Koster

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
143

Rangée
16

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Koster
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Bep Hans Kees Walt Ime Irene

Ce qui suit est l’histoire de la famille Koster. Pourquoi et comment ils sont venus au Canada et comment ils ont réussi dans leur nouveau pays. Les membres de cette famille sont : Bep (de son vrai nom Berber), notre mère, Hans et Kees, les deux aînés (des jumeaux), Walter, Ime Christine Koster-Joost et Irene Klazina Koster-Cudnohufsky.

L’idée de départ était que les aînés (les jumeaux) partiraient tous seuls. Ils voulaient devenir fermiers et à l’époque, si vos parents ne possédaient pas de ferme en Hollande, il était alors impossible d’en acquérir une. Kees avait entendu dire par un parent d’un fermier où il travaillait à Zeeland, la province au sud-ouest de la Hollande, qui rendait visite du Canada, qu’il y avait beaucoup de terrains là-bas et qu’il était facile d’en acheter. Alors c’était là qu’ils voulaient aller.

Quand ils sont allés à la Hague pour leurs examens médicaux et leur entretien, les officiers canadiens ont décidé que Kees devait partir seul d’abord et trouver un fermier pour Hans qui serait informé de son bégaiement. Ils bégayaient tous les deux mais le bégaiement de Hans était le pire. Alors, le 8 mai 1953, à seulement 18 ans, Kees a voyagé à bord du Waterman et il est arrivé au Quai 21 le 16 mai.

À partir de là, Kees va raconter sa propre histoire :

A l’époque, quand quelqu’un émigrait dans un pays lointain, vous ne saviez jamais si vous alliez les revoir, alors à cause de ça, notre mère (nos parents étaient séparés) et Hans ont eu l’idée que nous devions tous aller au Canada. À ce moment-là, Walter avait 16 ans, Irene en avait 11 et moi j’en avais 14. On ne nous a pratiquement pas demandé notre avis parce que nous étions encore très jeunes et parce que nous n’avions aucune idée de ce à quoi nous devions nous attendre, c’était plus ou moins une aventure. Il n’y a que Walter qui, bien des années plus tard, a révélé qu’il ne voulait pas partir. Il travaillait comme mécanicien dans un garage pour motos à Middelburg où nous habitions. Il adorait son travail, il avait ses amis et il était membre d’un club de foot. J’allais à l’école secondaire. J’adorais l’école et j’avais plein d’amis là-bas. Irene allait à l’école publique. Nous étions tous membres de l’A.J.C, un groupe de jeunes socialistes dans lequel nous étions tous impliqués et cela représentait beaucoup pour nous.

Pendant l’hiver de 1953/54, notre mère, Hans et Walter ont suivi un cours d’anglais réservé aux émigrants. J’ai appris l’anglais à l’école et on a jugé Irene trop jeune même si cela l’aurait beaucoup aidée par la suite.

En février 1954, nous sommes tous allés à la Hague, chacun avec sa grande enveloppe marron sous le bras qui contenait nos radiographies thoraciques. L’entretien et les examens médicaux se sont tous bien passés et on a décidé de nous laisser partir. Parce que nous n’avions pas d’argent, le gouvernement hollandais a payé pour notre voyage en bateau et nous a donné 100 $ en liquide pour commencer notre vie au Canada. Ils ont aussi payé un mois de salaire à Hans et pour le bois dont il avait besoin pour construire une grande caisse pour les objets domestiques que nous emmenions avec nous. Quand la caisse a été chargée dans la rue devant la porte d’entrée, toute la rue est venue voir ce qu’il se passait. Nous avons emmené la table de la salle à manger, 6 chaises, des lits, de la literie, des ustensiles de cuisine, des vêtements, l’étagère et tous nos livres. Irene et moi avons chacune emmené notre poupée, le seul joué d’enfance que nous possédions plus tard. Comme l’étagère a dû partir quelques jours avant notre départ, nous sommes allés à Amsterdam et nous sommes restés chez notre tante et de la famille et notre grand-mère qui habitaient quelques maisons en bas de la rue. C’était agréable d’être réunis pour la dernière fois avec tous les cousins et le reste de la famille. Plusieurs d’entre eux nous ont emmenés au navire à Rotterdam.

Nous avons fait le voyage en mer à bord du Groote Beer le 30 mars 1954. Les premiers jours à bord étaient merveilleux. Nous avons découvert tout le navire et nous avons mangé des repas succulents. Le premier matin au petit-déjeuner, nous avons tous eu la moitié d’un pamplemousse. Personne ne savait ce que c’était et quand nous avons terminé le petit-déjeuner, les pamplemousses étaient toujours là sur la plupart des tables. C’est le 3e jour, pendant que nous regardions un film au cinéma qui se trouvait quelques ponts plus bas, que j’ai dû courir à l’étage et j’ai à peine eu le temps d’atteindre la balustrade. À partir de ce moment, j’ai eu le mal de mer et les autres ont suivi peu de temps après.

Nous avions une cabine pour nous tous et c’est là que nous sommes restés pour la plupart du voyage. Nous avons rencontré une grosse tempête au milieu de l’océan Atlantique et je me souviens d’être allée sur le pont. La navire plongeait dans une vague et montait à la prochaine. Elles devaient être énormes parce qu’on ne pouvait pas voir au-delà de la vague quand le navire descendait, c’était plutôt effrayant et ça n’aidait pas notre mal de mer. Nous avions un très gentil steward qui venait tous les matins pour nettoyer et il était toujours de bonne humeur.

Puis le 8 avril, nous sommes arrivés au Quai 21 à Halifax. C’était tellement bien de pouvoir sentir de nouveau la terre ferme sous nos pieds. Je me souviens à quel point les acconiers étaient gentils. Ils nous ont parlé et même si on ne comprenait pas la plupart de ce qu’ils disaient, tout avait l’air très amical. D’après mes souvenirs, le Quai 21 était un grand hall plutôt sale avec beaucoup de bancs pour que les personnes puissent s’asseoir en attendant leur tour avec les officiers de l’immigration.

Après ça, nous sommes allés trouver un magasin où nous pourrions acheter de la nourriture pour le voyage en train. Le train partait le soir. Il nous a fallu deux nuits et un jour pour aller à Oshawa en Ontario. Le voyage en train était plutôt serré. On n’avait que 4 places pour la nuit parce que nous en avions laissé une pour les tous petits enfants des gens derrière nous. C’était une très gentille famille et ils ont fait des lits très confortables pour les deux tous petits sur les bancs. Walter a même dormi dans le compartiment à bagages au-dessus de notre tête. Nous sommes allés à Oshawa très tôt le matin dans une gare complètement déserte. Kees et son ami Alydus sont arrivés peu de temps après et nous ont emmenés à notre première maison au Canada. C’était une ferme à 2 km à l’extérieur de Bowmanville. Alydus et sa femme Christine possédaient une moitié de la maison et nous l’autre. Il y avait une petite pompe à main au-dessus de l’évier dans la cuisine, mais pas de canalisation, alors l’eau était jetée à l’extérieur ce qui, l’hiver, devenait une sorte de patinoire. La dépendance était à environ 50 mètres de la maison. Peu de temps après notre arrivée, il y a eu une grosse tempête et le lendemain matin nous ne pouvions plus la trouver. Elle avait été soufflée. Je ne me souviens plus si on l’a sauvée ou pas ou ce que nous avons fait après. A peu près une semaine plus tard, notre grosse caisse est arrivée et nous nous sommes sentis encore plus chez nous car nous avions de nouveau nos propres affaires avec nous.

J’espère qu’Hans va aussi écrire son histoire parce que je vais principalement me concentrer sur notre mère qui est décédée le 10 juin 2005 à l’âge de 96 ans, Walter est décédé le 5 février 2006 à l’âge de 68 ans et Irene qui est décédée le 23 janvier 2007. Ils ne pouvaient plus écrire leur propre histoire parce que j’écris ceci en 2011.

Walter devait travailler avec Alydus à la ferme propriété du fermier qui habitait ½ kilomètres en remontant la route. Il détestait ça mais au moins il pouvait conduire un petit tracteur pour labourer. Souvent après l’école, Irene et moi montions avec lui. Walter était une personne très sociale et il détestait être seul toute la journée dans un champ, mais il s’en accommodait, en tout cas pour un certain temps.

Irene et moi remontions la rue pour nous rendre à l’école qui n’était qu’une pièce. La professeure n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle devait faire de nous. Elle nous a donné un lecteur de première année et nous a laissées tranquilles. En septembre, je suis allée à l’école secondaire de Bowmanville, mais Irene est retournée à l’école en haut de la rue. Ce n’est qu’en 2005 qu’elle nous a raconté son histoire. Elle avait pensé que les enfants de l’école seraient intéressés par son histoire mais quand elle disait quelque chose en anglais qui n’était pas correct, ils la traitaient de stupide Hollandaise ce dont elle n’a jamais parlé les deux années suivantes quand elle était à l’école et les professeurs la laissaient dans son coin.

Mes années au secondaire n’étaient pas mieux. À l’époque, il n’y avait aucune aide pour les enfants d’immigrants. Aucune explication du fonctionnement de l’école et pas d’aide avec l’anglais. Je me souviens aller à l’école un jour et on avait un test en sciences. Personne ne me l’avait dit et bien entendu j’ai complètement échoué, et même après ça, aucun professeur n’a fait l’effort de m’aider. À cause de tout ça, Walter, Irene et moi avions le mal du pays. En tant que famille, nous étions vraiment désavantagés. La plupart des Hollandais appartenaient à une église hollandaise où ils rencontraient d’autres Hollandais et faisaient partie d’un groupe social qui avait beaucoup en commun. Nous n’appartenions à aucune église et nous étions plutôt tous seuls. Entre temps, Hans et Kees étaient devenus membres de l’église Mennonite. Cela leur a donné une ligne directrice, mais nous a laissés encore plus seuls.

Parce que Hans et Kees travaillaient sur une ferme près de Stouffville, notre mère leur a demandé de trouver une maison plus proche d’eux pour être tous ensemble. Ils ont trouvé une maison avec quelques granges et un terrain à Altona, à environ 3 km à l’extérieur de Stouffville sur une route gravillonnée. Ils n’avaient vu que les granges où ils pourraient élever les cochons et le terrain pour y faire pousser des pommes de terre, etc. Il y avait encore une école à une seule pièce juste à côté de notre maison et une toute petite épicerie en haut de la route. Irene est allée à l’école et notre mère faisait le ménage dans l’épicerie mais personne n’avait pensé à Walter et à mon travail. Nous n’avions pas de voiture alors il était difficile d’aller en ville. Walter a acheté une moto et il a commencé à travailler dans un garage pour voitures ce qui était plus à son goût.

À ce moment-là, tout ce que je voulais, c’était retourner en Hollande mais j’ai commencé à travailler pendant une courte période dans les ménages à Toronto. J’avais toutes les deux semaines de congés et je pouvais faire l’aller-retour en voiture avec l’un de nos voisins. Ensuite, j’ai travaillé dans un atelier à Stouffville. Nous cousions des chemisiers et je gagnais 28 centimes pour chaque chemisier. Une bonne semaine je gagnais 20.00 $ mais pour cela, il fallait vraiment que je travaille et il fallait qu’ils soient parfaits. Je n’avais que 15 ans mais j’ai dû dire que j’en avais 16 parce que c’était l’âge où on pouvait commencer à travailler. Il n’y avait pas une bonne atmosphère mais j’ai beaucoup appris. Il fallait que je fasse les aller-retour de Altona jusqu’à la ville à pied. Parfois, quelqu’un m’emmenait en voiture mais pas très souvent.

Walter avait obtenu un apprentissage de mécanicien au garage ce qui, bien entendu, était merveilleux. Ce qui l’était moins c’est que son salaire a immédiatement été divisé par deux mais il aimait vraiment cet endroit et il a commençait à apprendre des choses.

L’été suivant, nous avons tous décidé que nous voulions habiter en ville. Cela nous a tous rendu la vie plus facile. Nous avons d’abord vécu dans un terrible appartement, qui faisait partie d’un vieil hôtel. Une salle de bains pour tous les locataires de tout l’étage. Ensuite nous avons déménagé dans une belle maison. C’était près de la ville et de l’école d’Irene. Pour la première fois, c’était une bonne école. Elle avait une jeune et gentille professeure et tout à coup, elle parlait couramment l’anglais et à un moment elle était la meilleure de sa classe. Elle faisait partie de l’équipe de baseball et elle voulait aussi jouer au hockey mais à l’époque, les filles n’avaient pas le droit de jouer au hockey, elles pouvaient uniquement faire du patinage artistique mais elle ne voulait pas faire ça.

Deux fois, elle a eu un différend avec son professeur. D’abord, dieu sait ce qu’elle avait fait mais elle a dû tendre sa main et se faire fouetter. Elle a refusé. C’était totalement inconnu en Hollande et pour elle, ça tenait presque du Moyen-Âge. La deuxième fois, le professeur avait dû quitter la classe pour un moment et il l’avait désignée responsable d’écrire sur le tableau les noms des enfants qui se conduisaient mal. Quand il est revenu, il n’y avait aucun nom sur le tableau et elle lui a dit qu’elle ne dénoncerait pas ses camarades de classe. Irene et notre mère ont eu une réunion avec le professeur et après, il a changé ses règles dans la classe. Il n’y avait juste jamais pensé.

Après quelque temps, j’ai commencé à travailler dans une banque en ville. Il n’y avait aucun ordinateur en ces temps-là et tout devait être fait à la main. Je faisais toutes les entrées de la veille, les dépôts et les retraits. Tous les clients avaient une carte sur les entrées qui étaient enregistrées. Je m’occupais aussi de toutes les autres tâches typiques d’un travail de bureau : classer, taper des lettres etc. Nous étions quatre en tout. Le gestionnaire, 2 caissiers (un jeune homme et une femme) et moi-même. J’aimais le travail et j’ai beaucoup appris. Étant de loin la plus jeune (17 ans), il n’y avait rien qui me liait aux autres.

A Stouffville , il y avait bien d’autres familles hollandaises que nous fréquentions souvent. Walter a même formé une équipe de football pour adultes et une pour garçons qu’il entraînait.

Même si Stoufville était mieux qu’avant, tout ce qu’Irene et moi voulions, c’était retourner en Hollande. Alors, en avril 1957, j’ai économisé assez d’argent pour qu’Irene et moi fassions le voyage : j’ai quitté mon emploi et je suis repartie à bord du Seven Seas en partant de Montréal. Irene allait venir plus tard. Pendant le voyage du retour, je n’ai pas eu le mal de mer mais je prenais aussi du gravol tous les matins ce qu’on n’avait pas pendant le voyage jusqu’au Canada.

Quand nous sommes arrivés à Rotterdam, Mientje, ma meilleure amie avec qui j’allais habiter et Corrie étaient là pour venir me chercher et nous sommes allés en train jusqu’à Middelburg. C’était les jours les plus heureux de ma vie. Trois jours après mon arrivée, j’ai commencé à travailler à la banque Amsterdamse Bank ce qui était un vrai coup de chance. Quelques mois plus tard, Irene est arrivée et est restée chez une amie et ses parents qui tenaient une boulangerie.

Au deuxième étage de la maison de Mientje, il y avait un appartement vide. Quelques jeunes couples l’ont visité mais n’en ont pas voulu mais moi oui. Il n’y avait pas de salle de bains, les toilettes étaient dans le salon et il n’y avait pas de cuisine, juste un évier, un robinet et une sortie de gaz dans le petit hall où on montait les escaliers. Il y avait deux chambres. Nous pensions que c’était parfait. Alors nous l’avons loué (6 florins la semaine) et Irene et moi avons habité là très confortablement.

Entre temps, Hans et Kees ont épousé des filles Mennonites. Notre mère a pensé que nous les filles avions plus besoin d’elle, alors elle est revenue en Hollande et maintenant l’appartement était plus comme une vraie maison.

Walter a habité avec Kees et Ella et il a fini son certificat en mécanique. L’hiver 1958, il est venu nous rendre visite, il est allé faire du ski en Allemagne, avec Irene et c’est là qu’il a rencontré Christa qui est devenue sa femme.

Après Irene, Ineke (notre amie) et moi avons fait un voyage en bicyclette de 3 mois dans un camp international à Vienne, Irene et moi avons commencé notre formation d’infirmière à l’hôpital de Middelburg. C’était un travail difficile mais nous adorions ça.

On avait beau être de retour en Hollande et avoir de nouvelles bicyclettes pour nous déplacer, il y a un proverbe qui dit « on ne peut pas revenir à la maison ». Peut-être que si nous avions habité dans une grande ville comme Amsterdam, tout aurait été différent. Middelburg était assez étroit d’esprit. Nous étions parties, nous avions vu différents pays, appris une nouvelle langue et d’une certaine manière, après un certain temps, ça ne nous convenait plus.

Nous avons donc décidé de retourner au Canada mais uniquement si on allait à Toronto et qu’on terminait là-bas notre formation pour devenir infirmières. Notre mère était aussi heureuse de voir tout le monde réuni de nouveau. Alors, cette fois-ci nous avons pris l’avion et c’était la première fois pour nous toutes. Walter avait loué une maison dans le quartier italien de Toronto.

Quelques jours plus tard, Irene et moi sommes allées passer un entretien pour continuer notre formation d’infirmières. Nous n’avons pas été acceptées parce que, pour la religion sur le formulaire, nous avions écrit « aucune ». A cause de ça, selon les dires de l’infirmière qui nous avait fait passer l’entretien, nous ne pourrions jamais être de bonnes infirmières. On aurait adoré prendre le prochain avion pour la Hollande.

Après ça, Irene a pris des cours du soir et a ainsi obtenu sa licence d’infirmière (LPN, Licensed Practical Nurse) et plus tard, alors qu’elle était mariée aux États-Unis, elle a obtenu son certificat RN (Registered Nurse). Je suis allée travailler dans un bureau de navires à vapeur où j’ai rencontré mon mari Paul Gerhard PETER Joost. Il était allemand, né le 25 août 1932 à Buenos Aires en Argentine. Entre 3 et 6 ans, sa famille a habité en Angola en Afrique où son père gérait une ferme de café. Ensuite, quand il avait 7 ans et qu’il devait aller à l’école, ils sont revenus à Hambourg en Allemagne où il a habité jusqu’à ce qu’il immigre au Canada en 1957.

Après, ma vie a changé. Nous nous sommes mariés le 1er juillet 1961. Les trois premières années, nous avons vécu à Toronto, ensuite quatre ans à Montréal, après, la compagnie (Kerr Steamships) a transféré Peter à San Francisco pour deux ans et ensuite à Vancouver. C’était là de grandes opportunités pour nous.

À Vancouver, notre fille Doris CHRISTINE est née le 28 juillet 1970 et 2 ans plus tard, notre fils Paul Gerhard ROBIN est né le 11 juin. Après 15 ans, nous avons déménagé à Mahone Bay, en Nouvelle-Écosse où nous avons ouvert une librairie. C’était la meilleure chose que nous avions faite. 15 ans plus tard, nous l’avons vendue à des amis et nous sommes maintenant retraités. Finalement, le Canada a été bon avec nous, mais l’Europe fait toujours partie de nous.

Irene a rencontré son mari, Walter Cudnohufsky à Toronto. C’était un Américain qui faisait une année de stage au sein d’une compagnie d’architectes paysagers. Son père était polonais et sa mère hollandaise. Ils se sont mariés en 1964 et ensuite ils ont déménagé à Boston où Walt a obtenu son Master à Harvard. Leur premier fils Craig est né en Hollande en 1968 pendant qu’ils faisaient le tour du monde. Niels, leur autre fils est né 10 mois plus tard en décembre 1968. A ce moment-là, ils habitaient à Amherst, dans le Massachusetts où Irene a habité jusqu’à sa mort. Elle est devenue Infirmière Certifiée (RN) et conseillère. Vers la fin, elle disait parfois « et si… », c’est-à-dire, qu’aurait été notre vie si nous étions restés en Hollande. Nous ne le saurons jamais.

Après notre retour au Canada, Christa est venue d’Allemagne. Elle travaillait en tant que caissière dans une banque ce qu’elle avait aussi fait en Allemagne. Au début, elle est venue pour rester mais l’été 1961, elle et Walter ont décidé de retourner en Allemagne. Walter, avait obtenu entre temps sa licence en mécanique et même s’il ne parlait pas bien l’allemand, il a réussi à obtenir son Master en Allemagne. Ils ont d’abord habité à Springe, une petite ville au sud de Hanovre où les enfants sont nés. Ensuite, ils ont déménagé à Wehen, près de Wiesbaden où Walyer était gestionnaire d’un concessionnaire de voiture Opel. Leur fille Irene est née en août 1962 et leur fils Hardy en décembre 1964. Retourner en Europe était la bonne décision pour tous les deux. Walter était très impliqué dans les courses de bicyclettes et dans les tours. C’est pratiquement devenu sa vie. Ils possédaient une petite maison de campagne en Hollande juste au nord d’Amsterdam. Ils ont passé beaucoup de temps là-bas et nous leur avons tous rendu visite plusieurs fois. Pour nous tous, c’était comme une partie de la Hollande qui revenait dans la famille. Walter a mené une bonne vie en Allemagne et depuis sa mort, il manque terriblement à sa famille et à nous tous.

En 1964 notre père est mort en Hollande et notre mère a tout à coup reçu une pension conséquente. C’était vraiment merveilleux. Elle n’avait pas à dépendre de ses enfants pour l’entretenir mais elle pouvait être complètement indépendante et elle avait de l’argent pour voyager et donner aux gens et organisations qu’elle pensait être importantes. Elle a fait un voyage en Israël, a réuni les anciens membres de l’A.J.C. Là-bas, elle a rencontré une femme qui, plus jeune, avait vécu à Amsterdam, et qui était membre de l’A.J.C. et avait eu la chance de survivre à la guerre (elle était juive) et d’immigrer en Israël. Elles sont devenues de grandes amies dès lors. Notre mère est allée en Israël plusieurs fois, elle y a même habité pendant un an et a été bénévole dans un hôpital. Walter lui a rendu visite et ensemble ils ont fait le tour de l’Israël.

Notre mère a vécu avec nous à Vancouver pendant des années et c’était merveilleux pour nos enfants d’avoir une oma si proche qui chantait des chansons hollandaises avec eux et avec qui ils pouvaient se blottir dans le lit et écouter des histoires sur elle et nous quand nous étions plus jeunes. Toutes ces années à Vancouver, elle était bénévole à l’hôpital juif de la ville. Elle est devenue membre de Hadassah et elle était la seule déléguée qui n’était pas juive lors d’un voyage en Israël pour visiter différents projets pour lesquels ils avaient levé des fonds.

Quand nous avons déménagé à Mahone Bay, elle est restée à Vancouver. Même si Kees et plusieurs de ses enfants habitaient maintenant près de Vancouver, elle a décidé en 1990 de déménagé dans un appartement au Dutch Christian Homes à Brampton, en Ontario. C’était sécurisé ; il y avait des gens aux alentours au cas où elle aurait besoin d’aide. Là aussi, elle a aidé à nourrir les gens dans les maisons de retraite qui étaient attenantes. L’un d’entre nous lui rendait visite une fois par semaine ou pour plusieurs jours, chaque mois. C’était toujours un plaisir d’y aller. 99% des personnes étaient hollandaises et l’atmosphère était très agréable.

En 2002, elle ne pouvait plus vivre toute seule alors elle a loué une chambre individuelle dans la maison de retraite. La seule chose dans la chambre qui n’était pas à elle, c’était le lit. Tous les autres meubles lui appartenaient. C’était comme si elle était chez elle. Quand elle est tombée malade, les 5 derniers mois de sa vie, nous avons eu l’autorisation de nous occuper d’elle, même pendant la nuit. Il y avait toujours au moins deux d’entre nous qui étaient là et parfois nous étions 3. C’était l’un des meilleurs moments pour nous tous et pour notre mère car tous ses enfants prenaient soin d’elle à la fin. Nous discutions et chantions ensemble et on se souvenait tous de ce moment comme d’un moment très important.

C’était la dernière fois que nous étions tous ensemble. La vie a été bonne pour nous tous mais bien trop courte pour Walter et Irene.

MMe. Ime Joost

Mère, père et enfants assis sur un vieux camion familial.
Famille Koster à Bowmanville, Ontario