Je lui disais toujours que je l’avais épousé juste pour m’assurer qu’il me rembourse et je persiste à dire qu’il ne l’a jamais fait !

Nous avons été mariés pendant 48 ans et avons eu quatre enfants. Le plus vieux, Ian, avait 9 mois quand nous sommes arrivés au Canada, et notre fille aînée est née 8 mois plus tard. Nous avons 9 petits-enfants et 8 arrière-petits-enfants.

Ed est retournée dans l’armée en 1948 et a servi jusqu’en 1968. En comptant son service durant la guerre, il a eu 26 années de service actif.

La vie a toujours été intéressante, vivant en Ontario, au Québec, de retour en Ontario, puis en Allemagne, et au Manitoba. Ed a servi aux Pays-Bas et en Angleterre pendant la guerre et à Chypre, en Corée et en Allemagne comme membre de la Force de maintien de la paix. Je trouvais la vie très occupée, mais avec ses absences fréquentes, c’était une vie bien solitaire. J’ai vécu dans des maisons de toutes les formes et de toutes les tailles. La plus petite était celle de Wasaga Beach, en Ontario, quand Ed est revenu de Corée. Elle était si petite que les chambres ne pouvaient contenir qu’un lit et une commode, et nous devions ramper sur le lit pour entrer dans la chambre. Il y avait une rivière qui coulait le long de la propriété et Ian se transformait en pêcheur à chaque semaine ou presque. À bien y penser, c’était beaucoup mieux que le bâtiment en « H » qui nous abritait à la caserne Wolseley, à London, en Ontario. Nous devions vraiment faire attention aux rats, qui sortaient le long de la conduite verticale. Nous avons appris à y fourrer du papier tout autour du tuyau et quand le papier était retiré par le bas, nous en remettions par le haut.

En 1949, la paie de l’armée était vraiment petite et les bonnes maisons étaient difficiles à trouver. La polio (une maladie virale connue sous le nom de poliomyélite) était une menace constante durant les mois d’été et la poliomyélite bulbaire nous a même rendu visite. Notre fille aînée, Betty, était une petite fille très malade, mais elle était solide et elle a survécu. Puis, nous sommes partis pour Montréal. Nous vivions au-dessus d’un restaurant. Les enfants adoraient cela et allaient souvent en bas.

En Allemagne, nous vivions au-dessus d’une boucherie et y avons observé de drôles de façons de faire vieillir la viande. Après cela, je n’ai jamais vraiment apprécié les hot dogs. Nous avons déménagé dans les P.M.Q. (permanent married quarters ou logements familiaux permanents) à Soest et Werl, en Allemagne. C’étaient vraiment de beaux appartements joliment meublés avec trois chambres à coucher. Nous avons déménagé à Winnipeg, au Manitoba et notre mobilier, après quatre années de stockage quand nous l’avons finalement récupéré, sentait mauvais et a pris à peine un an à se décomposer. Il semble qu’il y avait eu une inondation pendant notre absence. L’armée ne croyant pas dans les mesures de compensation, vous signez des papiers selon lesquels vous ne parlerez pas aux médias, alors, comme un bon soldat, vous acceptez la vie et passez à autre chose. Nous avons déménagé dans une petite maison, dans les P.M.Q. de Winnipeg. Au cours de l’hiver, le mur de la chambre à l’étage gelait et avec lui, n’importe quel drap ou couverture qui le touchait. Combien froid peut-il faire à Winnipeg ? Réponse : si froid que si vous suspendez votre linge sur la corde, celle-ci « pète » instantanément, laissant les épingles et tout ce qui y est accroché – comme les ourlets, les hauts de pantalon ou les pieds de chaussettes – figé jusqu’au printemps. Pas de farce !

En 1968, Ed a été très malade et il a donc décidé de prendre sa retraite de l’armée. Nous sommes alors revenus à London, en Ontario, afin d’être proches de sa famille.

Ma mère est décédée en 1953 alors que nous étions installés à Montréal et mon père est décédé en 1955, alors que nous étions à la base des Forces canadiennes Borden. J’ai eu l’occasion de retourner en Angleterre en 1958, alors que j’étais en route pour rejoindre mon mari en Allemagne avec mes enfants, et même si je n’ai pas été en mesure de revoir mes parents, j’ai pu revoir le reste de ma famille. Halifax est cependant un rappel de l’expertise de mon père. Le point d’ancrage de l’Amirauté qui se trouve sur la Corvette, est celui qui a été modifié par mon père. Les ancres de l’époque étaient tirées à bord par l’aussière et déposée sur le pont. M. Alfred Nash, mon père, l’a modifiée pour lui permettre de glisser vers le haut à l’extérieur du navire et se verrouiller sur sa paroi. Le premier de ces points d’ancrage a été installé sur les navires d’une flotte indienne en 1936.

Quel choc cela a été pour une épouse de guerre anglaise provenant d’une maison dessinée et construite par mon père, d’arriver dans une maison de ville, avec une pompe dans le puits pour l’eau, une toilette dans le jardin, des bancs de neige qui s’élevaient jusqu’aux fils électriques en hiver, où le médecin se déplaçait en raquettes pour visiter ses patients, et où les levures pour faire le pain et les autres produits de subsistance étaient parachutés en attendant que la neige soit déblayée pour que les trains puissent passer au cours d’un hiver particulièrement difficile. Je voulais rentrer à la maison, mais je ne l’ai pas fait. Les filles que les soldats canadiens avaient ramenées à la maison comme épouses étaient des femmes solides… N’avaient-elles pas enduré quatre années de guerre, après tout ?

Discours d’Elsie présenté lors de la Fête du Canada, en 2002, lorsqu’elle a remis le fer à cheval chanceux à Ruby Fletcher, au Quai 21

Je suis arrivée au Canada en mai 1945, alors que j’avais 22 ans, avec un fils de 9 mois, et enceinte d’une autre enfant. Je venais tout juste de découvrir que j’étais enceinte, le jour-même de mon départ.

La traversée a été d’une durée de deux très longues semaines : un passage très difficile, avec un accostage dans l’archipel des Açores, en raison de la présence présumée des sous-marins dans l’Atlantique. Le chagrin que nous avons ressenti pour une jeune maman dont le bébé est mort et son corps jeté à la mer à partir du HMS Britannic n’a pas aidé à nous sentir mieux. En arrivant au Quai 21 – qui n’était à ce moment qu’un grand hangar où nous devions repérer nos bagages – nous avons traversé pour prendre le train qui nous attendait pour nous emmener à nos destinations. Personnellement, j’étais engourdie, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait, mais au moins la terre était stable et ça ne balançait plus de haut en bas sous mes pieds. J’ai voyagé à travers la Nouvelle-Écosse et j’ai pensé « quel endroit magnifique, je sais que je vais aimer ça ici »… Tous ces petits lacs et ces beaux paysages. Je pensais vraiment que tout le Canada ressemblait à la Nouvelle-Écosse. Mais bien sûr, ce n’est pas le cas, tout est différent et possède une beauté qui appartient à chaque région. Le Quai 21 appartient à tous ceux qui ont vu le Canada, tout d’abord en sortant de son hangar, dans un monde duquel personne ne savait rien. Aucun d’entre nous ne savait ce qui nous attendait, mais nous avons quand même tous franchi ce pas. Je suis revenue en visite au Quai 21, pour le voir.

Encore une fois, j’ai vu la plaque qui a été mise en place afin de commémorer les épouses de guerre puis, au cours de visites subséquentes, les débuts du Musée. J’ai été invitée à écrire mon histoire, ce que j’ai fait et à ma grande joie mon texte a été inclus dans le livre écrit par Linda Granfield, Brass Buttons and Silver Horseshoes - The Story of Canada's British War Brides (traduction libre : Boutons de laiton et fers à cheval d’argent – L’histoire des épouses de guerre britanniques du Canada). J’ai été membre du Quai 21 pour une bonne période de temps, maintenant. Ruth Goldbloom, ex-présidente du Quai 21, m’a rappelé cet hymne que nous avions l’habitude de chanter quand nous étions de petits enfants : This little light of mine, I'm going to let it shine (Cette petite lumière intérieure, je vais la laisser briller...). J’aimerais voir cette lumière briller en chacun de nous qui sommes passés par le Quai 21. Imaginez seulement si nous envoyions tous nos histoires et en faisions une bibliothèque… Si tous ceux dont les parents ou grands-parents sont passés par ici devenaient membres… Quelle vitrine ce serait !

Alors que Linda Granfield faisait une lecture de son livre, j’ai été en mesure de la rencontrer. Linda disait que le Quai 21 avait besoin d’un fer à cheval ayant été apporté par une épouse de guerre, pour le Musée. J’en ai parlé à quelques-unes de mes amies et l’une d’entre elles, Ruby Fletcher, était prête à faire don du fer à cheval qu’elle portait lors de son mariage et je vous le rapporte aujourd’hui.

Les recherches nous disent que le fer à cheval était transporté par les épouses, parce qu’il est en forme de U, ce qui représente la pureté et la chance. Il est ensuite accroché par les épaules sur votre porte. Dans l’autre sens, cela permettrait à la chance de s’envoler. Cela chassait le diable parce qu’il a promis de ne pas entrer là où il en voyait un. Une autre tradition dit qu’il est de très bonne chance de voir un cheval gris sur le chemin de l’église, encore plus si la mariée se rend dans une voiture tirée par un cheval gris, et le plus chanceux des fers à cheval provient des pattes d’une jument grise. Eh bien, ce fer à cheval de papier n’a certainement jamais vu la patte d’une jument grise, mais j’espère qu’il apportera au Quai 21 et ses nombreux visiteurs beaucoup de bonne fortune dans les années à venir.

Cinq dames jeunes et d’âge moyen, debout devant la maison pour une photo.
Elsie Mills avec ses soeurs et mère
Famille debout devant la maison près des buissons pour une photo.
Elsie Mills avec sa famille
Un jeune homme porte un uniforme militaire.
Ed en uniforme
Un jeune homme et une jeune femme se tiennent devant une porte.
Elsie et Ed le jour de leur mariage
Groupe de personnes debout devant un bâtiment, certains d’entre eux portent des uniformes.
Elsie et Ed le jour de leur mariage
Petite fille assise sur une chaise.
Bébé Ian
Jeune homme et femme assis sur l’herbe avec des enfants.
Elsie, Ed et leurs enfants
Un couple bien habillé se tient devant une toile de fond pour des photos.
Elsie et Ed 25ème anniversaire
Un couple d’âge moyen aux cheveux gris portant du noir et la femme porte une croix.
Elsie et Ed, juste avant la mort d'Ed
Quatre jeunes femmes portent des robes colorées et posent pour une photo.
Elsie et Ruby Fletcher, avec Carrie-Ann Smith, du Quai 21, et Peggy Topple, de VIA Rail, lors du Jour du retour des épouses de guerre, en novembre 2006.