Eileen Way

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
111

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19

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Eileen Way

En 1947 je ne voyais aucun avenir pour moi en Irlande, vu que l'économie tournait vraiment au ralenti. J'ai décidé d'émigrer au Canada. Ma mère a décidé de m'accompagner à Vancouver parce qu'elle avait une sœur qui vivait là-bas.

Après avoir passé deux tests médicaux, on m'a dit d'attendre de recevoir la permission de voyager. Un an et demi après, la permission a été accordée et nous avons commencé notre voyage en automne 1949. J'avais 22 ans.

Nous avons quitté l'Irlande pour Southampton, en Angleterre, et nous nous sommes arrêtées à Londres pendant quelques jours. Arrivées au port, nous avons dû nous rendre aux services canadiens des douanes et de l'immigration, tout cela a été réglé avant notre départ de l'Angleterre. Nous avons embarqué à bord du R.M.S. Aquitania, pris de peur et d'anxiété, et avons navigué directement jusqu'à Halifax. Tout s'est très bien passé et je ne me rappelle d'aucuns détails, à part de la nourriture. Je n'avais jamais vu autant de nourriture si bien préparée et si bien présentée de toute ma vie. Chaque soir nous allions danser et j'ai rencontré plusieurs autres jeunes gens qui partaient refaire leur vie au Canada.

Arrivé à Halifax au Quai 21, le 10 octobre 1949, nous avons dû rechercher nos sacs parmi les centaines qui étaient sur le quai. Quand nous avons trouvé nos bagages, nous sommes parties directement prendre le train pour Vancouver. La chose dont je me rappelle au sujet de ce voyage, c'est qu'il nous a fallu autant de temps pour traverser le Canada que pour traverser l'Atlantique.

Je me rappelle être passée par Québec, avoir vu les rivières pleines de troncs d'arbres en attente d'acheminement vers les scieries, et avoir dû parler français pour faire quelques courses quand le train s'est arrêté dans une petite ville. J'ai pu utiliser le peu de ce que j'en avais appris à l'école ! J'ai un autre souvenir très clair : être descendue du train à Jasper et avoir fait l'expérience du temps le plus froid que j'aie jamais rencontré. Je suis vite remontée dans le train. Nous avons suivi les voies « tortilleuses » dans les magnifiques Rocheuses puis, les laissant derrière nous, sommes passées par Chilliwack ; je ne pouvais pas encore savoir que c'était là que je m'installerais plus tard. Une semaine après avoir quitté Halifax, nous sommes arrivées à Vancouver où nous espérions que nous serions attendues. Nous n'avons pas pu trouver nos parents parmi la foule et nous avons pris un taxi pour nous rendre à notre destination finale.

Ensuite, j'ai travaillé à Vancouver pendant plusieurs années. Ma mère a décidé que le Canada n'était pas un pays qui lui convenait et elle est retournée en Irlande. En 1951 j'ai rencontré mon futur mari ; il avait immigré en 1946, et avait entrepris de défricher et de développer une ferme laitière dans la Chilliwack River Valley. Nous avons passé les vingt années suivantes à développer Auchenway Farm et à nous en occuper. En particulier, nous avons produit un troupeau de lignée pure de Ayrshire qui a gagné plusieurs prix dans les foires. Une de mes tâches à la ferme était de montrer notre bétail et de le mener à des compétitions auxquelles participaient d'autres éleveurs, comme à l'Exposition Nationale Pacifique (Pacific National Exhibition) à Vancouver. Nous sommes restés à la ferme, pour profiter de notre retraite et voyager.

Nous avons élevé notre fils et nos trois filles à la ferme et maintenant nous profitons de nos dix petits-enfants.

J'ai toujours eu beaucoup de curiosité pour l'histoire de Chilliwack River Valley, parce qu'elle a seulement été habitée 100 ans après le peuplement de la Fraser Valley. J'ai donc formé un petit comité pour faire des recherches et écrire un livre sur cette histoire. Sept ans plus tard, nous avons complété un livre bien documenté sur Chilliwack River Valley intitulé « Dans les bras des montagnes ». Le travail de notre comité a été reconnu par le musée de Chilliwack Museum qui nous a octroyé un prix du patrimoine.

Je suis fier d'être canadien et d'avoir contribué à mon pays.

Eileen Way