Mur d'honneur de Sobey
Colonne
129
Rangée
14
DUFRESNE, MARIA ELIZABETH FRAUENFELDER
Aujourd'hui, à l'âge de 81 ans, je me rappelle bien la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ces années-là étaient dramatiques. Les jours qui ont suivi étaient un festin quotidien; le thé, le café, le pain et tranquillement la nourriture ont fini par entrer dans les magasins. Dans les pires années de la guerre, nous avions subi une famine qui a tué de nombreuses personnes. J'en voyais, assis contre le mur, mais je passais mon chemin.
Un après-midi, le 27 mai, j'étais assise à une terrasse, un événement réellement européen, lorsqu'un jeune militaire m'a demandé la permission de s'asseoir à ma table. Nous avons vite entamé une discussion. Le samedi avant ce 27 mai, il avait célébré son 24e anniversaire. J'avais 20 ans depuis le mois d'avril. Nous nous sommes mariés le 1er août 1946.
Peu après, au début d'octobre, je suis partie vers le Canada. Le voyage avait été organisé par le gouvernement du Canada. Tout comme l'armée rapatriée, nous sommes allés de Rotterdam vers l'Angleterre.
À Southampton, nous avons pris un autre navire. J'étais à bord du même navire que mon mari, un Canadien français. Je me rappelle bien que deux amis, venus en compagnie de l'ambassadeur, sont montés à bord. On a appelé mon nom pour que je me présente à l'accueil. À ma grande surprise et mon grand plaisir, ils m'ont souhaité la bienvenue au Canada et « Un bon voyage! »
Six jours plus tard, je suis arrivée à Halifax. Lorsque j'ai regardé par dessus la balustrade, j'ai vu le Quai 21, un tout petit quai. En quittant le navire, le Club féminin nous a servi une tasse de thé et un beigne. Plus tard, nous avons pris le train. Ici et là, des gens débarquaient au milieu de nulle part. Pas étonnant que certaines épouses de guerre s'en sont retournées en Europe. Lorsque vous veniez d'une grande ville, ça ne devait pas être facile.
J'ai été chanceuse d'aller à Québec, où j'ai été chaleureusement accueillie par une famille extraordinaire qui l'est tout autant à ce jour. Nous sommes très proches et nous nous voyons régulièrement... mais il faut prendre l'avion.
Maria Elizabeth Fravenfelder
La Haye, 2006