Mur d'honneur de Sobey
Colonne
123
Rangée
7
La plus grande gloire est de ne jamais tomber mais de toujours se relever chaque fois que l’on tombe.
Confucius
L’Histoire de ma vie
Om Sharma, le 2 juin 2008
Je suis née à Sillanwali, Sargodha dans le West Punjab, en Inde. Mon lieu de naissance est devenu une partie du Pakistan, alors à l’âge de 10 ans, j’ai dû partir avec ma famille en Inde qui venait d’être divisée. Ce partage a laissé des millions de personnes sans toit ni emploi et ils sont devenus réfugiés.
C’était une tâche difficile de recommencer sa vie à zéro et cela nous a forcés à être déterminés et à nous reconstruire: lutter pour la vie, étudier à l’école et distribuer le journal le soir. Après avoir terminé ma formation pour devenir professeur, j’ai rempli divers rôles : enseigner le matin, suivre des études supérieures le soir et encadrer des étudiants qui en avaient besoin pendant mon temps libre.
Des producteurs et des réalisateurs de cinéma venaient fréquemment à Delhi pour la sortie de leurs films ou pour les filmer. Ceci a piqué ma curiosité et j’ai réussi à rencontrer Dev Anand, Raj Kapoor et Manoj Kumar (des acteurs indiens célèbres) à Delhi. Cela m’a donné de l’espoir et le sentiment que ce pourrait être une voie pour moi parce que j’adore l’art du spectacle, c’est-à-dire, jouer et chanter.
J’ai pris un congé exceptionnel de l’école, j’ai fait mes valises et je suis parti tenter ma chance à la capitale du film en Inde, Bombay (Mumbai), maintenant connue sous le nom de Bollywood. Comme dans toute grande ville, le style de vie était mouvementé. J’ai rencontré beaucoup de personnes renommées et j’ai tenu deux rôles mais à ma grande surprise, les choses ne sont pas toujours ce que vous croyez qu’elles sont. C’est un long processus et un travail de longue haleine pour réussir dans le monde du spectacle. Il y avait des promesses et encore des promesses mais en fait, il était difficile de trouver des personnes qui tenaient leur parole.
Comme j’ai trouvé que ce n’était pas ma tasse de thé, je suis revenu à mon poste de professeur avec toujours cette soif d’aventure. Comme William Feather a dit : « une façon de profiter de la vie est de la considérer comme une aventure. »
J’ai beaucoup lu sur le Canada et l’idée d’immigrer m’a vraiment intéressé. Heureusement, en 1966, je suis tombé sur la nouvelle selon laquelle le Canada cherchait désespérément des professeurs certifiés. J’ai envoyé mes références à chaque province pour obtenir une autorisation d’enseigner et en quelques mois, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario m’ont envoyé une autorisation et la liste des conseils scolaires auprès desquels je pouvais postuler.
J’avais des amis qui travaillaient en Nouvelle-Écosse et ils avaient l’air d’apprécier tous les aspects de la vie canadienne, alors j’ai décidé de postuler auprès de la Haute Commission Canadienne pour l’immigration. J’ai bien réussi l’entretien et mon dossier a été accepté. C’était exactement le genre d’aventure que je recherchais ! J’ai fait tous les arrangements nécessaires : le passeport, les examens médicaux, acheter le billet de voyage et obtenir un visa.
J’ai atterri à l’aéroport de Halifax, en passant par Montréal, le 2 août 1967. C’était la première fois que je montais à bord d’un avion et c’était au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer. J’anticipais tellement ce qui m’attendait dans les prochains mois.
Le voyage en autobus jusqu’au Quai 21 était une expérience exaltante. C’était rafraîchissant de voir les vastes champs verts, les paysages sans presque personnes aux alentours. C’était quelque chose que je n’avais pas l’habitude de voir quand je vivais dans la ville très peuplée de Delhi.
Après être resté au Quai 21 pendant deux semaines, l’officier de l’immigration a organisé mon entretien pour un poste de professeur et j’étais en route pour enseigner à l’école secondaire Duncan Macmillan à Sheer Harbour. Nous étions six professeurs à rester à l’hôtel Lind Haven pour 21 $ la semaine. Cela a pris du temps de m’adapter à un nouvel endroit. Les habitants locaux qui n’étaient pas habitués aux nouvelles cultures, le temps rigoureux, les adolescents canadiens et la nourriture ethnique à laquelle j’étais habitué et qui me manquait, tout ça exacerbait mon sentiment de solitude.
Mais comme on dit : « quand les choses se corsent, les durs s’y mettent ». J’ai commencé à me mélanger aux habitants, j’ai suivi des cours d’été et j’ai essayé de développer mes compétences à l’oral.
L’année suivante, j’ai déménagé et j’ai obtenu un poste à l’école secondaire municipale de Chester, en Nouvelle-Écosse. Les choses commençaient à aller mieux. Comme Francis Bacon disait : « Un homme sage créera plus d’opportunités qu’il n’en trouvera ».
J’ai joint une loge maçonnique et je me suis fait des amis. Au fil du temps, j’ai rencontré plein de gens. Mme Eleanor Bankhouse, l’une de mes collègues, m’a présenté à sa mère, Mme Grant qui cherchait un pensionnaire. Habiter avec elle m’a fait me sentir comme si j’étais chez moi. C’était une vraie bénédiction. Cela a amélioré mes compétences à l’oral et ça a répondu à mes questions et mes problèmes
En 1970, j’ai rencontré Saroj Sharma à Dartmouth et elle m’a capturé au premier regard. Il m’a fallu trois ans pour avoir le courage de lui demander sa main ; ça valait la peine d’attendre. Elle était technologue qualifiée en médecine nucléaire, radiothérapie et rayons X, sans oublier qu’elle était une personne brillante et très aimée de tous. Elle travaillait à l’hôpital Victoria General.
Nous sommes partis de Chester pour Halifax. Nous avons été bénis de trois filles Anjoo, Anita et Divya Kiran qui apportent leur contribution à la communauté et au pays. Nous avons travaillé dur pour leur donner le meilleur de notre héritage indo-canadien et pour leur inculquer de vivre selon le mot d’ordre : « Bon, mieux, le meilleur, ne laissez rien jusqu’à ce que votre bien soit mieux et mieux est meilleur. »
Ma femme et moi sommes retraités maintenant, mais nous sommes toujours actifs en tant que bénévoles dans des associations indo-canadiennes, des hôpitaux, le Temple Hindou, des événements multiculturels et des représentations musicales. Nous aimons aider les causes charitables, les concerts, les voyages et le théâtre. Nous dirigeons des discours motivants pour les projets de « Passage to Canada » sur le racisme, l’immigration et les droits de l’homme.
Nous sommes très heureux de pouvoir illuminer les étudiants et les nouveaux canadiens. Nous croyons totalement en ce que Robert Kennedy a dit : « C’est en contribuant qu’on est le plus heureux ». Je suis content que nous ayons choisi le Canada comme pays. Nous en sommes très fiers. C’est un pays qui aime la paix et qui est affectueux. S’il y a un paradis sur terre, il est ici, il est ici, il est ici !