Mur de Service
Colonne
19
Rangée
21
Le capitaine d’aviation Orland Ross Down (1922-2009)
Feu Orland Ross Down est passé quatre fois par le Quai 21 entre 1941 et 1945. C’était un jeune homme de dix-huit ans de Charlottetown qui a rejoint l’ARC en 1940, il s’est entraîné au Canada en tant que radiotélégraphiste à terre/mitrailleur de bord et il est parti outre-Atlantique de Halifax à bord du Indrapoera pour arriver à Greenock au Royaume-Uni en juin 1941.
Après une tournée de trente-cinq opérations (missions) avec 37 escadrons de bombardiers RAF en Afrique du Nord, le capitaine d’aviation Down a été de nouveau envoyé au Royaume-Uni en passant par la Mer Rouge, l’Océan Indien et le Cap de Bon Espérance. À Cape Town, les aviateurs sont montés à bord du Cape Town Castle.
Le 1er décembre 1942, je suis parti de Cape Town à bord du Cape Town Castle avec comme destination finale Portsmouth au Royaume-Uni avec un appel à Norfolk en Virginie pour prendre des troupes américaines. Le navire C.T. Castle était un transporteur de troupes de 27000 tonnes à bord duquel il n’y avait que 300 passagers - 250 Américains qui avaient été torpillés près du Cape et 50 de la RAF qui étaient postés au Moyen-Orient et dont la mission était finie (des Canadiens, des Australiens, des Néo-Zélandais et des Anglais). Les Américains avaient tous des compartiments privés alors que les 50 d’entre nous étions entassés dans une seule pièce.
A notre arrivée à l’entrée de Norfolk, nous avons été déviés vers New York à cause d’un groupe de sous-marins qui bloquaient l’entrée et quand nous nous sommes approchés de New York, nous avons été déviés vers Halifax pour la même raison. À ce moment-là, je n’en croyais pas mes yeux : de retour au Canada et si proche de chez moi ! Je n’y ai cru qu’après l’arrivée du remorqueur avec les inscriptions « Halifax, N.S » dessus.
Après l’amarrage, nous avions peu d’informations de disponibles, alors deux d’entre nous ont eu la permission de visiter les quartiers généraux de Eastern Command. Je revois encore les regards étonnés qu’on nous a lancés quand nous sommes entrés en vieilles tenues de combats sales avec nos insignes ailés, nos casquettes bleues des forces aériennes et moi en tant que capitaine d’aviation avec une couronne britannique en métal. Le vrai choc est survenu quand nous avons essayé d’échanger notre devise étrangère contre des dollars canadiens. On nous a enfin informés que nous serions au port dans quatre jours et que pendant ce temps, nous aurions quartier libre.
J’étais le seul dans le groupe qui pouvait rentrer chez lui et revenir quatre jours plus tard. J’étais le premier aviateur qui avait terminé sa mission à rentrer à Charlottetown et on m’a traité comme un roi. Le président de la légion canadienne a téléphoné et quand il a appris que je n’avais que quelques jours à passer à la maison, il a dit : « Chubby Power (un agent du gouvernement à Ottawa) est l’un de mes bons amis. Je vais l’appeler et vous obtenir un quartier libre prolongé ». En l’espace de quelques heures, il a rappelé et il a dit que M. Power m’avait donné trente jours. J’ai téléphoné au Eastern Command et je leur ai demandé d’enlever mon paquetage du Cape Town Castle et de me l’envoyer, ce qu’ils ont fait. À la fin de mes trente jours, au moment d’y retourner, qu’est-ce qui s’est passé ? L’une des hélices est tombée du traversier entre l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick et j’étais de retour à la maison pour cinq autres jours. Je suis finalement arrivé et il a fallu des jours avant que j’apprenne que je serais dans le dépôt de rapatriement de Rockcliffe, en Ontario.
A Rockcliffe, j’ai appris que M. Power avait oublié de parler à qui que ce soit de ma permission de trente jours et j’ai été inculpé de trente jours de désertion. On m’a fait défiler devant le lieutenant-colonel et après avoir raconté mon histoire, il a rejeté l’inculpation déclarant que j’étais « victime des circonstances ». Mais l’armée de l’air a eu le dernier mot et ils m’ont posté en tant qu’instructeur pour 34 unités d’entraînement d’opérations, à la force aérienne tactique de Pennfield Ridge au Nouveau-Brunswick où je suis resté les 15 mois suivants. »
La prochaine affectation de Ross a été à Comox, en Colombie-Britannique où il devait entraîner la commande de transport sur des Douglas DC 3 et ensuite il est retourné à Halifax pour embarquer à bord du Mauretania qui emmenait les aviateurs au Royaume-Uni. Ross et son équipage ont rejoint l’escadron de transport 238 de la RAF et sont partis en avion jusqu’en Birmanie où l’escadron a donné du renfort à l’armée X1V en leur apportant des ravitaillements par avion et en évacuant les victimes. En juin 1945, l’escadron a quitté la Birmanie pour ensuite aller à Adelaïde, au sud de l’Australie pour donner du renfort à la Flotte du Pacifique de la Marine Royale.
Après cinq mois de service en Australie, l’escadron 238 est monté dans un navire à Sydney pour revenir au Royaume-Uni en passant par l’océan Indien, la Mer Rouge, la Mer Méditerranée et pour finalement débarquer à Southampton. Après peu de temps passé en Angleterre, les Canadiens et les Américains de l’escadron ont quitté Liverpool à bord du Duchess of Bedford et ils sont arrivés à Halifax le 30 décembre 1945, cinq mois après la fin de la guerre dans le Pacifique.
Ross a été démobilisé de l’ARC le 7 février 1946 et l’année suivante, il a rejoint le personnel du Bureau de Poste de Charlottetown où il a travaillé pendant vingt-sept ans et a pris sa retraite en tant que Maître de Poste. Pendant sa retraite, il a travaillé pour une agence de voyage et a pu visiter des endroits où il a servi pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1945 le capitaine d’aviation Orland Ross Down a reçu les médailles et décorations suivantes : L’Étoile de la guerre 1939-45, l’Étoile du Pacifique, l’Étoile de Birmanie avec une barrette de décoration du Pacifique, la Médaille de la Défense, la Médaille canadienne du service des volontaires avec comme barrette de décoration la Médaille de la guerre 1939-1945. On lui a décerné l’Insigne de Mitrailleur de Bord en 1941 et il a aussi obtenu les Ailes Opérationnelles de l’ARC pour acte de bravoure en mission contre l’ennemi.