Bill et Jo Hawkins

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
29

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13

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Bill and Jo Hawkins

Quand j’ai épousé mon mari, le sergent de section William (Bill) Hawkins, un Canadien, le 24 juin 1944, je ne réalisais pas du tout les changements qui allaient se produire dans ma vie. Progressivement, il m’est apparu que je devrais en effet quitter la petite ville de Chingford en Essex, la ville où j’étais née, pour traverser un océan vers un lieu appelé le Canada. J'en avais à peine entendu parler à cette époque de ma vie.

Alors que les mois passaient, des formulaires ont commencé à arriver du Bureau du Haut-commissaire pour le Canada situé à Londres : des certificats de voyage, des cartes d’identité pour l'immigration, des demandes de passeport et des permis en général pour presque tout ce à quoi vous pourriez penser, et même un document du Foreign Office. Puis est venu le temps de commencer à empaqueter tous mes biens de ce monde. Ma mère a trouvé une vieille malle quelque part et nous avons acheté une plus petite valise pour que je puisse l’emporter avec moi lors de mes voyages.

Enfin le jour du départ est arrivé. Ma malle était partie à l’avance et j’avais juste la valise à transporter. Je me souviens de ma mère et moi allant à pied à la gare locale toute proche où le train m’emmènerait à Londres. Cela a dû être très difficile pour ma mère, voir sa plus jeune fille la quitter pour aller aussi loin. J’ai souvent pensé à elle depuis, quand elle est rentrée seule à pied vers une maison vide ce jour-là.

Pour moi, l’aventure ne faisait que commencer. J’étais attendue à la gare de Liverpool par l’une des nombreuses bénévoles qui donnait son temps pour aider les épouses et les personnes à charge des militaires à atteindre leur destination. À Londres, nous avons changé de gare et sommes montées à bord d’un train à Kings Cross pour aller vers le nord à Glasgow où nous attendait notre navire. Nous avons voyagé de nuit dans l’obscurité la plus totale. À ce moment-là, on ne nous avait pas encore dit où nous allions et je le répète, les bénévoles étaient avec nous. Finalement, en même temps que le lever du jour, nous sommes arrivés à destination. Puis nous avons été transférées dans le transbordeur et avons pris le traversier pour accéder au navire qui se trouvait dans le port. Le paquebot Aquitania allait être notre maison pour les sept jours qui suivaient. Quelle surprise merveilleuse j’ai eue quand j’ai trouvé mon mari qui m’attendait en haut de la passerelle. C’est un moment que je chérirai toujours.

Les sept jours qui ont suivi et que nous avons passés en mer sont aujourd’hui embrumés dans le temps. Je me souviens que la cabine était exiguë et comblée de lits superposés, sans aucune place pour quoi que ce soit ou pour s’y promener. Je me souviens d’une baignoire pleine d’eau chaude salée qui clapotait sous le roulis. La salle à manger principale aux longues tables à tréteaux recouvertes de nappes blanches avec toujours beaucoup de pain blanc et des plats de vrai beurre. Je me souviens que la météo était la pire imaginable : le navire roulait et tanguait et la pluie était battante. Les jours passaient et très peu de gens allaient à la salle à manger. Heureusement, je faisais partie des quelques chanceux qui avaient le pied marin. Mon pauvre mari n’a pas eu cette chance en bas au pont « E » où il était très malheureux. Nous avons perdu les hublots de notre cabine et nous nous sommes retrouvées inondées : quel grand problème de trouver de nouveaux quartiers et chacun a encore dû se resserrer un peu plus. Mais nous avons survécu et sommes finalement arrivés dans le port de Halifax où l’on nous a dit qu’on avait été suivis de près par des sous-marins.

J’ai de vagues souvenirs quand j’ai trouvé mes bagages au Quai 21 et puis, d’une façon ou d’une autre, je me suis retrouvée dans un train en route pour Montréal où j’ai été accueilli par un homme qui allait se révéler être mon beau-père. Il a toujours été mon ami à partir de ce jour-là. Puis vers Ottawa où mon mari et moi sommes restés jusqu’à ce que nous décidions de ce que nous comptions faire de notre vie et où nous allions la passer.

J’ai eu une vie magnifique au Canada. Nous avons voyagé à travers le pays de nombreuses fois et c’est chaque fois une nouvelle expérience pour nous que nous apprécions. J’ai toujours été contente d’avoir épousé ce jeune homme il y a si longtemps.

Bill et Jo en jeune couple, debout devant un monument.