Bruce Eldon Myron Evans Ray

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
29

Rangée
4

First Line Inscription
Bruce Eldon Myron Evans Ray
Second line inscription
Atkinson

J’étais un jeune soldat de dix-huit ans quand je suis arrivé à la gare C.N.R. de Halifax depuis le camp Borden en Ontario, tôt, un matin d’octobre 1943. J’étais fier d’avoir rejoint les militaires à bord du train qui allait de la gare au Quai 21 voisin. Plus de 700 hommes et femmes enrôlés ont embarqué à bord du Mauritania à destination de Liverpool en Angleterre, en renforts dans la guerre contre l’Allemagne hitlérienne.

Je suis rentré chez moi en décembre 1945 en compagnie de 75 officiers et soldats. Nous avons quitté Liverpool à bord d’un ancien transporteur de minerai le 12. Le navire a eu des ennuis mécaniques de ce côté de l’Irlande et a dû retourner à Greenock en Écosse pour des réparations. Après une terrible tempête qui nous a suivis tout le long de la traversée, nous sommes finalement arrivés à bon port. Cette traversée avait été pleine de maux et de peurs, mais une fois que nous avons vu les gens accueillants et chaleureux à l’intérieur du Quai 21, l’atmosphère a changé.

Les images et les bruits que nous avons rencontrés en entrant dans le havre de Halifax tôt le matin du 27 et en débarquant au Quai 21 sont encore vivaces. Le Quai 21 était un grand entrepôt où des oiseaux volaient au-dessus des têtes, dans les combles. C’était une scène très bruyante. Nous n’étions pas le seul navire à arriver. Des langues, autre que l’anglais, étaient parlées et j’avais l’impression de me retrouver dans la rue, en Europe. Nous portions encore nos uniformes militaires, avec de grands manteaux et tout l’équipement, même les fusils. Des odeurs de moisissures, de musc et des odeurs corporelles emplissaient nos narines mais au-dessus de ces odeurs de crasse accumulée et de saleté flottaient les odeurs de café. Les gens du coin faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour accommoder tout le monde. Ils avaient des plateaux de sandwichs aux œufs et au beurre d’arachide qui nous disaient : « Nous sommes à la maison ! » et ils avaient des biscuits merveilleux, des biscuits par douzaines : à la mélasse, au sucre et aux dattes.

Parfois on ne pouvait pas entendre les ordres que nous donnait notre officier, mais cela n’était pas important car nous savions que très bientôt, nous allions embarquer à bord des trains des Chemins de fer nationaux du Canada qui nous ramèneraient chez nous. On nous a donné nos billets. J’étais le seul à descendre à Moncton au Nouveau-Brunswick. Les autres allaient vers les provinces plus à l’ouest.

Quand nous sommes arrivés au Quai 21, mon esprit vagabondait et remontait quelques années plus tôt au moment où deux de mes frères avaient dû entrer eux aussi dans cet édifice avant moi. L’un de mes frères était dans l’aviation et l’autre était dans l’Armée. Mon frère aîné, dans l’armée de l’air, s’est envolé de Shearwater vers Ottawa. Il était photographe tout le long de la Côte Est pendant la guerre. Mon frère avant moi était dans la Marine et patrouillait les eaux de la Côte Est et escortait des navires de Halifax à Terre-Neuve. Eldon était dans l’aviation et était photographe. Myron était aussi dans l’aviation et a été envoyé en Angleterre. Evans était dans l’Armée et a servi en Angleterre, en Afrique du nord, en Italie et en Sicile, aux Pays-Bas et en Allemagne. J’étais en Hollande le jour de la fin de la guerre, après avoir passé trois mois dans un hôpital en Belgique. J’avais perdu l’usage d’une de mes jambes à cause d’une lésion nerveuse, suite à une opération d’urgence pour une appendicite que j’avais subie dans un hôpital militaire en Ontario.

De 1939 à 1943, les cinq fils de Douglas H. et de Gladys Atkinson de Moncton au Nouveau-Brunswick se sont enrôlés dans les trois armes, pour se battre pour garder le Canada libre. Tous les cinq sont rentrés pour travailler et finir leur vie au Canada. Quatre d’entre eux sont aujourd’hui décédés. Je suis le cinquième et je m’appelle Ronald « Bruce » Atkinson, résident de Moncton au Nouveau-Brunswick dans les années quarante et, aujourd’hui, un résident de longue date de Halifax en Nouvelle-Écosse.

Portraits individuels de cinq jeunes hommes portant des casquettes militaires.
Les frères Atkinson