Mur d'honneur de Sobey
Colonne
76
Rangée
3
Le 9 avril 1949, John et Kirsten Karding ont débarqué au Quai 21 d’un navire qui transportait des émigrants suédois, le Goteborg. Ils étaient nés vingt-sept ans plus tôt au Danemark, John en Jutland-Central, Kirsten au nord-ouest de la péninsule Jutland. Le 26 janvier 1922, John (Johannes Therkelsen) est né le dernier de quatre enfants dans un village appelé Hygum, à quinze kilomètres de la ville de Vejle. En 1944, son père est décédé après avoir souffert pendant 20 ans du virus de l’encéphalite. A l’âge de 22 ans, John a racheté la ferme à sa mère. Un peu plus tôt en 1938, Johannes, avec son frère Oluf et sa sœur Elisabeth, se sont joints à leur frère aîné Just et ont demandé au Roi danois l’autorisation de changer officiellement leur nom de famille pour Karding. Kirsten Mikkelsen, née le 12 novembre 1922, était la dernière de sept enfants : Poul, Anton, Immanuel et Alvira (des jumeaux), Anna, et Ebbe. Ebbe et Anna sont les deux seuls enfants encore vivants, Ebbe a quatre-vingt-sept ans et Anna en a pratiquement quatre-vingt-dix. Kirsten est née dans une ferme à environ cinq kilomètres à l’extérieur de Nr. Nissum, à dix kilomètres de Lemvug. Elle a commencé à travailler dans des fermes quand elle avait environ quinze ans, et plus tard dans des écoles folkloriques et dans un centre d’aide pour alcooliques affilié à une église.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les forces armées allemandes ont occupé le Danemark. Les soldats allemands ont envahi les rues et ont dit aux danois ce qu’ils pouvaient et ne pouvaient pas faire. Dans la ferme près de Vejle, Johannes et sa famille ont dû noircir leurs fenêtres de sorte que les avions ennemis ne voient pas leurs lumières. Le travail à la ferme a continué même si les allemands confisquaient les produits laitiers, les œufs et d’autres choses de ce genre. Heureusement, ils n’ont pas recruté les jeunes hommes danois pour aller travailler dans leur armée, car sinon Grand-papa aurait été l’un d’eux.
Trois ans après la guerre, Johannes et Kirsten ont été présentés l’un à l’autre par un ami commun d’un groupe pour jeunes de l’église. Ils se sont mariés le 18 septembre 1948. Très vite Kirsten est tombée enceinte. Leur premier enfant Chris n’est pas né au Danemark mais au Canada le 23 juillet 1949. Peu de temps après leur mariage, Johannes et Kirsten ont décidé d’immigrer au Canada afin d’offrir une meilleure vie à leur famille qui allait bientôt s’élargir. Ils ont répondu à une annonce dans un journal danois pour un travail dans une ferme qui produisait des produits laitiers sur Promontory hill près de Chilliwack, en Colombie-Britannique. Il leur a fallu neuf jours pour traverser l’Atlantique. Ils sont montés à bord d’un train en face du Quai 21 et il leur a fallu encore cinq jours pour traverser tout le Canada jusqu’à la Colombie-Britannique.
On leur a donné comme logement un sous-sol froid et humide, avec des murs cimentés et rugueux. Le propriétaire de la ferme était en fait un nudiste. Johannes (maintenant appelé John au Canada) et Kirsten y sont restés moins de quatre mois. Leur emploi suivant était sur une ferme sur l’Ile de Lulu, maintenant une partie de Richmond, et travaillaient pour un fermier danois. C’est là que leur premier fils Chris est né. Après avoir passé environ un an là-bas, ils sont partis dans une ferme à Mission où est né leur deuxième fils Eric. Ils y sont restés pendant pratiquement trois ans avant de partir pour une ferme à Sardis entre Chilliwack et Abbotsford. C’est là que leur troisième enfant et leur première fille, Margaret, est née
On m’a dit que quand ils sont partis du Danemark, ils se sont donnés cinq ans pour voir s’ils aimeraient le Canada. Ils ont dû l’aimer car ils ont vendu leur ferme au Danemark et ont acheté une ferme à Mission. John avait toujours voulu des vaches de Guernsey et cette ferme en avait justement. Ils ont payé quatorze mille dollars pour leur ferme de soixante-dix-huit acres. Carl, Norman, et Joyce y sont nés. C’est comme si le rêve de John de devenir fermier laitier se réalisait. Mais les vaches ne produisaient pas assez de lait et John a pris un autre travail en exploitation forestière pour compléter leurs revenus. Ils ont décidé qu’ils avaient besoin de se moderniser et de construire un endroit pour traire les vaches, un bâtiment qui existe encore aujourd’hui. John a ensuite commencé à construire un abri à bétail. Un tiers était terminé quand la fin de l’ouragan de la côte du Pacifique est arrivée et l’a dévasté. C’était le 12 octobre 1962. John a commencé à le reconstruire mais s’est découragé. Les vaches ne produisaient toujours pas assez et John se demandait s’ils avaient fait le bon choix.
Ça a pris du temps mais John a finalement fait le bon choix. En 1964, il a dégagé sept acres à l’arrière et a planté des arbres de Noël. Sa première culture était produite en 1970 et tout s’est lentement amélioré. La ferme arboricole de John est l’une des plus grandes de l’Ouest du Canada qui produit des sapins de Noël. Il habite toujours sur la même propriété malgré la mort de Kirsten en septembre 1997. Grand-papa a ensuite épousé une amie de longue date, Grand-maman Shirley, dont le mari était décédé sept ans plus tôt. La ferme ne produit que des sapins de Noël maintenant et Oncle Norman a construit sa maison sur la même propriété où il travaille avec Grand-papa et il y habite avec sa femme Michelle et ses quatre enfants. Mon père, Carl, travaille aussi dans la culture de sapins de Noël, et beaucoup de membres de la famille, notamment mon Oncle Ron (le mari de Tante Margaret), se sont joints à l’affaire familiale. Moi-même, je donne toujours un coup de main à mon père, chaque Noël.
~Keith Karding