Meta Echt et Marianne Ferguson

Mur d'honneur de Sobey

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Meta Echt and Marianne Ferguson

"Il y a des choses dont je ne parlerai pas. Il y a des rêves qui ne peuvent pas mourir. Il y a des pensées qui rendent le cœur fort faible, qui font pâlir, qui voilent les yeux."

Ces vers du poème de Longfellow « Ma jeunesse perdue » ont peut-être un sens plus fort pour moi que pour la plupart des gens, quoi que ce n’est peut-être pas dans le même que celui que recherchait le poète en écrivant ce poème. Pour moi, ces vers veulent dire que j’ai vu, j’ai fait l’expérience de bien des choses durant mon enfance à Dantzig ; qu’il est difficile de parler de ces choses, car elles ont été si horribles ; mais le souvenir ne peut mourir et cela me rend encore triste d’y penser. Et même dans un tel pays, un pays de tyrans, de barbares et de haine, les gens ont des rêves de droits et de liberté, qui se réaliseront peut-être pour certains, peut-être pas pour d’autres. Nous, nos rêves se sont réalisés. Comme un rayon de soleil au milieu d’un ciel plein de nuages, nous avons reçu la permission de venir au Canada, un pays libre.

Les choses allaient de mal en pis pour ceux qui étaient contre les Nazis. Ici, tout le monde est libre, on ne réalise pas l’horreur qui découle d’être dirigé par un dictateur. On disait que Dantzig était une ville libre, mais elle était sous l’autorité de l’Allemagne et de la Pologne à la fois, même si certaines choses étaient contrôlées par Dantzig même. Cela dit, la majorité de la population en était allemande. Pour cette raison, Hitler pensait pouvoir oser contrôler Dantzig plus qu’il ne l’aurait dû. Nous vivions dans un village vacances, à quinze minutes environ de la ville de Dantzig. Le tramway nous emmenait à Dantzig et ses environs. Notre petite ville, Broesen, comptait plus ou moins 4000 habitants. Tout le monde nous aimait. Il n’y avait qu’une église en ville, et même si on n’en faisait pas partie, on était invités à chaque office spécial ou à chaque fête qu’organisaient ses membres. Mes parents étaient membres de l’I.O.O.F. (Independent Order of Odd Fellows) depuis quinze ans. À Noël, l’I.O.O.F. faisait une fête pour les enfants pauvres et chaque membre donnait un vêtement à un enfant. Mais quand Hitler est devenu le dirigeant de l’Allemagne en 1933, il a interdit à l’association de poursuivre ses réunions. Non seulement mes parents donnaient généreusement à l’I.O.O.F. mais ils faisaient bien d’autres choses pour d’autres gens pauvres et malades. Voilà pourquoi les Nazis de notre ville avaient peur de nous maltraiter. Au-delà de ça, 90% des gens de Broesen étaient catholiques et la plupart d’entre eux étaient eux aussi anti-Nazis et se seraient rebellés si qui que ce soit nous avait fait du mal ou en avait fait, que ce soit à nous ou à eux.

Comme les Nazis de la ville où nous habitions n’allaient rien nous faire, ni à nous, ni aux autres qui étaient contre Hitler, le gouvernement a envoyé, pour nous contrarier, des Nazis d’autres villes. Ces hommes venaient la nuit, cassaient les portes, les fenêtres chez des gens, emmenaient le chef de famille à un endroit inconnu de tous. Le lendemain, la famille de telles personnes recevait un petit cadeau. Ce cadeau était un petit paquet délicat, la plupart du temps une boîte, emballée dans du papier de soie et nouée par un ruban de couleur vive. En l’ouvrant, on trouvait dans la boîte les restes ou les cendres du membre de la famille qui avait disparu la nuit précédente. Une petite carte y était jointe, une carte de condoléances. Quand les enfants commençaient à aller à l’école, ils n’étaient plus à leurs parents. Ils étaient à Hitler. Au lieu de se coucher le soir, ils devaient aller à leur rencontre, puis s’entraîner la moitié de la nuit. On donnait aussi aux garçons un poignard, avec lequel ils avaient le droit de tuer qui ils voulaient sauf un Nazi. Quand ils tuaient un vieil homme innocent, ou même leurs propres parents qui avaient mal parlé de Hitler, leur meneur leur remettait une médaille de bravoure. Souvent, des parents venaient nous voir la nuit, car ils avaient peur d’être surveillés le jour. Ils venaient se plaindre des Nazis. Bien évidemment on ne pouvait pas les aider, mais ça leur faisait du bien de parler à quelqu’un qui comprenait. Le gouvernement menaçait même le principal de notre école parce qu’il nous en ouvrait les portes, il nous laissait y aller. Nous avons dû la quitter et aller dans des écoles privées. Le pasteur de l’église de notre ville a trouvé sur le seuil de sa porte deux moitiés de chat sur un gibet, le tout accompagné d’une note qui disait : « Aujourd’hui c’est le chat, demain c’est vous ». Le même pasteur a aussi découvert que son poulailler avait été volé. Un mot, sur le mur, disait : « Dieu est partout, mais pas dans le poulailler du pasteur ». Ils voulaient de cette manière montrer que, même si le pasteur parlait de Dieu, il n’y avait pas de Dieu, sinon il aurait protégé ses poules. Les gens, pourtant, savaient que Dieu était là. Aucun voleur ne pouvait faire croire le contraire aux habitants de Broesen.

Ma tante tenait un magasin dans la ville de Dantzig. Mon oncle était professeur au collège et plus tard il a dirigé sa propre école. Un jour, en passant devant le magasin de ma tante, il a remarqué qu’il y avait un attroupement. En y regardant de plus près, il a vu un homme qui tenait un pot de peinture et un pinceau et qui était en train d’écrire sur la vitrine : « N’achetez rien ici car ces gens sont contres les Nazis ». Mon oncle s’est vraiment mis en colère. Quand le Nazi a repris le pot de peinture pour y tremper le pinceau, il a frappé le dessous du pot et a ainsi couvert de peinture le visage du Nazi. Quelques personnes ont ri, d’autres ont crié « Tuez-le ! », mais ils n’étaient pas nombreux à renchérir. Ma tante avait peur, elle a vite tiré mon oncle à l’intérieur du magasin. Quand mon oncle est rentré à la maison, il a trouvé dans son bureau un panier de fleur accompagnés d’un message : « Vous avez fait quelque chose de splendide et c’est pourquoi je vous envoie ceci, à titre de remerciement ». Mon oncle n’a pas eu de problèmes à cause de ce qu’il avait fait. Il croit que le Nazi qui peignait la fenêtre était un ancien élève à lui et, pour cette raison, avait eu peur d’en parler à la police.

Mon grand-père vivait dans une ville de Prusse-Orientale. Quand nous avons su que nous partions au Canada, mon père, ma mère et moi sommes allés en bus chez mon grand-père pour lui dire au revoir. Notre voyage était assez agréable jusqu’à ce qu’on arrive à la frontière de Dantzig. Là, un officier a regardé nos passeports et nous a demandé si nous avions beaucoup d’argent. Comme on allait chez mon grand-père, on n’avait pas besoin d’argent et on a donc pu lui dire en toute honnêteté que nous n’en avions pas. Cela dit, comme nous étions les seuls dans le bus à ne pas porter de croix gammée, l’officier pensait que nous étions anti-Nazis. Mon père est le seul à avoir dû descendre du bus : l’officier l’a emmené dans une pièce minuscule. C’est là qu’il a dit à un autre officier : « Ça y est, on en a un ». Mon père a dit : « Vous pensez peut-être que toute personne qui ne porte pas de croix gammée est un criminel ! ». L’officier lui a répondu : « On va voir ». La pièce où on a amené mon père était si petite qu’il ne pouvait même pas bouger la main pour prendre son mouchoir et se moucher. Il a dû se tenir debout, les bras en l’air, pendant que les officier fouillaient tout, ses poches et le reste, mais, bien entendu, ils n’ont rien trouvé. Alors on a pensé que tout était fini et qu’on pourrait finir notre voyage en paix, mais on se mettait le doigt dans l’œil. En traversant la rivière Nougat, on entrait en Allemagne. On nous a à nouveau remarqué, principalement parce qu’on n’avait pas de croix gammée, mais aussi parce que l’officier de Dantzig avait téléphoné à l’officier allemand et lui avait dit de nous embêter. Cette fois-ci, on a tous dû descendre du bus. Ils ont fouillé toutes nos affaires. Comme on avait des sandwichs, ils les ont ouverts, ont sorti la viande et tout ce qu’il y avait dedans, ont gratté le beurre pour l’enlever, ont regardé à travers le pain avec une lampe de poche. Après cela, ils ont trouvé mon cahier d’autographes. Ils nous ont demandé pourquoi on avait ça avec nous, mon père a répondu que comme on allait dans un autre pays, je voulais que ma famille le signe avant de partir. Quand l’officier a ouvert le cahier, il a vu un mot que ma mère avait écrit : « Si un homme pauvre te demande de l’aide, donne-lui quelque chose ; si quelqu’un est malade, réconforte-le ; si quelqu’un est mort, mets-le en terre ; ne demande pas quels sont son rang ou sa religion, comme toi, il est un homme. » L’officier nous a regardés ; puis il a fermé le livre et nous l’a lancé. Il n’a rien dit. Il a dû voir, à travers ces vers, comment l’homme doit se comporter. Toutefois, un deuxième officier est venu et a emmené ma mère auprès d’une femme qui l’a entièrement déshabillée et a regardé toutes ses affaires pour voir si elle avait quoi que ce soit qui n’était pas autorisé. Ils ont découpé sa gaine en morceaux, ont déchiré l’ourlet et les coutures de sa robe et ont coupé les talons de ses chaussures. Cela dit, ils étaient assez polis pour recoller ses talons. Dans une autre pièce, ils ont fait la même chose à mon père. Bizarrement, ils ne m’ont pas touché. Le bus a eu deux heures de retard à cause de cette interruption. Les autres passagers étaient fâchés et disaient qu’eux, alors qu’ils avaient du beurre et des œufs et bien d’autres choses, n’étaient pas fouillés alors que nous, qui n’avions rien, avions été inspectés pendant deux heures ou plus.

Le bus s’est arrêté à la gare principale et des membres de notre famille étaient venus à notre rencontre. Nous sommes tous allés dans la salle d’attente parce qu’ils voulaient nous raconter ce qui s’était passé en ville, pour qu’on ne soit pas trop surpris quand on le verrait par nous-mêmes. Ensuite, on est allés au cimetière où plusieurs de nos proches étaient enterrés. Le cimetière était récent, il était bien entretenu et il y avait une église qui était du plus beau style moderne. Mais ce n’était plus du tout ce qu’on voyait. Tout ce qu’on pouvait voir, c’était une pile de briques, du mortier, du verre. Les Nazis avaient brulé l’église et saccagé toutes les tombes. La tombe de ma grand-mère était couverte d’une pierre tombale neuve, c’était la seule qui était encore là. Un jardinier travaillait au cimetière, qui s’occupait de maintenir les tombes en état et qui était payés par les gens. Les Nazis avaient envoyé cet homme au camp de concentration, sans qu’il n’ait rien fait. Il venait juste d’être libéré quand on a visité le cimetière. En traversant les rues de la ville, nous avons remarqué qu’une synagogue avait aussi été brûlée. Ce bâtiment-là avait été une synagogue et il y avait un orphelinat juste à côté. Une nuit, les Nazis étaient venus et l’avaient mis à feu, poussant les orphelins en chemise de nuit par les fenêtres. Les gens de cœur qui avaient emmené ces enfants chez eux ont été envoyés eux aussi en camps de concentration. On en avait vu assez. On voulait aller à la maison, chez notre grand-père. Pourtant, ça n’était pas mieux là-bas. Mon grand-père, qui à ce moment-là avait quatre-vingt-un ans, était propriétaire de sa maison. Un jour de novembre, à six heures du matin, les Nazis étaient venus chez lui. Ils avaient brisé toutes les fenêtres (il y en avait cinquante-sept) et cassé tous les meubles, pour les utiliser plus tard comme petit bois. Il ne restait que peu d’objets indispensables. Ils ont aussi brisé la vaisselle de ma grand-mère, son verre taillé. Un des Nazis, qui n’aimait pas ce qu’ils étaient en train de faire, jetait les objets sur les lits, là où ils ne cassaient pas. Après avoir fini, les Nazis ont dit à mon grand-père qu’il devrait avoir fait réparer toutes les fenêtres et fait nettoyer les lieux dans les six heures, étant donné que le gouvernement allait installer une famille Nazie dans la maison. Ma tante les a suppliés de laisser mon grand-père chez lui, comme c’était un vieil homme qui ne saurait pas où aller. Alors, les Nazis ont un peu changé leur plan. Ils ont dit à mon grand-père que, pendant qu’ils retournaient sa maison sans dessus dessous, d’autres Nazis faisaient de même chez mon oncle, qui habitait un coin de rue plus loin. Ils lui ont dit que si mon oncle pouvait vivre avec mon grand-père, afin qu’une famille Nazie s’installe chez lui, ça irait. Mon grand-père, bien sûr, a dit que oui. Là où mon oncle avait vécu jusqu’ici, on avait loué la maison. Mon oncle avait payé six mois d’avance de son loyer et le propriétaire, Nazi, avait demandé au gouvernement s’ils ne laisseraient pas mon oncle vivre là pour ces six mois-là, mais on lui a dit de se taire, sans quoi on l’enverrait en camp de concentration. On en avait assez vu, on est vite repartis. Sur le trajet du retour, on n’a eu aucun problème dans le bus. Les officiers nous ont reconnus et savaient qu’on disait la vérité. Avant que tout cela n’arrive, les gens de Dantzig vivaient très paisiblement. Nous-mêmes, on avait une très belle maison et un superbe jardin. Durant l’été, nos amis et nos proches, qui vivaient en ville, venaient nous rendre visite tous les jours. On allait à la plage, qui n’était pas loin de chez nous. On avait l’habitude d’emporter à manger avec nous et d’y rester jusqu’au soir, ou bien d’aller marcher dans le parc. Plus tard, quand l’Hitlérisme était plus répandu, les Juifs et les anti-Nazis n’avaient plus le droit d’aller au parc, ni presque nulle part sur la plage.

Quand tout cela n’était plus supportable, nous avons décidé de quitter le pays et avons été très chanceux d’obtenir un droit d’entrée au Canada. Nous avons vendu la plupart de nos affaires, mais nous en avons emballé beaucoup pour les envoyer à Gdynia, en Pologne, d’où notre bateau partait pour l’Angleterre. Nous avons quitté Dantzig en février 1939 et sommes restés à Gdynia dix jours avant le départ. Beaucoup de nos amis sont venus nous voir à Gdynia et beaucoup de nos anciens amis à Broesen nous ont dit de ne pas nous en aller. Une femme, que nous avons rencontrée dans la rue à Dantzig juste avant de partir, a dit très fort : « Toutes les bonnes personnes partent et les mauvaises restent ». Tout le monde nous a apporté des souvenirs et d’autres choses mais on en avait trop et avons dû presque tout laisser. C’était dur de quitter nos amis, mais à cause des Nazis, c’était impossible de rester. Tout le monde nous demandait de les emmener avec nous, mais ça aussi c’était impossible. Le 16 février 1939, nous sommes partis pour l’Angleterre sur le paquebot polonais Luvow. Nous y sommes restés quatre jours avant d’embarquer sur le SS Andania et de mettre le cap sur Halifax. À Halifax, une dame nous a accueillis et emmenés à un hôtel où nous sommes restés huit semaines. Nous cherchions constamment une ferme, aidés par des gens très gentils qui sont devenus des amis très proches. Nous avons acheté la ferme où nous vivons aujourd’hui et nous sommes bien plus heureux ici qu’on ne l’était à Dantzig. Bien entendu, on travaille fort, mais on est libres et c’est préférable à la vie en esclavage. Nous ne souhaitons par retourner à Dantzig car nous aimons beaucoup le Canada. C’est un pays où tout le monde a des droits égaux, où chacun peut pratiquer sa religion à sa façon et où les hommes sont libres. Qu’il en soit toujours ainsi et qu’aucun dictateur ne mette jamais le pied sur le sol canadien.

Marianne Echt. 16 ans - 1942

Nous sommes arrivés de Dantzig (l’ancien corridor entre l’Allemagne et la Pologne) au Quai 21 un jour de tempête, sous la neige, le 7 mars 1939. Mon père, qui était venu à Dantzig de Prusse-Orientale, avait un passeport allemand sur lequel nous, les enfants, étions inscrits. On parlait allemand, on fuyait le vieux pays pour aller vers un pays où les gens n’avaient pas à avoir peur de marcher dans la rue. J’avais 13 ans : j’arrivais avec mes parents, ma grand-mère maternelle et mes deux petites sœurs. Mme Sadie Fineberg nous a accueillis. Elle était tellement chaleureuse et aimable, nous présentant de nombreux autres gens très sympathiques, que mes parents ont décidé qu’on resterait en Nouvelle-Écosse plutôt que d’aller dans la région de Montréal, comme on l’avait prévu au départ. Nous devions entrer en tant que fermiers, même si mon père était en fait pharmacien.

À ce moment-là, le Quai 21 était un endroit assez morose et lugubre, mais l’accueil était sincère et nous n’avons même pas fait attention à l’apparence du bâtiment.

Après la Seconde Guerre mondiale, quand Sadie Fineberg est devenue représentante du maire au Quai 21, ma mère a pris sa place pour accueillir les immigrants au nom de la « Jewish Immigrant Aid Society ». Ma mère rencontrait souvent beaucoup, beaucoup de survivants à l’holocauste qui arrivaient ; elle me demandait de venir l’aider. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience, à nouveau, du rôle du Quai 21 et, ayant été si bien reçu quand on est arrivés, nous faisions de même pour ceux qui venaient et dont beaucoup étaient des êtres humains bien malheureux.

Le 20 octobre 1946, je me suis mariée avec Lawrence Ferguson un neveu de Sadie Fineberg. Nous avons trois enfants, Randy, Lea et Jamie, ainsi que quatre petits-enfants : Simon, Matthew, Rebecca (Becky) et MacKenzie.

Des années plus tard, quand M. J.P. LeBlanc et Trudy Mitic écrivaient le livre sur le Quai 21, on m’a appelée pour une entrevue. Lors du lancement du livre, qui a eu lieu au Quai 21, nous avons été invités. Y retourner a réveillé bien des souvenirs de ma mère et moi rencontrant des réfugiés ; ça m’a rendue nostalgique. J’ai dit à M. Leblanc que j’aimerais m’associer à n’importe quel projet lié au Quai, plus tard aussi, quand Ruth Goldbloom a repris les rênes. Il y avait une exposition au Mont Saint Vincent à laquelle nous avons assisté. Il y avait un intervenant et M. LeBlanc m’a demandé si je pouvais le remercier au nom de l’auditoire. Une chose a mené à l’autre et on m’a appelée pour une rencontre au bureau de la rue Brunswick. Plus tard, juste avant l’ouverture du nouveau Quai 21, on m’a aussi appelée pour savoir si je pouvais venir faire la liste des prix des objets de la boutique du musée et vider des cartons. J’ai même amené mon fils, Randy, et un de mes petits-fils, Matthew (qui était en vacances). Ils m’ont aidée à remplir et à vider des cartons, à installer la boutique. À ce moment-là, des gens étaient venus chez moi m’interviewer, on m’a aussi demandé de m’arrêter à CBC TV pour quelques photos et entrevues, et un photographe du Reader’s Digest est venu prendre des photos de mon mari et de moi, avec deux de nos petits-enfants, marchant le long de l’eau au Quai 21.

Quand le Quai 21 était sur le point d’ouvrir en juillet 1999, la CBC m’a photographiée alors que je donnais un coup de mai à la boutique du musée et c’est passé à la télévision. Ce qui était très agréable après cela, c’est que j’ai reçu plusieurs appels et des lettre de gens que je n’avais pas vus depuis des années, même d’anciens élèves qui allaient à l’école avec moi à Milford, il y a plus de 50 ans. Certains sont venus me rendre visite. Lawrence et moi avons rendu visite à un ami à Dartmouth ; j’attends une autre amie qui habite maintenant à Kitchener, en Ontario, qui doit venir me rendre visite. J’étais, dans ma vie professionnelle, secrétaire médicale. J’ai travaillé longtemps au « IWK » (l’hôpital de Halifax), même quand c’était le vieil hôpital pour enfants, au « VG » (autre site de l’hôpital), à la « Infirmary » (idem) et plus tard au « Grace » (idem). Je ne me considère pas comme quelqu’un de très doué, mais j’ai pas mal de passe-temps : la lecture, le théâtre, la musique, le tricot, la broderie, la canasta, le bridge, le bénévolat, la marche, la natation, les voyages, la cuisine, la pâtisserie et le magasinage.

Mes compétences informatiques ne sont pas mauvaises et j’en profite pour taper différents textes au Centre de Ressources du Quai 21. J’ai organisé des collectes de fonds, j’ai été présidente de plusieurs organisations et j’ai été membre du Conseil de la synagogue Shaar Shalom durant de nombreuses années. En novembre, j’ai reçu un prix du Conseil Juif de l’Atlantique (Atlantic Jewish Council) à leur convention bi-annuelle à Moncton, pour avoir fait de l’animation socio-culturelle à la fois pour la communauté juive et pour la communauté au sens large. Je n’ai jamais eu de formation aux premiers soins, mais j’ai travaillé pour des docteurs et dans des hôpitaux pendant très longtemps et j’ai appris à reconnaître différents signes et symptômes. Alors qu’un monsieur sortait du cinéma, l’été dernier, j’ai remarqué qu’il avait du mal à respirer. Il a dit qu’il avait des problèmes cardiaques et qu’il avait mal à la poitrine.

Je leur ai demandé, à lui et à sa fille, de s’asseoir et suis allée au bureau appeler le 911. Ils sont arrivés vite, mais l’homme se sentait mieux et ne voulait pas aller à l’hôpital. Il a quand même été examiné par les ambulanciers et j’ai senti qu’on avait bien fait d’appeler le 911. Il aurait pu avoir une crise cardiaque grave et aurait même pu mourir au Quai 21.

Même si je ne me considère pas comme une grande oratrice, j’ai fait un certain nombre de discours publics. Je parle couramment allemand et j’ai mené des visites guidées en allemand à des gens qui le demandaient.

Ma fille, Lea McKnight, fait aussi du bénévolat au Quai de temps en temps. Elle ne peut pas le faire régulièrement parce qu’elle est conseillère dans une grande école secondaire et elle est très occupée, mais elle vient si on a besoin d’elle ou pendant les vacances.

J’amenais de temps en temps, en faisant du bénévolat au Quai, ma petite-fille Becky Ferguson. Elle aidait et aimait beaucoup ça. Elle n’avait que 13 ou 14 ans à ce moment-là, mais le Quai l’a tellement intéressée qu’elle a postulé cette année, en 2003, pour un travail d’été d’étudiant qu’elle a obtenu. Elle a hâte de travailler au Quai 21. Voilà donc comment ça évolue, de génération en génération, et c’est ainsi que ça doit être. Les enfants devraient s’intéresser à leur patrimoine et devraient savoir comment était la vie, avant.

Le Quai 21 est un de mes endroits préférés, j’ai hâte de venir chaque semaine, au moins une fois, plus si besoin est.

Marianne Ferguson 2003

Carte d’identité avec photo de la jeune Marianne, avec l’école privée juive estampillée.
Un chien en laisse, avec une jeune fille de chaque côté.
Deux jeunes filles dans un jardin, portant des robes d’été blanches et des rubans dans les cheveux.
Trois jeunes femmes avec une petite fille, debout dans un champ ouvert.
Femme et homme barbu, tous deux vêtus de couleurs foncées.
Portrait du profil d’une femme, portant une robe avec col froncé et arc blanc.
Article de journal avec photographie, présentant l’association d’études juives.
Mariée et marié le jour du mariage, mariée porte énorme bouquet de fleurs.
Marianne et son mari, marchant sur le front de mer avec deux petits-fils en été.
Marianne et son mari, avec de beaux jardins en arrière-plan.
Marianne dans une chemise noire du Quai 21, debout avec un homme dans le Pavillon d’accueil.
Marianne avec bouquet de fleurs, entouré par le personnel du Quai 21.