À la fin de ce mois, l’année 2024 sera terminée. Il s’agit d’une année importante pour le Musée. 2024 est le 25e anniversaire de la réouverture du Quai 21 au public, le 1er juillet 1999.
Cette caricature éditoriale du Néo-Écossais Bruce MacKinnon a été publiée à l’occasion de la réouverture du Quai 21.
Le Quai 21 a été un centre d’immigration actif entre 1928 et 1971, servant de port d’arrivée à près d’un million d’immigrants, principalement en provenance d’Europe.
Dans les années qui ont suivi, il a abrité l’Institut nautique de Nouvelle-Écosse, puis des ateliers d’artistes. L’état physique des locaux se détériorait. L’importance de ce lieu pour l’immigration canadienne risquait de tomber dans l’oubli, et aurait pu l’être sans les efforts d’un petit groupe de personnes déterminées, dont J.P. LeBlanc et Ruth Goldbloom, OC.
Dans cette bande dessinée, MacKinnon capture un sentiment partagé par de nombreuses personnes : le sentiment d’être accueilli au Canada, le sentiment que le pays est la chance d’une vie meilleure. En effet, sur le côté du bâtiment, au-dessus du débarcadère de passagers, on peut lire les mots « Bienvenue chez vous au Canada ».
Mais le Canada était-il accueillant pour tout le monde?
Le dessin représente un idéal auquel il faut aspirer : l’idée que le Canada est, essentiellement, une nation accueillante. Beaucoup l’ont certainement ressenti, mais il est vrai que les Canadiens n’ont pas toujours été accueillants à l’égard des nouveaux arrivants. Certaines politiques d’immigration ont été racistes ou discriminatoires et ont cherché à exclure certaines personnes. Lorsque le Quai 21 a ouvert ses portes en tant que centre d’immigration, le Canada disposait encore de lois qui excluaient les immigrants chinois et « asiatiques », qui classaient les Européens de l’Est dans la catégorie des immigrants non privilégiés, et qui refusaient l’entrée à la plupart des personnes d’origine africaine. Les politiques et la population du Canada ont cependant évolué et, au moment de la fermeture du Quai 21 en 1971, la discrimination raciale manifeste avait été éliminée de la plupart des politiques d’immigration.
Comme le sable dans un sablier
De nombreuses personnes arrivées par le Quai 21, souvent accompagnées de leurs enfants et petits-enfants, ont visité le Musée depuis, et continuent de le visiter. Elles viennent retracer leurs pas depuis leur arrivée et le début de leur nouvelle vie. Pour ces personnes, le bâtiment signifie parfois quelque chose de beaucoup plus grand. Après tout, le bâtiment lui-même n’est ni grandiose ni opulent. En effet, il est purement utilitaire. C’est un espace que les gens de différentes parties du monde ont traversé pour embarquer dans des trains à destination de différents coins du pays. Le regretté journaliste canadien (et ancien du Quai 21) Joe Schlesinger comparait le Quai 21 au col d’un sablier, l’endroit où une foule de personnes se sont brièvement retrouvées avant de se disperser de nouveau Pourtant, pour beaucoup de ceux et celles qui sont passés par là, le lieu représente quelque chose de profond. C’est un point de transition entre leur ancienne vie et la nouvelle vie qu’ils étaient sur le point d’entamer. C’est un lieu qui évoque le sacrifice, l’espoir et les craintes qu’ils ont ressentis.
Plus que le Quai 21
Le Musée est bien plus qu’un simple quai de débarquement. Son rôle aujourd’hui est de recueillir et de raconter les histoires de tous ceux et celles qui sont venus au Canada, que ce soit par bateau, par voiture ou par avion, depuis quelque 400 ans. Il témoigne d’arrivées venues du monde entier dans toutes sortes de circonstances. Le Musée collabore également avec des universitaires autochtones pour veiller à ce que l’histoire de la présence et de la résistance des Autochtones dans le contexte de la colonisation soit racontée avec authenticité. Le Musée s’efforce de faire en sorte que les gens s’y sentent les bienvenus, non pas en prétendant que toutes les histoires d’immigration au Canada ont été idylliques, mais en représentant avec authenticité la complexité et la variété des expériences, des défis aux réussites, en passant par les échecs et la résilience de tous ceux qui se sont installés ici.