Elvira Romanello

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
147

Rangée
3

First Line Inscription
Elvira Romanello
Second line inscription
LuiginoMariaPierina

Un récit de l'immigration en provance d'Italie de la famille Romanello au Canada, en 1949-50.

Voici l'histoire d'Antonio Romanello, né le 16 juin 1915 de Giovanni Romanello et Elisa Rigato, et d'Elvira Romanello, née Zaffalon, née le 13 mai 1915 de Luigi Zaffalon et Luigia Beninatto. Tous deux sont nés et ont vécu dans le village de Breda di Piave, dans la province de Trévise, en Italie. C'est aussi l'histoire de leurs enfants, Luigino, né le 30 mars 1938, Maria, née le 5 août 1945 et Pierina, née le 12 juin 1948.

Comme c'était le cas pour la plupart des pays d'Europe continentale durant la Seconde Guerre mondiale et après, la précarité et la pauvreté étaient la norme. Notre père, Antonio, après avoir servi dans le Regiment Alpini dans l'armée italienne, est retourné à Breda di Piave pour exercer la profession de fabriquant de fromage. Bien que cette profession soit prestigieuse et demande un ensemble de connaissances spécialisées, c'était aussi une profession très exigeante. Il fallait être au travail dès les petites heures du matin pour réceptionner le lait des fermiers voisins qui alimentaient l'usine, et passer de longues heures à superviser pendant toute la journée les différentes étapes de la fabrication du fromage. Notre père était à la recherche d'un meilleur avenir et il lui a semblé que le Canada, avec la perspective de nombreux emplois et opportunités, pouvait le lui apporter.

Bien des années plus tôt, notre oncle, Zio Virginio Rigato, frère d'Eliza Rigato, avait trouvé une bonne situation à Port Arthur, en Ontario au Canada. Il a commencé par acheter un camion de gravier, puis il a progressivement monté sa propre affaire, une grande compagnie de fourniture de sable et de gravier. Quand Papa a manifesté de l'intérêt pour venir à Port Arthur, Virginio l'a encouragé à venir et l'a aidé à trouver un parrain (quelqu'un qui était partant pour employer Papa pendant un an, pendant qu'il chercherait à s'installer). Ce parrain était Pat Ross, un fermier de la région qui vivait au croisement de Oliver Road et Townline Road. Papa n'en demandait pas plus. Le 4 avril 1949, à Rome, un officier d'immigration canadien, J.M. Bouchard lui remettait un visa d'immigrant. Tout ce que papa avait à faire était de se présenter avec ce visa dans les trois mois dans un port d'entrée du Canada. Il n'a pas perdu de temps : il s'est embarqué sur le MV Sobieski, un paquebot polonais, a enduré un voyage d'au moins dix jours, accompagné de son premier cousin par alliance, Tullio Cenedese, et est arrivé au Quai 21 à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Le 2 mai 1949, il était déclaré immigrant reçu au Canada.

Pendant cette première année, Papa a aidé Pat Ross dans sa ferme pour honorer les engagements du contrat de parrainage, mais il n'a pas fait que cela. Il a aussi préparé l'arrivée du reste de la famille en avril de l'année suivante. Premièrement, grâce à un ami d'oncle Virginio, Vic Delbianco, il s'est trouvé un emploi à plein temps comme ouvrier pour la Canada Malting Company, une des nombreuses compagnies de silo-élévateur sur le bord de mer à Port Arthur. Deuxièmement, il a acheté une petite ferme et une maison en 1949 au 1289 Oliver Road, qui allait être l'endroit où il élèverait sa famille et passerait le reste de sa vie.

Tous ses efforts ont permis de préparer l'arrivée du reste de sa famille, à commencer par l'embarquement sur le SS Vulcania à Gênes, en Italie, le 19 mars 1950 d'Elvira, Luigino, Maria, Pierina et Elisa (la grand-mère) Romanello. Elvira et Elisa ont payé le plein tarif de 144,000 lires chacune, et les trois enfants ont voyagé à demi-tarif à 72,000 lires par personne. Si on ajoute 6,440 lires de taxe d'embarquement, le prix du billet se montait à 510,440 lires, ce qui, converti en dollars d'aujourd'hui, correspondrait à la somme princière de $363.04. Le voyage a dû prendre exactement dix jours parce que les cartes d'identification de l'immigration de chacun ont été estampillées à Halifax et indiquent le label d'immigrant reçu à la date du 29 mars 1950.

Le confort pendant la traversée de l'Atlantique nord en mars n'a pas dû être des meilleurs, d'abord parce qu'une machine à écrire a rayé la mention de 'cabine' sur les billets de passagers en les remplaçants pas 'dortoirs', et ensuite parce qu'en cette saison, il y avait une forte probabilité pour que la mer soit houleuse. Luigino a confirmé qu'ils avaient en effet passé la traversée dans des dortoirs, les femmes étant séparées des hommes. Chaque dortoir était équipé d'une série de lits superposés à deux étages. Nous savons aussi qu'Elvira a été confinée dans le dortoir pendant tout le voyage parce qu'elle avait le mal de mer. Nonna Elisa s'est donc occupée de Maria et de Pierina ; Luigino, qui avait déjà 11 ans, a fait office de messager et a fourni de l'aide en apportant de la nourriture à tout le reste de la famille. Le docteur du navire a eu fort à faire avec les Romanellos. Le 25 mars 1950, il a vacciné toute la famille contre la variole, à part les deux filles. Luigino se rappelle aussi qu'il avait un furoncle sur le nez et qu'il a dû tous les jours aller voir le médecin pour son traitement.

Ils sont arrivés à Halifax le matin du 29 mars et dès qu'ils ont passé les services d'immigration, ils ont immédiatement acheté des billets de trains pour le voyage de deux jours jusqu'à Port Arthur. Luigino se rappelle qu'il était avec sa grand-mère quand elle a acheté les billets. L'agent avait essayé de lui vendre trois billets tarif adulte, et deux demi-tarifs. Luigino se rappelle que sa nonna a dit, 'Non, Luigino n'aura pas douze ans avant demain. Elle avait raison ! Il avait encore droit au demi-tarif !

Bien que le trajet en train ait été long et monotone, Elvira et Luigino se rapellent clairement du jour où ils sont arrivés à Port Arthur. Louis se rappelle avoir sauté du train dans la gare de Canadian Pacific Railway avant même que le train s'arrête pour se précipiter vers son père, l’embrasser et le réprimander de ne pas être venu les chercher à Halifax. Elvira n'était peut-être pas aussi impatiente. Avant de quitter l'Italie on lui avait dit que c'était la mode chez les femmes 'Americani' de porter des chapeaux, et donc bien sûr, Elvira en portait un pour son arrivée. Elle a eu coutume de dire plus tard qu'elle a fini par échanger ce chapeau contre un tablier, et qu'elle ne l’avait plus jamais porté. C'était un peu exagéré, mais cela faisait une bonne histoire à raconter.

À cette époque, la vie n'était pas facile pour notre famille. Pour éviter de se geler, l'hiver suivant, chacun dans la famille a aidé à couper et à fendre du bois qu'on a trouvé derrière la ferme, sur ce qui est devenu maintenant Central Avenue. Même Nonna Eliza nous a aidés. Comme en Italie, la maison sur Oliver Road house n'avait pas de plomberie intérieure ; mais il y avait une sacrée différence entre utiliser des toilettes extérieures au milieu de l'hiver ici, comparé à ce que c'était chez nous en Italie. Nous prenions de l'eau du puits derrière la maison, où il se trouve toujours. Il y avait aussi une pompe à bras, et on apportait l'eau dans la maison dans des seaux au fur et à mesure des besoins. Elvira faisait toute la cuisine sur un poêle à bois dans un coin bien plus petit que ce qu'on peut voir aujourd'hui. La cuisine et la salle de bain que nous connaissons maintenant ont étés rajoutées bien des années plus tard, ainsi que tout le sous-sol sous la maison. De plus, pendant ces premières années, la tradition italienne de faire du vin a dû être adaptée à nos nouvelles conditions. À l'époque, on n'avait pas l'argent pour acheter du raisin chez Buset. Tout le monde prenait du Saskatoons. Ça pouvait aller au début mais Tony n'était pas satisfait et a vite voulu économiser de l'argent pour acheter du raisin. On aimait tous son vin. Il avait un goût spécial que personne n'a réussi à reproduire depuis.

Tel fut le début de notre vie au Canada. Chaque année nous avons fait des progrès et la vie s'est bien améliorée.

Vieux document de voyage montrant des écritures en italien et des montants.
Quatre exemplaires tamponnés de cartes blanches indiquant  Immigration Identification Card (Carte d’identité de l’immigration).
Deux exemplaires jaunis d’un document médical indiquant Certificate of Vaccination Against Smallpox (Certificat de vaccination contre la variole).
Gros plan du certificat de vaccination contre la variole.
Passeport italien montrant la page de la photographie du jeune Antonio.
Page du passeport d’Antonio avec des écritures et des tampons.
Page de la photographie d’un passeport italien montrant une jeune femme et des enfants.
Page d’un passeport avec des écritures et des tampons.