Hazel Munro

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
118

Rangée
12

First Line Inscription
Hazel Munro
Second line inscription
Peter Paddy Alix Robin

Mon mari, Alex Munro, était ingénieur et est venu au Canada vers la fin de 1947 dans le cadre du programme du premier ministre de l'Ontario, George Drew, dont le but était d'encourager des ingénieurs de Grande-Bretagne à émigrer au Canada. Ces professionnels sont partis pour Toronto à bord d'un avion nolisé.

Il aurait fallu que j'attende deux ans pour prendre l'avion. C'est pourquoi je suis venue en bateau jusqu'à Halifax. J'ai dû attendre jusqu'en mars 1948 pour obtenir une cabine en première classe, une grande cabine avec salle de bain, sur l'Empress of Canada (un navire de troupes durant la guerre).

Une fois à bord, j'ai demandé à avoir mes bagages. On m'a annoncé que mes bagages avaient été débarqués en Angleterre. Apparemment, un monsieur A. Munro, qui voyageait aussi en première classe, avait annulé sa traversée à la dernière minute. Ses bagages avaient été débarqués et les miens aussi par erreur. Comme je voyageais avec quatre enfants de moins de 9 ans, dont un bébé de 5 mois, la perte de mes bagages a été un gros inconvénient. Je ne pouvais pas acheter de vêtements à bord (pas de boutique). On m'a surnommée la « Femme en rouge » étant donné que je devais porter mon élégant tailleur rouge au petit déjeuner, au déjeuner et au dîner. Heureusement, les enfants portaient des kilts et des chandails parce que rien d'autre n'aurait résisté à la traversée.

Je me souviens très clairement d'avoir fait signe à mes parents au moment de quitter l'Angleterre. Alors que nous quittions le port, je me suis demandé comment on pouvait souffrir du mal de mer. Je l'ai appris à mes dépens. L'Empress of Canada a commencé à tanguer et à rouler. Beaucoup de membres d'équipage ont aussi été malades. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal, même quand, enfant, j'avais eu la typhoïde. Les enfants n'étaient pas affectés. Ils couraient partout et mangeaient une grande variété d'aliments, surtout des fruits. Le bébé n'avait plus accès à sa source de nourriture habituelle parce que mon lait s'était tari. Toutefois le bébé a survécu grâce à un gentil steward qui a concocté une préparation que le bébé a acceptée.

En Angleterre, une femme dont les parents avaient vécu au Canada m'avait dit qu'il n'y avait pas de brume au Canada. Le premier son que j'ai entendu alors que nous approchions du port de Halifax a été celui de la corne de brume !

Il m'est quand même resté un bon souvenir. Quand nous sommes arrivés à Halifax et que nous sommes entrés dans la salle pour passer les contrôles, la salle était bondée. J'étais résignée à attendre pendant des heures mais à ma surprise et à mon soulagement, un homme qui était en charge, est monté sur une table dans le milieu de la salle, a regardé tout autour, a demandé le silence et d'une voix pleine de compassion a annoncé très fort : « Nous allons prendre en premier la famille avec le bébé. »

Hazel Munro (mère)

Notre cabine paraissait remplie de couches suspendues pour les faire sécher. Ma mère avait le mal de mer et était au lit. Notre père nous attendait au Canada. Alors nous, les plus vieux des enfants Munro, Peter, 8 ans, Paddy, 6 ans, et moi, Alix, 4 ans, étions laissés à nous-mêmes. Pour nous amuser, nous pressions le bouton de l'ascenseur et nous montions deux étages. Puis, nous descendions l'escalier à toute vitesse et pressions de nouveau sur le bouton de l'ascenseur. Une fois, nous avons fait ça au moins trois fois avant que je ne sois fatiguée et plus assez rapide pour prendre l'ascenseur avec mes frères. Je les ai attendus mais ils ne sont pas revenus. J'étais un peu ennuyée. Me sentant passablement seule et misérable, je suis sortie sur le pont et je suis allée au bastingage. Je me souviens avoir regardé l'eau et les grosses vagues en bas et avoir pensé que je pourrais facilement glisser entre les garde-fous et tomber à l'eau. Le navire continuerait sa route et je me noierais. Je me suis dit que je ferais mieux de trouver notre cabine.

J'ai ouvert ce que je pensais être la porte de notre cabine. Une femme dans le lit du haut et un homme dans le lit du bas m'ont dit : « Entre, chérie ». J'ai bien sûr claqué la porte et réfléchi à la direction que je devais prendre. La porte que j'ai ouverte ensuite donnait sur des couches suspendues en train de sécher et je me suis dit que c'était la bonne cabine même s'il n'y avait personne. Je suis restée là bien tranquille jusqu'à ce que ma mère et mon petit frère Robin, qui avait 6 mois, reviennent. C'est seulement à ce moment-là que j'ai été certaine que j'étais dans la bonne cabine. Depuis, j'ai toujours bien fait attention aux lieux et à la façon de m'y rendre.

Le voyage a été très difficile et la plupart des passagers ont eu le mal de mer. Maman m'a dit que beaucoup de membres d'équipage avaient aussi été malades. Nous, les enfants, n'avons pas été affectés et salle à manger presque à nous tout seuls. Les fruits étaient rares en Angleterre où nous avions vécu durant la guerre. Je me souviens nous avons eu la d'un énorme plateau avec différentes sortes de fruits juste à la hauteur de mes yeux (sur une table à ma hauteur, je suppose) avec une note qui disait que nous pouvions prendre ce que nous voulions. Ce que j'ai fait. J'ai pris une grosse pomme rouge qui avait un renflement. Depuis ce temps, j'ai une réaction émotionnelle quand je vois des pommes Red Delicious !

Alix Martin née Munro (fille)

Vieille photographie de famille d’un homme, d’une femme et de quatre enfants.
La famille Munro à Scarborough, en Ontario, 1949
Photographie de famille récente de plusieurs adultes et d’enfants, prise devant un mur de pierre.
Le clan Munro, 1998
Photographie couleur récente de Hazel Munro plus âgée.
Hazel Munro, 2006