Nigel Whiteley

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
63

Rangée
17

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Nigel Whiteley

Ma mère, Beatrice Whiteley, est décédée à l'âge de 86 ans. Elle aimait tellement son pays d'adoption que lorsqu'elle a voulu essayer de retourner vivre au Royaume-Uni à la fin des années soixante-dix, elle est finalement revenue au Canada en 1981. Nous sommes venues avec les épouses de guerre, mais aussi pour rejoindre mon père qui était venu comme immigrant. Pendant la guerre, il avait été apprenti pilote à la RAF et membre du programme de formation des pilotes du Commonwealth. Il a appris la navigation à Mount Hope, en Ontario. A la démobilisation des forces britanniques, il a décidé d'émigrer au Canada. Il m'a dit qu'il a fait cela pour éviter que je serve de recrue au Royaume-Uni. Mais sa véritable raison est qu'il avait été si impressionné par ce pays qu'il voulait y prendre un nouveau départ.

Mon père a dû se rendre au Canada à bord d'un cargo en 1946, via la Suède et New York, parce qu'il y avait une pénurie de places dans les lignes de paquebots transatlantiques. Nous l'avons rejoint l'année suivante. C'est à Halifax que nous nous sommes trouvés à court d'argent et nous avons fait de cette ville notre premier domicile au Canada.

Même avant qu'on lui accorde la citoyenneté, ma mère faisait du bénévolat pour la Croix-Rouge canadienne. Elle a d'abord servie d'aide au Camp Hill Hospital et a travaillé ensuite avec les équipes de bénévoles qui accueillaient les bateaux remplis d'immigrants à leur arrivée à Halifax. Elle aidait les familles au moment où elles passaient les contrôles d'immigration. Ce petit groupe de gens accueillait les immigrants et étaient pour eux une source de réconfort ; cela a manqué à bien des arrivants plus tard. Ma mère pensait que sa modeste contribution était la bonne chose à faire pour s'assurer que ceux qui arrivaient avec rien ou presque trouveraient du soutien dans ce nouveau pays ; elle-même était passée par là et savait ce que cela signifiait.

Notre but initial, à savoir de ne pas avoir à servir dans l'armée, a finalement tourné autrement : Papa a servi dans la RCAF pendant huit ans et j'ai passé quant-à-moi vingt-huit ans dans les RCN et les Forces canadiennes, dont presque douze ans à Halifax/Dartmouth.

En relisant la partie de ce récit qui concerne le voyage dans le RMS Aquitania, je me suis soudain souvenu de certains détails au sujet de ce navire. C'était un des rares bateaux qui avaient été utilisés pour des transports de troupes pendant les deux guerres mondiales. La décision avait été prise de ne pas le réaménager en paquebot transatlantique en raison des coûts que cela aurait représenté, de son âge et de l'apparition de moyens de transports plus rapides.

Les couchettes de l'Aquitania pour les femmes et les enfants étaient organisées en grands carrés spacieux. Les plafonds étaient assez hauts, ce qui avait permis à des architectes navals ingénieux de placer des étançons qui supportaient six étages de couchettes superposées. Pour tenir compte des besoins des femmes et des enfants, on avait condamné les trois étages du haut. Cela évitait que les enfants les plus actifs s'y amusent, et évitait aussi quelques chutes qui auraient certainement été peu plaisantes. Je crois me rappeler que nous étions plus de quarante dans un de ces carrés. Je me rappelle que lorsque nous rentrions après avoir respiré l'air de l'Atlantique sur le pont, l'intérieur de ce magnifique vieux bateau semblait sombre et fatigué. Et l'air confiné de notre carré, combiné au mal de mer de tous ces « terriens » qui n'avaient pas le pied marin, ne donnaient pas lieu à un environnement particulièrement charmant.