Une échappée belle vers le Canada

Nous parlons souvent de cette institution en tant que musée d’histoires. Des histoires d’arrivées, de départs, de nouveaux départs. Parmi ces histoires, on trouve des récits d’évasion incroyables et souvent déchirants.

Les deux histoires qui suivent racontent l’évasion, de lieux et d’époques différents. Les deux se terminent par une nouvelle vie au Canada. Et bien que ces histoires ne fassent pas partie de nos expositions, les deux sont présentées dans la programmation du Musée. Voici un petit coup d’œil à chaque histoire et comment vous pouvez en savoir plus.

L’évasion de la prison de Manus de Jaivet Ealom

L’histoire que Jaivet Ealom raconte dans ses mémoires, Escape from Manus Prison, est aussi déchirante que captivante. Le livre raconte quatre ans et demi de fuite du Myanmar, à travers sept pays et trois continents, y compris des années passées dans un centre de détention en Papouasie-Nouvelle-Guinée, avant de trouver refuge au Canada. Jaivet présente le livre au Musée le 27 octobre 2022 à 19 h dans le cadre de notre série Raconteurs du Canada.

Voici les grandes lignes de l’histoire, telle qu’il la raconte :

Jaivet vivait à Maungdaw, au Myanmar, une ville composée de musulmans rohingyas. Les habitants considéraient la ville comme une prison à ciel ouvert. Comme le raconte Jaivet, bien que les Rohingyas soient présents au Myanmar depuis des siècles, les mythologies nationalistes de la population majoritairement bouddhiste les ont dépeints comme des étrangers illégaux venus du Bangladesh. Lorsque les villages rohingyas de son pays natal ont commencé à être attaqués et brûlés par des groupes bouddhistes rakhines nationalistes soutenus par l’État, tandis que les forces armées de l’État « se contentaient de regarder », Jaivet a compris qu’il devait fuir le Myanmar. Il s’est envolé pour l’Indonésie, où il a découvert la dure réalité de la vie de réfugié. Au bout de deux semaines, il a décidé de quitter l’Indonésie à bord d’un bateau à destination de l’île Christmas, un territoire extérieur de l’Australie situé au large des côtes indonésiennes, où il pourrait demander l’asile en vertu de la loi australienne.

Il a voyagé toute la nuit à travers la jungle dans un camion rempli d’autres réfugiés cachés sous une bâche, jusqu’à ce qu’ils atteignent le point de départ. Après cinq jours de plus en mer, ils ont débarqué sur l’île Christmas, où ils ont été examinés par les autorités australiennes.

Ce qu’il ne savait pas, c’est que la loi australienne avait changé à peine cinq jours plus tôt, à peu près au moment où il a embarqué dans le bateau. Désormais, les personnes arrivant sur le territoire australien par bateau et sans visa ne seraient pas autorisées à demander l’asile. Les hommes célibataires comme lui devaient être envoyés au centre de traitement régional de l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, que Jaivet a décrit comme « un zoo humain chaotique, sans foi ni loi ». Une prison. Il y a passé trois ans et demi. À un moment donné, il est devenu si désespéré qu’il a tenté de se suicider en essayant de plonger tête première par la fenêtre, sur un bloc de béton. Bien que grièvement blessé, il a survécu de manière improbable et s’est lentement rétabli.

Jaivet a commencé à planifier son évasion. Il a remarqué que les gardes étaient plus occupés les jours où il y avait un transfert de détenus. Ayant étudié le comportement des interprètes qui venaient à Manus pour y travailler, il s’est mêlé à eux et a réussi à sortir du centre et à se rendre à l’aéroport de l’île. De là, un ensemble complexe de circonstances et de décisions l’ont amené au Canada.

Son histoire est bien plus grande et plus complexe que le présent article ne peut l’exprimer. Pour aller plus loin dans l’histoire, réservez dès maintenant votre place pour l’événement et écouter Jaivet parler de son incroyable évasion et de sa nouvelle vie au Canada.

Le couple qui s’est battu pour sortir d’un avion et trouver refuge à Gander

Une photo en noir et blanc d'un homme et d'une femme en pleine conversation. Appuyant sa tête sur sa main, elle le regarde parler. Leurs têtes sont à quelques centimètres l'une de l'autre.
 

Luben Boykov et Elena Popova, tous deux artistes visuels bulgares, racontent cette histoire dans le cinquième épisode du balado « D’innombrables voyages » du Musée :

C’était en 1990. Le couple était en route pour des vacances à Cuba avec leur bébé. Ou du moins, c’est ce qu’ils avaient déclaré. Cuba était une destination populaire et ―surtout― autorisée pour les citoyens de l’Union soviétique. En raison de la distance, la plupart des avions devaient s’arrêter pour faire le plein. L’aéroport le plus pratique pour le faire était celui de Gander, à Terre-Neuve.

Ils avaient l’intention de faire défection une fois à l’aéroport de Gander, si leur avion s’y arrêtait par chance.

« Nous avons remarqué que presque tous les passagers, des citoyens russes, étaient des agents, se souvient Luben. Nous avons donc conclu que nous pouvions nous attendre à une certaine résistance de leur part. »

Lorsque l’avion a atterri, ils ont vu de la neige sur le sol. Il y avait un drapeau canadien sur le terminal.

Bien qu’illégal, l’avion a commencé à se ravitailler en carburant avec tout les passagers à bord. Ils ont compris que les passagers n’étaient pas autorisés à entrer dans le terminal. Ils ont estimé qu’il y avait environ 30 ou 40 autres transfuges potentiels parmi les passagers. Mais ils étaient assis à l’avant, avec deux autres Bulgares. « Nous nous sommes donc levés, raconte Luben, et nous avons commencé à nous diriger vers l’avant de l’avion, où nous espérions trouver une sortie de secours ou une issue. » Plusieurs passagers russes leur ont bloqué le passage en criant qu’ils étaient des traîtres à l’idéal communiste pour leur tentative de faire défection.

« Et c’est là qu’une bagarre a éclaté. »

Pour entendre la suite de l’incroyable histoire de Luben et Elena, y compris comment ils ont fini par rester à Terre-Neuve, écoutez l’épisode 5 de notre balado, « D’innombrables voyages ».

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