Giuseppe Barbieri et Maria Cugliari

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Giuseppe Barbieri e Maria Cugliari

EN ITALIE

Maria Barbieri (Cugliari) et Giuseppe Barbieri ont cinq jeunes filles âgées entre 17 mois et 11 ans lorsqu'ils arrivent au Quai 21, à Halifax, en juillet 1965. Cinquante ans et un enfant additionnel plus tard, voici leur histoire.

Maria Barbieri (Cugliari) et Giuseppe Barbieri sont nés dans la petite communauté agricole de Sant’ Onofrio, dans la région de Calabre, en Italie. Ils étaient petits amis d'enfance, en Italie, à une époque où les femmes et les hommes étaient chaperonnés. Les femmes qui n'étaient pas mariées n'étaient jamais laissées seules avec un homme. L'admiration du sexe opposé se faisait à distance, à l'église ou dans les réunions de famille, et les mariages étaient arrangés et autorisés par les parents des futurs mariés. Le film « Un violon sur le toit » est un excellent exemple de ce qu'étaient les rituels de mariage dans les petits villages d'Italie dans les années 1950. Avec ses vifs yeux bleus et son grand charme, Maria avait plusieurs prétendants qui ont exprimé à ses parents leur désir de l'épouser, mais elle les a tous refusés, car elle aimait Giuseppe. Heureusement, les parents de Maria sont plus libéraux que la moyenne : ils n'insistent pas pour que Maria choisisse l'un de ses prétendants. Giuseppe trouve finalement le courage d'exprimer à ses parents son désir d'épouser Maria. Les parents de Giuseppe communiquent avec les parents de Maria, et tous s'entendent pour approuver du mariage. Giuseppe et Maria se marient dans les deux mois qui suivent les fiançailles.

Au début des années 1950, l'oncle de Maria (qui est plus comme un frère pour elle) épouse la sœur de Giuseppe, qui décide d'immigrer en Argentine après la naissance de leur premier enfant. Étant tout juste mariés, Maria et Giuseppe décident de les rejoindre dès qu'ils ont épargné suffisamment d'argent.

En 1954, Giuseppe et Maria accueillent leur première fille, Annunziata. Deux ans plus tard, Maria est déjà enceinte de son deuxième enfant. En raison de circonstances particulières qui touchent Maria, l'immigration prochaine de la famille vers l'Argentine est abruptement interrompue.

À la même époque, le frère de Maria, Maurizio, décide d'immigrer au Canada avec sa femme, Caterina. Plusieurs personnes du village avaient déjà déménagé à Toronto et la pression de partir était constante.

Tout en gardant espoir d'immigrer un jour vers l'Amérique et en continuant les démarches à cet effet, Maria donne naissance à Maria, 14 mois après la naissance de Fortunata.

À Sant’ Onofrio, avec leurs 3 filles en santé, Maria et Giuseppe continuent à discuter de leurs espoirs et de leur rêve d'avoir une vie meilleure en immigrant vers l'Amérique. Maria tombe enceinte une quatrième fois. Ils accueillent une quatrième fille, qu'ils nomment Giuseppina. Giuseppina semble être en santé, mais elle meurt dans les 9 jours qui suivent sa naissance. Maria et Giuseppe sont dévastés par la mort de leur enfant.

Maria et Giuseppe font face à un dilemme :

La sœur bien-aimée de Giuseppe et l'oncle de Maria sont en Argentine depuis quelques années déjà, et ils veulent qu'ils viennent les rejoindre. Maria est aussi très proche de son frère Maurizio, mais celui-ci se dirige vers le Canada. C'est une division difficile pour la famille. Il est difficile de choisir où aller, car ils sont tous très proches les uns des autres et ont partagé de nombreux beaux moments et des épreuves dans leurs enfances.

À l'époque, l'économie de l'Argentine était très bonne. De plus, la température y est fort agréable. On leur affirme que le Canada est glacial, mais qu'on peut y devenir riche, car le travail n'y manque pas. Décider où aller est une torture pour Maria et Giuseppe. Ils sont alors tous les deux dans la fin vingtaine. Ils sont aventureux et la jeunesse est de leur côté. Ils décident de demander l'immigration auprès des deux pays. Giuseppe et Maria s'entendent pour immigrer vers le premier pays qui accepte leur demande. Pendant qu'ils attendent leur visa d’immigrant du Canada ou de l'Argentine, Maria tombe enceinte pour la cinquième fois. Elle donne naissance à Giuseppina, nommée d'après sa sœur.

Le couple a maintenant quatre filles et pas de nouvelles d'un pays ou de l'autre. Le sud de l'Italie est devenu une région désespérée. On y ressent encore les effets de la guerre. Il n'y a pas de travail et pas de futur pour ses habitants. Lorsqu'ils ne travaillent pas à l'étranger, plusieurs villageois vont chercher du travail dans le nord de l'Italie. Giuseppe et Maria décident qu'il faut déménager.

Giuseppe part seul à Turin afin de trouver du travail et un appartement pour la famille. Giuseppe a beaucoup de mal à quitter Maria et ses filles. De plus, Giuseppe sait ce que représente un père absent, puisque son propre père avait été en Amérique pendant presque toute sa jeunesse, et il ne veut pas qu'il en soit ainsi avec ses enfants.

Giuseppe réussit à trouver du travail dans une usine de Fiat. Il réussit aussi à trouver un appartement à Turin peu de temps après. Il ne se trouve pas dans un très bon quartier, mais il permet au moins de réunir la famille. Une fois de plus réunie, la famille commence à prospérer dans le nord. Au début, ces Italiens du sud se sentent étrangers, mais comme tant de gens du sud avaient aussi déménagé, un réseau fort et une grande communauté commencent à voir le jour. Giuseppe reçoit une promotion au poste de superviseur de ligne, ce qui permet à la famille de déménager dans un meilleur quartier de Turin, ainsi que dans un appartement de meilleure qualité. En plus de prospérer sur le plan financier, la famille s'agrandit de nouveau avec l'arrivée d'un cinquième enfant, une autre fille appelée Silvana. Le nom Silvana n'est pas un nom typique du sud : Maria l'a choisi dans un calendrier.

Maria et Giuseppe parlent du temps qu'ils ont passé à Turin avec le sourire. Encore aujourd'hui, Turin est l'un des souvenirs les plus heureux de Maria. Ils étaient à l'apogée de leur jeunesse. Ils avaient cinq filles magnifiques, un bon emploi, ainsi qu'un bel appartement, mais ce n'était pas assez. Leur esprit d'aventure et la perspective de pouvoir rejoindre leurs amis et leur famille faisaient en sorte qu'ils considéraient toujours l'option de l'Amérique. L'Amérique avait alors encore plus d'importance pour eux : une éducation de qualité pour leurs filles et une meilleure vie pour toute la famille. Ils connaissent à l'époque tant de gens qui racontent à quel point leurs vies sont meilleures en Amérique.

Maria et Giuseppe n'ont toujours pas de nouvelles du gouvernement canadien ou du gouvernement argentin. Puis, un jour, trois ans après leur arrivée à Turin, ils reçoivent une lettre du gouvernement canadien. Leur immigration est approuvée. Eh bien, c'est le Canada qui gagne. Deux jours plus tard, ils reçoivent une lettre du gouvernement argentin, qui approuve aussi leur immigration. Mais ils honorent leur promesse et choisissent le Canada.

EN ROUTE VERS LE CANADA

Annunziata, l'aînée de la famille, a 10 ans quand ses parents, Maria et Giuseppe, décident de partir vers le Canada. Elle se souvient qu'ils ont vendu tous les meubles de leur petit appartement de Turin, qu'ils ont fait leurs valises et qu'ils ont fait le voyage final vers Calabria pour dire au revoir à leurs grands-parents. Quelques jours plus tard, la famille quitte Sant’Onofrio pour se rendre à Naples, où ils montent à bord du grand navire qui les mènerait au Quai 21. Annunziata se rappelle avoir regardé par dessus le bord du navire pour apercevoir une foule de visages qui pleuraient et qui saluaient leurs êtres chers. Fortunata, la fille la plus âgée après Annunziata, se souvient aussi du début de leur long voyage de 8 jours à bord du navire, mais elle est plutôt excitée à l'idée d'être accueillie par ses oncles, ses tantes et ses cousins à Toronto. Le voyage est difficile pour tout le monde, car Maria et les filles ont le mal de mer et Giuseppe, anxieux et frustré, doit prendre soin d'elles. Lors du dernier jour de leur voyage avant d'arriver à Halifax, les filles mettent les robes que Maria avait spécialement achetées pour leur arrivée. Annunziata se souvient d'avoir entendu tous les passagers crier « Siamo arrivate » lors de leur arrivée à Halifax.

La famille attend longtemps au Quai 21, cherchant impatiemment les bagages et tentant de communiquer avec divers responsables anglophones. La famille embarque finalement dans un train pour entreprendre un voyage de deux jours vers Toronto. Fortunata se souvient d'être arrivée à la gare commune de Toronto désorientée, car elle avait dormi pendant presque tout le voyage en train. À la gare, ils sont finalement réunis avec les membres de leur famille et se rendent jusqu'à leur nouvelle demeure en voiture. En arrivant, Fortunata se souvient que toute la famille regardait les maisons en rangée avec des toits en pente et que Giuseppe a demandé s'ils y gardaient des pigeons. Il a dit « si j'étais seul, je retournerais à la maison ». Voir cette architecture complètement différente dans une nouvelle ville est le premier choc culturel qui vivra la famille. Ils entrent dans la maison. Annunziata se souvient qu'elle était complètement remplie de personnes. Ils reçoivent des accolades enthousiastes et des bises de la part des Paesane, des Cugini et de tous les autres. Elle se souvient avoir regardé les visages fatigués de ses parents qui lui ont dit, « Bella, siamo qua ».

Maria et Giuseppe s'adaptent rapidement à ce nouvel environnement. Les filles passent leur cours de justesse, car elles apprennent l'anglais en même temps que le programme scolaire. Après ces trois premiers mois, ils trouvent des emplois, ils achètent leur première maison, ils achètent leur première voiture et ils commencent à bâtir les fondations de leur nouvelle et meilleure vie. Et pour cimenter le tout, la famille prospère accueille une sixième fille, Antonina. Avec les années, Giuseppe a eu de moins en moins envie de rentrer chez lui. Il conclut : « je ne partirai jamais, je sais que c'était le bon choix pour ma famille ». Silvana, leur cinquième fille, explique le courage dont Maria et Giuseppe ont fait preuve pour se lancer dans l'inconnu. Silvana et toutes ses sœurs admirent le caractère, la détermination et le courage de leurs parents, ainsi que les efforts constants qu'ils ont faits pour améliorer la qualité de vie de leurs enfants. Elles sont aussi reconnaissantes qu'ils aient choisi de déménager dans un pays qui récompense les gens qui possèdent ces qualités.

Tous les membres de la famille sont fièrement devenus des citoyens canadiens. En juillet 2015, la famille Barbieri a célébré le 50e anniversaire de leur voyage vers le Quai 21.

Photo de passeport, en attendant de pouvoir venir au Canada
Photo de passeport, en attendant de pouvoir venir au Canada
Photo de passeport, en attendant de pouvoir venir au Canada
Photo de passeport, en attendant de pouvoir venir au Canada
Photo de passeport utilisée pour venir au Canada
Photo de passeport utilisée pour venir au Canada
Deux autres enfants sont nés pendant l'attente
Deux autres enfants sont nés pendant l'attente