Archimede, Dina et John

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
142

Rangée
17

First Line Inscription
Archimede, Dina and John
Second line inscription
Altorio

La Seconde Guerre mondiale avait finalement pris fin et des horizons pleins d’espoir nous faisaient signe au-delà des montagnes et des côtes de l’Italie. Parrainé pas mon oncle Agostino (Jack) Butticci, mon père alors âgé de 27 ans, Archimede Altorio, a quitté son pays natal, Aielli dans la région des Abruzzes en Italie, pour partir traverser l’Océan atlantique à bord du Vulcania. Laissant derrière lui sa famille, sa femme Dina et son fils nouveau-né Giovanino, Archie, comme on allait l’appeler au Canada, a débarqué au Quai 21 le 31 mars 1949.

Des jours de voyage en train allaient se succéder à travers le paysage vaste et varié du Canada avant qu’Archie n’atteigne la Vallée de l’Okanagan en Colombie-Britannique. Entrepreneur de profession, il a commencé par essayer toutes sortes d’emplois. Cela lui a donné la confiance dont il avait besoin pour s’établir sur cette nouvelle terre.

Le 14 juin 1950, Dina alors âgée de 26 ans et son fils de 22 mois Giovanino (John) ont débarqué au Quai 21. Leur navire, le Brasil, avait quitté Naples, était passé par Malte et Gibraltar, puis juste à côté des grands bancs, dans un brouillard épais, manquant de justesse de heurter un autre navire. Ma mère se souvient du froid et de la météo de l’Atlantique nord. Elle se souvient du personnel du port à Halifax comme des gens bons et bienveillants. Ils régimentaient tout de même les nouveaux arrivés pour qu’ils fassent la queue pour les malles, les bagages, les douanes et les trains d’immigrants. Un souvenir précieux est celui d’une nonne, au port d’entrée, qui a donné à ma mère et à mon frère une carte de prière à la Vierge Marie. Catholique pratiquante, ma mère a vu ce témoignage religieux comme une marque bienveillante, signe réconfortant de bienvenue au Canada.

À son arrivée à Montréal en train, ma mère a été consolée de voir les visages des amis de la famille. Pendant quelques brèves heures, on a parlé la langue de la maison et on a partagé nos expériences. La transition vers cette nouvelle terre était en train de se vérifier. Usées, inconfortable, les vieilles voitures en bois des trains d’immigrants étaient tellement différentes de celles des trains luxueux qui faisaient le trajet de Montréal en Colombie-Britannique. Des napperons brodés décoraient les appuis-tête des wagons à places assises. Des coussins moelleux attendaient leur passager pour voyager comme il se doit. Maman avait dû être rassurée par deux fois que, oui, il s’agissait bien du bon train pour leur dernier voyage vers l’ouest. Elle était si anxieuse de retrouver son mari et de reformer à nouveau une famille. La mère, le père, les grands-parents, les cousins ainsi que toute la communauté du village de San Potito dans la région d’Ovindoli en Italie manquaient à Dina, qui était fille unique, mais elle était prête à faire ce qu’il fallait pour construire un avenir solide pour sa famille avec Archie.

L’année suivante, Archie et Dina ont construit leur première maison ensemble à partir de matériaux aux rebus récupérés sur d’autres chantiers de construction. Leur esprit jeune, leur amour l’un pour l’autre et leur dur labeur formaient toutes leurs richesses. Dina, alors enceinte, a aidé Archie à redresser des clous et portait ce qu’elle pouvait pour aider à bâtir leur première maison canadienne à Kelowna en Colombie-Britannique. Aujourd’hui, nous recyclons et réutilisons mais Archie et Dina le faisaient instinctivement et par nécessité. De vieux vêtements étaient cousus ensemble pour en faire de nouveaux, la nourriture qui garnissait la table était fait maison et quand les feuilles d’automne commençaient à changer de couleurs, tout le monde faisait son vin. La cantina (cave) au sous-sol abritait les conserves, les viandes fumées et bien sûr, les pots de sauce tomate pour les pâtes fait maison.

Je suis née au printemps 1951. John avait maintenant une petite sœur avec qui jouer. Au fil du temps, d’autres membres de notre famille italienne nous ont rejoints au Canada. La famille a déménagé à Trail en Colombie-Britannique et en 1957 elle est venue à l’est une nouvelle fois par le train pour s’installer en Ontario. Archie a monté sa compagnie de construction et est devenu un membre fier et actif du Club Rotary de Port Credit. Dina a travaillé en tant qu’aide familiale mais aussi en tant que couturière et vendeuse pour des boutiques de mode pour dame. John a obtenu son diplôme en architecture paysager et a ouvert son propre cabinet de Design. Mara a obtenu une maitrise en éducation et a enseigné 33 ans avant de prendre sa retraite

Archie et Dina ont vécu l’expérience de l’immigration à une époque où le Canada était encore un pays jeune. Ils sont deux parmi les milliers qui ont quitté le confort et la sécurité de leur foyer pour tout risquer et paver la voie pour les autres. Ils sont très fiers de leurs deux enfants, de leurs deux petits-enfants et, à ce jour, de leurs deux arrières petits-enfants. Ils ont laissé un héritage fait d’amour et de dévouement à un pays qu’ils ont adopté et à un Canada qu’ils ont appelé le leur.

"Con te partiro…………..con te io li rivivro" (Avec toi je partirai… avec toi je le referai)

Mara Altorio (fille)

Portrait en ton sépia d’un jeune homme en costume et cravate.
Archimede Altorio
Portrait de famille d’une jeune fille, un bébé garçon dans ses bra.s
Dina et John Altorio
Homme et femme et deux enfants assis entre eux, un ours en peluche derrière.
La famille Altorio