Mur d'honneur de Sobey
Colonne
179
Rangée
15
L'histoire de Phyllis Irene West a commencé le 31 mars 1926 à Woking, dans le comté anglais du Surrey. Ses parents étaient Robert et Beatrice West. Elle avait 5 frères et 4 sœurs. Elle était particulièrement proche de sa grande sœur May.
À 2 mois, Phyllis a contracté une pneumonie. On a demandé au révérend de venir à l'hôpital pour lui donner les derniers sacrements, car ils ne pensaient pas qu'elle survivrait.
Phyllis allait à l'église High Church of England tous les mercredis et deux fois les dimanches. À l'âge de 16 ans, une fois ses études terminées, elle a travaillé comme placeuse dans un cinéma de la région. Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Phyllis est partie du cinéma pour aller travailler à l'usine de munitions. Un jour, un beau soldat canadien a complimenté Phyllis au sujet du kilt rouge qu'elle portait. Il lui a dit qu'il l'aimait bien. Ce soldat était Carl Danroth, qui est par la suite devenu son mari. Ils se sont mariés le 24 mai 1945. La guerre s'est terminée quelques mois plus tard. Phyllis était alors enceinte de leur premier enfant, Clifford. Carl a vu son fils pour la première fois lorsque Phyllis est arrivée à Halifax à bord du Queen Mary. Clifford avait alors 5 mois. À 20 ans, Phyllis est arrivée dans un nouveau pays avec un jeune bébé. Elle apprenait non seulement comment être mère et épouse, mais aussi comment surmonter de nombreuses difficultés. Elle a affronté l'hiver dans les Prairies, elle a appris à cuisiner sur un poêle à bois, elle a appris à vivre sans électricité et bien que la langue parlée était l'anglais, ce n'était pas la même chose. Phyllis avait passé toute sa vie dans une ville et elle devait maintenant apprendre à vivre dans un environnement très rural et isolé. Elle a fait tout ça sans le soutien de sa famille aimante.
Phyllis et Carl ont fait de l'agriculture en Saskatchewan pendant 10 ans. Sheila, Ken, Sharon et Sandra sont nés pendant cette période. Phyllis apprenait encore à s'adapter à la vie dans les Prairies. Elle a appris à faire du pain, à faire des conserves avec les légumes qui poussaient dans le jardin, à faire du beurre et à séparer le lait. Après avoir eu de la difficulté pendant des années et après avoir travaillé très fort, Carl et Phyllis ont décidé de vendre la ferme et de déménager en Colombie-Britannique, où est née Shirley, suivie de Richard. Peu de temps après leur arrivée en Colombie-Britannique, ils ont réussi à acheter 10 acres de terre à Langley.
Phyllis a une fois de plus recommencé sa vie. Elle a rencontré de nouvelles amies et a élevé sept enfants. Carl n'avait que 39 ans lorsqu'il a eu sa première crise cardiaque. Il a été hospitalisé pendant un mois. De façon inouïe, Phyllis a réussi à tout faire fonctionner pendant cette période. Carl a retrouvé la santé et est retourné au travail. Ils ont été expropriés de leur ferme par le conseil des parcs de Vancouver, afin que le parc de la vallée de la rivière Campbell puisse être créé. Après cet incident, ils ont un peu continué leur chemin à tâtons. Le premier petit-enfant de Phyllis est né, il était le premier d'un total de 14. Carl et Phyllis ont finalement réussi à acheter la vieille propriété d'un ami, car il n'arrivait plus à s'en occuper. Comme par hasard, il habitait en face de la dernière ferme qu'ils avaient possédée. Carl ne pouvait plus travailler, car son cœur était de plus en plus malade. Il a cependant réussi à bâtir leur maison. Sheila habitait à Edmonton. Phyllis est allée aider Sheila et son fils David lorsque celui-ci s'est brûlé avec de l'eau bouillante. Phyllis et Carl ont décidé de vendre la ferme après six ans pour aller prendre leur retraite sur l'île de Vancouver, où habitait mon frère Cliff. Ils n'ont eu aucun mal à s'habituer à la vie de retraités. Ils aimaient pêcher, faire du camping et se promener sur l'île. Cliff est décédé dans un accident de voiture en 1982, laissant dans le deuil son épouse et Clint, son fils de 7 ans. Malgré son chagrin, Phyllis s'est empressée d'aider Clint; Phyllis et Carl ont toujours été à ses côtés lorsqu'il en avait besoin. Pour eux, aider Clint n'a jamais été un problème. Ils considéraient que c'était un honneur.
À l'automne 1991, Carl a reçu un diagnostic de cancer du poumon. Phyllis a appris qu'elle avait le diabète vers la même époque. Carl savait que son cancer était en phase terminale, alors il a enseigné à Phyllis comment remplir des bordereaux de retrait et de dépôt pour la banque et il l'a encouragée à apprendre comment prendre l'autobus, ainsi qu'à reconnaître les zones de la ville. Il a fait de son mieux pour que Phyllis puisse s'occuper d'elle-même lorsqu'il ne pourrait plus s'occuper d'elle.
Elle a pris soin de lui jusqu'à ce qu'il décède au mois d'avril 1992. Phyllis a dû apprendre à vivre sans Carl après 47 ans de mariage. Elle s'est fait de nouveaux amis, elle a fait du bénévolat dans la salle de réception de sa résidence, elle s'est jointe à une chorale et a pris soin de ses amis et de leurs maux. Elle était cependant toujours prête à tout laisser tomber si l'un de ses enfants ou de ses petits-enfants avait besoin d'elle. Et c'est exactement ce qu'elle a fait lorsque son petit-fils Kelly est décédé dans un accident de voiture. Elle s'est rendue à Westbank pour aider Sharon, Richard et Dan à affronter leur deuil, même si elle avait le cœur brisé. Elle a offert son aide une fois de plus lorsque Sharon a reçu un diagnostic de cancer du sein.
Phyllis a décidé de quitter l'île pour se rapprocher de ses enfants, de ses 14 petits-enfants, puis de ses 14 arrières-petits-enfants. Elle s'est installée à Aldergrove et a une fois de plus refait sa vie. Elle s'est fait plusieurs nouveaux amis, elle a joué au bingo et aux fléchettes, et elle a aidé dans la cuisine de la salle de réception de sa résidence. Toutes les excuses étaient bonnes pour réunir la famille. Elle ne restait pas en place très longtemps, mais lorsqu'elle se tenait tranquille, elle faisait du tricot. Elle tricotait des housses, des chaussettes, des linges à vaisselle, des couvre-théières, des tuques, des bonnets pour les bébés prématurés et des chandails. Elle a déjà fait une surprise à Shirley en tricotant un chandail pour son chien. Elle gardait sa tasse de thé à ses côtés. Lorsqu'elle faisait du thé, l'eau devait être bouillie. Elle pouvait goûter la différence si l'eau n'avait pas atteint le point d'ébullition. Il devait aussi être assez fort. S'il n'était pas assez fort, elle nous accusait d'avoir simplement agité le sac de thé au-dessus de la théière et elle disait que c'était de l'eau de vaisselle. Maman n'a jamais aimé les pâtes ou le riz et pour elle, les pérogies n'étaient que des mottes de pâtes.
Phyllis a eu sa première crise cardiaque à l'âge de 80 ans. Elle s'en est remise et elle a continué à vivre sa vie. Elle a aussi eu le zona. Elle ne s'est jamais plainte de la douleur. Elle a eu une deuxième crise cardiaque compliquée d'une pneumonie. Phyllis a tout simplement retrouvé ses forces, puis a continué sa routine. Les membres de sa famille se sont aperçus qu'elle n'en faisait plus autant qu'avant, même si elle refusait de l'admettre. Phyllis a accepté de déménager dans une résidence avec services de Langley. C'est à cette époque que ses reins ont commencé à mal fonctionner. Elle a fait de la dialyse 3 fois par semaine pendant 5 ans. Ce n'était pas une expérience très agréable, mais elle était tellement forte. Elle est tombée et s'est brisé la hanche à l'hôpital lorsqu'elle fêtait son 88e anniversaire. Elle est passée par l'hôpital et la réadaptation pour une fois de plus retrousser ses manches et continuer de l'avant. Maman a finalement dû déménager dans un établissement offrant des soins complets.
Lorsqu'elle habitait à Elim Village, Maman ne restait jamais dans sa chambre plus longtemps que nécessaire. Elle se levait, puis se dirigeait vers la salle à manger pour prendre son déjeuner. Elle passait toute la journée dans la salle à manger. Elle participait aux activités de la journée, elle discutait avec les employés et les nouveaux amis qu'elle s'était faits ou elle observait les gens. Elle faisait encore du tricot à l'occasion. Elle ne quittait pas la salle à manger avant qu'il ne soit l'heure d'aller au lit.
L'histoire de Maman s'est terminée le vendredi 14 avril 2017. Nous savons qu'elle est au paradis. Elle essaie probablement d'aider Jésus lui-même ou elle chante avec une chorale d'anges. Son corps est entier, nouveau et libéré de la douleur. Elle a souri avec son beau sourire lorsqu'elle a été réunie avec Papa, Cliff, Kelly, ses parents, ses frères, ses sœurs et ses amis.
Maintenant, je vais partager avec vous certains des souvenirs préférés que mes frères et mes sœurs gardent de ma mère.
Sheila se souvient des conversations téléphoniques de deux heures qu'elles avaient souvent. Elle se souvient aussi que Maman venait la visiter et qu'elles parlaient encore rendues au beau milieu de la nuit. Mon frère Ken demandait comment elles pouvaient parler aussi longtemps et Sheila répondait que c'était facile, parce que c'était Maman. Elle était comme ça. N'importe qui pouvait lui parler de n'importe quoi.
Tom, le mari de Sheila, se souvient d'avoir discuté avec ma mère, assis à leur table à pique-nique. Il adorait le fait que ma mère ne jugeait jamais les gens avant de les connaître. Elle donnait la chance aux gens d'être eux-mêmes
Mon frère Ken se souvient qu'il conduisait Maman jusque chez lui et qu'elle s'assoyait dans le belvédère de la cour arrière avec des jumelles. Elle observait les oiseaux, elle marchait dans le jardin, elle sentait les fleurs ou elle regardait les poissons qui se trouvaient dans l'étang. . Elle adorait le Poulet frit Kentucky.
Janet, l'épouse de Ken, se souvient d'une nuit où ils jouaient à un jeu appelé Cauchemar. Pour ceux qui ne sont pas familiers, c'est un jeu qui se joue sur la télé et où tout le monde reçoit un nom. Comme Maman était la plus vieille, elle s'appelait « L'ancienne ». Le commentateur était très sarcastique avec nous tous, mais la réaction de Maman n'avait pas de prix. Lors de l'un de ses tours, il lui a dit qu'elle était tellement vieille qu'elle puait. Maman, en parlant à la télé, a dit : « Eh bien, tu ne sens pas très bon, toi non plus! » Nous avons éclaté de rire et ne pouvions plus arrêter. Maman et moi avons ri tellement fort que nous ne pouvions plus nous tenir droites. Je ne sais plus combien de Kleenex nous avons utilisés. C'est une nuit que je n'oublierai jamais; je ris encore juste à y penser.
L'histoire préférée de Sharon est celle de la fois où Maman était en visite à Kelowna. Elle s'était penchée pour mettre quelque chose dans une armoire. Eric, l'ami de Danny, se trouvait derrière elle. Eric fait 6’ 1”, 200 lb. Quand Maman s'est relevée, elle a cogné Eric contre le comptoir. Il s'est frappé la hanche et un nerf. Il est tombé au sol en se tordant de douleur, puis Maman lui a dit : « Oh, arrête de pleurnicher! » Kelly, le fils aîné de Sharon, avait des souris blanches lorsqu'il avait environ 9 ans. Il leur a construit une cage tout seul, sans l'aide des adultes. Eh bien, un beau matin, assez tôt, lorsque Maman restait chez nous, elle a vu notre chat se dandiner dans le couloir Le chat avait quelque chose dans sa gueule et lorsqu'il s'est approché, elle a réalisé qu'il avait pillé la cage de Kelly et qu'il avait mangé ses souris. Maman s'est sentie tellement mal pour lui qu'elle est allée lui acheter de nouvelles souris, puis lui a suggéré de travailler un peu plus sur sa cage.
Le souvenir préféré de Richard, l'époux de Sharon, est celui de la fois où ils étaient à French Beach, sur l'île de Vancouver. Ils faisaient du camping avec Maman et Papa. Il marchait près de Maman sur le sentier menant au campement lorsqu'il s'est cogné un orteil assez durement. Il hurlait et hurlait de douleur et Maman se roulait pratiquement sur le sol tellement elle riait de moi. Elle a continué à rire toute la journée. Tout ce rire a finalement fait partir la douleur. Maman va me manquer. Je n'aurais pas pu avoir une meilleure belle-mère
Le souvenir que mon frère Richard garde de Maman est l'odeur du pain frais lorsqu'il rentrait de l'école. Maman faisait des « pattes de chiens », des petits bouts de pâtes à pain qui étaient étirés jusqu'à ce qu'ils soient minces avant d'être frits. Nous les mangions avec le beurre maison de Maman. Il n'y avait rien de meilleur au monde.
Le souvenir que je (Shirley) garde de Maman a eu lieu il y a un an. Ma sœur Sharon et moi faisions les valises de Maman et préparions le déménagement. Je venais de recevoir un appel m'informant qu'Elim Village avait une place pour elle. Ils ne m'ont donné que 4 jours de préavis pour le déménagement. C'était assez chaotique et Maman ne comprenait pas vraiment tout ce qui se passait. Daxton, mon petit-fils, était avec moi et regardait la télé. Maman était assise dans sa chaise. Je travaillais dans sa chambre, mais j'ai décidé d'aller voir ce qu'elle faisait. Pour une raison ou pour une autre, Daxton, qui avait alors 4 ans, avait décidé de grimper sur ses genoux. J'allais lui demander de descendre, en pensant qu'il était trop lourd pour elle. J'ai regardé Maman et elle rayonnait de bonheur. Elle avait son beau sourire sur le visage, ses bras étaient autour de Daxton et elle m'a dit : « Ne t'en fais pas, je vais m'occuper de lui. » Elle était heureuse de pouvoir encore aider.
J'ai vécu un autre moment précieux avec elle il y a trois semaines. Je savais déjà que cette fois-ci, elle n'allait pas se rétablir et que c'était sa dernière dialyse. J'ai soudainement eu besoin de lui parler et de lui demander si elle croyait toujours en Dieu. Maman a répondu : « Oh, oui, ma mère me l'a appris à un très jeune âge. » Même si cette conversation fut courte, elle m'a beaucoup réconforté.
Un autre de ces souvenirs nous est venu de notre cousin Ian qui habite en Angleterre. Il m'a parlé de cette fois où il avait des problèmes. Maman lui a écrit des mots d'encouragement et il m'a dit à quel point il appréciait sa compassion. Il avait encore cette lettre, vingt ans plus tard.
Merci d'être venus. Maman aurait adoré cette rencontre.
Éloge funèbre pour ma mère, Phyllis Irene Danroth (West), écrit par Shirley Brown (sa fille).