Mur d'honneur de Sobey
Colonne
195
Rangée
21
Arrivant à titre de : Immigrant
Pays d'origine : Italie
Nom du navire : Cristoforo Colombo
Port d'entrée : Quai 21 - Halifax
Date d'arrivée : 27 janvier 1968
Âge à l'arrivée : 21 ans
L’immigration n’est jamais un choix facile. J’ai décidé d’immigrer au Canada de Catane, en Sicile, après un bref séjour en Suisse où j’ai étudié et travaillé comme soudeur. En 1968, l’Italie du Sud était encore confrontée à une reprise économique lente après la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs de mes oncles maternels avaient immigré avec succès au Canada (Winnipeg, Manitoba) et ils parlaient des opportunités que le pays offrait. Après mûre réflexion, j’ai pris la décision de chercher les mêmes opportunités de travail, de croissance et d’un avenir plus stable.
En janvier 1968, je suis monté à bord du Cristoforo Colombo à Messine, en Sicile, et j’ai fait mon voyage de neuf jours vers le Canada. Comme on peut l’imaginer, laisser derrière soi ses parents, ses amis, les membres de sa famille, sa culture et sa langue est à la fois intimidant et effrayant.
J’ai choisi de venir au Canada par bateau, en espérant un voyage avec quelques arrêts intéressants en cours de route. Au cours de mon voyage, nous nous sommes arrêtés à Palerme, Naples, Gênes, en Espagne et même au Portugal. À bord, il y avait de nombreux Italiens qui effectuaient leur propre voyage d’immigration vers le Canada et les États-Unis. J’étais très reconnaissant d’être entouré de mes compatriotes et, dans l’ensemble, la promenade en bateau a été agréable, avec des jeux de cartes, des discussions et même des danses pendant les heures de loisir.
Le 27 janvier 1968, le Cristoforo Colombo a accosté à Halifax à ce que je connais maintenant comme le Quai 21. J’ai été frappé par l’hiver de la côte Est, un climat très différent de la douce Méditerranée que j’avais quittée. À cette époque, je ne pouvais même pas imaginer à quel point le Canada allait se refroidir au fur et à mesure de mon voyage vers l’ouest.
Après l’examen de mes papiers d’immigration, j’étais en route pour Winnipeg. J’ai pris un train Via Rail de Halifax vers Montréal, avec une correspondance vers Winnipeg. À bord du train, j’ai rencontré quelques autres Italiens et je semblais être le seul à se rendre au Manitoba. À l’époque, je ne connaissais que très peu l’anglais et, lorsque le moment est venu de commander des repas, j’ai fait preuve de prudence et j’ai commandé des « cheese sandwiches », l’une des rares expressions que je connaissais à l’époque. Imaginez du pain Wonder Bread et des tranches de fromage américain jaune pour plusieurs repas, pendant plusieurs jours. Aujourd’hui encore, la vue d’une tranche de fromage me fait frémir.
Après plusieurs jours de train, je suis arrivé à Winnipeg, au Manitoba. Imaginez mon choc lorsque j’ai découvert un froid de -30 degrés, une température que je n’avais jamais connue en 21 ans. À la gare, ma famille a compris qu’elle devrait m’emmener acheter des vêtements d’hiver, car mon manteau de laine n’était pas adapté aux hivers manitobains.
Je suis resté chez mon oncle John et ma tante Angelina le temps de m’installer au Canada. J’ai passé du temps à travailler et à étudier l’anglais jusqu’à ce que je puisse transférer mes compétences en soudage et j’ai commencé à travailler en 1973 pour New Flyer Industries.
Au fil de la vie, j’ai fait beaucoup de choses, tant sur le plan personnel que professionnel. Vivre au Canada m’a en effet offert de nombreuses opportunités dont je suis reconnaissant.
En 1968, je n’avais aucune idée si le Canada ou même le Manitoba allait être ma maison permanente, rêvant toujours de revenir en Sicile. De nombreuses années ont passé et le Canada, et plus particulièrement Winnipeg, est encore ma maison. J’ai une merveilleuse épouse (Mina) et mes deux enfants (Katia et Alessandro). Au fil des ans, j’ai connu de nombreuses épreuves, beaucoup de travail et beaucoup de joie au Canada. Cependant, une chose que je peux confirmer, et ma famille en conviendra, c’est que je ne me suis toujours pas habitué aux hivers manitobains.