Mur d'honneur de Sobey
Colonne
124
Rangée
24
Notre voyage n'a jamais manqué de piment : nous avons quitté notre ville natale de Sambiasc Clabria fin mars, puisque nous devions voyager vers le Canada sur le Vulcania le 1er avril 1955, en partant du port de Naples. Le sport a commencé immédiatement parce que j'étais malade et mon père a eu beau promettre tout ce qu'il voulait au capitaine, il n'a pas voulu nous embarquer. On nous a dit que le prochain navire qui ferait le même voyage était le M/n Saturnia, qui partait le lendemain, le 2 avril 1955.
Je suppose que je devais aller mieux parce qu'on nous a laissés embarquer le jour suivant pour un voyage qui a pris 12 jours à arriver à Halifax. Les six membres de la famille Vescio et les 537 autres passagers ont quitté le port de Naples et ont fait les escales suivantes pendant le voyage : Palerme, Gênes, Cannes, Barcelone, Gibraltar, Casablanca, Lisbonne et enfin Halifax. La destination finale du navire était New York.
Les escales dans chaque ville étaient de courte durée ; c'est seulement à Barcelone et à Lisbonne que nous nous sommes arrêtés plus longtemps. Quand nous étions à Lisbonne, nous avions pas mal de temps et nous avons décidé d'essayer de voir le Prince d'Italie qui avait déménagé à Lisbonne après la guerre. Mon père avait rencontré le Prince, Umberto de Savoie, pendant la Seconde Guerre mondiale et celui-ci lui avait dit de lui rendre visite s'il venait dans cette ville. En effet, nous étions bien là, mais le prince n'y était plus. Le roi Umberto de Savoie est mort en 1983.
Comme vous pouvez l'imaginer, aucun d'entre nous n'était jamais monté dans un tel paquebot de luxe. Mon père avait bien été en mer, mais il y a fort à parier que les navires de guerre sont moins luxueux. À l'époque, mes parents ont dépensé pour ce voyage un total de 600,000 lires pour nous six. Ils avaient alors quatre enfants. Nous occupions deux cabines, une au troisième et une au quatrième étage du bateau. Le bateau était énorme, avec trois piscines, des cinémas, etc. Les repas étaient servis trois fois par jour et il y avait plus de nourriture que nécessaire. Ma mère n'avait jamais vu de raisin en hiver, or il y en avait sur toutes les tables à chaque repas. En ces temps-là, le sud de l'Italie importait très peu de produits.
Le voyage en mer Tyrrhénienne et en Méditerranée a été plutôt calme, mais dès que nous avons franchi le détroit de Gibraltar et que nous nous sommes retrouvés en Atlantique, il a été moins plaisant et beaucoup de gens à bord ont été pris de maux de têtes et se sont mis à vomir. Cela a duré deux jours.
Nous sommes arrivés à Halifax le 14 avril 1953. Une fois débarqués, nous avons attendu quelques heures pour remplir nos papiers, puis on nous a indiqué la direction du train pour Montréal. Il en a fallu du courage, pour se retrouver dans un pays étranger, avec une femme enceinte et quatre jeunes enfants, sans parler un mot de la langue du pays. Se retrouver à monter dans un train sans avoir la moindre idée si quelqu'un viendrait nous accueillir à l'arrivée ! Eh bien, le 14 avril 1953, à 10 h du matin, on est montés dans le train et on est arrivés à Montréal à 11h du soir. Ensuite on a pris le bus et le tramway pour nous rendre à Lachine, au Québec. Mes parents ne vivent plus dans la même maison mais sont toujours dans la même ville aujourd'hui.
Vescio Vito