Cornelia Maria van Wyk Heystee

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
53

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Cornelia Maria van Wyk Heystee

Née à Kortenhoef le 12 décembre 1929, fille de Cornelia Maria van Wijk-Goes et de Johanes Gerardes van Wijk, la plus jeune de sept enfants. Le 29 octobre 1952, à 23 ans, a quitté les Pays-Bas en partant de Rotterdam. Est arrivée le 6 novembre 1952 au Quai 21 à Halifax après une traversée à bord du Rijndam. Est immédiatement montée dans un train pour rejoindre son futur mari à Ottawa, ville où elle l'a épousé dans le mois suivant son arrivée au Canada.

Après le mariage, Cornelia et William ont vécu à Ottawa pour une courte période, puis les 20 années suivantes environ, ils ont vécu à Edwards, Ramseyville et Carlsbad Springs dans la région d'Ottawa. Résident présentement près de Vernon, en Ontario. Mère de trois enfants, Richard (Toronto), Mary (Ottawa) et William (Cambridge) et grand-mère de Mark, Chelsey, Bryan, Steven et Ian.

Souvenirs de mon voyage

J'ai quitté les Pays-Bas dans l'après-midi du 29 octobre 1952 pour rejoindre mon fiancé, William Henry Heystee, au Canada. Mon futur mari avait pu immigrer parce qu'il avait été parrainé par un citoyen canadien pour travailler dans une ferme près de Barry's Bay. Après y avoir travaillé pendant environ un an et avoir rempli toutes les conditions imposées par le parrainage, il avait décidé de déménager à Ottawa pour trouver du travail et un logement. Une fois installé, il avait écrit et avait demandé que je le rejoigne au Canada. Il était mon parrain et une des conditions de ce parrainage était que nous nous épousions dans les 30 jours suivant mon arrivée au Canada.

Quand j'étais jeune femme, j'étais rarement partie loin de chez moi ; mes plus grands voyages étant d'aller jusqu'aux villes voisines d'Amsterdam et Volendam. Alors quand j'ai décidé de déménager au Canada pour rejoindre mon fiancé, j'entreprenais l'aventure et le voyage de ma vie.

J'ai des souvenirs très vifs du trajet de ma maison de Kortenhoef au Quai Wilhelminakade de Holland-America à Rotterdam. Mes deux sœurs, mes quatre frères et moi sommes allés à Rotterdam à l'arrière d'un camion qui appartenait à mon beau-frère. Cependant mes parents m'avaient fait leurs adieux à la maison parce qu'ils ne pouvaient pas supporter l'idée que leur plus jeune enfant parte sur un bateau vers une terre lointaine appelée le Canada. Je soupçonne qu'ils étaient très tristes de penser qu'ils ne reverraient pas leur fille avant très longtemps (malheureusement, ma mère avait raison puisqu'elle est morte en 1959, 5 ans avant que j'aie pu revenir leur rendre visite l’été 1964). J'étais en proie à des sentiments contradictoires lors du départ du port de Rotterdam. D'une part, j'étais très triste de quitter ma famille, qui était très unie, et de déménager dans un nouveau pays. D'autre part, j'attendais avec impatience de rejoindre mon fiancé et de commencer une nouvelle vie avec lui au Canada. Pour couronner le tout, j'avais, et j'ai toujours, peur de l'eau et je ne me réjouissais pas de passer une semaine sur l'Atlantique Nord.

J'ai fait la traversée sur le S.S. Rijndam qui était un bateau relativement nouveau, entré en service l'année précédente. Le coût du trajet en bateau était de 167,50 dollars. J'ai eu la chance de ne pas avoir le mal de mer, probablement parce que mon médecin m'avait donné pour cela, avant que je parte, quelques comprimés que j'ai pris une fois par jour pendant la traversée. J'ai partagé la cabine 236 avec quatre autres femmes et nous avons passé beaucoup de temps ensemble au cours du voyage. J'ai rencontré quelques personnes de plus, hommes et femmes, et nous avons passé le temps en jouant aux cartes et en nous racontant les histoires des familles et des amis que nous laissions derrière nous. Nous avons fait de la lecture sur le pont. Ce n'était pas un paquebot de croisière des temps modernes avec beaucoup d'activités organisées. Nous devions nous divertir nous-mêmes pendant le voyage. Je me souviens que les repas sur le bateau étaient très bons et cela a aidé à rendre la traversée plus agréable.

Notre bateau est arrivé au Quai 21 à Halifax. Après avoir débarqué, nous avons dû entrer dans un grand hall pour présenter nos papiers d'immigration. Je suis restée assise sur un banc dur pendant à peu près 2 heures à attendre que ce soit mon tour de rencontrer un officier d'immigration. Une fois que c'était fini, j'avais encore quelques heures avant le départ de mon train pour Ottawa. Nous nous sommes promenées à proximité du Quai 21 en jetant un œil dans les divers magasins. Je me souviens de voir des oranges et d'être stupéfiée de leur bas prix - nous n'avions pas beaucoup d'oranges à la maison, surtout pendant la guerre, et les oranges que nous avions étaient très chères.

Le voyage jusqu'à Ottawa, qui a duré deux longues journées et deux longues nuits, coûtait 32 dollars. Cela semblait très long en comparaison des trajets en train que j'avais faits chez moi. Par ce voyage je me suis rendu compte que le Canada était un pays beaucoup plus grand que les Pays-Bas. Les bancs en bois durs, de surcroît, n'ont pas fait passer le temps plus vite. Mes compagnes de la traversée sont descendues à Montréal et j'ai continué seule vers Ottawa. J'étais un peu effrayée de ce dernier tronçon de mon voyage et j’avais peur de ne pas arriver à Ottawa pour retrouver mon fiancé. Heureusement, le contrôleur du train était très gentil et rassurant ; il s'est assuré que je sois prévenue quand le train arrivait à la gare Union d'Ottawa. À la gare, mon fiancé et sa sœur (elle était arrivée au Canada quelques mois auparavant) étaient là pour m'accueillir et me souhaiter la bienvenue.

A l'arrivée à Ottawa j'ai passé quelques jours chez les « Sisters of Service ». C'était l'organisation qui avait aidé mon fiancé quand il était arrivé à Ottawa presque un an auparavant. Elles m'ont finalement trouvé un travail de bonne pour une famille dans Prince of Wales Drive. Je suis restée avec eux jusqu'à ce que nous nous mariions le 6 décembre 1952, ensuite mon mari et moi avons déménagé dans un tout petit appartement avec deux chambres. C'était très rudimentaire puisque nous devions cuisiner sur un réchaud et que les toilettes et la salle de bain étaient dehors. Nous avons fini par déménager dans un logement plus « luxueux » dans la rue Rochester. Nous avons vécu et travaillé dans la région d'Ottawa depuis. Nous sommes les fiers parents et grands-parents de trois enfants et cinq petits-enfants.

Portrait sépia de la jeune Cornélia, avec col à froufrous et lunettes.
Cornelia vers 1947, 18 ans
Bateau le Rijndam, en pleine mer.
S.S. Rijndam