Marcello Munaretto

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Marcello Munaretto

MARCELLO MUNARETTO
Du 27 décembre 1944 au 1er juin 2023

Marcello a vécu ses premières années en Italie et sa vie d’adulte au Canada.  

Marcello est né dans la région de la Vénétie, en Italie, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était le plus jeune d’une famille de quatre enfants. Son frère le plus âgé avait dix-huit ans de plus que lui. Sa sœur avait seize ans au moment de sa naissance. Lorsque Marcello est né, le deuxième frère avait dix ans. Bien qu’il ait été une surprise pour sa famille, il a été bien accueilli et bien aimé, en particulier par sa sœur qui a aidé à l’élever et à le soigner pendant que ses parents travaillaient comme tailleurs et barbiers.

Grandir dans une Italie déchirée posait certainement des défis. C’était une époque où les familles et les amis comptaient les uns sur les autres pour mettre de la nourriture sur la table et aider à travailler la terre. Travailler dur ne semblait jamais un problème. Ceux qui étaient en mesure d’aider aidaient. Cette période et ces souvenirs ont inculqué à Marcello des valeurs qu’il a conservées tout au long de sa vie. Il était un homme qui ne gaspillait rien. Il appréciait la famille, il entretenait des relations avec sa famille, sa famille élargie et ses amis. Il nourrissait volontiers quiconque se présentait à sa table. Il n’était pas un homme d’extravagance ou d’indulgence face à lui-même.

Marcello était un travailleur acharné et méticuleux qui voulait profiter de la vie et subvenir aux besoins de sa famille.

Lorsque Marcello parlait de son enfance, il avait toujours les yeux brillants et un sourire aux lèvres. Il racontait souvent l’histoire de sa NoNa Nana, qui fouillait creux dans ses longues poches pour lui donner un biscuit alors qu’ils se rendaient à pied dans une ferme pour visiter de la parenté. Il racontait en riant qu’il a acheté des pièces de bicyclette, une pièce à la fois, jusqu’à ce qu’au bout de trois ans, il ait enfin une bicyclette utilisable. Que de fierté et de joie à pédaler lors d’une journée de plaisir et d’aventure avec ses amis! Une boule de papier bien tassée et recouverte d’élastiques fait un excellent ballon de soccer.  Le travail scolaire et être assis dans une salle de classe ne faisaient pas partie des choses que Marcello appréciait particulièrement.

Marcello s’est rendu au Canada à l’âge de seize ans, mais n’y est resté que quelques mois. Le climat différent et les longues journées de travail manuel ne correspondaient pas à sa vision d’une vie d’aventure et d’opportunités. Toronto et Marcello ne faisaient pas bon ménage. Il est retourné en Italie, dans sa famille, et a travaillé pour son frère aîné en vendant des poussins et de la nourriture pour animaux. Marcello a pris la décision d’immigrer au Canada avant son dix-huitième anniversaire. Le travail et le climat étaient plus attrayants que deux années de service militaire obligatoire.

Marcello est arrivé en Nouvelle-Écosse en 1962 à bord du navire Saturnia. Son port d’arrivée est aujourd’hui commémoré par le Musée de l’immigration du Quai 21. De là, il s’est rendu à Sudbury, en Ontario, où il a vécu avec son frère. Il savait que Sudbury comptait une importante communauté italienne et qu’il y trouverait peut-être des occasions d’améliorer sa situation.

S’installer au Canada n’a pas été facile. Il travaillait de longues heures comme ouvrier dans une entreprise de construction. Il passait la journée à transporter des matériaux de construction et à nettoyer des chantiers, prenait un repas rapide, puis traversait la ville pour se rendre à ses cours du soir. Il passait ses fins de semaine avec ses nouveaux amis au club italien, à jouer aux cartes, à la pétanque ou à danser. Il a appris à pêcher et à chasser. Marcello racontait, en riant, la fois où il a demandé à ses amis pourquoi les gens utilisent autant de sel au Canada. À Sudbury, il avait remarqué de nombreux panneaux indiquant le mot « Sale ». « Sale » est le mot italien pour sel. Au Canada, en anglais, ce terme a une signification différente. Il était temps pour lui d’apprendre la langue anglaise.
    
Peu à peu, sa situation s’est améliorée. Il était apprenti charpentier. Son salaire a augmenté et il a pu se permettre de remplacer ses chaussures et sa garde-robe italiennes par des vêtements d’hiver canadiens plus appropriés. Il a terminé sa dixième année aux cours du soir et se sentait plus à l’aise de s’exprimer en anglais. Il avait emménagé chez une famille italienne qui lui offrait le gîte et le couvert. Il profitait de bons repas italiens faits maison ainsi que du confort d’être dans un environnement familial.

En 1968, les choses allaient bien pour Marcello. Il gravissait les échelons du domaine de la menuiserie.  Il avait acheté une maison et une voiture. Il est devenu citoyen canadien. Il a rencontré une femme canadienne-française qui parlait italien. Ils se sont mariés l’année suivante.

Trente ans peuvent passer si vite. Ils ont eu trois filles.  L’aînée et la cadette avaient une différence d’âge de dix ans. Il a acheté une maison plus grande pour accueillir sa famille qui s’agrandissait. Marcello a poursuivi ses visites semestrielles en Italie. Il a travaillé dur pour offrir à sa famille les nombreux luxes qu’il n’avait pas eus dans son enfance. Il passait ses fins de semaine à pêcher, à cuisiner (ses filles parlent encore de façon élogieuse de sa sauce pour pâtes), à jouer aux cartes et à rencontrer ses amis. Il s’est toujours impliqué au sein de la communauté italienne de Sudbury. Il se rendait souvent à Toronto et à Chicago pour rendre visite à sa famille étendue. Le mariage de Marcello a malheureusement pris fin et il est retourné vivre avec son frère.  Bien qu’il n’habitait pas dans la maison familiale, il a veillé à jouer un rôle actif auprès de ses filles, alors qu’elles sont passées à la vie adulte.  Deux de ses filles étaient déjà indépendantes.  La plus jeune était adolescente et avait besoin de ses conseils et de son soutien alors qu’elle avançait dans la vie.

La vie nous surprend quand on s’y attend le moins. En 2001, Marcello a rencontré un nouvel amour. Elle était Canadienne et mère de trois adolescents, deux fils et une fille. Elle était en train de divorcer de son mari. Ils sont devenus un couple et se sont mariés en 2008. Au fil des ans, Marcello a tissé des liens étroits avec les enfants de sa femme.

Marcello a pris sa retraite en 2009. Il en avait assez des longs hivers, des moustiques et des mouches noires.  Le couple a décidé de s’installer dans la région de Niagara. Ils y avaient passé leur lune de miel et aimaient beaucoup la région. Les vignobles et les vergers rappelaient l’Italie à Marcello, tout en étant différents. Ses parents et son frère aîné n’étaient alors plus en vie.  Marcello n’avait aucune envie de retourner en Italie. Il voulait voir le Canada. Au cours des années suivantes, sa femme et lui ont voyagé d’un océan à l’autre dans son pays adoptif. Il s’est émerveillé de l’étendue et de la diversité du Canada. Il parlait avec fierté des « vilains bâtons » de Terre-Neuve, de la beauté du Québec et de la géographie plane, mais colorée, des prairies. Les montagnes de l’Alberta et de la Colombie-Britannique et les magnifiques fleurs de l’île de Vancouver l’ont impressionné. Lors d’une sortie de vacances, lui et sa femme, ainsi que la sœur et le beau-frère de celle-ci, se sont retrouvés à Halifax, au Quai 21.  Ils ont fait des recherches sur le Saturnia et ont reconstitué son arrivée au port.  Marcello a beaucoup apprécié cette journée et a raconté en riant son séjour sur le bateau et son arrivée au Canada.

Outre ses voyages, les champs d’intérêt de Marcello se sont élargis. Il a appris à jouer au curling et aimait ce sport. Il a essayé le golf, mais ce n’était pas du tout pour lui. Il aimait regarder la Formule 1 (amateur de Ferrari), le Tour de France et le soccer à la télévision.   Les ordinateurs ne l’intéressaient pas. Il était prêt à utiliser un GPS, mais les téléphones portables lui étaient étrangers. Lui envoyer un courriel ou un texto était une perte de temps. Le téléphone faisait parfaitement l’affaire.

Alors que Marcello prenait en âge, sa famille s’agrandissait. Il est maintenant l’heureux NoNo de cinq petits-enfants, de trois beaux-petits-enfants et le grand-papa honoraire du petit-enfant de sa femme. Il adorait sa famille grandissante et appréciait chacune de leurs visites.

Marcello est décédé suite à un changement soudain de son état de santé. Il est arrivé dans ce monde pendant le chaos et la guerre. Il a quitté ce monde paisiblement, entouré de ses proches.  

Repose en paix Marcello. Tu es parti, mais tu n’as pas été oublié.

Photo en noir et blanc d’un Italien en costume fumant une cigarette dans un bar avec un verre de vin.