Giovanni John Fabiano

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
186

Rangée
20

First Line Inscription
Giovanni John Fabiano
Second line inscription
Emilia Pecchia

Arrivant à titre de : Immigrant
Pays d'origine : Italie
Nom du navire : S.S. Olympia
Port d'entrée : Halifax
Date d'arrivée : 5 mai 1959
Âge à l'arrivée : 6 ans et 12 ans

Emilia Pecchia

C’est en 1959, lorsque j’avais presque sept ans, que nous avons entrepris notre voyage vers notre terre promise, le Canada. Nous nous sommes préparés en nous rendant à Rome pour nous faire vacciner et prendre nos photos d’identité. Ma mère avait même fait coudre des robes spéciales pour moi et mes deux sœurs. C’était la première fois que nous avions quelque chose d’aussi neuf.

Le jour de notre départ a été difficile et émouvant. J’adorais mon grand-père. Nous avions un lien spécial et une proximité qui nous étaient propres. En le serrant dans mes bras, je lui ai demandé : « Qui s’occupera de toi quand je serai partie? » Nous avons également dit au revoir aux membres de notre famille de notre village de Campodimele, ainsi qu’à notre humble maison.

Ma mère, mon père, mes deux sœurs et moi sommes montés à bord du S.S. Olympia à Naples pour entreprendre notre voyage houleux d’une semaine sur l’océan Atlantique. Nous n’étions pas prêts pour les eaux agitées et le mal de mer qui nous ont tous tenu fidèlement compagnie, à l’exception de mon père. Un jour, le capitaine a déclenché un exercice d’évacuation et à cause de la barrière linguistique, j’ai cru qu’ils allaient nous jeter par-dessus bord! Je ne savais pas nager, alors j’ai paniqué et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en m’accrochant à mon père en guise de protection, vêtue de mon gilet de sauvetage surdimensionné drapé autour de mon petit cou. J’ai été si soulagée à la fin de l’exercice, quand j’ai réalisé que nous n’allions nulle part.

À notre arrivée à Halifax, le 5 mai, je me suis sentie inquiète lorsque nous avons descendu la longue passerelle du navire pour nous rendre à l’aire de débarquement où on nous a rassemblés pour commencer le processus d’arrivée dans la station. Lorsque nous attendions de monter à bord du train pour un voyage de deux jours jusqu’à Toronto, notre nouveau chez nous, ma mère est restée près de notre coffre vert dans lequel se trouvait le peu d’effets personnels que nous avions.

Nous avons commencé l’école une semaine après notre arrivée. Nous avons eu de la difficulté à nous intégrer et à être acceptées parce que nous ne parlions pas anglais. On a ri de nous et on s’est moqué de nous, mais nous étions déterminées à apprendre la langue et à nous assimiler. Nous avons appris autant que possible au cours de l’été et au mois de septembre, nous nous étions tellement améliorées que les gens n’auraient pas pu se douter que nous ne parlions pas un mot d’anglais trois mois plus tôt.

Ma mère et mon père ont sacrifié tout ce qu’ils avaient pour nous offrir une vie meilleure. Mon père s’est toujours ennuyé de l’endroit qui l’a vu naître, et il a fallu de nombreuses années à ma mère pour qu’elle se sente à l’aise au Canada. Mes parents n’ont cependant jamais laissé les épreuves et les tribulations se mettre en travers de leur chemin, et grâce à leur travail acharné, leur détermination et leur persévérance, mes frères, mes sœurs et moi avons eu la chance de vivre et de prospérer dans ce beau pays qui est nôtre.

Giovanni John Fabiano

J’avais presque 12 ans lorsque nous sommes arrivés au Canada, en 1959. En me préparant à partir, j’étais à la fois excité et effrayé. Je ne savais pas ce qui nous attendait. Dire au revoir à nos amis et à nos proches de Carpanzano a été une expérience émouvante, surtout pour ma mère.

Mon père, ma mère, mon frère et moi avons quitté Naples à bord du S.S. Olympia en direction du Canada. Nous avons fait escale à Lisbonne et je me souviens que ma mère m’y a fait essayer une banane. C’était la première fois que j’en goûtais une et j’en ai tellement mangé que je suis tombé malade. Aujourd’hui encore, les bananes me dégoûtent! De plus, ma mère et moi avons eu le mal de mer et mon père a dû prendre soin de nous. La semaine passée en mer a été longue.

Lorsque nous sommes arrivés à Halifax, le 22 août, il nous restait encore un long voyage de deux jours en train avant d’atteindre Toronto. Je me souviens m’être senti piégé, incapable de me déplacer librement et impatient de voir notre destination finale. Nous sommes arrivés à la gare Union tard le soir et nous avons été accueillis par mon oncle, qui nous avait parrainés. Il nous a ensuite conduits jusqu’à son domicile.

Le lendemain matin, quand j’ai regardé dehors, je me souviens avoir été très déçu par les environs. Ce n’était pas du tout comme à la maison et je me suis demandé si je pourrais un jour apprendre à aimer cet endroit. J’ai commencé l’école une semaine plus tard et j’ai eu de la difficulté. Le fait de ne pas parler la langue ou de ne pas pouvoir communiquer avec qui que ce soit a été la chose la plus difficile que je n’avais jamais vécue. J’étais déterminé à apprendre la langue, j’ai donc passé une grande partie de mon temps libre à regarder la télévision, tout particulièrement les dessins animés, afin d’améliorer mes compétences en anglais. Heureusement, lorsque j’ai commencé à apprendre la langue, je me suis senti plus à l’aise et j’ai pu m’installer dans mon nouveau pays, un pays que j’ai appris à aimer.

Mes parents ont tout laissé derrière eux et, grâce à leur courage, leur force, leur travail acharné et leur persévérance, nous ont donné la chance d’avoir un avenir meilleur. Je leur serai éternellement reconnaissant pour le sacrifice qu’ils ont fait.