Mur d'honneur de Sobey
Colonne
122
Rangée
21
Je suis née et j'ai été élevée dans les Prairies grâce à mes grands-parents, Charles et Emily Haigh, qui avaient immigré au Canada.
Charles Haigh était parti de Liverpool, en Angleterre, le 5 mars 1912, à bord du RMS Corsican affrété par CP Line Atlantic, numéro ID 5255. Inscrit comme ouvrier seul sur la liste des passagers, il a débarqué à Halifax le 16 mars 1912. Quand je prends le temps de penser à sa traversée de l'Atlantique en mars et à son long voyage en train pour arriver à Regina, en Saskatchewan, il y a 97 ans, et à l'hiver, mon admiration pour mon grand-père, que je n'ai jamais connu, est encore plus grande. J'ai toujours dit : « les Prairies séparent les hommes des garçons ». Qu'il est grand à mes yeux !
Emily Haigh, avec leurs enfants, Philip, Alice, Sydney et George William (mon Papa) est partie de Liverpool le 6 septembre 1913 à bord du Teutonic de la compagnie White Star Line. Comme le Saint Laurent était navigable lors de leur arrivée, ils ont débarqué à Montréal, au Québec, le 14 septembre 1913. Ils ont aussi voyagé en train, avec le Grand Trunk Pacific, pour retrouver Charles à Regina.
Ma cousine Lois se souvient de son Papa, Sydney, quand il racontait l'histoire de la caisse contenant leurs affaires que la grue a laissée tomber pendant le déchargement.
Trois enfants de plus sont nés à Regina : Kathleen en 1915, Violet en 1916 et John en 1918 (affectueusement surnommé Jack).
Charles est mort de tuberculose le 6 février 1928, deux ans après avoir été soigné au sanatorium à Fort Qu'Appelle, en Saskatchewan. En ce temps-là, le traitement de choix était de prendre l'air frais et le soleil et de bien manger.
Emily s'est consacrée au soin de ses plus jeunes enfants qu'elle s'est retrouvée seule à élever.
Ses filles Kathleen (mariée à Percy), Violet (mariée à Cecil) et leurs enfants ont partagé leurs maisons avec ma grand-mère Haigh. Comme enfant, j'ai d'elle le souvenir d'une femme sévère et un peu effrayante. Toutefois, elle s'est adoucie et est devenue plus aimante en vieillissant, et je crois que c'est grâce au dévouement et au désintéressement de ses enfants.
Elle a vécu encore 41 ans après la mort de Charles. Charles et Emily reposent ensemble dans le Cimetière de Regina.
Je n'ai pas souvenir d'entendre mon Papa (George William) se plaindre de ce que la vie lui avait apporté, mais lui et notre Mère voulaient une meilleure éducation et une meilleure vie pour ma sœur, mon frère et moi.
Il a passé toutes les années de sa vie active dans le commerce de détail, dans un magasin d'habillement pour homme, commerce pour lequel il était doué et qu'il exerçait avec passion. Quand il fallait ouvrir le magasin deux soirs avant Noël, il ne demandait jamais des autres membres du personnel ce qu'il ne faisait pas lui-même. Il a fait de nombreuses heures supplémentaires le soir lui-même.
Je pense que c'est l'exemple de mon père qui a influencé pour la plus grande part mes propres habitudes de magasinage. Je préfère faire les courses le matin et pas le dimanche - honorant de cette façon sa mémoire, et celle de mon Père céleste.
Je suis fière de ma famille d'immigrants : ils étaient travailleurs, accueillants et ils œuvraient beaucoup bénévolement pour la communauté, dans l'intérêt de tous. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient faire de mieux pour nous avec ce qu'ils avaient. Je suis riche de souvenirs, certains plus mauvais que d’autres mais pardonnables, mais beaucoup de bons.
C'est un hommage au clan Haigh. Je suis fier de ma famille : ni génie, ni escroc, des gens ordinaires, travailleurs, qui ont et ont eu leurs propres rêves et leurs difficultés.
Présenté avec respect,
Elaine Bladon (née Haigh), en 2009