Antonio Nicolini

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
104

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7

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Antonio Nicolini

Une histoire d’immigrants et la commémoration du 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Messieurs,

Il y a soixante ans, Antonio Nicolini était alors un prisonnier de guerre qui avait été capturé en Grèce, où il servait au sein de l’Armée italienne depuis le 23 mai 1940 quand il a été mobilisé, puis envoyé au front le 9 juin 1940. Il avait ensuite été démobilisé et renvoyé à la maison à Chieti en Italie avec le 14e régiment d’infanterie le 18 novembre 1940. Le 14e régiment d’infanterie a été par la suite remobilisé, envoyé avec son commandement de campagne en Grèce et a quitté Bari, en Italie, le 9 janvier 1941 pour arriver à Durazzo le 10 janvier 1941. Les territoires des Balkans, à savoir la Grèce et l’Albanie, avaient déclaré l’état de guerre. C’est là où il a servi jusqu’à son hospitalisation le 15 mai 1943, puis il a quitté l’hôpital le 31 mai 1943 et a retrouvé le 14e régiment d’infanterie le 1er juin 1943. Il a été fait prisonnier par les forces nazies le 8 septembre 1943 et a été emmené en Allemagne où il a été retenu, jusqu’à la libération par les forces armées américaines le 23 avril 1945. Retourné en Italie le 1er septembre 1945, il a été démobilisé des forces armées italiennes le 14 septembre 1945.

Le 2 juin 1961, le Général Alfonso Checcia, commandant de la région centrale et du commandement militaire du 8e territoire de la République d’Italie a remis à NICOLINI Antonio, né le 23 juillet 1915 dans la ville de Ripateatina, dans la province de Chieti, la médaille du mérite de guerre pour son internement en Allemagne pendant la période du 8 septembre 1943 au 1er septembre 1945.

Après la fin de la guerre, Antonio a vécu avec son père et sa belle-mère Bambina Marinucci dans leur maison située à La Conicella, dans la périphérie est de la ville de Ripateatina, au sein d’un groupe de maisons connu sous le nom de Canonico. Son frère Pantaleone avait été mercenaire et s’était battu pendant la guerre civile espagnole sous Franco pour se retrouver ensuite en Belgique, où il a travaillé dans une mine de charbon et a appris comment réparer des équipements mécaniques. Il a épousé Lona Lemal, de nationalité belge, et ils ont eu une fille, Rita, qui est née en Allemagne le 6 février 1944. Ils sont retournés en Italie par la suite pour un petit moment et ont décidé d’émigrer au Canada au début des années 1950. Le 31 octobre 1953, Antonio, parrainé par son frère Pantaleone, est arrivé à Halifax et est devenu immigrant reçu au Canada. En 13 mois, il a retrouvé sa femme Assunta et ses deux enfants, Luigi, né le 22 janvier 1950, et Pietro Lorenzo, né le 29 juin 1952, quand ils sont arrivés à Halifax le 19 décembre 1954 à bord du Conte Biancamano, après une traversée de sept jours de l’océan Atlantique. La famille était de nouveau réunie : elle a commencé une nouvelle vie à Toronto, en Ontario, au Canada, et a passé son premier Noël en 1954 chez son frère Pantaleone et sa belle-sœur Lona.

Cinquante ans plus tard, le 19 décembre 2004, Gino Luigi NOCOLINI, avec sa femme Christine, est retourné au Quai 21 pour la première fois depuis sa première arrivée au Canada. « La visite du Quai 21 a été une expérience bouleversante pour moi puisque je n’avais aucun souvenir de cette première arrivée en 1954 ».

Comme cette année 2005 est dédiée aux anciens-combattants et au 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle m’amène à faire ce petit témoignage au sujet de mon père, NICOLINI Antonio, un « lavoratore » immigrant (travailleur), tel que mentionné sur son passeport italien, qui cherchait une meilleure vie pour sa famille que celle dont il avait héritée, après la grande dévastation de sa maison et de son pays à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Il a décidé de s’aventurer dans un monde qui lui était totalement inconnu, sans aucune notion de langue anglaise et sans éducation, avec pour seul espoir que dans son nouveau pays d’adoption, il pourrait y trouver du travail pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille et que peut-être un jour il pourrait être le propriétaire d’une petite maison et vivre en toute liberté sans avoir peur de l’oppression et d’avoir de comptes à rendre à quiconque. C’était le rêve qu’il avait pour lui et sa famille. Son rêve est devenu réalité grâce aux sacrifices consentis par d’innombrables gens qui ont combattu pour la liberté. Beaucoup d’entre eux étaient des Canadiens qui ont péri dans de petits villages à travers l’Europe. Grâce notamment à ces 1600 jeunes hommes et femmes qui ont péri en Italie dans une petite ville située seulement à 10 km de Ripateatina et qui s’appelle ORTONA.

Il s’agit d’un simple hommage à eux tous et à leur famille à qui je dois tant de gratitude. Car si ces sacrifices, il y a 60 ans, n’avaient pas été consentis par ces braves âmes, ce rêve de mon père pour sa famille n’aurait jamais pu exister.

Sincèrement, NICOLINI et associés Gino L. Nicolini Ing.

Rendu de l’artiste d’une vieille ville européenne à flanc de colline.
Vue d’en bas d’un grand bâtiment sur le côté d’une colline.
Photographie en noir et blanc d’un bateau.
Blason montrant les remparts d’un château.
Rendu de l’artiste d’un bateau naviguant sur l’eau.
Couple d’âge moyen assis à une table à l’extérieur, portant un toast.