Maria Teresa DiGiandomenico

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Maria Teresa DiGiandomenico

Maria Teresa DiGiandomenico (Rasetta)
Témoignage d’immigration du Quai 21, à bord du Vulcania – 1956

Pour ma mère Elena DiGiandomenico, ma sœur Vera et moi, l’aventure a commencé le 8 juin 1956. J’avais neuf ans et ma sœur n’en avait que trois. Nous avons quitté la sécurité et la tranquillité de notre petite ville de Nocciano, dans la province de Pescara dans la région des Abruzzes, en Italie et avons pris le chemin vers Naples. Nous étions remplies d’émotion, mais nous avions aussi peur car nous n’avions jamais voyagé si loin de chez nous.

Mon père, Franco, avait quitté l’Italie en 1953 pour le Brésil, afin d’y travailler dans l’industrie de la construction et de gagner assez d’argent pour emmener toute la famille au Canada et rejoindre ses autres parents qui y étaient récemment déménagés. Il est retourné en Italie en 1954, mais est bien vite reparti, en 1955, vers Toronto pour commencer à y travailler et préparer le terrain pour notre arrivée plus tard. Il était parrainé par ses frères Guido et Giovanni, qui étaient arrivés à Toronto, en passant par la Belgique. Malgré notre crainte de quitter notre petite ville sécuritaire, nous étions heureux de retrouver papa.

À notre arrivée au port de Naples, nous avons été étonnées par le nombre de personnes qui attendaient pour embarquer sur cet immense navire qui nous mènerait à notre nouveau domicile : Toronto. Le nom du navire était le Vulcania. J’ai pleuré quand nous avons fait nos adieux à mes grands-parents et mon oncle qui nous avaient accompagnées à Naples. Immédiatement après l’embarquement, je me souviens d’avoir couru sur le pont pour saluer tout le monde qui était sur le quai.

Nous sommes descendues dans la cale du navire jusqu’à notre minuscule cabine équipée d’un lit superposé et d’un petit lavabo. Ma sœur et moi dormions ensemble dans le lit du haut et ma mère prenait celui du bas. J’ai regardé par le hublot et à mon grand étonnement, il était complètement recouvert d’eau ! De façon évidente, nous étions près du fond du navire car nous devions escalader de nombreux escaliers pour nous rendre à la salle à manger, tout en passant par la salle des moteurs du bateau… le corridor empestait l’odeur de carburant.

Nous avons réussi à monter sur le pont à quelques reprises. Je me souviens d’avoir été dans le port de Venise où nous avons vu de nombreuses gondoles très colorées. Ma mère nous y a acheté une tirelire qui était en forme de botte et nous étions étonnées de voir autant de monde crier et nous saluer alors que nous quittions le port. Je me souviens aussi d’avoir été sur le pont pour voir les dauphins nous faire leur spectacle. Ils étaient tellement beaux.

Puisque j’étais une enfant, j’ai trouvé la traversée plutôt correcte, mais ma mère a terriblement souffert du mal de mer à partir du moment où nous avons passé le détroit de Gibraltar. En conséquence, nous avons séjourné la majeure partie du voyage dans notre cabine. Ma pauvre mère malade devait ramper pour nous amener jusqu’à la salle à manger mais elle ne pouvait pas en faire plus que cela.

Enfin, le 23 juin 1956, nous sommes arrivées au Quai 21, à Halifax. Ma mère était tout simplement heureuse de se retrouver enfin sur la terre ferme. C’était incroyable d’avoir traversé un océan pour arriver ici. On nous a dit de ramasser nos malles et nous avons été dirigées vers la gare. On a alors dit à ma mère d’acheter du pain et une boîte de conserve de viande. Nous avons été surprises par la mollesse et le goût sucré du « pain » et on a commencé à se demander pourquoi mon père nous amenait sur cette terre étrangère, où on parlait dans une langue bizarre et on avait certainement une idée différente de ce qu’est la bonne nourriture.

Quand nous sommes arrivées à Toronto, à la gare Union, je me souviens que j’étais debout à côté de la voie ferrée avec nos malles à regarder les gens quitter la station. Bientôt, nous nous sommes retrouvées toutes seules sans aucune idée où aller ni personne autour pour leur demander. Finalement, mon père est apparu et après un si long voyage, nous étions simplement heureuses de voir un visage familier. Nous sommes allés vivre chez mon oncle, ma tante et les cousins… tous entassés dans une petite maison. Après six mois, mes parents ont acheté leur première maison et nous avons eu notre premier téléviseur noir et blanc. Nous n’avions jamais vu de téléviseur avant de venir au Canada.

J’ai débuté l’école dès septembre après notre arrivée, ne sachant rien de l’anglais sauf pour quelques mots que j’avais appris au cours de mes deux premiers mois ici. C’était plutôt facile parce que la plupart des autres enfants étaient eux aussi des immigrants italiens et nous pouvions au moins parler entre nous. À cette époque, il n’y avait pas de professeurs d’anglais langue seconde. Nous avons donc dû nous arranger par nous-mêmes. Cette première année a été un peu difficile, mais nous nous sommes rapidement ajustés et adaptés à ce nouveau mode de vie.

Je suis très reconnaissante envers mes parents pour avoir décidé de nous emmener dans ce merveilleux pays rempli d’opportunités. Ils ont fait le sacrifice de quitter l’Italie et repartir à zéro pour que leurs enfants aient une vie meilleure. Mon mari (Giovanni Rasetta) est lui aussi arrivé au Canada en provenance de l’Italie, débarquant à Halifax en 1961, au Quai 21. Nous avons élevé nos trois enfants, et maintenant 4 petits-enfants, ici et apprécions vraiment tout ce que le Canada nous a donné. Combien de chemin avons-nous parcouru depuis le premier jour de notre arrivée sur le Vulcania, après avoir traversé l’océan Atlantique remplis de rêves d’une vie meilleure ! Ce rêve est devenu réalité.

Vieille photo en noir et blanc d’un jeune couple avec leur bébé.
Digiandomenico - Passport photo
Photo en noir et blanc de la jeune femme avec deux petits enfants.
Digiandomenico - Passport photo
Face avant d’un certificat de naissance.
Digiandomenico - Birth Certificate (front)
Dos d’un certificat de naissance.
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Face avant de la carte d’atterrissage, avec deux timbres et un nom.
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Dos d’une carte d’atterrissage, avec un timbre.
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Preuve de vaccination antivariolique, il est estampillé.
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