Gerald, Irene et Doreen

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
6

Rangée
18

First Line Inscription
Gerald, Irene and Doreen
Second line inscription
Griffin

C’était en 1942 et par un beau dimanche après-midi que j’ai rencontré mon beau soldat. Mes projets ce jour-là étaient d’aller avec ma cousine Muriel regarder défiler les régiments écossais à Braemar, à dix-huit miles d’Aberdeen en Écosse (où j’habitais) et écouter ces merveilleuses fanfares. D’habitude, nous prenions nos bicyclettes et partions pour la journée. Nous avions ce jour-là décidé de prendre l’autobus Blue Bird. Alors qu’on attendait le bus, Muriel a changé d’avis. Moi, j’étais décidée à y aller et j’ai donc sauté dans le bus et il est parti. Elle n’est pas montée.

J’étais restée pendue à la porte lui criant de venir et de monter me rejoindre quand le bus est arrivé en haut de la rue. J’étais furieuse contre elle et suis redescendue. Alors qu’on était là, à regarder plus bas les magnifiques jardins de Union Terrace, deux soldats canadiens nous ont repérées et nous ont dit de descendre les rejoindre. Il y avait un talus assez raide et nous leur avons dit que c’était à eux de venir nous rejoindre. C’est ce qu’ils ont fait. Nous étions toutes les deux subjuguées par ces beaux soldats qui avaient ce si charmant accent canadien. Il a commencé à pleuvoir et nous sommes alors descendus sous un abri du parc où nous avons passé un bel après-midi avec eux. Nous nous sommes donné rendez-vous pour aller danser au célèbre Music-Hall. Les garçons voulaient aussi faire le tour du quartier. Ils nous ont vite quittées et sont retournés dans leur camp en Angleterre. Nous nous sommes écrit et sommes restés en contact jusqu’à ce qu’il ait une autre permission.

Après plusieurs mois, nous avons décidé de nous marier car, en temps de guerre, nous vivions dans l’instant présent et parce que nous subissions aussi régulièrement des raids aériens et des bombardements. Nous savions également que les hommes engagés allaient bientôt faire face à de violents combats au front et nous voulions alors savourer les moments passés ensemble au cas où ils seraient courts. J’ai rejoint le N.A.A.F.I., ce qui signifie Navy, Army, Air Force Institute (Institut de la Marine, de l’Armée de terre et de l’Armée de l’air). Nous étions liés aux forces militaires. On vous envoyait là où on avait besoin de vous. On m’a envoyée sur une base aérienne à Montrose en Écosse. Notre uniforme était kaki quelle que soit l’Arme que nous servions. La phrase la plus connue qui se répétait au sein des Forces, c’était « une tasse d’eau chaude brunâtre et une roche » (une tasse de thé et un biscuit aux raisins). J’ai travaillé principalement dans les magasins de rationnement alimentaire.

En septembre 1943, mon mari est parti au front après quoi, en mars 1945, leur unité est allée sur le front ouest : en Belgique, en Hollande et en Allemagne. Il était avec le 88e régiment L.A.A. (Light anti-aircraft regiment – Régiment léger anti-aérien). Alors que j’étais en Angleterre, nous avons pu passer sept jours ensemble, après quoi il est retourné au front et, deux semaines plus tard, je suis montée à bord du navire de troupe le Franconia qui transportait des soldats revenant du front, des épouses de guerre et des enfants. C’était le 28 mars 1945 et l’arrivée a eu lieu le 11 avril. Le convoi dans lequel nous étions était escorté par de nombreux navires plus petits au cas où nous serions torpillés. Le Quai 21 m’a semblé bien plus beau que le Château de Balmoral ce jour-là, quand je suis descendue du navire. J’étais très contente que mon voyage en train jusqu’à Kentville en Nouvelle-Écosse soit court. C’était une charmante petite ville ancienne, si différente d’Aberdeen, la ville de granite, et de la grande demeure de seize pièces construite au XVIe siècle (Sheddocksley House) qui était ma maison là-bas. Nous avons eu trois filles et un fils.

Portrait d’une jeune femme aux cheveux bruns courts.
Photographie en portrait d’une femme plus âgée aux cheveux courts brun et portant des lunettes.