Stanislaw et Barbara Sokol

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
130

Rangée
13

First Line Inscription
Stanislaw and Barbara Sokol

Pays d'origine : Pologne/Angleterre
Nom du navire : Aquitania
Port d'entrée : Quai 21, Halifax
Date d'arrivée : 1 juin 1948

Stanislaw et Barbara Sokol arrivés au Quai 21 le 1er juin 1948

Stanislaw Sokol était un jeune travailleur forestier dans la forêt de Bialowieza en Pologne. Il aimait sa vie, mais tout cela avait changé le 20 mars 1939, quand il avait été appelé pour le service militaire, par l'armée polonaise. Hitler était en mouvement. Il avait connu le feu avec le 78e régiment d'infanterie, à Lukow, en septembre et à Zareby, en octobre de la même année. Il avait passé du temps dans un camp de prisonniers de guerre, à Radom, mais s’en était échappé et était retourné à Bialowieza. Après la campagne de Pologne, Brzesc où il vivait était occupé par l'URSS. Les déportations en Sibérie avaient débuté et en 1940, il avait été suivi jusqu’à sa maison, dans la forêt où il se cachait, capturé et déporté en Sibérie, dans la région de Novossibirsk et y avait passé l'année suivante travaillant dans une mine d'or. La vie était extrêmement difficile là-bas. Une histoire qu’il fallait lui faire raconter alors qu’il s’était gelé les pieds à la chasse. Une famille de l’endroit l'avait pris et l'avait mis devant le feu avec ses pieds dans la neige afin de les dégeler. Tout autre moyen trop chaud lui aurait causé une douleur atroce. Une autre histoire qu’il racontait était d’avoir eu à traverser une montagne pour se faire extraire une dent. Il avait le scorbut et avait survécu à un épisode de dysenterie. On soupçonne que c'est là où il avait également attrapé la tuberculose. Le 2 septembre 1941, selon les accords Sikorski-Maïsky, il avait été amnistié par le chef de la Branche régionale du NKVD à Tisul... il était libre d'aller ailleurs en URSS ... mais il n’avait aucun moyen d’y aller. Il s’était lié d'amitié avec un homme de la place qui lui a dit de construire un radeau et de prendre la rivière vers le sud .... Il y avait un endroit où il serait dirigé tout droit vers un gros rocher, il était impératif qu'il n’essaie pas d’éviter ce rocher… mais de s’y accrocher! Vous passerez sous l'eau, mais vous en sortirez de l'autre côté de la roche. Cela avait demandé une grande foi et des nerfs mais ils l'avaient fait et les deux radeaux avaient survécu. Le 7 septembre 1941, il s’était enrôlé dans l'armée polonaise à Buzuluk, en URSS. Il avait été évacué vers l'Iran pour êtrer ainsi sous le commandement britannique. Il avait servi dans le 6e régiment blindé « Dzieci Lwowskich », dans la 2e division blindée Warszawska, le 2e corps polonais, la 8e armée britannique, le 3e escadron comme commandant de char - son char était un Msciciel (Avenger). Il avait servi en Iran, en Irak, en Palestine, en Egypte et en Italie où il avait combattu dans la bataille de Monte Cassino et il avait été blessé peu après le 23 mai 1944, à la bataille du Piedmont. Il avait rejoint son unité un an plus tard et avait poursuivi jusqu'à la cessation des hostilités sur le front italien, le 2 mai 1945. Il était alors avec le corps de relocalisation polonais, stationné à Castle Camp, à Pickering, dans le Yorkshire du Nord, en Angleterre.

Pickering est une petite ville nichée dans la campagne du Yorkshire du Nord, en Angleterre. C’est très pittoresque et à une courte distance en voiture des incroyablement belles Landes du Nord du Yorkshire et du Lake District. Sydney et Maud Smith ainsi que leur fils Edmund et sa fille Barbara avaient tenu un studio de photographie, un garage et un magasin de bonbons en ville. Les week-ends, cependant, ils parcouraient la région en faisant de la randonnée, en escaladant des montagnes et en prenant des photos dignes de prix. Lorsque la guerre avait débuté, une amie de Barbara avait rejoint les Femmes de la Royal Air Force (WAAF). Elle venait à la maison avec des histoires passionnantes de sa nouvelle vie. Barbara, étant une aventurière de 21 ans qui désirait voyager et faire quelque chose de plus excitant, avait décidé de s’engager. Il y avait la conscription, mais si vous aviez joint les forces, vous aviez plus de choix quant à l'endroit où vous étiez affecté et ce que vous deviez y faire. Elle était donc allée en train, avait passé l’examen médical mais elle n’avait pas été acceptée parce qu'il lui manquait ½ pouce au minimum de 5 pieds. Peu de temps après, une lettre était arrivée disant que le minimum était maintenant de 4 pi 11 po. Elle était envoyée à Gloucester pour suivre une formation de base, prenait des marches sur la route et s’acclimatait. Puis en route pour Blackpool pour une formation en photographie pour la WAAF. Elle se souvenait d’avoir demeuré dans une maison de pension, d’être allée à la piscine et d’avoir dansé sur la musique de l'organiste Reginald Dixon, dans la salle de bal Blackpool Tower. C’était une belle salle de bal avec ces mots écrits sur le haut des murs : « la musique apaise le cœur de la bête sauvage ». Elle était diplômée et était ensuite en poste à l’Unité centrale d’interprétation à Danesfield (manoir), dans le Medmenham, à 30 milles à l'ouest de Londres sur la Tamise. Le manoir lui-même était réservé pour les officiers, la troupe demeurait dans des baraquements sur le terrain. Churchill avait visité une fois et était suffisamment proche pour être touché. Il avait laissé tomber son cigare à sa hauteur et son amie s’était penchée, l’avait ramassé et conservé. Ils avaient crié trois « hip, hip, houra ! » au moment où il était passé. Le 14 août 1942, les alliés lançaient l’attaque sur Dieppe. Les Allemands savaient qu'ils allaient venir et il y avait un grand nombre de pertes de vie. En prévision de cet assaut, l’Unité centrale d’interprétation de Danesfield où Barbara travaillait, traitait des centaines de libérations. Dans l'enquête qui avait suivi pour déterminer si la fuite était venue de Danesfield, l'ensemble du personnel avait été interrogé à savoir si parmi ces libérations, certains connaissaient la région.

Ainsi, après la guerre, de retour à Pickering, les filles se pâmaient sur les Polonais, ils étaient des gentlemen et si beaux !!!! Maman et papa s’étaient rencontrés, s’étaient mariés en 1947 et demandaient résidence au Canada, en Afrique du Sud et en Australie... La demande canadienne était revenue en premier. En mars 1948, ils avaient donc rassemblé leurs maigres possessions et s’étaient dirigés vers Southampton, en route pour l’étranger. Rien n’allait comme prévu et pour une raison quelconque, ils avaient manqué le bateau. Ils étaient tellement gênés de le dire à la famille qu’ils avaient dû séjourner à Rougham Suffolk jusqu'à ce que le prochain navire parte. Enfin, en mai 1948, ils embarquaient sur l’Aquitania et laissaient l'Angleterre derrière. Maman était séparée de Stan, elle couchait avec les femmes et les enfants, Stan avec les hommes. C’était de grandes salles avec lits superposés. Bien qu'ils aient préféré avoir une chambre ensemble, le voyage était agréable et ils étaient arrivés au Quai 21, le 1er juin 1948. En rétrospective, c’était probablement une bonne chose qu'ils aient manqué le bateau, ils étaient arrivés alors que la température était déjà très agréable… S’ils étaient arrivés par temps froid, maman aurait dit qu'elle voulait juste retourner et entrer à la maison! Maman se souvient d’avoir monté une colline escarpée, à Halifax et d’être venue dans un petit magasin avec des bananes. Elle n'avait pas vu d bananes depuis des années et ils en avaient acheté quelques-unes et pensé combien c’était un endroit merveilleux. Ils avaient peur de manquer le train (avec raison) et étaient retournés au Quai pour attendre pour la prochaine étape de leur voyage. Maman ne voulait pas dormir dans le train parce qu'elle craignait de manquer quelque chose. Elle était fascinée par le paysage, se souvient de toutes les jolies églises blanches avec leurs clochers blancs… Un net contraste avec les églises de pierre d'Angleterre.

Ils avaient eu à travailler sur une ferme pendant un an mais Barbara était enceinte et personne ne voulait d’elle. Mon frère Roman est né à Sarnia, en septembre 1948. Ils se déplaçaient, d’un endroit à l’autre, restant avec les gens jusqu'à ce qu'ils obtiennent finalement 50 acres de terre, dont une partie était un verger d'arbres fruitiers, à environ 10 milles de Sarnia, en Ontario. Maman restait avec des amis, à Sarnia, pendant que papa dormait sous les pommiers et construisait une petite maison de 2 pièces, pour leur permettre de vivre. Il avait commencé à construire et le voisin était venu lui dire que c'était un endroit humide. Ils avaient donc défait la maison et l’avaient placée sur un terrain plus élevé.

Il travaillait dans un garage à Camlachie, marchant 4 milles dans les deux sens, tous les jours. Il avait finalement obtenu un emploi chez Polymer, à Sarnia, comme ouvrier et avait fait en sorte de devenir dessinateur. Il étudiait pour devenir ingénieur quand il avait été diagnostiqué de tuberculose et, trois jours plus tard, il était à l’hôpital de Byron près de London, en Ontario. Pendant ce temps, maman avait dû obtenir son permis de conduire pour continuer à vivre à leur maison à la campagne.

Elle conduisait 50 milles jusqu’à London à chaque semaine avec mon frère et parce que les enfants n’étaient pas admis à l'hôpital, papa descendait l'escalier de secours pour les rencontrer. Ils allaient au parc Springbank ou au café local avant que maman ne le dépose et qu’ils rentrent chez eux. Pour se tenir occupé et toujours essayer de s'améliorer, il étudiait l'architecture et avait appris la sculpture de cuir pendant son séjour de 2 ans. Ils voulaient lui enlever un poumon mais il refusait de les laisser faire. Peu de temps après, ils découvraient un traitement qui stoppait la tuberculose. Il avait suivi ce traitement et quitté l'hôpital. Après 2 ans à vivre comme une mère célibataire, la famille était réunie et retournait à sa petite maison.

Maman n’avait jamais connu des étés aussi chauds qu’au Canada, ni des hivers aussi froids, ni des orages aussi violents. Elle disait qu’à certains moments, elle serait volontiers retournée en Angleterre. Elle avait au moins cette option, le frère de papa était retourné en Pologne et on ne l’avait jamais revu ni entendu parler.

Maman lavait la vaisselle dans la cuisine et une tempête était apparue. Un éclair était tombé à 6 pouces de la fenêtre et elle avait senti un picotement dans les bras. Elle savait que la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit, elle avait alors pensé qu'elle était ok... Alors que c’était arrivé à nouveau. Elle avait paniqué et attrapé Roman qui était âgé de seulement deux ans et s’était cachée sous la table à dessin de papa. Elle était sous la table à nouveau lors de l'ouragan Hazel en octobre 1954, mais cette fois, elle avait un bébé d’un mois avec elle. Elle se souvenait avoir vu les arbres tomber, un calme et peu de temps après, le vent venait de la direction opposée et les arbres tombaient à nouveau. Je suis née en septembre 1954. Cela avait incité papa à construire un ajout à la maison. La petite maison de deux pièces était devenue une maison de 3 chambres avec une chambre noire à l'étage et le bureau. Papa avait également construit un garage pour deux voitures, une grange, un poulailler et une couveuse… Il avait tout construit lui-même, le soir après le travail et le week-end. Un jour, il était rentré très excité et avait annoncé qu'ils allaient construire un terrain de golf sur la propriété. Il croyait que ce serait un projet de retraite agréable. Donc, une fois encore, il s’était mis en mode de construction. En 1970, Oban Golf Course (club de golf) était ouvert au public, neuf trous, dix-huit départs. Ils avaient opéré le parcours de golf pendant environ 10 ans avant que le canton les ait forcés à le fermer. La maison était fermée et la propriété vendue. En 1980, mon père décédait… Il avait presque 65 ans. Maman avait gardé la maison et un acre de la propriété et vit toujours là… Au jeune âge de 96 ans !!!

Mariés le perron de l'église.
L'homme et la femme sur le pont du navire Aquitaine.
Homme regardant au navire.
Femme sur la rampe du navire.
Femme sur la rampe du navire.
Pont d'un navire.
Pont d'un navire.