Mur de Service
Colonne
17
Rangée
26
J'ai été à l'école élémentaire St. Mark's School, puis à l'école secondaire de Marquis Public School. Plus tard, j'ai obtenu un baccalauréat ès arts avec mention de l'Université de Saskatchewan à Saskatoon et une maîtrise ès arts de l'Université de Toronto. J'ai toujours apprécié tous mes professeurs, mais il y en a un que je voudrais mentionner en particulier. Si nous n'avions pas pu profiter du dévouement de M. M.G. Sillery, qui nous a enseigné en 12e année, alors qu'il n'avait été embauché que pour enseigner jusqu'à la 11e année, nombre d'entre nous dans le district de Marquis n'aurait jamais terminé l'école secondaire. Après avoir suivi l'école normale à Regina et avoir enseigné pendant trois ans, je me suis engagée dans les R.C.A.F. (W.D.). J'ai fait trois ans de service comme comptable dans les bureaux, y compris en Europe. Je suis retournée à la vie civile en 1946. J'ai enseigné pendant un an à Moose Jaw, puis je me suis inscrite à un cours dans les affaires à Calgary où j'ai vécu jusqu'en 1951, quand le père Kuckartz, OMI (Oblats de Marie-Immaculée), m'a demandé de l'aider à fonder une communauté religieuse, les Sisters of Mission Service, un effort pionnier pour renouveler la vie religieuse. Quand mon rôle a été accompli, j'ai répondu en 1969 à un appel du diocèse de London, en Ontario, pour aider à la fondation d'un centre de renouvellement chrétien. Après cinq ans passés là-bas, j'ai déménagé à North Bay, en Ontario, pour enseigner à Scollard Hall, une école secondaire de garçons, où j'étais une des premières femmes à enseigner. Étant donné que je suis comme ma mère une survivante, je suis toujours ici.
Famille Charles Cannon
Par Catherine Cannon
L'histoire de la famille Cannon, de Marquis, est si intimement liée à celle de la famille Lalonde que je ne peux pas penser à l'une sans penser à l'autre.
Mon père, Charles, est né à Hitchin, dans le Hertfordshire, en Angleterre, le 20 novembre 1891 - le plus jeune d'une famille de cinq. À l'âge de seize ans, il a voulu tenter l'aventure et il est parti au Canada où son frère aîné George, dix ans plus âgé que lui, tenait une ferme à Kindersley, en Saskatchewan. À un moment, Papa a travaillé comme manœuvre dans une ferme juste au sud de Saskatoon ; à un autre moment il a travaillé pour James S. LaLonde, de Marquis ; plus tard il est devenu propriétaire d'une ferme à Kindersley.
Le goût pour l'aventure devait être contagieux dans la famille Cannon, parce qu'en 1912, GEORGE et CHARLIE ont reçu la visite de leur sœur Lizzie. Elle n'avait prévu que de rester pendant un court séjour avant de repartir en Angleterre, mais elle a rencontré Frank LaLonde et elle l'a épousé en avril 1913. Il y avait certainement une attraction magnétique entre les Lalondes et les Cannons parce que Charlie et Lucy LaLonde, la sœur de Frank, se sont mariés le 12 février 1918. Ils se sont mariés dans l'église de St. John, à Marquis, la paroisse des Lalonde, mais ont habité dans le district de Kindersley pendant un an ou deux. Leur premier enfant, HARRY, est né à Moose Jaw fin 1919. Je suis aussi née au Providence Hospital, tout comme mes frères qui m'ont suivie: ARTHUR, DONALD, BERNARD et GEORGE. Seul KENNETH, mon plus jeune frère, est né à Tuxford pendant les 'sales années trente' (Dirty Thirties).
Le frère de Maman, Harry LaLonde, qui s'occupait des terres de la moitié ouest de la Section 21, canton19, range 27, ouest du deuxième méridien, est décédé en 1918. Vers 1920, Maman et Papa ont déménagé à Marquis, louant la terre d'Oncle Harry à sa veuve, Ethel, qui a épousé plus tard Bill Meagher, de Marquis, et a vécu à Denver, au Colorado.
C'était sur cette parcelle de terrain, en Saskatchewan, un mile à l'est de Marquis, juste au nord de la ligne de chemin de fer du CPR, que nos parents ont vécu tout le reste de leur vie, et pour nous sept, c'est encore le domaine familial. Le cancer a emporté nos deux parents – Papa est mort en 1952 à l'âge de 60 ans ; Maman en 1957 à 63 ans. Mais avant leur mort, ils ont pu réaliser leur rêve de devenir propriétaires terriens.
Je me rappelle quand nous avons grandi en Saskatchewan pendant les « sales années trente » (Dirty '30s), que les voies ferrées étaient l'attraction principale. Nous marchions sur la voie pour aller à l'école ; nous avions une idée de l'heure en comptant les trains de passagers ; nous jouions à des jeux comme deviner le nombre de wagons des trains, spéculer combien de personnes « voyageaient sur les essieux » (Note du traducteur : dans les années 30, “riding the rods” est une expression qui indiquait comment les passagers clandestins s'accrochaient aux essieux des wagons pour voyager sans payer) et combien s'arrêteraient chez nous pour déjeuner. Ces visiteurs ("hobos" comme on disait à l'époque) faisaient partie de notre vie ; nous en avions jusqu'à seize par semaine. J'ai toujours admiré la philosophie maison de ma mère à leur sujet. Elle ne voulait jamais qu'ils se sentent traités comme des clochards, mais qu'ils devaient mériter leur repas. Si c'était des jeunes hommes costauds, elle les gratifiait toujours d'un "heureusement que vous êtes là, j'avais justement besoin d'une bassine d'eau" ou "de couper un peu de bois". Et quand c'était un vieil homme, elle lui demandait de lui donner des nouvelles qu'elle n'avait pas d'autre moyen de connaître. Nous n'avions peut-être pas beaucoup de richesses matérielles, mais ce que nous avions -Maman et Papa nous le faisaient bien comprendre- nous devions le partager généreusement ; nos éphémères visiteurs s'asseyaient toujours à la droite de Papa. Pour Maman, la situation critique de ces chômeurs pourrait un jour être celle d'un de ses six fils.
Maman était venue au Canada du Minnesota en 1903, et à l'âge de 10 ans, et elle était certainement une survivante et savait combien les pionniers dépendaient les uns des autres. Donner et recevoir faisaient partie de l'esprit pionnier. Elle donnait ce qu'elle avait à ceux qui 'voyageaient sur les essieux' ou à n'importe qui d'autre qui en avait besoin, mais elle acceptait aussi l'aide des passants canadiens venant de l'est. (Qu'est-ce que je me rappelle du jour où on est rentrés de l'école ; il y avait une odeur nauséabonde et on s'est demandé si « Maman était en train de faire du savon ou de cuisiner de la morue de Terre-Neuve ». Ça vous montre comment nous, garçons des Prairies, voyions ce cadeau des Maritimes : si on nous avait laissé faire, on se serait bien servi de toutes ces morceaux de poisson séché pour s’en faire des raquettes !)
La vie à la ferme avait certainement des avantages. Même si nous n'avions pas toute la diversité infinie de nourriture qui orne nos tables aujourd'hui, nous ne manquions jamais de l'essentiel. Bon, c'est vrai, le dessert était réservé aux dimanches et c'était d'habitude un gâteau de riz, de la sauce à la rhubarbe, de la crème glacée en hiver, et en été, avec un peu de chance, des baies de 'Saskatoons'. Et on avait le luxe d'avoir du beurre et de la crème avec tout ce qu'on voulait ! Ce que la ferme ne pouvait pas fournir, on le troquait au magasin de Swann. Je me rappelle avoir reçu l'équivalent de 60 sous de fournitures pour un carton de 15 douzaines d'œufs. Les choses que nous "achetions" d'habitude au magasin étaient le sucre, le thé, le café, et bien sûr, la boîte de tabac Wills pour Papa, et du papier à cigarette Chantecler.
Il y avait toujours bien assez de nourriture ; par contre l'argent ne coulait pas à flots. Bernard se rappelle du jour où Papa a vendu Babe, notre cheval âgé de quatre ans, pour 145 $. Nous nous sommes tous assis autour de la table pour nous relayer pour compter les quatorze billets tous neufs de 10 dollars et celui de cinq ! Je me rappelle avoir économisé chaque sou que j'avais pour le cadeau d'anniversaire de Maman, quelque chose dont elle avait absolument besoin ; une bouteille d'encre qui valait dix sous. (Je l'ai vue utiliser des produits de lavage pour écrire. "Ingénuité" aurait pu être un bon surnom pour maman.)
Même si Marquis n'était qu'un petit hameau, il y avait un docteur et notre famille lui donnait son lot d'occupation. L'automne 1937 a été typique à cet égard. Au même moment, Papa est resté à la maison avec une fièvre typhoïde, je me "mourrais" à l'hôpital de méningite, et George était à la maison avec une main enflée qui intriguait le Dr Steele. Pour prévenir l'infection immédiatement, elle l'a opéré sur la table de la salle à manger ; ensuite il a fallu amputer un doigt. On m'a dit que j'avais écrit une page d'histoire : j'ai été le premier patient au Canada à me rétablir de cette forme de méningite (streptococcus meningitis). Pendant les années suivantes, quand j'avais rendez-vous chez un ophtalmologue, un dentiste ou du personnel médical à Moose Jaw ou Regina, on me demandait souvent : « Êtes-vous le cas 220 de la providence ? » (Mon numéro de chambre était le 220.)
Pour nous divertir, nous avions toujours nos passe-temps maison. Notre plus grand bonheur en hiver était d'aller passer Noël chez Grand-maman (LaLonde). Nous étions toujours à 30 ou 40. En été, c'était quand Papa nous empilait dans un wagon ou un buggy Bennett et nous emmenait camper au lac à Lovering. J'adorais ce lac : il semblait transformer Papa en l'homme le plus patient au monde. Il pouvait s'asseoir pendant des heures avec une canne à pêche et cela ne le dérangeait pas de ne rien attraper. Notre semaine au lac permettait aussi à Maman, qui restait à la ferme, d'avoir ses seules vacances de l'année.
Le jour où la radio est arrivée dans notre foyer est à inscrire en lettres rouges. Pour avoir droit à notre philco, nous, les enfants, nous avons ratissé les champs de blé et battu les grains. La radio changea quelque peu notre style de vie. Les lundis soirs, on dînait tôt pour qu'on puisse finir la vaisselle avant "Lux Theater" à 19 h. Les autres programmes que notre famille suivait étaient "Gang Buster", "Just supposing", "Amos 'n Andy", et bien sûr, Foster et Hewitt et "Hockey Night in Canada" les samedis soirs.
Au début 1940, les plus vieux de la famille ont quitté le nid. Maman et Papa ont dû se sentir seuls parce que peu de temps après, ils ont adopté un enfant, Bob Nagel.