Conrad, Joanne Cats

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
169

Rangée
11

First Line Inscription
Conrad, Joanne Cats
Second line inscription
Casey Maria Luke

De Marian (Cats) Smisek, passagère sur le S.S. Waterman, 25 mars 1952

J'écris les récits de notre périple de Hollande vers le Canada comme me l’avaient raconté ma mère et mon père. J’ai quelques souvenirs du voyage, alors que je n’avais que 3 ans.

Avant de quitter la Hollande, beaucoup de lettres ont été écrites et ma mère avait donné des choses aux membres de la famille, ces objets qui ne pouvaient pas venir avec nous en raison de la taille limitée de la caisse d'expédition. Il y avait eu beaucoup de pleurs alors que la famille et les amis leur souhaitaient le meilleur.

Le jour du départ est arrivé et la famille de ma mère nous a emmenés au quai de Rotterdam, en Hollande. Ce devait être la dernière fois que ma mère voyait son père et un certain nombre d'années s’écouleraient avant qu’un voyage en Hollande ne soit possible afin de voir ses frères et sœurs

Le navire à bord duquel ils sont montés s’appelait 5.5. Waterman, un ancien bateau de l'armée converti en navire d'émigration. Nous étions cinq : mes parents Conrad et Johanne Cats, mes deux frères, Case (4 ans) et Luc (2 ans) et moi-même (3 ans). Notre voyage sur l'océan avait été difficile et nous, les enfants et nos parents avions souvent le mal de mer. Mon père nous promenait sur le pont. Au cours de l'une de ces promenades, mon frère Casey avait lâché la main de papa et avec le roulis du bateau, Casey avait presque glissé sous la rambarde. Il avait frôlé la noyade de justesse sauvé par un membre d'équipage.

Maman était occupée à aider d'autres mères aux prises avec leurs enfants malades, lavant les couches et nettoyant du mieux qu'elles pouvaient. Ils étaient restés en mer pendant 14 jours avant d’arriver au Quai 21. Elle était très heureuse de toucher terre à nouveau.

Au Quai 21, nous avions été conduits dans une grande salle où nous étions restés assis jusqu'à ce que ce fût notre tour pour la douane et pour un bilan de santé. Une fois cela terminé, mon père avait été en mesure d'aller acheter du pain, du fromage et du lait pour le voyage en train.

Je me souviens d’être montée dans le train. Il faisait nuit, nous étions donc allés dormir tôt. Je pense que c’était un voyage de deux jours jusqu’à Mitchell, en Ontario, où un producteur laitier nous accueillait, parce que la famille qu’il attendait n’était pas encore arrivée. Nous avions vécu avec le fermier, sa femme et ses enfants pendant environ deux mois jusqu'à ce que la famille désignée arrive. Mon père n’avait jamais travaillé comme producteur laitier de sorte que c’était une expérience d'apprentissage pour lui. Une bonne chose à propos de cette maison, c’est que c’était une famille néerlandaise, ce qui était donc très agréable pour ma mère, alors qu’elle s’ennuyait de ses sœurs et de son père et qu’elle pouvait parler sa propre langue. À ce moment-là, si elle avait pu retourner dans son pays natal, elle l’aurait fait.

Après ces deux mois, nous avions pris le train pour Windsor, en Ontario, où nous avions séjourné dans une maison de pension pour une semaine. Un agent d'immigration nous avait conduits à Leamington, à environ 30 milles de Windsor pour y trouver un travail agricole. À une ferme, mon père s’était fait dire que lui et sa femme pouvaient rester et travailler, mais que les enfants n’étaient pas bienvenus, mais qu’ils pouvaient être mis en adoption. Ma mère pleurait et suppliait mon père de rentrer au pays, parce que « les gens de ce pays n’avaient pas de cœur ».

Un autre endroit avait été trouvé où mon père pouvait travailler et où nous vivions dans une ancienne grange à tabac. Papa avait blanchi les murs à l'intérieur, le sol était de sable, nous avions des caisses en bois pour nous asseoir et nous pouvions mettre notre nourriture dans un puits pour la conserver fraîche.

À l’automne, la saison de travail était terminée et nous avions dû déménager parce que les hivers canadiens étaient trop froids pour que nous puissions vivre dans cette grange. Mes parents, ainsi que plusieurs autres familles néerlandaises louaient des chalets d'été, à proximité du lac Érié. Il faisait tellement froid que notre famille dormait ensemble et que mon père mettait les manteaux et tout ce que nous avions de chaud sur nous. C’était un hiver très rude, mais cela avait aidé d'autres familles néerlandaises à traverser les mêmes choses que nous.

Les parents passaient du temps à parler et à jouer avec les enfants parce que personne n'avait de travail. La neige et les vents du Nord étaient mauvais. Mon père sortait tous les jours, chercher du travail, afin que nous ayons de l'argent pour la nourriture et le loyer. Je me souviens que ma mère était très nostalgique, mais les dames hollandaises se visitaient pour que les enfants jouent ensemble. À Noël, je me souviens de la compagnie Goodfellows apportant un panier de nourriture et l'Armée du Salut venant avec des cadeaux pour nous.

Au printemps, mon père avait trouvé du travail dans une serre, le genre de travail qu'il connaissait. Le fermier avait une petite maison pour nous, avec une salle de bains et de l'eau courante! Nous y avions vécu pendant dix ans, au cours desquels mon frère John est né. Plus tard, mon père essayait le métayage dans une ferme pendant environ un an, mais en raison d'une mauvaise saison et de manque de pluie, il est retourné au travail en serres, à un autre endroit.

Ma mère et ses frères travaillaient également dans les fermes des alentours, faisant la cueillette des pêches, des tomates et des haricots pendant que je surveillais le bébé Johnny et que je préparais le souper. Mes frères travaillaient aussi dur que les hommes, cueillant de 90 à 100 boisseaux de tomates par jour.

Finalement, dans les années 1960, mon père obtenait un emploi à la compagnie HJ Heinz, à Leamington, où il a travaillé jusqu'à sa retraite. Mes parents étaient excellents pour économiser leur argent et, en 1966, ils avaient pu acheter leur première maison, une petite maison à Kingsville, en Ontario, où ils avaient vécu jusqu'à ce qu'ils vieillissent.

La maison de mes parents était toujours un endroit que les gens visitaient et où ils se sentaient les bienvenus. Il faisait chaud et confortable et il y avait toujours du café et des biscuits ou des gâteaux pour tout le monde. Mon père est décédé à la maison en 1998 et ma mère, qui a maintenant 89 ans, souffre de la maladie d'Alzheimer et vit dans une maison de repos. Je crois que toutes les années à « conserver tout ça » pour nous était difficile pour elle.

Je suis reconnaissante pour le choix que mes parents avaient fait de venir au Canada avec nous. Mon frère aîné, Casey, a fini par devenir un enseignant, mon jeune frère Luke mécanicien et John, qui est né au Canada, est un assistant en éducation et ministre du culte. J’avais travaillé jusqu'à ce que j’aie les enfants et j’étais restée à la maison pour prendre soin de ma famille et pour aider mes parents. Plus tard, je retournais au travail pour prendre soin des personnes âgées.

Chaque fois que je retourne visiter la famille en Hollande, je crois que si nous avons eu une bonne vie au Canada, nous nous sommes ennuyés quelques fois de la famille, des cousins, des tantes et oncles. Mais mes parents nous aimaient et nous avaient tracé la voie dans la vie pour que nous puissions tous avoir une formidable vie familiale. Depuis l’époque où nous sommes arrivés au Quai 21, en 1952, notre famille canadienne de quatre enfants nous est proche et nous parlons encore des premières années lorsque nous nous voyons les uns les autres.

- Marian (Cats) Smisek

Trois petits enfants assis dans une rangée, tous portant des chapeaux d’hiver très différents.
Un homme et une femme regardent sur le côté de la caméra, souriant très largement.