Mur d'honneur de Sobey
Colonne
199
Rangée
15
Arrivant à titre de : Immigrant
Pays d'origine : Italie
Port d'entrée : Halifax
Date d'arrivée : Mercredi, 27 février 1963
Âge à l'arrivée : 32 ans
33 320 jours. C’est le temps pendant lequel notre merveilleux Babbo, Papa, Nonno a béni la terre de son énergie, de son enthousiasme et de sa joie, jusqu’à ce qu’il soit appelé au Ciel pour rejoindre l’amour de sa vie, notre mère Vitina.
Quelle chance ses enfants, Anna, Angela, Mike et Rita, ainsi que nos familles, ont eu de créer tant de souvenirs et d’expériences joyeuses avec lui. Des souvenirs qui, nous l’espérons, seront transmis aux futures générations de notre famille, lesquelles, nous l’espérons aussi, continueront à bâtir sur le legs de Papa. Alors que nous commémorons ce qu’il nous a laissé en plaçant son nom sur le Mur d’honneur Sobey, nous nous adressons aux arrière-petits-enfants et futurs arrière-petits-enfants de Michele Nicola Carbone :
Votre Bisnonno est né le 2 février 1931 à Modugno, en Italie, où il a passé les premières années de sa vie. Très beau, avec ses épais cheveux noirs ondulés, il parcourait les rues de Modugno sur son Vespa. Sa phrase signature, « A te un ricordo, e a me, la felecita di essera ricordato », se trouve sur l’une de nos photos préférées de votre Bisnonno. « Pour vous, un souvenir, pour moi, le bonheur de vous revenir à l’esprit. » Une citation très poétique, si nous ne soupçonnions pas qu’il ait utilisé ces photos en quête de plusieurs jeunes femmes de la ville.
Bien sûr, tout a changé lorsqu’il a vu une beauté aux cheveux bruns en train de broder sur un balcon, stratégiquement situé juste en face de sa maison familiale. Elle avait 14 ans. Il en avait 17. C’était à quelques semaines du début de son service militaire. Mais à son retour, environ deux ans plus tard, il ne fait aucun doute qu’il a trouvé l’amour de sa vie, votre Bisnonna, Vitina. Ils ont commencé à se fréquenter. Michele et Vitina se sont mariés en Italie en 1954 et vos deux grandes tantes, Angela et Anna, sont nées peu après.
Votre Bisnonno a toujours été ambitieux et a fait preuve d’un grand courage, comme beaucoup d’immigrants avant lui et depuis. Il a bouleversé sa vie en Italie et a quitté sa famille et ses amis en février 1963 pour venir au Canada en quête d’une meilleure vie pour sa famille. Il a fait un voyage éprouvant sur le navire Vulcania, est arrivé au port d’Halifax, puis s’est rendu jusqu’à Toronto. Il ne connaissait pas la langue, avait des ressources limitées et connaissait peu d’amis. Il nous a déjà raconté que le navire a été inondé par une violente tempête, mais il parlait aussi affectueusement de la traversée de l’Atlantique qui l’a mené à sa nouvelle demeure. Il a décidé que Toronto serait sa destination finale une fois au Quai 21 d’Halifax et se souvient d’avoir pris le train, en route vers la ville qui deviendrait une « terre d’opportunités » pour sa famille et lui.
Il s’est installé chez des amis sur l’avenue Manning, puis a fait venir Bisnonna Vitina quelques mois plus tard, en juin 1963, ainsi que Zia Angela, âgée de 6 ans, laissant Zia Anna, âgée de 7 ans, en Italie avec ses tantes et Nonna Angela.
Votre grand-oncle Mike, le fils tant attendu, est né au Canada en 1964 avec sa jumelle, grande tante Rita, considérée comme l’enfant bonus, « un cadeau avec achat ».
En tant qu’ajusteur et soudeur de métaux spécialisés, les compétences de Bisnonno étaient très recherchées au Canada. Il a travaillé dur jusqu’à ce qu’il puisse se permettre d’acheter leur première maison familiale, sur la rue Euclid. Il a fait de nombreux « petits boulots », toujours une source d’émerveillement pour sa famille, car « M. Mike », comme l’appelaient les voisins, pouvait littéralement tout faire. Qu’il s’agisse de construire une extension de porche de cuisine ou fabriquer une rampe, des constructions qui persistent aujourd’hui, près de 50 ans plus tard, les compétences de Bisnonno étaient inégalées.
Ses enfants ont toujours été reconnaissants envers Bisnonno, reconnaissants du choix courageux qu’il a fait de venir au Canada, car bien que nous ressentions un lien avec la « mère patrie », nous savons que notre vie et notre famille sont devenues ce qu’elles sont grâce aux opportunités que notre père nous a tendues dans ce beau pays.
Votre Bisnonno a offert beaucoup de conseils et de soutien à ses enfants. Lui et votre Bisnonna n’ont jamais manqué une soirée de discussion parents-enseignants; ils pleuraient habituellement de fierté après avoir rencontré nos enseignants. Papa aidait aux projets scolaires, surtout à ceux qui exigeaient une certaine forme d’ingénierie, matière pour laquelle il n’avait pas de formation officielle, mais qui le fascinait.
Votre Bisnonno a souvent guidé d’une main ferme, parfois plus que nous l’aurions souhaité, mais toujours avec la seule motivation de protéger ses enfants. Et toujours, toujours, il nous a inculqué la conviction que la famille passe avant tout. Nous étions donc unis – en vacances à Staten Island, à New York, à Seaside Height, quand l’endroit était encore cool, parce que Bon Jovi venait de là!
Dans ses dernières années, quand Bisnonna Vitina est tombée malade, Papa nous a montré le sens du véritable amour en prenant soin de sa femme bien-aimée, sans condition et sans hésitation. Il a appris à cuisiner, il a donné un nouveau sens au mot « patience », et est devenu un exemple d’amour pour nous tous, « dans la maladie ou la santé ».
Tout au long de sa vie, votre arrière-grand-père nous a montré l’importance d’entretenir une curiosité par rapport au monde, il s’intéressait à tout! Qu’il s’agisse de faire partie des premiers utilisateurs de Facebook (à l’âge de 80 ans) ou de surfer sur Internet à la recherche de nouvelles politiques, de recettes ou de films italiens, il n’avait pas peur de la technologie. Sa curiosité l’a gardé jeune et nous a gardés alertes.
Pendant la pandémie de COVID, il a fait preuve d’un esprit incroyable en vivant au chalet et, à 89 ans, a appris de nouvelles compétences et a maîtrisé l’art de la cuisson du pain et de la focaccia.
Papa a adoré les aventures que nous avons planifiées pour lui, qu’il s’agisse d’une balade sur un magnifique et ancien bateau de bois sur le lac Crystal, de se faire promener dans Paris par un vélo-taxi, de visiter le quartier général de la police de Toronto, d’enfiler un casque pour rouler dans la boue à bord d’une nacelle de moto, ou de marcher sur le Strip à Las Vegas. Il était prêt à tout, à condition d’avoir l’autorisation de prendre des photos de l’événement.
La nature compétitive de Papa était légendaire. Il aimait jouer au billard avec des gens BEAUCOUP plus jeunes que lui et gagner. Mais comme la plupart d’entre nous le savent, il n’était pas toujours très bon gagnant. Mais c’était assez facile à pardonner. Sa « danse du bonheur » était vraiment bonne.
L’un de nos plus beaux souvenirs sera toujours celui de Papa, jouant le rôle du patriarche de la famille et de la principale meneuse de claque lors de la fête annuelle Pongfest du lac, où il rayonnait de tant de fierté, alors que sa famille s’éloignait vers le soleil couchant sur l’air de « We Are the Champions ».
Chères générations futures de Michele Carbone, nous espérons que ces aperçus de la vie de votre arrière-grand-père vous empliront de fierté, sachant que votre existence est due à un homme impressionnant, aux nombreuses compétences et au grand cœur.
Puissiez-vous être bénis par la foi en l’avenir de votre arrière-grand-père, qui a tout risqué et qui s’est installé dans ce beau pays pour commencer une nouvelle vie, par son émerveillement face aux nouvelles découvertes, par sa capacité à tisser une bonne histoire, par sa créativité et son savoir-faire, par son courage face au changement, par son enthousiasme pour la connaissance et par son engagement à aimer et à rendre heureuse sa famille, sa plus grande fierté.