Giuseppe, Addolorata DiFalco et leurs fils

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Giuseppe, Addolorata DiFalco e figli

Addolorata Di Falco et ses filles sont arrivées au Quai 21 à Halifax à bord du Saturnia le 27 mai 1954. Giuseppe Di Falco est arrivé au Quai 21 le 21 août 1951. (traduit à partir de la traduction anglaise du texte original écrit en italien par Addolorata Salvatorelli-Di Falco)

Je m’appelle Addolorata Salvatorelli-Di Falco. Je me suis mariée avec Giuseppe Di Falco le 28 octobre 1939. Mon mari et moi vivions dans la même ville et nos familles étaient amies depuis longtemps. Nous travaillions dans une des fermes locales. Quand nous nous sommes mariés nous avons habité avec ma belle-mère, qui était veuve, car son mari avait été tué durant la Seconde Guerre Mondiale. Trois des frères de mon mari avaient pu quitter l’Italie avant la guerre et avaient immigré au Canada, mais aux prémices de la guerre, l’émigration a arrêté. La vie n’était pas facile après la guerre dans une petite ville avec quatre filles à élever et une dot à prévoir pour chacune d’entre elles. Nous aussi avons décidé d’émigrer. Mon mari est venu au Canada en août 1951 afin d’offrir une meilleure vie à sa famille. Mes quatre filles et moi avons immigré au Canada en 1954.

Nous venions de Vasto, dans la province de Chieti en Italie. Nous en sommes partis le 12 mai pour Naples, où nous avons embarqué sur un bateau à destination du Canada. Nous avons fait le voyage sur le Saturnia, qui s’est arrêté dans plusieurs villes dont Gênes, Barcelone et Gibraltar. Nous sommes enfin arrivés à Halifax le 27 mai 1954. Le voyage s’est très bien passé, quoi que Grazia et Gemma aient été malades durant la traversée. J’ai laissé mes parents, deux sœurs et un frère en Italie. C’était très dur de quitter ma famille, mais malheureusement je me devais d’être forte, ayant à m’occuper de mes quatre très jeunes filles. Angela avait 13 ans, Grazia 11, Maria Paola 8 et Gemma 6.

En arrivant à Halifax, nous avons dû passer les douanes. C’était assez difficile parce que je ne comprenais pas l’anglais du tout et, bien sûr, ils ne comprenaient pas l’italien. Il y avait un prêtre catholique qui attendait avec nous. Il a pris la responsabilité de m’aider. En sortant du Quai 21, il y avait une petite maison dans laquelle nous sommes entrés pour acheter de quoi manger : du pain et un pot de confiture. J’avais soif et j’ai demandé un verre d’eau, mais évidemment on ne m’a pas comprise, alors on m’a donné quelque chose, je ne savais pas ce que c’était, mais quoi que ce fût, ça ne m’a pas réussi. Je me suis sentie malade par la suite. C’était peut-être parce que j’avais trop faim en fait, sans le savoir.

Le train que nous avons dû prendre de Halifax à Toronto n’était pas très agréable. Il était vieux, pas du tout confortable, c’était un train réservé aux immigrants. Un homme m’a aidée à ouvrir la banquette pour que mes filles puissent dormir. Le voyage était très dur. Nos corps étaient secoués, mes enfants étaient très impatientes d’arriver à Toronto pour voir leur père, qu’elles n’avaient pas vu depuis trois ans. Mes enfants se sont bien tenues tout ce temps-là.

Deux jours et trois nuits plus tard, nous sommes arrivées à Toronto. Je ne voyais pas mon mari, on ne lui avait pas permis d’entrer dans la gare même. Un membre du personnel d’accueil est venu vers moi et m’a proposé de l’aide. Il était un ami de mon mari et venait de notre ville natale, Vasto, mais je ne le connaissais pas. J’avais peur de le suivre, mais il m’a assurée être un ami, et il en était un. Il s’appelait Panfilo DeFilippis et m’a dit que mon mari nous attendait juste à l’extérieur de la gare. Alors je suis sortie avec lui, il nous a emmenées voir mon mari et ma famille a été réunie. Les enfants étaient folles de joie de revoir leur père. On a échangé bien des embrassades et des baisers. Nous sommes allés souper chez mon beau-frère (Michele Di Falco) et c’est là que nous avons revu le reste de la famille. Mon mari avait trois frères ici au Canada, moi une sœur, Rosa, et son mari Nicola qui étaient venus bien avant moi, ainsi qu’un frère, Nicola, et sa femme Antonietta.

Après le souper, mon mari nous a emmenés à notre nouveau chez nous, un appartement de deux chambres sur l’Avenue Eglinton, à côté de la rue Bathurst, où la plupart du voisinage était juif. Mon mari avait eu beaucoup de mal à nous trouver un appartement dans la mesure où il avait quatre enfants. Personne ne voulait rien louer à une famille aussi grande. Cet appartement nous coûtait 125$ par mois. Mon mari avait un travail mais son salaire était moyen, la plus grande partie allait vers le loyer, qui était élevé. Pour la famille, c’était dur de vivre dans un appartement. 10 mois plus tard, toutes les économies gagnées à la sueur de son front s’étaient envolées, alors on a décidé de voir si on pouvait se permettre d’acheter une maison. Bien des discussions plus tard, après avoir aussi demandé de l’aide, le frère ainé de mon mari nous a prêté le versement initial et nous avons signé une hypothèque à la banque pour le reste. Mon beau-frère avait sa propre affaire, mais à cette époque, rien n’était facile. Il n’y avait pas beaucoup de travail ni d’argent, ce geste était un sacrifice pour lui aussi. Nous avons acheté notre maison en février 1955. Elle était très vieille et nécessitait bien des réparations. On ne pouvait pas les faire tout de suite, par manque d’argent, alors c’est petit à petit que les choses ont commencé à aller mieux. Pendant les trois premières années, nous n’avions ni télévision, ni réfrigérateur, ni machine à laver, mais nous avions une petite radio. Je faisais moi-même, autant que possible, les vêtements de mes enfants. Le salaire de mon mari était bas, j’ai donc décidé de travailler. Je cousais des vêtements de poupées, de la maison, mais après quelques temps, j’ai arrêté car il fallait aller loin les chercher, puis rapporter les vêtements finis. Plus tard, j’ai commencé à coudre des chemisiers de femme à la maison, on me les apportait et on venait les chercher. Après un moment, j’ai aussi arrêté et essayé de travailler dans une usine de produits métalliques, mais ça na pas marché très longtemps car j’ai eu une réaction chimique sur les mains et ai été arrêtée très longtemps. J’avais une grande famille qui avait besoin de moi, alors je suis restée à la maison et me suis occupée d’eux. Les choses se sont améliorées petit à petit et, quelques années plus tard, nous avons acheté une télé comme cadeau à toute la famille.

En 1957, mon mari, tous nos enfants et moi sommes devenus citoyens canadiens

Sept ans après avoir acheté notre maison, nous avons pu rénover la cuisine. À ce moment-là, d’autres familles de notre ville natale étaient arrivées au Canada. Ça faisait du bien d’avoir l’aide et le soutien de membres de la famille et d’amis alors qu’on faisait tous les efforts pour faire partie de ce nouveau pays.

Depuis que j’étais arrivée au Canada, j’avais réalisé à quel point il m’était difficile de communiquer dans ce nouveau pays, alors j’ai décidé d’apprendre la langue autant que possible. Comme mes enfants l’ont apprise, ils me l’ont, à leur tour, enseignée. J’ai pu apprendre assez bien la langue anglaise et je n’avais pas besoin d’interprète, pour la plupart des transactions.

Les années ont passé, la famille a grandi. Mes filles ont commencé à travailler et puis se sont fiancées. Ma deuxième fille, Grazia, s’est mariée en mai 1963. Ma première, Angela, s’est mariée en août 1963. Gemma s’est mariée en 1967 et Maria Paola en avril 1970.

Après avoir été malade pendant deux ans, mon mari est décédé le 31 juillet 1975 d’un cancer de la prostate. Depuis 1973, je vis avec ma fille Maria Paola. J’ai mon propre espace et je prends soin de moi. J’ai commencé à participer à un club pour les seniors, de conversation en anglais, en septembre 1976, après la mort de mon mari. J’en suis toujours membre. J’ai neuf petits-enfants et dix arrière-petits-enfants. J’ai maintenant 86 ans et je vais bien.

Passeport italien photo page de Giuseppe Di Falco.
Photographie de famille pour passeport d’une femme et de ses quatre jeunes filles.