par Steve Schwinghamer, Historien
(Mise à jour le 21 juillet 2021)
« Les conditions sont tellement différentes ici à comparer avec ce que vous avez dans l’Est »
Les installations d’immigration à Victoria, C.-B.
L'histoire des installations d'immigration au port de Victoria, en Colombie-Britannique, s’étend depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Cependant, le rôle de Victoria a été marginalisé par l'émergence de Vancouver comme un port d'entrée important, dans les années 1920. Le développement, l'exploitation et la diminution des installations d'immigration de la ville reflétaient l'évolution des politiques et pratiques d'immigration. Tout d'abord, le rôle économique et social de Victoria en Colombie-Britannique et au Canada changeait considérablement, ce qui avait également modifié la nature et la portée de l'immigration de la ville. De plus, les intérêts de santé publique avaient souvent dépassé et parfois complètement repoussé la mise en œuvre de la politique civile d'immigration. Enfin, l'histoire de l'établissement de l'immigration de Victoria était le reflet des périodes de coopération et de conflit entre les gouvernements provincial et fédéral. En plus de faire la lumière sur le rôle de Victoria dans l'histoire de l'immigration, l'examen de ces trois facteurs fournit des informations utiles sur le développement des structures nationales d'immigration au début du Canada.
Des débuts difficiles
Bien que la ville ait déjà traité des venues massives de travailleurs migrants après la ruée vers l'or de 1858, la première grande arrivée d’immigrants venant de la mer à Victoria avait eu lieu en septembre 1862. Le SS Tynemouth était arrivé avec deux cent soixante passagers, dont soixante-deux femmes, soutenant la petite communauté coloniale de Victoria.[1] L'arrivée avait créé « de l'excitation, de la confusion, du spectacle et un défi ».[2] Cela entrainait également le premier espace bien organisé pour recevoir des immigrants à Victoria : les casernes marines étaient converties en logements qui incluaient un espace pour les femmes, un entrepôt pour leurs bagages, un approvisionnement généreux pour les gardes.[3]
Cependant, l'espace était seulement temporaire. Alors même que Victoria avait crû sensiblement pendant la dernière partie du XIXe siècle jusqu’à plus de 23 000 habitants, elle n'avait que des moyens limités pour les immigrants et pour le personnel d'immigration.[4] Rapidement, les agents fédéraux d'immigration, nommés dans les années 1880, partageaient des bureaux avec les employés du gouvernement provincial et avaient du mal à trouver ou à louer un bâtiment approprié pour l'examen et le logement ou la détention de nouveaux arrivants.[5] En 1884, l'agent local d'immigration, John Jessop, louait et convertissait un hôtel d’une vingtaine de chambres, sur deux étages, à Victoria, sur les chemins Simcoe et Dallas dans le but d'accueillir plusieurs familles dans le besoin, alors que « le gouvernement local avait jugé opportun de fournir un accueil temporaire lorsque nécessaire »[6] Toutefois, le bureau d'immigration d’alors demeurait dans un bâtiment du gouvernement provincial.
Cet arrangement ad hoc était resté en place jusqu'en 1892, lorsque J. M. Gordon, un inspecteur de voyage pour les agences fédérales, écrivait au premier ministre de la Colombie-Britannique, Theodore Davis, en affirmant qu'il était « chargé de disposer du contenu et de fermer les bureaux d'immigration ainsi que les maisons de Victoria et de Vancouver »[7] « Il semble que la combinaison de la restriction de l'immigration asiatique et d’un effort pour déplacer les responsabilités en matière d'immigration vers les provinces contribuaient à cette action surprenante. En 1896, le ministère de l'Intérieur demandait aux Travaux publics de « prendre en main le bâtiment » alors que « ce bâtiment n’était pas nécessaire aux fins d'immigration et qu’il était peu probable qu’il soit nécessaire à quelque fin que ce soit pour ce ministère. »[8] En fin de compte, la maison d'immigration a été maintenue, mais pendant plusieurs années, elle a fonctionné sans présence fédérale. La situation géographique et politique de la ville avait conduit au retrait des services fédéraux et à la quasi-disparition de la maison d'immigration de Victoria, à la fin du XIXe siècle.
Immigration et santé publique
Comme la présence fédérale sur l'immigration diminuait à Victoria, la ville mettait en place avec succès des infrastructures médicales locales remarquables. Le Royal Jubilee Hospital de Victoria ouvrait en 1890 et en 1891, ajoutait une salle d'isolement en réponse à une épidémie locale de petite vérole.[9] Cette alerte de santé publique était suivie de près par une autre. Le 18 avril 1892, un navire arrivait ayant à son bord un cas de petite vérole parmi ses passagers de troisième classe. Le Dr MacNaughton Jones, alors le médecin du port de Victoria, permettait à plus de cinq cents hommes chinois de débarquer à la station de quarantaine rudimentaire d’Albert Head. Cette action provoquait une controverse à la fois en raison de craintes pour la santé publique, mais aussi en raison des tensions raciales de l'époque.[10] Les liens entre l'immigration et la santé publique à Victoria s’étaient renforcés avec le temps après la controverse de la petite vérole. L'administration des services médicaux et de santé constituaient le catalyseur dans la résurrection des installations d'immigration appropriées dans la ville de Victoria.
Des inspecteurs médicaux comme agents d’immigration
Au tournant du XXe siècle, les inspecteurs médicaux dans les ports canadiens étaient régulièrement autorisés à agir en tant qu'agents d'immigration, ce qui consistait à admettre ou à refuser des immigrants.[11] Dans les mots de l'inspecteur médical en chef du moment, le Dr Peter Bryce, « il serait souhaitable que le même officier représente les doubles pouvoirs d'agent d'immigration et d'inspecteur médical afin de refléter son autorité, en vertu de plusieurs clauses de la Loi, incontestable. »[12] En septembre 1904, le Dr G.L. Milne correspondait avec Bryce afin de confirmer sa nomination à la fois comme inspecteur médical et agent d'immigration pour le port de Victoria.[13] C’était une étape importante, puisqu’après le retrait des services fédéraux dans les années 1890, Victoria n’avait pas d’agents fédéraux de l'immigration désignés. Les agents des douanes agissaient d'office comme autorités de l'immigration. A titre de contraste saisissant, il y avait huit agents d'immigration américains, un médecin et le personnel de bureau associé situé à Victoria pour répondre à l’arrivée des navires transpacifiques.[14]
Les problèmes du double rôle confié aux nouveaux agents canadiens étaient apparents à Vancouver, où un autre médecin était également nommé à la fois inspecteur d’immigration et médical. Dr J. A. McAlpin se retrouvait mêlé à des allégations de conflit d'intérêts et d’abus de pouvoir. Il était accusé de monopoliser les soins destinés aux immigrés détenus pour raisons médicales, ce qu’il croyait être son devoir, mais il était aussi arbitre de qui serait détenu et traité et du fait que le traitement occasionnait des frais supplémentaires qui pouvaient lui profiter à titre de médecin traitant.[15] McAlpin était accusé d'imposer un traitement (apparemment pour le trachome) sur des passagers détenus « par la force physique ».[16]
En outre, la Chinese Benevolent Association de Vancouver accusait McAlpin d'extorsion pour des frais médicaux dans la crainte d'expulsion, ayant obtenu des avis médicaux déclarant que les traitements de McAlpin étaient inutiles.[17] En mars 1905, le premier ministre Wilfrid Laurier ordonnait à William Cory, sous-ministre de l'intérieur, de mener une enquête sur McAlpin.[18] Bien que McAlpin avait été largement innocenté en faisant corroborer l’examen par un autre médecin confirmant sa conclusion, Bryce faisait remarquer à Laurier, par correspondance quelques semaines plus tard, que McAlpin « n'a pas prouvé hors de tout doute être un bon agent » et recommandait que les fonctions d'inspection et de traitement soient séparés.[19] Cette séparation des fonctions avait conduit à plusieurs conflits directs entre McAlpin et ses collègues de l'immigration, y compris un cas dans lequel il avait soudoyé ou intimidé un garde du chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP), à Vancouver, afin d'obtenir l'accès aux personnes en attente d'expulsion, ensuite, sur apparemment sa propre constatation médicale contradictoire, McAlpin réussissait à obtenir que quatre des cas soient retardés et amenés devant les tribunaux.[20]
Construction d’un bâtiment permanent pour l’immigration
Les médecins-agents Milne et McAlpin incarnaient le fort enchevêtrement des autorités civiles et médicales entourant l'immigration en Colombie-Britannique à cette époque. En fait, les pouvoirs avaient été si étroitement liés qu'ils devenaient confus, avec la direction médicale contournant la direction de l'immigration à certains égards. Par exemple, Milne s’était plaint à plusieurs reprises au médecin-chef (mais pas au surintendant) au sujet de la maladresse du traitement des arrivées de toutes importances sans un hangar dédié à l’immigration à Victoria.[21] Bryce recommandait au premier ministre Wilfrid Laurier, en 1905, qu’un bâtiment permanent d'immigration avec un quai devait être créé à Victoria et que les docteurs Milne et McAlpin soient embauchés à temps plein avec un emploi exclusif à la direction de l'immigration, sans relever du surintendant de l'immigration, dont l'autorité s’appliquait à ces questions.
Plus tard dans la même année, Milne est revenu sur sa plainte sur le manque d'installations après que trois passagers clandestins japonais soient arrivés à bord d'un navire chinois. Il commentait plutôt amèrement sur la nécessité d'emprunter des installations des services de l'immigration des États-Unis, en déclarant à son supérieur du service médical, Bryce, que « vous noterez de nouveau la nécessité d'avoir des hangars ou des lieux pour garder toutes sortes d'immigrants dans cette gare » avant de pointer le danger d’évasions, encore une fois, une fonction civile plutôt que médicale. Les autorités enchevêtrées donnaient lieu à des problèmes dans l'examen des immigrants. Un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur observait, lors d'une visite à Vancouver, en 1905, « qu’il n’y a pas d'examen civil de passagers arrivant au port de Vancouver » et faisait remarquer que l'agent d'immigration en poste n’était « pas très familier avec la procédure en matière d'immigration comme on pouvait s'y attendre d’un [agent à temps plein].”[22] D’autre part, la lettre de McAlpin à Bryce, du 23 janvier 1905, mettait de l’avant une croyance en une dysfonction entre la politique fédérale et sa mise en œuvre locale, en précisant que « les conditions sont tellement différentes ici à comparer avec ce que vous avez dans l'Est que cela nécessite de nombreuses contingences afin d'arriver à ce que les choses se fassent en douceur ».[23]
Bryce avait continué de presser le directeur de l'immigration du moment, W.D. Scott, à répondre à l'absence d'installations à Victoria, ce qui avait amené Scott à se rendre dans le port, en 1906. Le changement dans l'approche de l'organisation de l'infrastructure à Victoria après la visite était frappant. La note de service de Scott à Oliver au sujet des installations de Victoria en octobre 1906 ne faisait que reconnaitre un argument concernant la nécessité pour des installations : « nous n’avons absolument aucune installation ni pour les immigrants reçus ou ni ceux trouvés avec une maladie contagieuse mineure » jusqu’à immédiatement identifier des lots spécifiques qui peuvent être achetés pour un immeuble d'immigration.[24] Le changement rapide de la situation pour les agents d'immigration à Victoria avait été l'occasion pour de l'humour ironique. Bryce réprimandait Milne pour avoir appelé le bâtiment envisagé d'un « hangar de détention » en discutant de la question avec la presse :
« Je donne ici un avertissement qu’à partir de maintenant si vous n'utilisez pas les termes plus dignes « Hôpital de l'immigration » ou « Bâtiment de l'immigration » en faisant référence à l'élégante structure proposée que nous avons l'intention de mettre en place sur le site déjà désigné, vous aurez des ennuis, non seulement avec le ministère, mais, ce qui compte beaucoup plus pour vous, vous me blesserez grandement. »[25]
Cependant, Bryce avait soigneusement noté que la proposition ne bénéficiait pas seulement à tous les soins et à la dignité qu'il pouvait offrir dans le débat public. À ce moment, l'acquisition se déplaçait assez rapidement au sein du ministère et la note de Bryce avait l’air de ne pas mettre en péril un coup de chance inattendu. Oliver et Scott réglaient l'achat de terrains proposé au début de novembre 1906.[26] Le ministère des Travaux publics permettait l'allocation pour les bâtiments d'immigration à Victoria pour l’automne de l'exercice 1907-08, mais l'achat devait être accéléré par la pression continue de la division de l'immigration afin de s'assurer qu’ils obtenaient la propriété au prix initial.[27]
Ouverture du nouvel hôpital pour immigrants
Le nouvel hôpital d’immigration avait ouvert à Victoria, le 13 novembre 1909 ; Milne et les autres membres du personnel d'immigration emménageaient dans le bâtiment au début de décembre.[28] Il était situé au coin des rues Dallas et Ontario, voisin du site de l'ancienne maison d'immigration qui avait été louée par Jessop, dans les années 1880. Le bâtiment avait attiré une certaine attention de la presse locale et les détails de sa localisation et de sa fonction avaient provoqué des échanges permanents au sein de la direction de l'immigration. La localisation proposée était une structure de deux étages avec une combinaison de quartiers raciaux distincts, des zones d'inspection médicale et un espace administratif qui reflétaient à la fois les besoins et l'imagination des autorités de l'époque. Le bâtiment avait été conçu pour accueillir quatre-vingt-six Hindous, trente-six femmes, vingt-quatre Chinois, quarante-huit Japonais et seize autres.[29] Milne avait réfléchi sur beaucoup de détails, allant de la plomberie appropriée pour les immigrants habitués à se laver avec de l'eau plutôt que d'utiliser du papier de toilette jusqu’à obtenir la meilleure lumière du soleil pour les chambres d'inspection. Il remarquait des accommodements culturels qu'il recommandait dans la conception que « ces choses ne peuvent pas être en accord avec nos habitudes mais il faut dans une certaine mesure, se conformer aux coutumes de ceux et de celles avec lesquels nous faisons affaires ».[30]
Nativisme et racisme dans la politique d’immigration
En parlant à la presse au sujet du bâtiment pendant ses années de fonctionnement, Scott faisait preuve d’une sensibilité culturelle différente, assurant « les Blancs » qu’on « prend soin qu’ils ne se mélangent pas aux Orientaux à aucun stade de leur séjour » dans l'établissement.[31] Ce discours tenait compte du contexte national d’alors, en Colombie-Britannique et au Canada, en matière d'immigration, contexte nativiste et souvent raciste, y compris la violence à caractère raciste comme l'émeute de Vancouver de 1907. Cet environnement domestique amenait les gouvernements à choisir des politiques contraires aux intérêts des immigrants potentiels tout en évitant tout dommage politique avec le vote public en Colombie-Britannique et au Canada.
Cela avait été parfaitement illustré au début de 1908, lorsque l'arrivée du Kaga Maru et du Monteagle provoquait un rappel sévère de L.M. Fortier, agissant alors comme surintendant de l'immigration, au personnel fédéral de l'immigration qui devait « appliquer strictement les règlements du 8 janvier exigeant de posséder la somme de 25 dollars après le 15 février et du 8 janvier jusqu’à l'exclusion sinon en utilisant les billets ».[32] C’était une exhortation à peine voilée de refuser et d'expulser le plus grand nombre possible d’immigrants asiatiques à bord de ces navires, en utilisant des prétextes flexibles de l’autorité discrétionnaire de ces règlements sur l'immigration. Milne et Munro avaient affirmé leur respect dans les réponses télégraphiques immédiates.
Vancouver, une destination favorable pour l’immigration
En 1905, Milne affirmait que Victoria était le port le plus achalandé au Canada, selon les examens des navires.[33] En juillet 1908, plus de trente mille passagers en provenance de ports étrangers étaient arrivés à Victoria.[34]Bryce mentionnait que le trafic de Victoria était tel qu'il gardait Milne « constamment occupé et comme aucun autre port, sauf celui de Vancouver où le travail était quotidien, toute l'année ».[35] Cependant, la combinaison de la politique et de la géographie avait déjà diminué de façon critique la ville comme une destination d'immigration, en faveur de Vancouver; une grande partie de son trafic était et demeurait les visiteurs des États-Unis plutôt que de nouvelles entrées. En effet, en 1922, l'examen civil avait été entièrement suspendu à Victoria pour les immigrants chinois en route pour Vancouver: ils étaient simplement examinés, après avoir passé un examen médical à leur arrivée à Victoria.[36] Pendant la décennie suivante, les agents d'immigration commençaient à utiliser Victoria régulièrement comme poste avancé pour une inspection rapide et accélérer le traitement au centre régional, Vancouver.[37] Cette méthode d'embarquement et de présélection à bord du navire était semblable à celle utilisée à Québec, avec des officiers rejoignant le navire à Pointe-au-Père afin de réduire le temps d'attente à terre.
La pratique de l'utilisation de Victoria, essentiellement une mise en scène comme un point d'admission à Vancouver, est demeurée en place jusqu'à la fin des années 1960, lorsqu’une une approche intégrée de processus de dépistage appelée examen de ligne d'inspection primaire (LIP) a débuté. Cela a été fait en grande partie en réponse à la demande de traitement rapide visant les voyages aériens et suivait encore l'exemple des autres ports d'entrée. Ces développements marginalisaient davantage le rôle de Victoria comme port d’entrée d'immigration. Cette baisse et une relative stagnation est évidente dans les statistiques : en 1966, 377 immigrants étaient arrivés à Victoria, tandis que 11 499 étaient arrivés à Vancouver (y compris 9 025 par voie aérienne).[38] Une décennie plus tard, Victoria accueillait un peu plus de 500 nouveaux arrivants, alors que près de 25 000 arrivaient à Vancouver, dont plus de 93% par air.[39] En 1996, 60 000 immigrants étaient arrivés à Vancouver, tandis qu'à Victoria, l'immigration était encore à un niveau similaire aux années 1960 (ou, d'ailleurs, aux années 1920) avec seulement 368 entrées.[40]
Fermeture des centres d’immigration
À la fin des années 1920, Vancouver recevait régulièrement trois fois plus d'immigrants que Victoria.[41] Cette diversion signifiait que les installations de la ville étaient moins utilisées et après des décennies de sous-utilisation, le bâtiment d'immigration fermait ses portes en 1958. Un article de journal du moment déclarait que « les agents d'immigration n’étaient pas désolés de quitter le vieux bâtiment... racontaient des histoires tragiques de colons démunis » bien que certains agents n'admettaient pas se sentir nostalgiques du site.[42] De même manière, de façon conflictuelle autour du site, des rapports notaient les deux beaux jardins du bâtiment et une controverse sur les rapports de conditions inférieures pour les immigrants détenus.
Une plainte à propos de l’édifice d’immigration de Victoria de 1952 a été reprise à l'étranger par un journal communiste, en Autriche, et rapportée sous le titre « Souffrance comme dans un camp de prisonniers de guerre ».[43] Cette image publique existait en parallèle avec celle créée par des photographies pittoresques du bâtiment avec son jardin et son mât, sous-titrées avec un témoignage que le bâtiment était « réputé pour avoir l'un des plus beaux emplacements de tous les bâtiments d’immigration au Canada ».[44] L'endroit difficile du site dans le patrimoine public avait continué longtemps après sa fermeture. Dans une proposition inhabituelle du patrimoine face à l’abandon du site, le président du Conseil consultatif du patrimoine de Victoria suggérait en 1977 que cela « ferait une merveilleuse ruine; je suis pour les ruines, mais elles ne sont pas à la mode ».[45] En fin de compte, le bâtiment d'immigration de Victoria avait été déserté pendant vingt ans après la fermeture et finalement, n’était démoli qu’en 1978.[46]
Conclusion
Les installations d'immigration de Victoria ont été le site d'une lutte de pouvoir complexe. L'importance économique et politique changeant de la ville, l'enchevêtrement de l'autorité médicale et civile de l'immigration de même que la coopération et les conflits entre les agents du gouvernement ont tous contribué à l'histoire des bâtiments d'immigration de Victoria. Ces facteurs contribuaient également à la brève période de point central de Victoria comme port d'immigration et au déplacement vers Vancouver comme porte d’entrée de la côte Ouest au Canada, terminus du chemin de fer vers l'intérieur des terres.
- Harry Gregson, A History of Victoria, 1842-1970 (Vancouver: J.J. Douglas, 1977), 63.↩
- Adele Perry, On the Edge of Empire: Gender, Race, and the Making of British Columbia, 1849-1871 (Toronto: Presses de l’Université de Toronto, 2001), 97-123; 152-153. Dans cette brève entrée de blog, il y a peu d'espace pour explorer les questions complexes de race et de sexe dans ce mouvement : le travail de Perry est fortement recommandé à cet égard.↩
- Perry, 158-160.↩
- Gregson, 72; Canada, ministère de l’Agriculture, Statistical Abstract and Record 1886 (Ottawa: MacLean, Roger & Co., 1886), 70; and Canada, ministère de l’Agriculture, The Statistical Year-Book of Canada for 1902 (Ottawa: imprimerie nationale du gouvernement, 1903), 82.↩
- John Jessop à John Lowe, sous-ministre de l’Agriculture, Victoria BC, 19 décembre 1883, au Canada, ministère de l’Agriculture, “John Jessop, Victoria, B.C. Suggesting Certain Buildings for Immigration Office”, LAC RG 17 Volume 390 dossier 42090 (ci-après dossier 42090); Patricia Dunae, “John Jessop” in Dictionary of Canadian Biography, édition en ligne, http://www.biographi.ca/fr/bio/jessop_john_13E.html.↩
- John Jessop, “Annual Report of Victoria BC Agent 1884”, Victoria C.-B., dans BAC RG 17 volume 427 dossier 46601, 10.↩
- Gordon à Davis, Victoria C.-B., 6 juillet 1892 au Canada, ministère de l’Immigration, “Victoria, British Columbia - Immigration Building”, LAC RG 76 Volume 314 dossier 300404 (ci-après dossier 300404).↩
- Pereira au secrétaire du ministère des Travaux publics, Ottawa Ont., 12 mars 1896, dossier 300404.↩
- Gregson, 164.↩
- Lowe à W.G. Parmalee, contrôleur en chef de l’immigration chinoise, Ottawa, 21 avril 1892, au Canada, ministère de l’Agriculture, “Reporting Empress of China Arrived – 1 Chinese with Smallpox – Quarantine Officer has Allowed 531 Chinese to Land on His Own Responsibility”, LAC RG 17 Volume 723 dossier 83161.↩
- Bryce, “Memorandum of Instructions re the Medical Inspection of Steamships arriving at Ports in British Columbia”, non daté (probablement 1904), au Canada, ministère de l’Immigration, “Medical Examination of immigrants at the ports of Vancouver and Victoria, British Columbia”, LAC RG 76 Volumes 331 et 332 dossier 330483 partie 1 (ci-après dossier 330483).↩
- Bryce à C. Sifton, ministre de l’Intérieur, Ottawa Ont, 13 septembre 1904, dossier 330483 partie 1.↩
- Milne à Bryce, Victoria C.-B., 24 septembre 1904, dossier 330483 partie 1.↩
- Milne à Bryce, Victoria 13 octobre 1904, Dossier 330483 partie 1.↩
- Bryce à H.G. Macpherson, député, Ottawa Ont, 24 mars 1905, Dossier 330483 partie 2.↩
- Déclarations de Duk Sue et Chow Fon, Vancouver C.-B., 21 janvier 1905, dossier 330483 partie 2.↩
- Chinese Benevolent Association of Vancouver au ministre du Commerce, Vancouver C.-B., 14 mars 1905, dossier 330483 partie 2.↩
- Laurier à Cory, Ottawa ON, 27 mars 1905, dossier 330483 partie 2.↩
- Bryce à Laurier, Ottawa ON, 13 avril 1905, dossier 330483 partie 3.↩
- Dr. McKechnie à Bryce, Vancouver C.-B., 1er mai 1906, dossier 330383 partie 4.↩
- Milne à Bryce, Victoria C.-B., 9 juin 1905, dossier 330483 partie 3.↩
- J.S. Fraser à Scott, Ottawa ON, 30 octobre 1905, dossier 330483 partie 4.↩
- McAlpin à Bryce, Vancouver BC, 23 January 1905, in File 330483.↩
- Oliver à Templeman, Ottawa ON, 25 juillet 1906, au Canada, ministère de l’Immigration, “Detention Hospital, Victoria, British Columbia”, BAC RG 76 Volumes 352 et 353 dossier 381766 (ci-après dossier 381766) partie 1; Bryce à Milne, Ottawa Ont, 7 août 1906, dans dossier 381766 partie 1; Scott à Oliver, Ottawa Ont, 11 octobre 1906, dans dossier 381766 partie 1.↩
- Bryce à Milne, Ottawa ON, 26 octobre 1906, dans dossier 381766 partie 1.↩
- Scott à Oliver (n.b. en marge), Ottawa Ont, 30 octobre 1906, dossier 381766 partie 1; Scott à Travaux publics, Ottawa Ont, 8 novembre 1906, dossier 381766 partie 1.↩
- Gelinas à Scott, Ottawa Ont, 3 décembre 1906, dans dossier 381766 partie 1; Scott à Gelinas, Ottawa Ont, 12 janvier 1907, dossier 381766 partie 1.↩
- Milne à Scott, Victoria C.-B., 4 décembre 1909, dossier 381766 partie 2; auteur inconnu, “Immigration Building is Now in Use”, Victoria Daily Times, 15 novembre 1909, dossier 381766 partie 2.↩
- Bryce à Travaux publics, Ottawa Ont, 8 mai 1908, dossier 381766 partie 1.↩
- Auteur inconnu, “New Immigration Building Here”, Victoria Daily Times, 5 février 1907 dossier 381766 partie 1; Milne à Scott, Victoria C.-B., 26 avril 1907, dossier 381766 partie 1.↩
- Auteur inconnu, “Helping Hand to Immigrants”, Colonist, 4 septembre 1912, dossier 381766 partie 2.↩
- Fortier à Munro, Ottawa ON, 18 février 1908, dossier 330483 partie 5.↩
- Milne à Herbert Cuthbert, secrétaire de l’association touristique de Victoria, Victoria C.-B., 16 février 1905, dossier 330483.↩
- Auteur inconnu, “Summer Influx Unprecedented”, Victoria Daily Times, 7 août 1908, dossier 330483 partie 5.↩
- Bryce, “Report re: Victoria Detention Hospital”, non daté et extrait, dossier 334402 personnel 2.↩
- Milne à Bryce, Victoria C.-B., 14 juillet 1922, dossier 330483 partie 5.↩
- P.W. Bird, Surintendant de l’immigration du district du Pacifique, à G.R. Benoit, Chef des opérations, ministère de l’Immigration, Vancouver C.-B., 24 mars 1961, au Canada, ministère de l’Immigration, “Examination of Immigrants – Vancouver, C.-B.”, BAC RG 76 volume 791 dossier 544-23-373. (Les agents d'immigration ont été quelque peu chagrinés plus tard, alors que la présélection à bord du navire se poursuivait et que leurs efforts pour convaincre le ministère de leur permettre de joindre le navire à Honolulu ont été repoussés après des essais limités.)↩
- Canada, ministère de la Main-d’œuvre et Immigration, 1966 Immigration Statistics (Ottawa: Queen’s Printer, 1967), 23.↩
- Canada, , Main-d’œuvre et Immigration, 1976 Immigration Statistics (Ottawa: Approvisionnements et Services Canada, 1977), 17.↩
- Canada, Citoyenneté et Immigration Canada, Immigration Statistics 1996 (Ottawa: Travaux publics et services gouvernementaux, 1999), 7; Raska, “Dominion Bureau of Statistics – Canada Year Books.”↩
- Avec l’aide de Jan Raska, basé au Bureau de statistique de la Confédération, au Canada, Canada Year Book 1930 (Ottawa: King’s Printer, 1930), 170; Canada, basé au Bureau de statistique de la Confédération, Canada Year Book 1937 (Ottawa: King’s Printer, 1937), 200; au Canada, basé au Bureau de statistique de la Confédération, Canada Year Book 1939 (Ottawa: Kings Printer, 1939), 164.↩
- Humphry Davy, “Doors Shut Tight on Storied Past”, Victoria Daily Times, 24 octobre 1958.↩
- Auteur inconnu, “Victoria Pictured as Prison Camp”, Victoria Daily Times, 6 février 1952.↩
- Photographie par Irving Strickland accompagnant Aileen Campbell, “Diamond Smugglers and $20 Gold Pieces”, Victoria Daily Times, coupure de presse non datée dans Greater Victoria Public Library Heritage Room dossier de coupures de presse, “Immigration Building.”↩
- Les Storey, “Ruin Doomed in James Bay”, Monday Magazine, 21 novembre 1977, 6-7.↩
- Geoffrey Castle, “Victoria Landmarks”, Victoria Times-Colonist, 28 août 1983, C4.↩