Catherine MacKinnon Read

Mur d'honneur de Sobey

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Catherine MacKinnon Read

Catherine Read née MacKinnon

Quand la France a capitulé en juin 1940, la menace d'invasion de la Grande-Bretagne par l'Allemagne semblait imminente.

Je me rappelle clairement avoir été dans l'abri antiaérien de notre voisin à Falkirk, en Écosse, quand j'ai entendu une femme en larmes faire le récit des récents bombardements et dire « maintenant les Allemands peuvent traverser la Manche à la nage et envahir la Grande-Bretagne. »

En juillet, j'ai entendu parler du C.O.R. B. (le Children's Overseas Reception Board) pour la première fois. Toutefois, ma famille n'avait jamais parlé d'une évacuation. C'est pourquoi j'ai été totalement prise par surprise et j'ai eu un choc en août quand ma mère a dit, d'abord à ma sœur Anne MacKinnon Jeffrey, et puis à moi plus tard, que nous partions pour le Canada dans les 48 heures avec d'autres évacués écossais.

On n'avait pas le temps d’analyser la situation ou d’envisager le risque que cela comportait

Le lendemain matin, Anne et moi avons dit au revoir à nos parents et nous sommes parties en taxi. Mon enseignante préférée, Margaret Chalmers, nous a accompagnées jusqu'à la gare ferroviaire. C'était rassurant ! Ma réaction à l'idée d'être évacuée était typiquement celle d'une enfant de onze ans qui adorait Shirley Temple, la vedette de films américains, et qui rêvait d'apprendre un jour à chanter et à parler avec un accent américain. C'était très excitant parce que je ne m’inquiétais pas de ne pas savoir où nous allions et combien de temps nous serions loin de chez nous.

Nous avons voyagé en train jusqu'à Glasgow et nous avons été retardées pour des raisons de sécurité avant de pouvoir nous rendre à Gourock. Nous n'avons pas eu le temps de nous ennuyer de nos familles parce que nos accompagnateurs avaient prévu quelques visites locales très intéressantes.

Le 16 août, nous avons descendu l'estuaire de la Clyde sur le SS Bayano. Ma sœur a écrit qu'elle était optimiste et heureuse : elle voyait ça comme une aventure. Cependant, alors que j'étais sur le pont à regarder les vagues gigantesques, j'ai commencé à prendre conscience de la grande distance qui nous séparait de notre famille ainsi que du danger d'être en mer durant la guerre. Debout à côté de moi se tenaient cinq membres d'une même famille, les Baines, et je me souviens de ma consternation en pensant à leurs parents. J'ai remarqué aussi que quelques membres de l'équipage du Bayano semblaient à peine plus âgés que certains évacués. Ces garçons, de même que nos accompagnateurs, faisaient tout leur possible pour nous garder heureux en organisant des jeux et des concerts. Le moment le plus mémorable a été la merveilleuse fête organisé pour ceux d'entre nous dont c'était l'anniversaire en août. Comme nous étions quatre-vingt dix-neuf enfants, le gâteau était le plus gros que j'avais jamais vu. Il était spectaculaire !

Le jour suivant, nous avons vu un iceberg et plus tard, la terre. Puis, le 27 août, nous avons remonté le fleuve Saint-Laurent jusqu'à la ville de Québec. Nous ne pouvions pas entrer dans le port de Halifax et accoster au Quai 21 comme prévu à cause de la présence de nombreux sous-marins allemands. Toutes ces belles et nombreuses lumières contrastaient avec la noirceur en Écosse à cause de l'occultation des vitres !

Le 28 août, nous avons continué notre voyage vers Montréal où nous avons reçu un accueil très chaleureux. Je me rappelle de mon étonnement quand une femme de la Croix-Rouge m'a donné toute une tablette de chocolat sans vouloir que je la paye. Quand elle m'a donné une autre friandise, je me suis dit que j'étais dans un pays où coulaient le lait et le miel. Je n'avais plus peur de l'inconnu.

Le voyage de nuit en train jusqu'à Toronto a été une belle expérience. Nous avons logé à Hart House, à l'Université de Toronto, jusqu'à ce que toutes les formalités médicales soient terminées. La Croix-Rouge ainsi que les travailleurs de Children's Aid nous ont interviewés pour obtenir des renseignements afin que nous soyons placés dans des familles appropriées. C'était formidable de ne pas être rationnés pour la nourriture et d'avoir du savon et du shampoing en quantité. Dormir sur un matelas au sol dans le gymnase, c'était comme faire du camping.

Le 6 septembre, nous avons pris un train pour Ottawa et nous avons logé temporairement dans trois endroits différents. Dans une des maisons, la servante m'a laissé sa chambre pendant plusieurs nuits. Elle avait mis ses plus beaux draps de satin. Je n'oublierai jamais sa gentillesse et sa sensibilité. Cette jeune femme était la première personne de couleur que je voyais.

Finalement, Anne et moi avons été placées dans la même famille. Nous avons été très chanceuses. Comme la plupart des hôtes, les Malcolm s'étaient portés volontaires pour accueillir des évacués préadolescents et ils nous ont acceptées avec une grande bonté sans savoir combien de temps nous resterions au Canada. Nous nous sommes senties les bienvenues grâce à l'accueil de leur fille Phyllis qui était en 13e année. Leur fils Andy, qui était en 9e année, m'a présentée au groupe de jeunes du quartier. Même si j’étais trop jeune pour l'école secondaire, j'y ai été acceptée chaleureusement et l'adaptation n'a pas été trop difficile. Faire partie de la chorale Glebe Collegiate's, apprendre à faire du ski et à patiner sur le canal Rideau ont été de belles expériences pour moi.

Le camp C.G.I.T. (Canadian Girls in Training) a profondément marqué ma vie. Les jeunes ont bien ri quand un jour j'ai vu quelque chose dans l'eau pendant que je nageais et que j'ai crié avec un fort accent et dans les mots de mon pays : « Oh see the wee beasties in the water! »

Anne est retournée en Écosse en 1944 et moi, je suis rentrée en 1945. Je me rappelle avoir été sur le pont du navire et avoir entendu les vendeurs de journaux crier : « Les Japonais ont capitulé ! »

À Édimbourg, mes parents m'ont beaucoup aidée pour que j'étudie pendant trois ans pour devenir enseignante. En 1948, ils ont fait preuve d'une compréhension exceptionnelle quand je n'arrivais pas à décider de quel côté de l'Atlantique je devrais m'établir. Ils m'ont encouragée à retourner à Ottawa et à essayer d'y enseigner pendant une année avant de prendre une décision. Toutefois, il y a une fin heureuse. Une rencontre importante a influencé ma décision. Quand j'ai embarqué sur le SS Ascania à Liverpool, j'ai rencontré un étudiant de l'Université Dalhousie qui revenait d'Europe. Trois ans plus tard, en 1951, je me mariais à Halifax. Maintenant, quarante-neuf ans plus tard, Gordon et moi avons pris notre retraite en Nouvelle-Écosse. Nous sommes fiers que nos enfants et petits-enfants aient visité le Quai 21.

Rétrospectivement, je me rends compte que mes parents ont été exceptionnels de nous laisser partir durant ces années importantes de notre développement. Ma famille hôte a été remarquable de partager sa vie avec de parfaites étrangères. Cette famille, les accompagnateurs et les travailleurs de l'aide à l'enfance tant en Écosse qu'au Canada, de même que l'équipage du SS Bayano, ont profondément influencé et transformé ma vie. Je les aime vraiment tous et j'apprécie chacun d'eux.

Photographie d’un groupe de jeunes garçons et filles à bord du SS Bayano.
Anne, Catherine et les autres enfants évacués sur le pont du Bayano
Vieille coupure de journal jaunie sur Catherine et Anne, enfants déplacées.
Coupure de journal parlant de l'arrivée de Catherine et d'Anne au Canada
Portrait de Catherine et Anne, jeunes filles, portant des robes.
Catherine et Anne
Catherine et Anne debout à l’extérieur de la maison au Canada.
Catherine et Anne
Article de journal sur le mariage de Catherine et de Gordon.
Annonce du mariage de Catherine et photo de son mariage avec Gordon
Photographie des époux le jour du mariage, devant une table de banquet.
Photo de mariage de Catherine avec son mari Gordon
Catherine et Gordon en couple, plus âgés, sur une colline herbeuse.
Catherine et son mari Gordon
Catherine et Gordon en couple, plus âgés, Gordon porter Tall Ships T-shirt.
Catherine et son mari Gordon