Furlan Anselmo et Elena

En souvenir de ma famille

Je remercie la Societe Pier 21 de me fournir l'occasion et l'honneur de rendre hommage à la mémoire de mes parents, Anselmo Furlan (1907-1963) et Elena Romagnoli (1914-1996) ainsi que de mon frère cadet Giovanni (1944-1995). Ces quelques photos de mes parents témoignent de leur geste courageux et ambitieux de s'établir loin de leur terre natale italienne dans l'espoir de trouver une vie meilleure par la grande aventure de l'immigration. Le souvenir d'une jeune famille unie portera toujours une très grande place dans mon coeur.

Dans la foulée de la grande vague d'immigration qui a suivi la fin de la deuxième guerre mondiale, ils ont choisi de s'engager dans une longue démarche pour finalement obtenir le statut d'immigrants reçus à notre arrivée à Halifax en mars 1952. C'était l'aboutissement d'un long chemin parsemé d'embûches.

J'ai d'abord le souvenir d'une enfance difficile perturbée par la guerre et les bombardements qui ont marqué ma tendre enfance à Milan et de nombreux déplacements qui nous ont menés de l'Italie vers la Belgique puis ensuite vers la France. Depuis Le Havre, l'éprouvante traversée de l'Atlantique de treize jours sur le Scythia entre un ciel menaçant et une mer agitée n'a pas été de tout repos. Puis, un très long voyage en train nous a amené vers notre destination finale que l'on croyait être la ville de Québec encore très enneigée à cette époque de l'année.

La décision de mes parents fut dès lors de se diriger vers le Sud pensant trouver un climat plus doux. C'était plutôt la gare Windsor de Montréal qui nous attendait au débarquement, mais sans beaucoup plus de répit! Là, sans aucune famille, sans aucun organisme d'accueil aux immigrants, seuls devant le défi de dénicher un logement, un emploi, une école primaire, mes parents ont trouvé la force de se retrousser les manches pour surmonter toutes ces difficultés.

Issus de familles modestes, ils ont toujours cru cependant aux grandes vertus de l'éducation familiale et de l'instruction publique comme tremplin pour améliorer notre sort jumelées à une vision positive du monde. Ils ont toujours manifesté; beaucoup d'efforts dans l'intégration à notre nouvelle communauté. C'est avec une grande fierté que je suis devenue citoyenne canadienne en 1966 tout en conservant le goût pour la langue et la culture italienne par nos nombreux séjours en Europe.

Le parcours audacieux, l'esprit innovateur et la confiance en l'avenir m'habitent depuis toujours. Ils m'ont permis de découvrir l'amour de ma vie, mon époux Vincent, et de partager sa vie depuis ma jeune adolescence ainsi que nos deux carrières professionnelles au Canada et à l'étranger en enseignement, en consultation et en recherche.

Je les remercie d'avoir contribué à ce que je suis devenue aujourd'hui.

Maria Furlan
Montréal, Mars 2009