Maria Marrone

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
66

Rangée
25

First Line Inscription
Maria Marrone

MARIA MARRONE
Nom et date de naissance : Maria Di Girolamo, 25 août 1933 à Fossacesia, Italie
Immigration : 1956
Date de départ : 14 avril 1956, Naples, Italie
Date d’arrivée : 24 avril 1956, Fort Erie, Ontario
Navire : SS Constitution
Destination : Sudbury Ontario
Profession : Femme au foyer /Couturière/Agent de production
Décédée : 13 mai 2004 à Toronto, Ontario

Maria est née à Fossacesia, « Blind Ditch ». C’est un village entouré par la mer, la rivière, des terres arables et des collines. En 1933, l’année de sa naissance, les routines de la vie quotidienne semblaient à peine différentes de celles des centaines d’années précédentes : les fermiers peinaient à travailler la terre comme les générations passées ; les femmes portaient les mêmes paniers ; les pêcheurs exploitaient les eaux avec les « trabocchetti » (pièges) de leurs grands-pères. C’était la deuxième enfant, la seule fille, dans une époque bien plus étranglée par la pauvreté. La vie était simple. C’était dur. Au fil des saisons, le fleuve Sangro d’à côté débordait et diminuait, les nécessités de la vie s’amenuisaient de manière constante alors que la Seconde Guerre Mondiale régnait ; il y avait peu de nourriture, d’éducation et les pertes humaines augmentaient. À l’approche des combats dans la région, la modernité s’est installée dans le village. Des avions, des tanks et les armées étrangères ont violé la terre et ont creusé un sillon de destruction qui a défiguré le paysage pour toujours, laissant pour héritage la nécessité constante de « partir ».

Maria avait tout des femmes de l’époque. Elle a fait face aux épreuves et estimait les bancs de bonté dans un monde fragile. En Italie, sa vie était spartiate, souvent banale, mais jamais amère. Elle s’est mariée à l’âge de dix-neuf ans un jour sans prétention, tout comme le mariage lui-même, juste elle, son mari et des fleurs.

Le mariage a engendré la solitude car son mari est parti pour le Canada peu de temps après. Elle a attendu son heure trois années de plus regardant les autres partir, assistant à un exode, tout comme les oiseaux sauvages abandonnent un arbre sans fruit.

En 1956, elle aussi a fuit les branches rigides de l’Italie pour aller rejoindre son mari, Giovanni Marrone. Sans pleurnicher, elle a traversé l’océan en bateau jusqu’à un pays plein de neige, de forêts, et de fines empreintes de hameaux qui s’étendaient sur les vastes contrées. En train, le voyage semblait ennuyeux à mourir et pourtant bien réel. Long et angoissant.

Ils se sont installés à Toronto et ont subit une nouvelle épreuve qui était aussi étrangère que la langue, aussi étrangère que la couleur de la peau humaine, et aussi étrange que les degrés de froideur. Pourtant, tout était plein d’espoir, le genre d’espoir qui est pur et invincible. Elle s’est épanouie, elle a crée son nid et elle a eu trois enfants

Ici la vie n’était pas facile, mais elle était bonne. Une femme bonne. Une bonne mère. Mais au-delà de sa rêverie aux bonnes choses, elle devait se confronter aux problèmes que le destin lui imposait : la mort de son jeune mari, élever trois garçons toute seule et gérer son foyer avec les emplois les plus précaires : coudre des vêtements et faire des ménages. Mais ils ne la définissaient pas. C’était plutôt l’effet sur ceux qu’elle aimait, ceux qui trouvaient de l’inspiration dans les choses les plus subtiles qu’elle faisait, désintéressées et incroyables. Cela ne pouvait pas être on ne peut plus évident quand elle a lutté contre la maladie.

Quelques jours avant sa mort, le soleil jaillissait à travers la fenêtre et brillait sur sa peau jaunie. Elle ne pouvait pas parler ou même penser ; pourtant, s’il y a quelque chose à dire pendant ces heures transies de douleur, c’était soufflé par les oiseaux bruns sur les toits et les arbres adjacents. À chaque gazouillis, une chanson se faisait entendre et déclarait : derrière la chute d’un moineau, il y a un destin exceptionnel.

Maria et Giovanni Marrone, 16 mai 1953 sont représentés.

Maria avec deux petits-enfants devant le mur d’honneur du quai 21.
Maria avec ses petits-enfants au Quai 21
Giovanni et trois petits enfants sur les marches de ciment devant la maison.
Le mari de Maria, Giovanni, avec leurs enfants
Tête et épaules portrait de Giovanni et sa femme, Maria.
Maria et Giovanni Marrone, 16 mai 1953